Fourches Patibulaires de Saint-Sébastien
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 06/08/2020 à 12h20
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Question d'origine :
Je simplifie - Situées en général aux portes de la ville, sur une butte et proche d’une voie de communication, les fourches patibulaires étaient un gibet constitué de colonnes de pierre d’un nombre variable sur lesquelles reposait une traverse de bois horizontale (Le patibulum).
Placées en hauteur et bien en vue du principal chemin public, elles signalaient le siège d'une haute justice.
Le nombre de colonnes de pierre ou piliers de justice, variait en fonction du titre des seigneurs titulaires qui les construisaient :
On sait par exemple que les comtes en avaient six, les barons quatre, les châtelains trois etc… etc… (Seul le roi pouvait en avoir autant qu’il voulait).
Tout haut justicier se devait de posséder des fourches patibulaires qui manifestaient son pouvoir de justice.
►Pour ce qui concerne Lyon, les fourches patibulaires de Saint-Sébastien, « fulchas Lugduni de Sancto Sebastiano», se trouvaient à l’extrémité orientale du boulevard actuel de la Croix-Rousse construit en lieu et place, là même où se trouvaient les vieux remparts.
C’est là que l’Archevêque faisait pendre les malfaiteurs.
Ma question est : sait-on le nombre de colonnes de pierre qui composaient les fourches patibulaires de Saint Sébastien compte tenu qu’elles émanaient d’un archevêque, en l’occurrence (l’archevêque de Lyon Henri de Villars).
Et peut-on définir plus précisément leur lieu exact.
Merci, nafnaf.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 10/08/2020 à 09h46
Bonjour,
D’après l’ouvrage
p. 249 « A Lyon même, la potence ou le pilori réclament, avant chaque exécution, une rénovation complète, ce qui tend à prouver que ces instruments de supplice ne servent pas régulièrement.
Note de bas-de-page n°92 : Le chancelier de Lyon prélève de la sorte cinq livres, douze sous et six deniers sur les recettes de la juridiction afin de rétribuer les valets et les charpentiers qui reconstruisent de bois neuf le pilori et les fourches avant une exécution capitale en 1343. 10 G 1452, f° 4-9, Lyon, 1343. »
Plus loin dans le même ouvrage, on comprend où étaient placés les fourches : à Béchevelin (rive gauche de Lyon, longtemps hors de Lyon et même du Royaume de France ; au sommet de la Croix-Rousse) :
p.302 « On ne trouve aucune fourche à l’intérieur même de la Ville de Lyon, excepté en 1530-1531, où on en dressa plusieurs sur le pont de Saône et au Sabliz, de façon à accélérer la répression de la Grande Rebeyne. D’ordinaire c’est à Béchevelin ou à la porte du Griffon que l’archevêque faisait exécuter les condamnés, tandis que le chapitre cathédral disposait du gibet d’Ecully ou de Balmont.
En faisant planter l’instrument de la haute justice aux confins du mandement, les seigneurs désirent, en fait, rendre visible à tous la limite qui sépare celui-ci de la juridiction voisine. Ce sont donc ces bornes-frontières quelque peu encombrantes qui font l’objet des conflits les plus âpres entre juridictions concurrentes. »
Les fourches patibulaires n’ont donc pas toujours été placées au même endroit au Moyen-âge. Mais tel un signal, elles étaient systématiquement placées en bordure des juridictions. La porte du Griffon se situait en haut de la montée Saint-Sébastien, vers l’extrémité de l’actuel boulevard de la Croix-Rousse. Elles auraient donc pu être aux environs de l’actuel « gros caillou », qui a été déposé là bien après le Moyen-âge.
Dans le document
« L'existence de vieux fossés antérieurs aux remparts de la Croix-Rousse et sur leur emplacement est constatée par de nombreux documents des XIIIe et XIVe siècles, qui les signalent à Saint-Sébastien. En troisième lieu la mention des fourches patibulaires de Lyonnais et de Bresse vient à l'appui des indications précédentes. On sait en effet que les limites des deux provinces se trouvaient anciennement sur l'emplacement où furent construits les remparts de la Croix-Rousse. Au XIIIe siècle, les piliers de la justice archiépiscopale étaient situés à Saint-Sébastien ils sont désignés sous le nom de fourches (patibulaires) Lyonnaises de Saint-Sébastien « fulchas Lugduni de Sancto Sebastiano », ou plus simplement fourches de Saint-Sébastien « fulchas Sancti Sebastiani », et il est expliqué que c'était là que l'archevêque faisait pendre les malfaiteurs. Ainsi le concours unanime de tous les documents relatifs aux trois points de repère indiqués par le procès-verbal de Tindo les place vers l'extrémité orientale du boulevard actuel de la Croix-Rousse qui a remplacé les vieux remparts. »
Deux autres indications sont pour nous plus difficiles à mettre en perspective avec les précédentes :
- Dans
« Comme la plupart des villes de ce temps, Lyon se fortifie mais le territoire municipal ne coïncide pas avec les enceintes. Sur la rive droite de la Saône, les limites sont le ruisseau de Charavay au nord et la Porte Vieille au Sud. La presqu'île est limitée à l'est par le Rhône jusqu'à son confluent, au nord par les vieux fossés (vetera fossata). Ils servent de frontière entre les provinces du Lyonnais et de la Bresse qui dépend du Saint-Empire, ainsi que de limites entre les juridictions temporelles des Archevêques de Lyon et des Seigneurs de Beaujeu que les fourches patibulaires de Montessuy et trois piliers de justice : à la porte Saint-Sébastien, au château de Cuire et près du fort Saint-Jean, concrétisent. »
Nous ne parvenons pas à comprendre si ces trois piliers de justice apprtenaient à l’archevêque de Lyon ou non : le château de Cuire nous semble hors de Lyon.
- Dans le document L’eau et la santé à Lyon, La formation d’une cité, il semble que les fourches patibulaires aient également été placées vers le Pont du Change aujourd’hui disparu (aux 16e et 17e siècles ?) :
« Le pont devient très vite un élément central de la vie des lyonnais, il est utilisé pour les fêtes et processions religieuses et consulaires comme la célèbre fête des merveilles, il accueille les feux de joie et d’artifices, les criées publiques et est un des lieux ordinaires des exécutions capitales ; le pilier de justice de l’archevêché y était fixé jusqu’en 1536, un gibet royal jusqu’en 1545. La disparition de ces deux installations n’empêche pas par ailleurs la présence de potences sous des formes plus légères et démontables. Le dernier condamné à y périr serait un jeune calviniste allemand, exécuté pour avoir brisé la croix qui se trouvait sur le pont en juillet 1627. »
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