Question d'origine :
Bonjour, Quelle est la flotte actuelle mondiale de paquebots de croisières ? Est-elle en augmentation ou en diminution ? quelle est la tendance actuelle de ce marché suite au covid ? Merci de vos lumières Cordialement
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 08/09/2020 à 09h17
Bonjour,
Selon un article de Forbes d’avril 2018, « La CLIA [association internationale des lignes de croisière] a annoncé que les lignes membres de l’association inaugureront27 nouveaux circuits en 2018 , que ce soit sur les océans ou les rivières. Ces 27 nouveaux bateaux se joignent à la flotte actuelle de 449 bâtiments Ce sont les Caraïbes qui comptent les plus de trafic avec 35,4 % de la flotte mondiale, suivies de la Méditerranée avec 15,8 %. Curieusement, alors que les Américains sont les plus friands de croisières avec 11,1 millions de passagers, cette activité se démocratise parmi les consommateurs chinois, qui sont désormais 2,1 millions à aimer partir en vacances sur l’eau. »
A ces 476 monstres marins, il faut ajouter les 25 navires dont azur-croisieres.com annonçait la livraison pour 2019. Donc pas moins de501 navires de croisière qui sillonnaient les océans début 2020… soit une augmentation impressionnante par rapport aux années précédentes, si on compare ces chiffres à ceux rapportés en 2017 dans la note de synthèse « L’industrie de la croisière:Entre croissance et défis » de l’Institut supérieur d’économie maritime (ISEMAR) :
« Il y a en 2017 environ 300 navires de croisière à travers le monde, soit une augmentation de 0.38% entre 2006 et 2017. Les commandes de paquebots n'ont jamais été aussi nombreuses, entre2018 et 2027 (navires réalisés et en commande) on comptera 122 navires de plus, soit 1/3 de la flotte actuellement en service. Pour un montant de 71 Mds$ et 288 668 couchettes supplémentaires. Avec un engouement marqué pour les très gros navires et les navires d'expédition. Les navires de taille intermédiaire ont tendance à se raréfier. »
(Source : isemar.fr)
Et puis toutes les activités du secteur se sont écroulées, du fait de la covid-19. Si 80% de la flotte aérienne mondiale a été mise en panne par la crise sanitaire selon Futura sciences, c’est latotalité de la flotte de croisière qui a été « contrainte de jeter l’ancre en pleine mer ». L’article propose des photos satellites assez glaçantes de dizaines de navires amarrés notamment dans les Caraïbes ou en Atlantique, avec un énorme coût social :
« Comme le montrent les satellites d'observation de la Terre de la flotte de Planet, aux Caraïbes, quelques dizaines de ces navires de croisières sont au mouillage pour un séjour indéfini avec beaucoup de leurs équipages coincés à bord. Une situation qui n'est pas aussi réjouissante qu'elle y paraît. En effet, ces équipages internationaux, dont la majorité des membres proviennent des pays parmi les plus pauvres du monde, sont persona non grata à terre en raison du risque d'infection. Si certains d'entre eux ont entamé des grèves de la faim, d'autres, par désespoir se suicident dans une certaine indifférence. »
La tendance à l’augmentation exponentielle de cette industrie touristique a donc été stoppée net. Pour longtemps ? Difficile à dire, mais un article du Monde du 6 juillet dernier tendait à montrer que le secteur n’avait pas dit son dernier mot – alors même qu’il est au surtourisme, extrêmement polluant et qu’il a contribué de façon indéniable à la propagation du coronavirus :
« Désastreux ? Pas selon Alain Adrien Grenier, sociologue à l’université du Québec à Montréal et spécialiste du tourisme de croisière : « Quand les vannes vont rouvrir, ça va reprendre comme avant. Je l’observe déjà sur les réseaux sociaux. La clientèle est plus jeune qu’avant [la moyenne d’âge des croisiéristes est descendue sous les 50 ans durant les années 2010], et on souffre tous d’amnésie collective. L’attrait réside dans la vie de navire et le fait de monter sur la plus grande infrastructure mobile que l’humain ait créée. Et le consommateur a toujours envie de le faire une fois, juste pour voir. »
Reprise des réservations
Les trois géants du secteur, dont les cours de Bourse ont repris quelques couleurs depuis l’effondrement de la mi-mars, voient dans la reprise des réservations pour 2021 la confirmation de leurs intuitions : de même que l’on est vite remonté dans l’avion après les attentats du 11-Septembre, les accros à la croisière voudront vite retrouver les pontons.
« La confiance des clients et des croisiéristes n’a pas été affectée, assure Erminio Eschena, président de CLIA France, le représentant du secteur. La croisière a des protocoles sanitaires robustes et bénéficie d’une faculté d’adaptation unique : la mobilité de son produit lui permet de s’adapter aux événements. » »
De fait, malgré des pertes économiques très lourdes, certaines compagnies ont timidement recommencé leur exploitation à la mi-août, d’après un article de Sciences et avenir :
« Après notamment son grand concurrent MSC Croisières, le croisiériste italien Costa Croisières devait reprendre à son tour la mer dimanche avec son navire Costa Deliziosa, après plus de cinq mois de pause et selon un strict protocole de mesures de sécurité.
Entre mi-mars et fin septembre, la perte mondiale, en matière d'activité économique liée à l'arrêt puis à la lente reprise des croisières, sera de l'ordre de 50 milliards de dollars et de 334.000 emplois, selon les estimations de l'Association internationale des compagnies de croisières (CLIA). »
Le Journal de la marine marchande décrit par le menu les drastiques procédures sanitaires mises en place par le groupe suisse MSC Croisières, et elles sont pour le moins lourdes. Dans un contexte où des associations de clients commencent à porter plainte pour homicide contre des compagnies (voir article de France-Antilles à ce sujet), il est peu étonnant que de plus en plus d’armateurs commencent à envoyer des navires à la démolitoin :
« Les noms s'alignent, qui furent autant d'invitations au voyage : Carnival Fantasy et Carnival Inspiration, du numéro un américain et mondial de la croisière, Carnival; Costa Victoria, âgé de seulement 24 ans; Horizon, à vendre 65 millions de dollars (environ 55,2 millions d'euros) avant la crise; et les deux fiertés de Saint-Nazaire à la fin des années 1980, Monarch of the Seas et Sovereign of the Seas, qui avaient ouvert l'ère des paquebots géants et dont la construction avait relancé les Chantiers de l'Atlantique.
Ces deux navires étaient propriété de l'espagnole Pullmantur Cruises (filiale de l'américain Royal Caribbean), en redressement judiciaire. Le Monarch était en vente pour 125 millions de dollars, avec possibilité de continuer l'exploitation, selon Robin des Bois. Mais ils n'ont pas trouvé preneur et leur propriétaire n'en tirera qu'un peu plus de 4 millions. Cette liste de six navires n'est pas close. Carnival, qui détient la moitié du marché de la croisière, a annoncé son intention de se séparer de 13 navires, sans dire s'ils seront vendus ou promis à la casse.
Course au gigantisme
Le Covid-19, une aubaine ? Sans doute pas pour un bateau comme le Costa Victoria, mis en service en 1996, que la pandémie a condamné à une mort prématurée. D'autres, construits il y a trente, voire quarante ans, sont également amortis, mais dépassés, voire vétustes. Entre projets immobiliers, base de loisirs ou... transport de bétail, leur avenir est fluctuant. « Les démolitions seront progressives et inévitables », écrit le bulletin « A la casse. La rationalisation des flottes est engagée ».
[…]
En outre, la course au gigantisme s'est accélérée au cours de la dernière décennie, reléguant les navires plus petits. « De 5 000 passagers aujourd'hui, on en programme 8 500 demain et 10 000 après-demain », écrivait l'Institut supérieur d'économie maritime (Isemar) de Nantes-Saint-Nazaire. C'était en 2018, avant que des milliers de passagers soient pris au piège du coronavirus sur des navires géants.
(Source : Le Monde)
Le tourisme maritime sera-t-il bientôt relégué rang des beaux souvenirs ? Difficile à dire, tant qu’on ignore comment et combien de temps va évoluer la pandémie. Vous pouvez toutefois revivre l’épopée des « très gros bateaux » à travers ces documents :
- Le guide des voyages en cargo et autres navires [Livre] / Hugo Verlomme, Marc-Antoine Bombail
- Paquebots & ferries [Livre] : les lignes courtes / Max Rémy
- A bord des paquebots [Livre] : 50 ans d'arts décoratifs / Frédéric Ollivier, Aymeric Perroy, Franck Sénant
- Transatlantiques [Livre] : L'épopée graphique des paquebots de légende / Clémence Ducroix et Alan Marshall
- France, l'album souvenir [Livre] / photogr. Pascal Halley ; préf. Charles Offrey, Louis Morin
- Les très très gros bateaux [D.V.D.] / présenté par Fred, Jamy et Sabine
Bonne journée.
Selon un article de Forbes d’avril 2018, « La CLIA [association internationale des lignes de croisière] a annoncé que les lignes membres de l’association inaugureront
A ces 476 monstres marins, il faut ajouter les 25 navires dont azur-croisieres.com annonçait la livraison pour 2019. Donc pas moins de
« Il y a en 2017 environ 300 navires de croisière à travers le monde, soit une augmentation de 0.38% entre 2006 et 2017. Les commandes de paquebots n'ont jamais été aussi nombreuses, entre2018 et 2027 (navires réalisés et en commande) on comptera 122 navires de plus, soit 1/3 de la flotte actuellement en service. Pour un montant de 71 Mds$ et 288 668 couchettes supplémentaires. Avec un engouement marqué pour les très gros navires et les navires d'expédition. Les navires de taille intermédiaire ont tendance à se raréfier. »
(Source : isemar.fr)
Et puis toutes les activités du secteur se sont écroulées, du fait de la covid-19. Si 80% de la flotte aérienne mondiale a été mise en panne par la crise sanitaire selon Futura sciences, c’est la
« Comme le montrent les satellites d'observation de la Terre de la flotte de Planet, aux Caraïbes, quelques dizaines de ces navires de croisières sont au mouillage pour un séjour indéfini avec beaucoup de leurs équipages coincés à bord. Une situation qui n'est pas aussi réjouissante qu'elle y paraît. En effet, ces équipages internationaux, dont la majorité des membres proviennent des pays parmi les plus pauvres du monde, sont persona non grata à terre en raison du risque d'infection. Si certains d'entre eux ont entamé des grèves de la faim, d'autres, par désespoir se suicident dans une certaine indifférence. »
La tendance à l’augmentation exponentielle de cette industrie touristique a donc été stoppée net. Pour longtemps ? Difficile à dire, mais un article du Monde du 6 juillet dernier tendait à montrer que le secteur n’avait pas dit son dernier mot – alors même qu’il est au surtourisme, extrêmement polluant et qu’il a contribué de façon indéniable à la propagation du coronavirus :
« Désastreux ? Pas selon Alain Adrien Grenier, sociologue à l’université du Québec à Montréal et spécialiste du tourisme de croisière : « Quand les vannes vont rouvrir, ça va reprendre comme avant. Je l’observe déjà sur les réseaux sociaux. La clientèle est plus jeune qu’avant [la moyenne d’âge des croisiéristes est descendue sous les 50 ans durant les années 2010], et on souffre tous d’amnésie collective. L’attrait réside dans la vie de navire et le fait de monter sur la plus grande infrastructure mobile que l’humain ait créée. Et le consommateur a toujours envie de le faire une fois, juste pour voir. »
Les trois géants du secteur, dont les cours de Bourse ont repris quelques couleurs depuis l’effondrement de la mi-mars, voient dans la reprise des réservations pour 2021 la confirmation de leurs intuitions : de même que l’on est vite remonté dans l’avion après les attentats du 11-Septembre, les accros à la croisière voudront vite retrouver les pontons.
« La confiance des clients et des croisiéristes n’a pas été affectée, assure Erminio Eschena, président de CLIA France, le représentant du secteur. La croisière a des protocoles sanitaires robustes et bénéficie d’une faculté d’adaptation unique : la mobilité de son produit lui permet de s’adapter aux événements. » »
De fait, malgré des pertes économiques très lourdes, certaines compagnies ont timidement recommencé leur exploitation à la mi-août, d’après un article de Sciences et avenir :
« Après notamment son grand concurrent MSC Croisières, le croisiériste italien Costa Croisières devait reprendre à son tour la mer dimanche avec son navire Costa Deliziosa, après plus de cinq mois de pause et selon un strict protocole de mesures de sécurité.
Entre mi-mars et fin septembre, la perte mondiale, en matière d'activité économique liée à l'arrêt puis à la lente reprise des croisières, sera de l'ordre de 50 milliards de dollars et de 334.000 emplois, selon les estimations de l'Association internationale des compagnies de croisières (CLIA). »
Le Journal de la marine marchande décrit par le menu les drastiques procédures sanitaires mises en place par le groupe suisse MSC Croisières, et elles sont pour le moins lourdes. Dans un contexte où des associations de clients commencent à porter plainte pour homicide contre des compagnies (voir article de France-Antilles à ce sujet), il est peu étonnant que de plus en plus d’armateurs commencent à envoyer des navires à la démolitoin :
« Les noms s'alignent, qui furent autant d'invitations au voyage : Carnival Fantasy et Carnival Inspiration, du numéro un américain et mondial de la croisière, Carnival; Costa Victoria, âgé de seulement 24 ans; Horizon, à vendre 65 millions de dollars (environ 55,2 millions d'euros) avant la crise; et les deux fiertés de Saint-Nazaire à la fin des années 1980, Monarch of the Seas et Sovereign of the Seas, qui avaient ouvert l'ère des paquebots géants et dont la construction avait relancé les Chantiers de l'Atlantique.
Ces deux navires étaient propriété de l'espagnole Pullmantur Cruises (filiale de l'américain Royal Caribbean), en redressement judiciaire. Le Monarch était en vente pour 125 millions de dollars, avec possibilité de continuer l'exploitation, selon Robin des Bois. Mais ils n'ont pas trouvé preneur et leur propriétaire n'en tirera qu'un peu plus de 4 millions. Cette liste de six navires n'est pas close. Carnival, qui détient la moitié du marché de la croisière, a annoncé son intention de se séparer de 13 navires, sans dire s'ils seront vendus ou promis à la casse.
Le Covid-19, une aubaine ? Sans doute pas pour un bateau comme le Costa Victoria, mis en service en 1996, que la pandémie a condamné à une mort prématurée. D'autres, construits il y a trente, voire quarante ans, sont également amortis, mais dépassés, voire vétustes. Entre projets immobiliers, base de loisirs ou... transport de bétail, leur avenir est fluctuant. « Les démolitions seront progressives et inévitables », écrit le bulletin « A la casse. La rationalisation des flottes est engagée ».
[…]
En outre, la course au gigantisme s'est accélérée au cours de la dernière décennie, reléguant les navires plus petits. « De 5 000 passagers aujourd'hui, on en programme 8 500 demain et 10 000 après-demain », écrivait l'Institut supérieur d'économie maritime (Isemar) de Nantes-Saint-Nazaire. C'était en 2018, avant que des milliers de passagers soient pris au piège du coronavirus sur des navires géants.
(Source : Le Monde)
Le tourisme maritime sera-t-il bientôt relégué rang des beaux souvenirs ? Difficile à dire, tant qu’on ignore comment et combien de temps va évoluer la pandémie. Vous pouvez toutefois revivre l’épopée des « très gros bateaux » à travers ces documents :
- Le guide des voyages en cargo et autres navires [Livre] / Hugo Verlomme, Marc-Antoine Bombail
- Paquebots & ferries [Livre] : les lignes courtes / Max Rémy
- A bord des paquebots [Livre] : 50 ans d'arts décoratifs / Frédéric Ollivier, Aymeric Perroy, Franck Sénant
- Transatlantiques [Livre] : L'épopée graphique des paquebots de légende / Clémence Ducroix et Alan Marshall
- France, l'album souvenir [Livre] / photogr. Pascal Halley ; préf. Charles Offrey, Louis Morin
- Les très très gros bateaux [D.V.D.] / présenté par Fred, Jamy et Sabine
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