Industries rue Vaubécourt sous la Révolution
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 05/06/2016 à 13h13
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Question d'origine :
Un de mes ancêtres, François Lenoir, a vécu à Lyon, pendant la Révolution et l'Empire.
Il était fondeur, et avait travaillé, avant la Révolution, d'abord aux Verreries de Baccarat en Lorraine, puis aux aciéries du Creusot.
A Lyon, il demeura rue Vaubécourt, dans le quartier de Perrache à partir de 1791 jusqu'en 1802.
Savez-vous s'il existait des verreries ou des aciéries dans ce quartier ? Existe-t-il des témoignages sur ces ateliers et sur leurs ouvriers ?
Merci pour vos réponses
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 08/06/2016 à 08h17
Si l’indicateur de la Ville de Lyon de 1788 (consultable sur Google books) ne liste pas les entreprises établies à Lyon, celui de 1810 comprend un classement par métier (les numéros en face des noms renvoient à la deuxième partie de l’indicateur, le répertoire alphabétique par nom des habitants), voir les rubriques Fondeurs et Verriers. Mais il ne vous fournira pas beaucoup d’informations en dehors de l’adresse des différents fondeurs répertoriés, de plus il est ultérieur à la période concernée par vos recherches.
Heureusement, la Description physique et politique du Département du Rhône de 1801 (également consultable sur Google books) nous permet d’apprendre l’existence à cette date de verreries à Givors, Pierre-Bénite,
Côté fabrique d’aciers, on sait grâce au Compte-rendu des travaux des ingénieurs des mines pendant l’année 1840 qu’il en existait une à la Mulatière, de l’autre côté de la Saône, avant l’ouverture à Perrache d’une fabrique d’acier à la fin des années 1830. Nous ne connaissons pas sa période d’activité.
L’ouvrage Fonte, fer, acier : Rhône-Alpes, XVe-début XXe siècle ne répertorie malheureusement pas les éventuels établissements lyonnais de la période qui vous intéresse.
La rue Vaubecour
Le quartier Perrache est le quartier construit au sud des anciens remparts d’Ainay, conquis sur les eaux grâce au projet de Michel-Antoine Perrache. La partie située au sud d’Ainay se constituait jusqu’alors de terrains et d’îlots au caractère instable et soumis aux caprices du Rhône et de la Saône. L’aménagement de Perrache commence dans les années 1770 et se prolonge jusqu’au début du 19e siècle en raison des nombreuses difficultés rencontrées. Voici quelques informations sur sa physionomie et l’installation de certaines activités sur ce territoire à la fin du 18e siècle, tirées de Le quartier Perrache : 1766-1946 : étude d'histoire et de géographie urbaines :
« Et pourtant, malgré ces vicissitudes, le nouveau quartier commençait à attirer certains industriels audacieux et entreprenants. En mai 1787, Antoine Claude Rey, possédant un procédé particulier pour l’apprêt et calandre des toiles, indiennes et autes étoffes en fil de coton, demande à installer sur le Rhône, le long du quai d’Artois, un bateau-usine avec un petit bâtiment contenant la mécanique. Deux autres genevois, les sieurs Picot et Fazy, avaient aussi fait construire une indiennerie à l’angle du cours de Midi (Verdun) et du quai du Rhône. C’était une entreprise d’envergure (…). Le curé d’Ainay avait obtenu la permission de faire construire des fours à chaux et autres usines analogues sur ces terrains pour en purifier l’air. Du coup les associés reprenaient courage et demandaient qu’on put installer dans le nouveau quartier des manufactures de mousseline, de toiles de coton, d’acier brut, de fer blanc, d’outils, de papeteries, des moulins à scier le bois, la pierre (…) »
Mais les travaux d’aménagement prennent du retard (remblais, pont de la Mulatière) ce qui nuit au développement du quartier. Pendant la Révolution, « les fameux terrains Perrache furent le théâtre de combats violents, en particulier le 29 septembre 1793 où la Compagnie perdit par l’incendie et le pillage tout ce qu’elle possédait sur la chaussée. »
« En 1796 encore, le nouveau quartier offrait un aspect lamentable : quelques constructions éparses s’y dressaient : l’indiennerie avait été longtemps auparavant abandonnée par l’industrie. Le pont menaçait ruine de nouveau, faute d’entretien. Le secteur Sud des terrains (« l’île Perrache ») se divisait en trois parties : au sud, du côté Saône, une île dite de la Verrerie, fréquemment submergée ; puis, entre la Saône et le canal des moulins, une région souvent inondée, solitude agreste ou quelques particuliers possédaient pourtant des jardins ; Le secteur nord (quartier neuf ou nouvelle ville) couvrait 1.500.000 pieds de surface à bâtir, mais un tiers était encore submergé, un tiers inondé à chaque crue, et le dernier tiers submergé par les eaux à chaque grande inondation. »… « La préoccupation dominante en ces années 1798-1803 est l’assainissement de ce quartier qui ne vaut à la ville que des émanations malsaines chassées le plus souvent par le vent du midi sur Ainay et Bellecour. ». L’industrialisation envisagée semble avoir été abandonnée pendant un temps. L’auteur signale encore la présence d’une fonderie de suif et d’une importante tannerie vers 1815. C’est surtout dans cette première partie du 19e siècle que les constructions s’accroissent dans les rues tracées entre les anciens remparts et le Cours du Midi (cours de Verdun) et que Perrache prend un caractère plus industriel, comme en témoigne le Bulletin de Lyon et du Département du Rhône en 1827.
Lecture complémentaire : Lyon : le confluent : derrière les voûtes, Ed. Lieux dits, 2005
Si le chapitre consacré à l'industrie ne s'intéresse qu'aux installations postérieures à 1800, l'ouvrage permet cependant une bonne appréhension de l'évolution du quartier et propose plusieurs cartes qui montrent bien sa transformation.
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