Question d'origine :
Bonjour,
Ce terme nous donne l’impression que la déclaration des droites de l’homme exclut la femme par inadvertance.
Qu’en pensez-vous ?
Merci et bonne journée.
Réponse du Guichet
bml_soc
- Département : Société
Le 20/07/2020 à 13h50
Bonjour,
Vous avez raison, l’expression « Droits de l’homme » nous donne l’impression d’une notion discriminante. Faut-il voir dans "les Droits de l’homme" une vision masculine, paternaliste et sexiste des droits ?
Dans notre réponse nous ne vous donnerons pas notre avis, sans doute aussi parce qu’il est difficile d’avoir un avis tranché sur la question, mais aussi parce que ce n’est pas notre rôle.
•L’expression « droits de l’homme » a une assise historique et fait bien partie de notre héritage culturel. La DDHC a marqué un tournant important de notre Histoire, rappelé par le Préambule de la Constitution de notre République actuelle.
En effet, dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, (DDHC), le vocable « droits de l’homme » excluait volontairement le genre féminin de tout exercice de citoyenneté : les rédacteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) ont refusé d’accorder aux femmes les droits qu’ils conféraient aux hommes. Le terme « homme » relève donc d’une volonté explicite d’exclure les femmes de la vie politique et de leur dénier le droit de vote en raison de leur « nature inférieure ».
En 1791, Olympe de Gouges a voulu compléter ce texte avec la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne mais fut persécutée. Elle écrivit notamment : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. » Ironie du sort, elle finit guillotinée deux ans plus tard avec l’épitaphe suivante publiée dans un journal : « Elle voulut être homme d’État, il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe ».
Pour la Déclaration Universelle de 1948, document fondateur - traduit dans plus de 500 langues différentes, qui promeut pourtant l’exercice universel des droits humains, la plupart des pays européens utilisent le terme « humain » : « Human rights » en anglais, « Menschenrechte » en allemand, « derechos humanos » en espagnol, « diritti umani » en italien. Seule la France a choisi de retenir la dénomination « droits de l’homme » et non « droits humains ».
Ici encore, en conservant l’expression « droits de l’homme » dans le texte de 1948, la France a voulu souligner la primauté de la Déclaration de 1789 et son attachement au passé, à l’histoire et à l’esprit de la Révolution française. Il n’en reste pas moins que cette exception française peut être jugée porteuse d’une tradition conservatrice et sexiste, héritée du 18ème siècle.
•C’est pourquoi le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) appelle à préférer l’expression « droits humains » à celle de « droits de l’Homme ».
Pour lui, « L’utilisation du terme « droits de l’Homme » - même avec une majuscule qui, par ailleurs, ne s’entend pas à l’oral - n’est pas un détail sémantique sans importance. Cette appellation n’est pas neutre, elle s’inscrit dans une Histoire française qui a longtemps exclu et invisibilisé les femmes. »
Pour plus d’informations sur les préconisations du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE), vous pouvez notamment lire son avis relatif à la révision constitutionnelle.
• Cependant, il est nécessaire d'aller au-delà de la simple analyse d’une formulation.
Le concept des « droits de l’homme » a évolué depuis 1789, prenant en compte les avancées des droits des femmes. Ainsi l’article 1 de la Constitution de 1958 a été modifié en 2008 avec l’ajout suivant : « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »
Ils ont été réinterprétés aux lendemains de la Seconde guerre mondiale – dans la continuité du principe de non-discrimination, présent dans la Charte des Nations Unies (1945) et rappelé par la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948).
Il semble donc que les Droits de l’homme sont bien, désormais, les droits des êtres humains, de l’humanité dans sa globalité.
Quoique nous pensions, il est certain que les Droits de l’homme connaissent la doctrine dite « du droit vivant », c’est-à-dire que les droits doivent « être interprétés à la lumière des conditions de vie d’aujourd’hui », pour reprendre les mots de laCour européenne des droits de l’homme.
C'est dans ce sens que pour le législateur, les Droits de l’homme de 2020 ne sont ni ceux de 1789, ni ceux de 1945. Ce sont les droits de l’être humain, pris dans sa globalité ; les droits de « tous les êtres humains », pour reprendre l’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Nous espérons que notre réponse à votre question vous aidera à vous forger une opinion de citoyen-ne éclairé-e.
Cordialement.
Vous avez raison, l’expression « Droits de l’homme » nous donne l’impression d’une notion discriminante. Faut-il voir dans "les Droits de l’homme" une vision masculine, paternaliste et sexiste des droits ?
Dans notre réponse nous ne vous donnerons pas notre avis, sans doute aussi parce qu’il est difficile d’avoir un avis tranché sur la question, mais aussi parce que ce n’est pas notre rôle.
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En effet, dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, (DDHC), le vocable « droits de l’homme » excluait volontairement le genre féminin de tout exercice de citoyenneté : les rédacteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) ont refusé d’accorder aux femmes les droits qu’ils conféraient aux hommes. Le terme « homme » relève donc d’une volonté explicite d’exclure les femmes de la vie politique et de leur dénier le droit de vote en raison de leur « nature inférieure ».
En 1791, Olympe de Gouges a voulu compléter ce texte avec la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne mais fut persécutée. Elle écrivit notamment : « La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. » Ironie du sort, elle finit guillotinée deux ans plus tard avec l’épitaphe suivante publiée dans un journal : « Elle voulut être homme d’État, il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe ».
Pour la Déclaration Universelle de 1948, document fondateur - traduit dans plus de 500 langues différentes, qui promeut pourtant l’exercice universel des droits humains, la plupart des pays européens utilisent le terme « humain » : « Human rights » en anglais, « Menschenrechte » en allemand, « derechos humanos » en espagnol, « diritti umani » en italien. Seule la France a choisi de retenir la dénomination « droits de l’homme » et non « droits humains ».
Ici encore, en conservant l’expression « droits de l’homme » dans le texte de 1948, la France a voulu souligner la primauté de la Déclaration de 1789 et son attachement au passé, à l’histoire et à l’esprit de la Révolution française. Il n’en reste pas moins que cette exception française peut être jugée porteuse d’une tradition conservatrice et sexiste, héritée du 18ème siècle.
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Pour lui, « L’utilisation du terme « droits de l’Homme » - même avec une majuscule qui, par ailleurs, ne s’entend pas à l’oral - n’est pas un détail sémantique sans importance. Cette appellation n’est pas neutre, elle s’inscrit dans une Histoire française qui a longtemps exclu et invisibilisé les femmes. »
Pour plus d’informations sur les préconisations du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE), vous pouvez notamment lire son avis relatif à la révision constitutionnelle.
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Le concept des « droits de l’homme » a évolué depuis 1789, prenant en compte les avancées des droits des femmes. Ainsi l’article 1 de la Constitution de 1958 a été modifié en 2008 avec l’ajout suivant : « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »
Ils ont été réinterprétés aux lendemains de la Seconde guerre mondiale – dans la continuité du principe de non-discrimination, présent dans la Charte des Nations Unies (1945) et rappelé par la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948).
Il semble donc que les Droits de l’homme sont bien, désormais, les droits des êtres humains, de l’humanité dans sa globalité.
Quoique nous pensions, il est certain que les Droits de l’homme connaissent la doctrine dite « du droit vivant », c’est-à-dire que les droits doivent « être interprétés à la lumière des conditions de vie d’aujourd’hui », pour reprendre les mots de laCour européenne des droits de l’homme.
C'est dans ce sens que pour le législateur, les Droits de l’homme de 2020 ne sont ni ceux de 1789, ni ceux de 1945. Ce sont les droits de l’être humain, pris dans sa globalité ; les droits de « tous les êtres humains », pour reprendre l’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Nous espérons que notre réponse à votre question vous aidera à vous forger une opinion de citoyen-ne éclairé-e.
Cordialement.
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