Question d'origine :
Que font les baleines (et autres cetacés) de leur placenta apres l'accouchement ? est-ce qu'elles le mangent comme beaucoup d'autres mammifères ? Merci ppour votre réponse
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/11/2014 à 11h20
Bonjour,
La plupart des mammifères mangent leur placenta, ce geste s’appelle la placentophagie mais il semblerait que la baleine ainsi que le dauphin ne le consomment pas.
L’Encyclopédie Universalis explique les fonctions du placenta chez les mammifères :
« Chez les mammifères placentaires (dont l'homme fait partie), lors de la reproduction, l'œuf tout juste fécondé vient se nicher dans l'utérus de la mère et le placenta, organe essentiel à sa croissance, se développe alors autour de lui. Cette enveloppe protectrice que constitue le placenta filtrera les échanges nutritifs entre la mère et son ou ses petits. À la naissance, elle est rejetée. On peut donc dire que le placenta, organe caractéristique de ce groupe de mammifères, est aussi essentiel que provisoire. Appelés également euthériens, les mammifères placentaires rassemblent aujourd'hui plus de 5 000 espèces de tailles très différentes, des minuscules chauves-souris pesant 1,5 gramme aux baleines bleues atteignant quelque 190 tonnes. Ces animaux présentent une grande diversité dans leurs modes de locomotion, qu'ils soient adaptés aux milieux terrestre, aérien ou aquatique. De ce fait, leur cerveau, leur appareil auditif et leur dentition sont très variés, étant adaptés à ces différents milieux. Mais de tous les organes des mammifères, le placenta est sans aucun doute celui qui présente la palette de morphologie la plus variée. Aussi, si les modes de placentation de certaines espèces sont bien connues (celui d'Homo sapiens bien sûr et ceux des espèces domestiquées), bien des études restent à mener chez les autres espèces pour comprendre le fonctionnement de cet organe qui demeure entouré de bien des mystères. »
Lors de la naissance, les femelles expulsent le placenta et certaines le mangent. Une pratique est apparue ces dernières années chez certaines femmes qui désirent consommer leur placenta après l’accouchement car il contiendrait des éléments bénéfiques pour la santé. Cette nouveauté a été analysée par Mark B. Kristal, neuroscientifique comportemental dans le Huffington post, c’est lui qui précise que ce comportement est inconnu chez les dauphins et les baleines :
« Des femmes, la plupart aux Etats-Unis, ont annoncé ces derniers temps qu'elles comptaient manger du placenta, considérant que cela fait partie de l'accouchement. Elles en attendent des bénéfices majeurs en termes de santé, comme prévenir ou réduire la dépression post-partum. Quelques célébrités l'ont mentionné, ce qui a mis en lumière la "placentophagie". Mais que se passe-t-il ?
La placentophagie se rapporte à l'ingestion de placenta, fluides et autres tissus par les mères durant l'accouchement.Cet acte, qui est presque universel chez les mammifères non humains (excepté les dauphins et les baleines), est en revanche quasiment absent de notre culture depuis toujours. Il y a cependant occasionnellement des individus ou des groupes qui le font, mais c'est l'exception et non la règle. Peut-être que quelqu'un finira par faire quelque chose de concevable pour l'esprit humain, comme chercher sur le net "un homme mange un avion".
La culture humaine a en fait montré jusqu'ici une forte aversion pour la placentophagie, certains l'ayant même érigé en tabou. Il y a tout de même eu un léger engouement à l'époque hippie, des groupes proches de la nature ayant été rapportés comme en ayant cuisiné quelques uns.
Aujourd'hui, nous sommes au milieu d'une nouvelle mode de la placentophagie. Des femmes disant y avoir été encouragées par des doulas et sages-femmes, et s'appuyant sur des informations non vérifiables sur Internet, décident donc d'ingérer du placenta au moment de l'accouchement. Elles le prennent cru, cuit, dans des smoothies, ou séché et mis en capsule, pour prévenir ou réduire les aspects négatifs de la naissance, comme la dépression post-partum, le "baby blues", la fatigue, l'insuffisance de lait ou la déficience des hormones.
Malheureusement, il n'y aucune preuve que cette pratique par des humains améliore médicalement ou physiquement l'un de ces problèmes. […]
Des bénéfices ont été prouvés en revanche pour l'animal, améliorant surtout le soulagement de la douleur durant le travail et la délivrance, et aidant à produire un comportement maternel immédiat à la naissance grâce à l'attirance de la mère pour le placenta sur le petit. Les mères non humaines sont très attirées par le placenta à la naissance, mais ce n'est clairement pas le cas des femmes. De plus, pour les animaux, la manière de préparer et d'administrer le placenta est primordiale, alors que chez les femmes pro placentophagie, c'est hors de propos. Les légendes urbaines, les anecdotes et les témoignages indiquent tous des résultats bénéfiques sans tenir compte de la méthode de préparation, de la durée d'ingestion, et de la quantité. La seule chose qui semble compter est qu'elles attendent que ça marche, avant même de l'avoir fait. C'est la démarche classique pour un effet placebo - soit une amélioration basée sur une attente et non sur un mécanisme pharmacologique. »
Nous n’avons pas trouvé d’explications concernant cette non-consommation du placenta par les baleines. Il n’y a pas de liens avec leur régime alimentaire car les mammifères herbivores mangent également leur placenta. Le mystère demeure donc…
Quand au destin du placenta expulsé par les baleines, on suppose qu’il est consommé par d’autres animaux marins ou par les oiseaux comme cela peut être le cas pour les éléphants de mer comme le relate, sur son blog, un voyageur ayant vu une telle scène en Argentine:
« Pourtant lorsqu’on arrive, on entend une mère qui appelle son petit au loin sur la plage et le petit tout noir/mouillé, avance péniblement avec un gros filet rouge derrière lui… On s’est dit qu’il s’était fait attaque à marée haute et qu’il était en train de mourir devant nous…non parce que ca sonnait comme un gris de désespoir de la mère! Pas du tout, il venait de naitre (ils naissent en fait tout noir), sa mère était revenu sur la plage et l’appeler pour qu’il se déplace, ouf!Et le rouge, le sang, ben, c’est le placenta que les mouettes se chamaillaient ensuite pour le manger, classe! »
Une photo est proposée à la suite du texte.
Les mouettes seraient donc des consommatrices des placentas abandonnés, elles peuvent donc participer à la disparition de celui des baleines.
Pour aller plus loin dans la connaissance du placenta et des baleines voici quelques liens :
- Placenta sur Wikipédia.
- Guide des mammifères marins du monde : toutes les espèces décrites et illustrées, Hadoram Shirihai.
- Les baleines et autres rorquals : biologie, mœurs, mythologie, cohabitation, protection, Jean-Pierre Sylvestre.
- Baleines & dauphins, Dr. Rüdiger Wandrey.
Bonne journée.
La plupart des mammifères mangent leur placenta, ce geste s’appelle la placentophagie mais il semblerait que la baleine ainsi que le dauphin ne le consomment pas.
L’Encyclopédie Universalis explique les fonctions du placenta chez les mammifères :
« Chez les mammifères placentaires (dont l'homme fait partie), lors de la reproduction, l'œuf tout juste fécondé vient se nicher dans l'utérus de la mère et le placenta, organe essentiel à sa croissance, se développe alors autour de lui. Cette enveloppe protectrice que constitue le placenta filtrera les échanges nutritifs entre la mère et son ou ses petits. À la naissance, elle est rejetée. On peut donc dire que le placenta, organe caractéristique de ce groupe de mammifères, est aussi essentiel que provisoire. Appelés également euthériens, les mammifères placentaires rassemblent aujourd'hui plus de 5 000 espèces de tailles très différentes, des minuscules chauves-souris pesant 1,5 gramme aux baleines bleues atteignant quelque 190 tonnes. Ces animaux présentent une grande diversité dans leurs modes de locomotion, qu'ils soient adaptés aux milieux terrestre, aérien ou aquatique. De ce fait, leur cerveau, leur appareil auditif et leur dentition sont très variés, étant adaptés à ces différents milieux. Mais de tous les organes des mammifères, le placenta est sans aucun doute celui qui présente la palette de morphologie la plus variée. Aussi, si les modes de placentation de certaines espèces sont bien connues (celui d'Homo sapiens bien sûr et ceux des espèces domestiquées), bien des études restent à mener chez les autres espèces pour comprendre le fonctionnement de cet organe qui demeure entouré de bien des mystères. »
Lors de la naissance, les femelles expulsent le placenta et certaines le mangent. Une pratique est apparue ces dernières années chez certaines femmes qui désirent consommer leur placenta après l’accouchement car il contiendrait des éléments bénéfiques pour la santé. Cette nouveauté a été analysée par Mark B. Kristal, neuroscientifique comportemental dans le Huffington post, c’est lui qui précise que ce comportement est inconnu chez les dauphins et les baleines :
« Des femmes, la plupart aux Etats-Unis, ont annoncé ces derniers temps qu'elles comptaient manger du placenta, considérant que cela fait partie de l'accouchement. Elles en attendent des bénéfices majeurs en termes de santé, comme prévenir ou réduire la dépression post-partum. Quelques célébrités l'ont mentionné, ce qui a mis en lumière la "placentophagie". Mais que se passe-t-il ?
La placentophagie se rapporte à l'ingestion de placenta, fluides et autres tissus par les mères durant l'accouchement.
La culture humaine a en fait montré jusqu'ici une forte aversion pour la placentophagie, certains l'ayant même érigé en tabou. Il y a tout de même eu un léger engouement à l'époque hippie, des groupes proches de la nature ayant été rapportés comme en ayant cuisiné quelques uns.
Aujourd'hui, nous sommes au milieu d'une nouvelle mode de la placentophagie. Des femmes disant y avoir été encouragées par des doulas et sages-femmes, et s'appuyant sur des informations non vérifiables sur Internet, décident donc d'ingérer du placenta au moment de l'accouchement. Elles le prennent cru, cuit, dans des smoothies, ou séché et mis en capsule, pour prévenir ou réduire les aspects négatifs de la naissance, comme la dépression post-partum, le "baby blues", la fatigue, l'insuffisance de lait ou la déficience des hormones.
Malheureusement, il n'y aucune preuve que cette pratique par des humains améliore médicalement ou physiquement l'un de ces problèmes. […]
Nous n’avons pas trouvé d’explications concernant cette non-consommation du placenta par les baleines. Il n’y a pas de liens avec leur régime alimentaire car les mammifères herbivores mangent également leur placenta. Le mystère demeure donc…
Quand au destin du placenta expulsé par les baleines, on suppose qu’il est consommé par d’autres animaux marins ou par les oiseaux comme cela peut être le cas pour les éléphants de mer comme le relate, sur son blog, un voyageur ayant vu une telle scène en Argentine:
« Pourtant lorsqu’on arrive, on entend une mère qui appelle son petit au loin sur la plage et le petit tout noir/mouillé, avance péniblement avec un gros filet rouge derrière lui… On s’est dit qu’il s’était fait attaque à marée haute et qu’il était en train de mourir devant nous…non parce que ca sonnait comme un gris de désespoir de la mère! Pas du tout, il venait de naitre (ils naissent en fait tout noir), sa mère était revenu sur la plage et l’appeler pour qu’il se déplace, ouf!
Une photo est proposée à la suite du texte.
Les mouettes seraient donc des consommatrices des placentas abandonnés, elles peuvent donc participer à la disparition de celui des baleines.
Pour aller plus loin dans la connaissance du placenta et des baleines voici quelques liens :
- Placenta sur Wikipédia.
- Guide des mammifères marins du monde : toutes les espèces décrites et illustrées, Hadoram Shirihai.
- Les baleines et autres rorquals : biologie, mœurs, mythologie, cohabitation, protection, Jean-Pierre Sylvestre.
- Baleines & dauphins, Dr. Rüdiger Wandrey.
Bonne journée.
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