Question d'origine :
S.V.P.
Quelle est l'origine du port de la cravate -par ailleurs, semble t il en déclin depuis peu - dans le costume principalement masculin ? merci.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 12/05/2016 à 13h27
Bonjour,
L’ouvrage Eloge de la cravate consacre un chapitre à l’histoire de la cravate :
«Naissance au son du clairon
Nous savons que François Marie Arouet, plus connu sous le nom de Voltaire, un des esprits les plus brillants du Siècle des Lumières, fut un homme sensible à l'appel du luxe et de l'élégance. Nous ignorons s'il était tout aussi enclin à se plier aux impératifs de la mode, mais il est certain que c'est à lui que nous devons la curieuse description d'une coutume, précieuse pour les historiens de la mode, qui a marqué l'entrée officielle de la cravate dans l'Histoire. Dans son ouvrage Le Siècle de Louis XIV, en effet, décrivant la bataille de Steinkerque, remportée le 3 août 1692 par les troupes françaises placées sous les ordres du Maréchal de Luxembourg et de certains rejetons des plus illustres familles de France contre les troupes anglo-hollandaises de Guillaume III d'Orange, Voltaire narre avec concision : "Les hommes portaient alors des écharpes de dentelle dont l'ajustement était long et compliqué. Les officiers, arrachés à leur sommeil, n'eurent pas le temps de nouer leur écharpe selon les règles habituelles. En toute hâte ils la mirent autour du cou et passèrent les extrémités dans l'une des boutonnières de la veste. Dès lors, les femmes portèrent des ornements copiés sur ce modèle, qui furent baptisés steinkerques. L'usage de la cravate remontait cependant à quelques décennies plus tôt, lorsque, vers 1660, Louis XIV fit venir de Croatie des troupes mercenaires qui portaient comme insigne de leur corps une bande d'étoffe autour du cou, de qualité ordinaire pour les soldats, de mousseline ou de soie pour les officiers, dont les extrémités "disposées en rosette ou ornées d'un pompon ou d'une freluche pendaient sur la poitrine".
L'origine étymologique de la cravate serait donc une déformation du mot croate en « crovate », puis cravate.
Si l'on remonte beaucoup plus loin dans le temps, on découvre que les soldats romains avaient, eux aussi, coutume de porter autour du cou une étroite bande de tissu assez épais, maintenue en place par des passants appelés focale, et destinée à protéger leur gorge des rigueurs de la ridant les campagnes hivernales ou dans les pays nordiques. En dehors des soldats, le focale eut une diffusion limitée dans la société romaine, car il avait un caractère efféminé qui convenait mal à un civis romanus. Son usage était réservé aux cas de grave indisposition, mais considéré comme inconvenant en public, de sorte que Septime Sévère acquit une réputation d'excentrique pour s'être présenté à es thermes avec un tel vêtement. Auguste, dont la santé était fragile, se permettait d'en porter un dans l'intimité, profitant de son rang d'empereur.
Messages d'amour dans les nœuds
Le focale étant tombé en désuétude avec les invasions barbares, il semble qu'un accessoire semblable à la cravate soit apparu à la fin du Moyen Age, mais l'introduction de la mode des cols et des collerettes entraîna son abandon,
Il faut donc attendre l'arrivée des troupes mercenaires croates pour que ce nouveau vêtement se répande en France, toute l'Europe. A l'origine, la cravate consistait en une simple bande d'étoffe, généralement de lin, nouée à la papillon ou liée sous le menton à l'aide d'un lacet, mais, avec le temps, on utilisa des tissus de plus en plus précieux. En Angleterre, le roi Charles II (1630-1685) n'hésita pas à dépenser à plusieurs reprises jusqu'à 20 livres - une fortune époque - pour une cravate vénitienne en dentelle. En France, Louis XIV, dont le goût pour la magnificence se reflétait dans tous les domaines, enjoliva sa cravate de
rubans de soie aux couleurs éclatantes (rouge vif, écarlate, orange ou bleu ciel) dont se détachaient des nuages de den¬telle, dans lesquels un chroniqueur malicieux voulut voir une sorte de code adopté par le roi pour envoyer des messa¬ges galants aux belles dames qui vivaient à Versailles. Comme toutes les nouvelles modes destinées à introduire des innovations dans les coutumes, la cravate éveilla une cer¬taine méfiance. Dans le règlement du collège calviniste de Puylaurens, dans le Languedoc, rédigé peu de temps après les premières apparitions de la cravate en France, on peut lire : "Les étudiants de théologie seront modestes dans leur habillement, et ne porteront ni cravate... ni canne, ni toute autre parure contraire à la modestie..." A la fin du 17e siècle et au début du 18e, la cravate à la Steinkerque fit fureur un peu partout, notamment en Italie où, suivant l'usage français, le "stiricherchen", ainsi qu'on l'appelait, était porté par les hommes et les femmes. […] »
La forme de la cravate a évolué au cours de l’histoire aussi bien dans ses formes et que dans ses couleurs comme le rappelle John de Greef dans Cravates et accessoires :
« Les excès n’ont qu’un temps, et la mode du dix-neuvième siècle commença sur une image plus calme et moins exagérée, dans laquelle, le noir et le blanc étaient les deux couleurs fondamentales.[…]
L’exécution d’élégantes et impressionnantes cravates, à partir de grands foulards carrés, fut élevée au rang de véritable art.
[…]
Entre 1830 et 1845, la cravate s’allongea encore. On expérimentait par-ci, par-là avec des couleurs et des dessins, mais le blanc et le noir restèrent des couleurs dominantes. […]
Finalement, le nœud l’emporta sur la partie entourant le cou, qui diminua à la deuxième moitié du siècle alors que le nœud, lui, devenait plus proéminent. […]
Dans les années soixante-dix du 19e siècle, on voit apparaître les premiers cols rabattus, plats et la nouveauté est une cravate ressemblant à la cravate actuelle. Elle est nommée régate car elle est d’abord portée par les marins.[…] »
Les origines de la cravate sont multiples, son port est souvent lié à l’histoire militaire. Il est ensuite rentré dans les accessoires de mode. Son usage demeure aujourd’hui, elle fait partie de l’uniforme dans de nombreuses professions. Cependant, la cravate se porte moins régulièrement pour les tenues « habillées ».
Pour en savoir plus sur les cravates :
- Histoire de la cravate sur Tie club.
- Les origines de la cravate sur Le Cravatier.
Bonne journée.
L’ouvrage Eloge de la cravate consacre un chapitre à l’histoire de la cravate :
«
Nous savons que François Marie Arouet, plus connu sous le nom de Voltaire, un des esprits les plus brillants du Siècle des Lumières, fut un homme sensible à l'appel du luxe et de l'élégance. Nous ignorons s'il était tout aussi enclin à se plier aux impératifs de la mode, mais il est certain que c'est à lui que nous devons la curieuse description d'une coutume, précieuse pour les historiens de la mode, qui a marqué l'entrée officielle de la cravate dans l'Histoire. Dans son ouvrage Le Siècle de Louis XIV, en effet, décrivant la bataille de Steinkerque, remportée le 3 août 1692 par les troupes françaises placées sous les ordres du Maréchal de Luxembourg et de certains rejetons des plus illustres familles de France contre les troupes anglo-hollandaises de Guillaume III d'Orange, Voltaire narre avec concision : "Les hommes portaient alors des écharpes de dentelle dont l'ajustement était long et compliqué. Les officiers, arrachés à leur sommeil, n'eurent pas le temps de nouer leur écharpe selon les règles habituelles. En toute hâte ils la mirent autour du cou et passèrent les extrémités dans l'une des boutonnières de la veste. Dès lors, les femmes portèrent des ornements copiés sur ce modèle, qui furent baptisés steinkerques. L'usage de la cravate remontait cependant à quelques décennies plus tôt, lorsque, vers 1660, Louis XIV fit venir de Croatie des troupes mercenaires qui portaient comme insigne de leur corps une bande d'étoffe autour du cou, de qualité ordinaire pour les soldats, de mousseline ou de soie pour les officiers, dont les extrémités "disposées en rosette ou ornées d'un pompon ou d'une freluche pendaient sur la poitrine".
Si l'on remonte beaucoup plus loin dans le temps, on découvre que les soldats romains avaient, eux aussi, coutume de porter autour du cou une étroite bande de tissu assez épais, maintenue en place par des passants appelés focale, et destinée à protéger leur gorge des rigueurs de la ridant les campagnes hivernales ou dans les pays nordiques. En dehors des soldats, le focale eut une diffusion limitée dans la société romaine, car il avait un caractère efféminé qui convenait mal à un civis romanus. Son usage était réservé aux cas de grave indisposition, mais considéré comme inconvenant en public, de sorte que Septime Sévère acquit une réputation d'excentrique pour s'être présenté à es thermes avec un tel vêtement. Auguste, dont la santé était fragile, se permettait d'en porter un dans l'intimité, profitant de son rang d'empereur.
Le focale étant tombé en désuétude avec les invasions barbares, il semble qu'un accessoire semblable à la cravate soit apparu à la fin du Moyen Age, mais l'introduction de la mode des cols et des collerettes entraîna son abandon,
Il faut donc attendre l'arrivée des troupes mercenaires croates pour que ce nouveau vêtement se répande en France, toute l'Europe. A l'origine, la cravate consistait en une simple bande d'étoffe, généralement de lin, nouée à la papillon ou liée sous le menton à l'aide d'un lacet, mais, avec le temps, on utilisa des tissus de plus en plus précieux. En Angleterre, le roi Charles II (1630-1685) n'hésita pas à dépenser à plusieurs reprises jusqu'à 20 livres - une fortune époque - pour une cravate vénitienne en dentelle. En France, Louis XIV, dont le goût pour la magnificence se reflétait dans tous les domaines, enjoliva sa cravate de
rubans de soie aux couleurs éclatantes (rouge vif, écarlate, orange ou bleu ciel) dont se détachaient des nuages de den¬telle, dans lesquels un chroniqueur malicieux voulut voir une sorte de code adopté par le roi pour envoyer des messa¬ges galants aux belles dames qui vivaient à Versailles. Comme toutes les nouvelles modes destinées à introduire des innovations dans les coutumes, la cravate éveilla une cer¬taine méfiance. Dans le règlement du collège calviniste de Puylaurens, dans le Languedoc, rédigé peu de temps après les premières apparitions de la cravate en France, on peut lire : "Les étudiants de théologie seront modestes dans leur habillement, et ne porteront ni cravate... ni canne, ni toute autre parure contraire à la modestie..." A la fin du 17e siècle et au début du 18e, la cravate à la Steinkerque fit fureur un peu partout, notamment en Italie où, suivant l'usage français, le "stiricherchen", ainsi qu'on l'appelait, était porté par les hommes et les femmes. […] »
La forme de la cravate a évolué au cours de l’histoire aussi bien dans ses formes et que dans ses couleurs comme le rappelle John de Greef dans Cravates et accessoires :
« Les excès n’ont qu’un temps, et la mode du dix-neuvième siècle commença sur une image plus calme et moins exagérée, dans laquelle, le noir et le blanc étaient les deux couleurs fondamentales.[…]
L’exécution d’élégantes et impressionnantes cravates, à partir de grands foulards carrés, fut élevée au rang de véritable art.
[…]
Entre 1830 et 1845, la cravate s’allongea encore. On expérimentait par-ci, par-là avec des couleurs et des dessins, mais le blanc et le noir restèrent des couleurs dominantes. […]
Finalement, le nœud l’emporta sur la partie entourant le cou, qui diminua à la deuxième moitié du siècle alors que le nœud, lui, devenait plus proéminent. […]
Dans les années soixante-dix du 19e siècle, on voit apparaître les premiers cols rabattus, plats et la nouveauté est une cravate ressemblant à la cravate actuelle. Elle est nommée régate car elle est d’abord portée par les marins.[…] »
Les origines de la cravate sont multiples, son port est souvent lié à l’histoire militaire. Il est ensuite rentré dans les accessoires de mode. Son usage demeure aujourd’hui, elle fait partie de l’uniforme dans de nombreuses professions. Cependant, la cravate se porte moins régulièrement pour les tenues « habillées ».
Pour en savoir plus sur les cravates :
- Histoire de la cravate sur Tie club.
- Les origines de la cravate sur Le Cravatier.
Bonne journée.
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