Doit-on dire "A Hadra", "A l'Hadra" ou "Au Hadra" ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 23/02/2014 à 18h31
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Question d'origine :
Bonjour,
Le festival "Hadra" est un festival de musiques électroniques qui se déroule chaque année fin août dans le massif du Vercors.
Ma question est d'ordre grammatical :
A propos de l'article à utiliser pour une localisation dans ce festival, est-il plus juste de dire "Au Hadra, A Hadra ou A l'Hadra".
Malgré la présence du "H" aspiré, je crois que la langue française n'accepte que peu les doublements de voyelles (c'est ce qui implique de dire "en Avignon" plutôt que "à Avignon"). Il me semblerait donc plus juste de dire "Au Hadra" mais je préférerais avoir une avis expert sur la question.
L'interrogation reste la même pour un autre festival dénommé "Ozora".
En vous remerciant d'avance
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 24/02/2014 à 14h58
Bonjour,
Concernant le « h » aspiré, effectivement, en principe il forme disjonction :
L’h aspiré, qui n’est pas un son en français moderne dans l’usage ordinaire, forme disjonction :
Les / harengs, LE hamac DU hollandais. Un BEAU héros. SA hernie LE handicape. – Parfois à l’intérieur du mot : Dehors.
[…]
La langue populaire ne respecte guère la disjonction devant h aspiré, ce que les romanciers relèvent parfois dans leurs dialogues : Prends tes ZARDES [=hardes] et va-t’en (Hugo, Misér.,III, I, 8). – J’ai fait réchauffer l’haricot de mouton (Bernanos, Imposture, p.252). […] On notera pourtant que, plus le mot est court, plus la disjonction se défend, car la liaison et l’élision le rendraient peu identifiable : les houx / l’houx , les huttes / l’hutte.
D’autres fois, des lapsus ont échappé aux auteurs […] :
Sentiment plus pitoyable QU’haïssable (Decaux, L’Empire, l’amour et l’argent, 1982, p.232). […] – Il vaut mieux risquer le faux pas […] QU’haleter ici (Colette, Heures longues, p.138). – Rien ne subsiste du VIEIL hameau (Arland, L’eau et le feu, p.93).[…]
Dans les noms propres
L’h aspiré se trouve aussi dans les noms de lieux et de personnes des pays de langue germanique (allemand, anglais, néerlandais, scandinave) et espagnole, des pays arabes et orientaux et d’autres régions encore.
[…]
Mais, s’il y a des hésitations pour les mots ordinaires, comme nous l’avons vu, il y en a bien davantage encore pour ces noms étrangers. En dehors des plus connus, et même pour ceux-là, la disjonction a du mal à s’imposer.
[…]
L’h aspiré existe aussi dans des noms propres d’origine germanique, mais appartenant au domaine linguistique français. […]Pour les noms de lieux de France, h est souvent donné comme muet par les orthoépistes, par ex. dans Harfleur, Hazebrouck, Hesdin, Honfleur, etc. Mais la disjonction ne serait pas fautive […]. La disjonction est générale dans : La Hague, Le Havre, le Hurepoix.
Source : Le bon usage, Maurice Grevisse.
Concernant le cas particulier de Hadra, il ne s’agit pas d’une localité, mais du nom de l’association organisatrice du Festival, basée à Grenoble. Cela simplifie votre dilemme : dans ce cas de figure l’expression « au Hadra » (sous-entendu : au festival Hadra, ou au Hadra Trance Festival), semble en effet la plus logique. A Hadra, en revanche, est ambigu, puisque cette forme laisse penser que Hadra est le nom d’un lieu, ville ou autre, ce qui n’est pas le cas.
« A l’Hadra », à en juger par les éléments donnés par le Grévisse, n’est pas nécessairement faux. On trouve d’ailleurs plusieurs exemples de cette forme sur internet (aussi bien pour désigner l’association que le festival lui-même) :
Le bilan 2013 de l’Hadra Trance Festival
Un porte-monnaie électronique sous forme de bracelet
Il semble donc y avoir une hésitation entre la forme disjointe (le Hadra) et le h muet (l’Hadra). Par défaut, il semble toutefois préférable d’utiliser la disjonction. Vous pouvez aussi « tricher » pour résoudre votre dilemme en employant la formule « le festival Hadra » ou « l’association Hadra »…
Le cas du festival Ozora est moins problématique d’un point de vue grammatical : ce mot commençant par une voyelle, on dira logiquement « à l’Ozora » (ou « au festival Ozora »). Notons tout de même que, à la différence du festival Hadra, le festival Ozora a bel et bien lieu dans un village homonyme, en Hongrie : on peut donc dire "à Ozora"... si l'on parle du village !
Puisque vous citiez l’exemple « en Avignon », précisons que la préposition « en » est employée pour les noms de pays quand ils sont féminins ou commencent par une voyelle (aussi pour les grandes îles et noms de provinces). Or, Avignon est une ville. L’usage de « en » est un archaïsme, ou une imitation de l’usage occitan (on retrouve ce même usage pour Arles).Il est donc tout à fait correct de dire « à Avignon », « à Agen », « à Annecy »…
En dehors de ce cas précis, nous n’avons pas trouvé de référence au doublement de voyelles que vous évoquiez, si ce n’est pour l’élision et autres phénomènes habituels se produisant devant voyelle (cet, bel, l’…). Cependant, le Grévisse note une tendance à la disjonction devant les noms propres de personnes, surtout après « que », notamment lorsqu’ils sont courts, lorsqu’ils sont homophones d’autres mots, et aussi lorsqu’ils ont des consonances étrangères.
On observe aussi une tendance à isoler par la disjonction (comme le feraient des guillemets) un mot et surtout un groupe sentis comme étrangers :
Dans le off [=théâtre amateur], comme ailleurs, chacun veut vivre de son métier (C. Godard, dans le Monde, 8 août 1983).[…]
Nous espérons que ces précisions grammaticales vous aideront à choisir la forme la plus correcte !
Concernant le « h » aspiré, effectivement, en principe il forme disjonction :
L’h aspiré, qui n’est pas un son en français moderne dans l’usage ordinaire, forme disjonction :
Les / harengs, LE hamac DU hollandais. Un BEAU héros. SA hernie LE handicape. – Parfois à l’intérieur du mot : Dehors.
[…]
La langue populaire ne respecte guère la disjonction devant h aspiré, ce que les romanciers relèvent parfois dans leurs dialogues : Prends tes ZARDES [=hardes] et va-t’en (Hugo, Misér.,III, I, 8). – J’ai fait réchauffer l’haricot de mouton (Bernanos, Imposture, p.252). […] On notera pourtant que, plus le mot est court, plus la disjonction se défend, car la liaison et l’élision le rendraient peu identifiable : les houx / l’houx , les huttes / l’hutte.
D’autres fois, des lapsus ont échappé aux auteurs […] :
Sentiment plus pitoyable QU’haïssable (Decaux, L’Empire, l’amour et l’argent, 1982, p.232). […] – Il vaut mieux risquer le faux pas […] QU’haleter ici (Colette, Heures longues, p.138). – Rien ne subsiste du VIEIL hameau (Arland, L’eau et le feu, p.93).[…]
Dans les noms propres
L’h aspiré se trouve aussi dans les noms de lieux et de personnes des pays de langue germanique (allemand, anglais, néerlandais, scandinave) et espagnole, des pays arabes et orientaux et d’autres régions encore.
[…]
Mais, s’il y a des hésitations pour les mots ordinaires, comme nous l’avons vu, il y en a bien davantage encore pour ces noms étrangers. En dehors des plus connus, et même pour ceux-là, la disjonction a du mal à s’imposer.
[…]
L’h aspiré existe aussi dans des noms propres d’origine germanique, mais appartenant au domaine linguistique français. […]
Source : Le bon usage, Maurice Grevisse.
Concernant le cas particulier de Hadra, il ne s’agit pas d’une localité, mais du nom de l’association organisatrice du Festival, basée à Grenoble. Cela simplifie votre dilemme : dans ce cas de figure l’expression « au Hadra » (sous-entendu : au festival Hadra, ou au Hadra Trance Festival), semble en effet la plus logique. A Hadra, en revanche, est ambigu, puisque cette forme laisse penser que Hadra est le nom d’un lieu, ville ou autre, ce qui n’est pas le cas.
« A l’Hadra », à en juger par les éléments donnés par le Grévisse, n’est pas nécessairement faux. On trouve d’ailleurs plusieurs exemples de cette forme sur internet (aussi bien pour désigner l’association que le festival lui-même) :
Le bilan 2013 de l’Hadra Trance Festival
Un porte-monnaie électronique sous forme de bracelet
Il semble donc y avoir une hésitation entre la forme disjointe (le Hadra) et le h muet (l’Hadra). Par défaut, il semble toutefois préférable d’utiliser la disjonction. Vous pouvez aussi « tricher » pour résoudre votre dilemme en employant la formule « le festival Hadra » ou « l’association Hadra »…
Le cas du festival Ozora est moins problématique d’un point de vue grammatical : ce mot commençant par une voyelle, on dira logiquement « à l’Ozora » (ou « au festival Ozora »). Notons tout de même que, à la différence du festival Hadra, le festival Ozora a bel et bien lieu dans un village homonyme, en Hongrie : on peut donc dire "à Ozora"... si l'on parle du village !
Puisque vous citiez l’exemple « en Avignon », précisons que la préposition « en » est employée pour les noms de pays quand ils sont féminins ou commencent par une voyelle (aussi pour les grandes îles et noms de provinces). Or, Avignon est une ville. L’usage de « en » est un archaïsme, ou une imitation de l’usage occitan (on retrouve ce même usage pour Arles).
En dehors de ce cas précis, nous n’avons pas trouvé de référence au doublement de voyelles que vous évoquiez, si ce n’est pour l’élision et autres phénomènes habituels se produisant devant voyelle (cet, bel, l’…). Cependant, le Grévisse note une tendance à la disjonction devant les noms propres de personnes, surtout après « que », notamment lorsqu’ils sont courts, lorsqu’ils sont homophones d’autres mots, et aussi lorsqu’ils ont des consonances étrangères.
On observe aussi une tendance à isoler par la disjonction (comme le feraient des guillemets) un mot et surtout un groupe sentis comme étrangers :
Dans le off [=théâtre amateur], comme ailleurs, chacun veut vivre de son métier (C. Godard, dans le Monde, 8 août 1983).[…]
Nous espérons que ces précisions grammaticales vous aideront à choisir la forme la plus correcte !
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