Manufacture de produits alimentaires Hygia

Pas tout à fait une question, plutôt une information... En septembre 2019, une question a été posée au sujet de la "Manufacture de Produits Alimentaires Hygia" à Lyon. Une réponse a été donnée, à savoir que cette manufacture a été fondée par les nommés Cardot et Berquet. Or, j'ai en cours une étude sur cette marque, commencée depuis plus de trois ans. En fait, les nommés Cardot et Berquet n'ont été que des revendeurs de cette marque, même s'ils conditionnaient eux-mêmes les produits Hygia. A l'origine, ils étaient 37 quai Pierre Scize et 101, chemin des Pins. Et ils n'ont pas été les seuls Lyonnais à diffuser cette marque de produits, on trouvera également des... maisons de soins corporels. Je m'explique brièvement. L'origine de tout cela vient de l'abbé Sébastien Kneipp, curé de Woerishofen, en Bavière qui, en 1891, crée une Institution selon "Que toutes les Eaux de la Terre louent le Seigneur. D'une bonne alimentation et d'une hygiène rationnelle dépend la santé". Son "enseignement" va vite gagner la France et Marie Pierre Philippe Emile Burel, un Lyonnais, va créer, en partenariat avec cet abbé (qui viendra le voir), une "Institution Kneipp". Cette Société a été crée le 22/2/1895, siège social au 25 du quai Bondy. Revol va aller jusqu'à créer un "Etablissement Médical" au 8 rue des Bains à Vaise, mais également à Lyon Saint-Just et aux Brotteaux. Ce Revol encore qui, avec sa famille, change souvent de domicile, va donc demander à des "franchisés" de tenir des boutiques qui proposeront des produits Hygia (j'ai vu la photographie ancienne de la devanture d'une boulangerie vendant vers 1905 à la Croix-Rousse du pain Kneipp). En échange, ils recevaient une ristourne sur le montant des ventes. Puis Revol va créer à Paris une Société Anonyme "Etablissements Hygia", au capital de 2.500.000 frs divisé en 2.500 actions de 1.000frs donnant droit à 1/2000e de la partie des bénéfices attribués aux Parts du fondateur par l'art. 45 des statuts. Par la suite, semblerait que deux des fils Revol, certainement associés à l'affaire paternelle, ont été condamnés pour banqueroute. Concernant : - le nommé Cardot (Auguste Jean Marie françois Emilien) : il est né le 24/10/1874 à Bévenais (Isère), décédé et enterré même lieu en 1939 (renseignement confirmé par un membre sa famille) - le nommé Berquet (Jean Louis Henri) : il est né le 24/7/1878 à Bron ; décédé à Lyon 7e le 8/4/1953 Pour la petite histoire, il y avait à Cuire, avant la dernière guerre, une famille de commerçants dont le chef de famille était Marie Célestin Brevet. En novembre 1939, toute la famille rejoint le n° 2 de la rue Aynès, car elle vient de reprendre une fabrique de pâtes alimentaires et de produits de régime Hygia. Cette famille Brevet avait une fille prénommée Andrée. Pendant la Guerre, la famille héberge alors des résistants, puis des opérateurs de radio et Andrée, la cadette, diffuse les premiers "Témoignage chrétien". En 1943 encore, elle fonde, avec Francis Chirat, un Comité d'entraide aux familles des victimes de la rafle du 1/3/1943. La Gestapo s'en mêle. Ses deux frères , engagés dans le réseau "Phratrie", quittent Villeurbanne et réussissent à se cacher ; les parents, eux, partent se réfugier en Suisse, la veille où les Allemands vont investir leur domicile. Quant à Andrée, obligée de fuir également, elle rejoint Paris et entre au réseau "Corvette". Le 17/7/1944, dénoncée, elle est arrêtée, déportée à Ravensbrüch et disparaît le 23/3/1945. La rue de l'ancien commerçant vendant des produits Hygia, a été dénommée, le 19/6/1953, rue André Brevet. L'Histoire est un long fleuve tranquille ! Victorlechat