Question d'origine :
Quels sont les philosophes anarchistes qui critiquent toutes les hiérarchies ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 23/07/2020 à 09h11
Bonjour,
Selon les diverses définition consultées, on peut dire que l’anarchisme est une doctrine qui critique toutes les hiérarchies. Nous vous indiquons donc les principaux philosophes considérés comme anarchistes.
« L'anarchisme est une philosophie politique qui présente unevision d'une société humaine sans hiérarchie , et qui propose des stratégies pour y arriver, en renversant le système social autoritaire. L'objectif principal de l'anarchisme est d'établir un ordre social sans dirigeants ni dirigés . Un ordre fondé sur la coopération volontaire d'hommes et de femmes libres et conscients, qui ont pour but de favoriser un double épanouissement : celui de la société et celui de l'individu qui participe à celle-ci.. »
Article Anarchisme, Wikipedia. Cet article détaille par ailleurs tous les courants anarchistes avec les noms de leurs principaux représentants. Nous vous conseillons également son imposante bibliographie.
C’est encore plus clair sur les sites militants, comme celui de Socialisme libertaire à la page Qu’est-ce que l’anarchisme ? :
« Pour ces raisons, plutôt que d'être purement anti-gouvernement ou anti-État,l'anarchisme est principalement un mouvement contre la hiérarchie . Pourquoi ? Parce que la hiérarchie est la structure organisationnelle qui comporte l'autorité. Comme l'État est la plus haute forme de hiérarchie, les anarchistes sont, par définition, anti-État ; mais ce n'est pas une définition suffisante de l'anarchisme. Cela signifie que les vrais anarchistes sont opposés à toute forme d'organisation hiérarchique, pas seulement l'État . »
Voir aussi Est-il possible d'être un anarchiste sans s'opposer à la hiérarchie ?, sur le site FAQ anarchiste.
L’article Anarchisme de l’Encyclopédie Universalis, par Henri Avron, Jean Maîtron, et Robert Paris, distingue lui anarchistes individualistes et anarchistes collectivistes.
« L'anarchisme en tant que doctrine philosophique appartient essentiellement à l'histoire de l'hégélianisme. La réalité objective étant pour Hegel issue de l'esprit, l'objet qui semble séparé du sujet finit par y retourner afin de constituer cette unité foncière que Hegel appelle l'Idée absolue. Or cet Esprit hégélien qui se réalise grâce à la prise de conscience des esprits finis, de transcendant qu'il était sans doute chez Hegel lui-même, devient pour une importante fraction de ses disciples l'esprit humain parvenu à la pleine conscience de soi-même. Une fois engagés sur la voie de l'immanence, ces jeunes hégéliens s'efforcent d'interpréter le monisme de Hegel dans un sens de plus en plus révolutionnaire. L'Esprit est arraché au clair-obscur prudent où son créateur avait voulu le maintenir ; il s'« humanise » progressivement. Devenu homme, c'est-à-dire être humain au sens général du mot dans le maître livre de L. Feuerbach, L'Essence du christianisme (1841), il se transforme en esprit humain dans la Critique pure de Bruno Bauer – doctrine contre laquelle Karl Marx se déchaîne dans La Sainte Famille – et finit par apparaître sous les traits surprenants du Moi original, du Moi « unique » dans l'ouvrage de Max Stirner, L'Unique et sa propriété (1845).
Cet effort d'interprétation s'accompagne de la ferme volonté de renforcer le monisme hégélien. Les jeunes hégéliens pourchassent tous les dualismes ou, pour parler en termes d'école, toutes les aliénations ; ils luttent contre l'aliénation religieuse, c'est-à-dire contre l'Église ; contre l'aliénation politique, c'est-à-dire contre l'État ; contre l'aliénation humaine enfin, c'est-à-dire contre l'humanisme qui, par les contraintes d'un collectivisme abstrait, menace d'étouffer l'originalité de l'individu. Le marxisme insiste sur la filiation qui relie Hegel, Feuerbach et Marx, c'est-à-dire sur une évolution philosophique qui, en partant de l'idéalisme absolu, passe par le matérialisme mécaniste pour aboutir au matérialisme historique et dialectique. Mais l'anarchisme, qui, en prêtant l'immanence à l'Esprit absolu de Hegel, aboutit à la souveraineté du Moi « unique » et part en guerre contre toutes les aliénations dont celui-ci est victime, dérive également de la philosophie hégélienne. La lignée qui va de Hegel à Stirner et à Bakounine n'est pas moins légitime que celle qui rattache Hegel à Marx. »
[…] « Ayant puisé à des sources fort diverses, l'anarchisme semble à première vue tissé de contradictions et déchiré en tendances et sous-tendances. Dans ce « chaos d'idées » (Sébastien Faure), le départ avait été fait vers 1900 entre l'anarchisme individualiste, dont les défenseurs se réclamaient de Stirner et de Proudhon, et l'anarchisme communiste, qui s'inspirait avant tout de l'enseignement de Bakounine et de son disciple Kropotkine.
La première tendance consistait à garantir la liberté individuelle par le maintien de la propriété privée ; la seconde, en revanche, soutenait que seule l'institution de la propriété collective permettait de réaliser la justice sociale, condition indispensable à l'épanouissement individuel. L'anarchisme subit ainsi une double tentation à laquelle il ne sait pas toujours résister, celle de l'individualisme libéral des économistes classiques et celle d'un collectivisme dépersonnalisant. L'évolution ultérieure, il est vrai, rend à l'anarchisme une certaine unité doctrinale. Alors que l'anarchisme individualiste, professé souvent par des déclassés, des « en-dehors », se replie de plus en plus sur lui-même et qu'il ne semble plus s'intéresser qu'à la liberté sexuelle, qu'un de ses chefs, Émile Armand, conçoit sous la forme de « pluralité amoureuse », l'anarchisme communiste, animé par Élisée Reclus, Jean Grave, Émile Pouget, Sébastien Faure et Enrico Malatesta, finit par représenter l'anarchisme authentique . »
On retrouve les mêmes précurseurs dans tous les textes consacrés à l’anarchisme :
« Bien que Gérard Winstanley (La nouvelle loi de la Justice, 1649) et William Godwin (Enquête concernant la justice politique, 1793) avaient commencé à déployer la philosophie de l'anarchisme au 17e et 18e siècles, il a fallu attendre la seconde moitié du 19ème siècle pour que l'anarchisme émerge en tant qu'une théorie cohérente avec, un programme développé systématique. Ce travail a été essentiellement commencé par quatre personnes - un Allemand, Max Stirner (1806-1856), un Français, Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), et deux Russes, Michel Bakounine (1814-1876) et Pierre Kropotkine (1842 -1921). Ils ont pris les idées courantes en circulation au sein des franges de la population active et les expriment sous une forme écrite ». Qui sont les principaux penseurs anarchistes? (voir la suite de l’article en ligne pour les noms plus récents).
Le Mémoire en ligne d’Etienne Desbiens Després Le postanarchisme : une réécriture philosophique de l’anarchisme analyse cette critique de l’anarchisme. Et donne aussi les noms des penseurs reconnus comme anarchistes, même à dépasser, par les postanarchistes :
« Pour le postanarchisme,le noyau de l'anarchisme est constitué d'abord par des auteurs comme Proudhon, Bakounine, Kropotkine, Stirner, Emma Goldman, Sébastien Faure ou Élysée Reclus, puis relayé par des auteurs contemporains comme Murray Bookchin, Noam Chomsky, David Graeber et Uri Gordon . »
Pour les noms des postanarchistes voir le mémoire et l’ébauche d’article Postanarchisme sur Wikipédia.
Pour aller plus loin :
L’anarchisme classique, Maxicours
Présentation des actes du colloque Philosophie de l’anarchie
Philosophie et anarchisme, Annick Stevens
Philosophie de l’anarchie ou hold-up ontologique ?, À contretemps, n° 46, juillet 2013
Les anarchistes. Une tradition révolutionnaire et philosophique, Daniel Colson
Anarchisme, libertarisme et environnementalisme : la pensée anti-autoritaire et la quête de sociétés auto-organisées, Damian F. White, Gideon Kossoff, dans Écologie & politique 2011/1 (N°41), pages 145 à 171
L’anarchie et sa philosophie : ontologie, anthropologie, politique, par Timothée Becuwe sur le site Un philosophe
Petit lexique philosophique de l'anarchisme : de Proudhon à Deleuze, Daniel Colson
Introduction à la philosophie écologique et politique de l'anarchisme, John Clark
Bonnes lectures !
Selon les diverses définition consultées, on peut dire que l’anarchisme est une doctrine qui critique toutes les hiérarchies. Nous vous indiquons donc les principaux philosophes considérés comme anarchistes.
« L'anarchisme est une philosophie politique qui présente une
Article Anarchisme, Wikipedia. Cet article détaille par ailleurs tous les courants anarchistes avec les noms de leurs principaux représentants. Nous vous conseillons également son imposante bibliographie.
C’est encore plus clair sur les sites militants, comme celui de Socialisme libertaire à la page Qu’est-ce que l’anarchisme ? :
« Pour ces raisons, plutôt que d'être purement anti-gouvernement ou anti-État,
Voir aussi Est-il possible d'être un anarchiste sans s'opposer à la hiérarchie ?, sur le site FAQ anarchiste.
L’article Anarchisme de l’Encyclopédie Universalis, par Henri Avron, Jean Maîtron, et Robert Paris, distingue lui anarchistes individualistes et anarchistes collectivistes.
« L'anarchisme en tant que doctrine philosophique appartient essentiellement à l'histoire de l'hégélianisme. La réalité objective étant pour Hegel issue de l'esprit, l'objet qui semble séparé du sujet finit par y retourner afin de constituer cette unité foncière que Hegel appelle l'Idée absolue. Or cet Esprit hégélien qui se réalise grâce à la prise de conscience des esprits finis, de transcendant qu'il était sans doute chez Hegel lui-même, devient pour une importante fraction de ses disciples l'esprit humain parvenu à la pleine conscience de soi-même. Une fois engagés sur la voie de l'immanence, ces jeunes hégéliens s'efforcent d'interpréter le monisme de Hegel dans un sens de plus en plus révolutionnaire. L'Esprit est arraché au clair-obscur prudent où son créateur avait voulu le maintenir ; il s'« humanise » progressivement. Devenu homme, c'est-à-dire être humain au sens général du mot dans le maître livre de L. Feuerbach, L'Essence du christianisme (1841), il se transforme en esprit humain dans la Critique pure de Bruno Bauer – doctrine contre laquelle Karl Marx se déchaîne dans La Sainte Famille – et finit par apparaître sous les traits surprenants du Moi original, du Moi « unique » dans l'ouvrage de Max Stirner, L'Unique et sa propriété (1845).
Cet effort d'interprétation s'accompagne de la ferme volonté de renforcer le monisme hégélien. Les jeunes hégéliens pourchassent tous les dualismes ou, pour parler en termes d'école, toutes les aliénations ; ils luttent contre l'aliénation religieuse, c'est-à-dire contre l'Église ; contre l'aliénation politique, c'est-à-dire contre l'État ; contre l'aliénation humaine enfin, c'est-à-dire contre l'humanisme qui, par les contraintes d'un collectivisme abstrait, menace d'étouffer l'originalité de l'individu. Le marxisme insiste sur la filiation qui relie Hegel, Feuerbach et Marx, c'est-à-dire sur une évolution philosophique qui, en partant de l'idéalisme absolu, passe par le matérialisme mécaniste pour aboutir au matérialisme historique et dialectique. Mais l'anarchisme, qui, en prêtant l'immanence à l'Esprit absolu de Hegel, aboutit à la souveraineté du Moi « unique » et part en guerre contre toutes les aliénations dont celui-ci est victime, dérive également de la philosophie hégélienne. La lignée qui va de Hegel à Stirner et à Bakounine n'est pas moins légitime que celle qui rattache Hegel à Marx. »
[…] « Ayant puisé à des sources fort diverses, l'anarchisme semble à première vue tissé de contradictions et déchiré en tendances et sous-tendances. Dans ce « chaos d'idées » (Sébastien Faure), le départ avait été fait vers 1900 entre l'anarchisme individualiste, dont les défenseurs se réclamaient de Stirner et de Proudhon, et l'anarchisme communiste, qui s'inspirait avant tout de l'enseignement de Bakounine et de son disciple Kropotkine.
La première tendance consistait à garantir la liberté individuelle par le maintien de la propriété privée ; la seconde, en revanche, soutenait que seule l'institution de la propriété collective permettait de réaliser la justice sociale, condition indispensable à l'épanouissement individuel. L'anarchisme subit ainsi une double tentation à laquelle il ne sait pas toujours résister, celle de l'individualisme libéral des économistes classiques et celle d'un collectivisme dépersonnalisant. L'évolution ultérieure, il est vrai, rend à l'anarchisme une certaine unité doctrinale. Alors que l'anarchisme individualiste, professé souvent par des déclassés, des « en-dehors », se replie de plus en plus sur lui-même et qu'il ne semble plus s'intéresser qu'à la liberté sexuelle, qu'un de ses chefs, Émile Armand, conçoit sous la forme de « pluralité amoureuse »,
On retrouve les mêmes précurseurs dans tous les textes consacrés à l’anarchisme :
« Bien que Gérard Winstanley (La nouvelle loi de la Justice, 1649) et William Godwin (Enquête concernant la justice politique, 1793) avaient commencé à déployer la philosophie de l'anarchisme au 17e et 18e siècles, il a fallu attendre la seconde moitié du 19ème siècle pour que l'anarchisme émerge en tant qu'une théorie cohérente avec, un programme développé systématique. Ce travail a été essentiellement commencé par quatre personnes - un Allemand, Max Stirner (1806-1856), un Français, Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), et deux Russes, Michel Bakounine (1814-1876) et Pierre Kropotkine (1842 -1921). Ils ont pris les idées courantes en circulation au sein des franges de la population active et les expriment sous une forme écrite ». Qui sont les principaux penseurs anarchistes? (voir la suite de l’article en ligne pour les noms plus récents).
Le Mémoire en ligne d’Etienne Desbiens Després Le postanarchisme : une réécriture philosophique de l’anarchisme analyse cette critique de l’anarchisme. Et donne aussi les noms des penseurs reconnus comme anarchistes, même à dépasser, par les postanarchistes :
« Pour le postanarchisme,
Pour les noms des postanarchistes voir le mémoire et l’ébauche d’article Postanarchisme sur Wikipédia.
L’anarchisme classique, Maxicours
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Philosophie de l’anarchie ou hold-up ontologique ?, À contretemps, n° 46, juillet 2013
Les anarchistes. Une tradition révolutionnaire et philosophique, Daniel Colson
Anarchisme, libertarisme et environnementalisme : la pensée anti-autoritaire et la quête de sociétés auto-organisées, Damian F. White, Gideon Kossoff, dans Écologie & politique 2011/1 (N°41), pages 145 à 171
L’anarchie et sa philosophie : ontologie, anthropologie, politique, par Timothée Becuwe sur le site Un philosophe
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