Question d'origine :
quelle est la méthodologie de recherche à suivre pour préparer une thèse en science humaines et sociales?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 19/10/2020 à 14h24
Bonjour,
Vous cherchez une méthodologie à suivre pour la préparation de votre thèse en sciences humaines et sociales.
Le guide d’Yves Livian Initiation à la méthodologie de recherche en SHS présente les principales méthodologies pratiquées en SHS :
«Chapitre 5 COMMENT CHOISIR UNE METHODOLOGIE ?
Les disciplines au sein des SHS divergent au plan méthodologique et il faut que l'étudiant, par ses lectures et ses contacts, ait une idée claire des méthodes reconnues et acceptées dans sa discipline. Nous commencerons par aborder la question des grands types de méthodes: "quantitatives" ou "qualitatives". Nous présentons ensuite un tableau général simplifié des sept principales familles de méthodes en usage en SHS. Chacune d'entre elles a fait l'objet d'études approfondies ainsi que de manuels et le chercheur débutant devra approfondir ses connaissances sur celle qu'il a choisie d'utiliser. Habituellement, les méthodes expérimentales et les enquêtes avec exploitation statistique sont classées dans les "méthodes quantitatives", la méta analyse, l'enquête qualitative, l'étude de cas, l'observation ethnologique ou participante et la recherche-action sont classées dans les méthodes dites "qualitatives". De plus en plus se développent des méthodes "mixtes".
1.Méthodes Quantitatives et Méthodes Qualitatives
La distinction entre le "Quantitatif" et le "Qualitatif"
La distinction entre le "Quantitatif" et le "Qualitatif" en matière de méthodes des SHS est critiquée depuis plus de 25 ans mais elle est toujours utilisée. Aussi faut-il faire le point sur cette distinction: nous le ferons d'abord en soulignant les différences entre ces deux types de méthodes, puis en en montrant les limites. Nous terminerons par les raisons du choix possible entre ces deux méthodes.
Méthodes Quantitatives
- Données extensives
- Etude des variables explicatives du phénomène étudié
- Dans une démarche hypothético-déductive
- Collecte de données directive
- Accès indirect aux données
- Attitude objectivante
- Peu ou pas de prise en compte du contexte
Qualitatives
- Accent sur l'intensif, l'approfondi
- Etude des processus sociaux
- Dans une démarche inductive
- Collecte de données semi ou non directive
- Accès direct aux acteurs eux-mêmes
- Attitude compréhensive
- Forte prise en compte du contexte
- Les méthodes dites quantitatives sont adaptées à une recherche systématique, sur un grand nombre de données (caractère extensif) supposant un traitement statistique. Elles nécessiteront le choix de certaines variables, la démarche consistant en général à expliquer le phénomène étudié à un moment donné (variables explicatives).
Le lecteur de la recherche n'aura donc pas accès directement au matériau recueilli. (Il lira les traitements effectués sur les données brutes). La posture du chercheur est plutôt objectivante (il cherche à mesurer et expliquer, de l'extérieur, un phénomène). Sa démarche épistémologique est souvent hypothético-déductive: il a formulé des hypothèses et cherche à les valider sur les données qu'il va recueillir à cet effet. La recherche est le plus souvent linéaire (hypothèses enquête conclusions).
Dans le cas d'enquêtes, la collecte de données se fait de manière directive (questionnaire fermé) de façon à ce qu'elles soient facilement mesurées et fassent l'objet d'une analyse statistique.
Grâce à ces méthodes, le chercheur peut contribuer à la production de "lois" ou de généralités. Le contexte des réponses est peu pris en compte, à part à travers les variables choisies (par exemple: sexe, âge, catégorie professionnelle...).
- Les méthodes dites qualitatives sont adaptées à une recherche approfondie, sur un petit nombre de données (caractère intensif). On gagne en finesse ce que l'on perd en systématique, disait P. Bourdieu. Le but est souvent de décrire et d'analyser un processus social, voire à en suivre l'évolution.
Dans le cas d'enquêtes, la collecte de données est peu directive (questions ouvertes, entretiens non directifs, textes libres...) de manière à accéder au plus près aux opinions ou représentations des acteurs eux-mêmes telles qu'ils les expriment. Le lecteur de la recherche aura un accès direct au discours produit par les sujets (exemple: des phrases réellement prononcées par le répondant).
La posture du chercheur est moins strictement "objectivante", voire "compréhensive" (il cherche à comprendre de l'intérieur le processus, il est en empathie avec le sujet). Sa démarche est souvent inductive: il a des questions de recherche mais souvent pas d'hypothèses préconstruites. Il peut y avoir des allers et retours entre questions de recherche et interprétation. La recherche est "inductive, récursive, itérative" (Paillé et Mucchielli 2010, p.73). La prise en compte du contexte est essentielle. Le chercheur a pour but d'extraire le sens (plutôt que l'explication) et "un phénomène pris tout seul en dehors de tout contexte (...) ne peut pas prendre un sens car le sens est toujours confrontation, comparaison, évaluation, mise en perspective" (Paillé et Mucchielli 2010, p.39).
Une fois pointées ces différences entre méthodes quantitatives et qualitatives, presque chaque point peut faire l'objet d'une controverse selon qu'on est plutôt le tenant de l'une ou de l'autre de ces familles de méthodes: quoi, hurleront les "quantitativistes", nos recherches ne sont pas approfondies? Quoi, nous n'avons pas d'hypothèses? crieront les "qualitativistes".
Les querelles sont d'autant plus nombreuses que chaque "camp" est lui-même hétérogène. Il y a des "fondamentalistes" dans les deux camps. Par exemple, les uns dénient toute scientificité au qualitatif, puisqu'il n'y a pas de "mesure objective". Les autres considèrent que le chercheur "quali" ne doit pas du tout avoir recours à des modèles ou des théories préalables au terrain.
Ce n'est qu'en simplifiant à l'excès que les positions s'opposent frontalement. Bien souvent, le chercheur devra utiliser des méthodes mixtes.
Quelques limites à la distinction
Soulignons ici quelques malentendus dans les distinctions habituelles.
- -Il n'y a pas de distinction nette entre d'un côté de la mesure, du chiffre (et donc de la statistique) (le "quanti") et de l'interprétatif sans chiffre (le "quali").
Les tableaux statistiques résultant d'une méthode "quanti" ne font pas sens tous seuls. Il y a bien une interprétation du chercheur (par exemple, les résultats bruts d'une analyse factorielle n'ont pas de signification en tant que tels). De leur côté, les chercheurs "quali" peuvent être amenés à dénombrer et calculer (par exemple, dans "l'analyse de discours"). Les deux recherches utilisent d'ailleurs des logiciels (l'ADQAO, "analyse de données qualitatives assistée par ordinateur" s'est beaucoup développée au cours des vingt dernières années).
- Les corpus peuvent être largement de même type: textes, discours, entretiens d'enquête. Seuls certains outils "purs" ressortissent de l'une ou de l'autre (par exemple: analyse de statistiques comme données secondaires pour l'une, observations ethnographiques ou "récits de vie" libres pour l'autre).
- Il est courant d'opposer les approches "positivistes" (qui privilégieraient le quantitatif) et les approches "constructivistes" (préférant en principe le qualitatif). Mais on peut trouver des travaux, par exemple en sociologie, qui se démarquent du positivisme extrême et qui utilisent abondamment les méthodes quantitatives (exemple: P. Bourdieu), alors que certaines recherches travaillant sur du discours (matériau "qualitatif") utilisent une démarche formalisée, mathématisée et objectivante (en sciences politiques, ou sciences de l'informationpar exemple).
- On a considéré dans certains manuels de méthodologie que le qualitatif servait surtout à l'étape d'exploration de la recherche, puis débouchait immanquablement sur une vérification quantitative. Si cette logique est parfois vraie, de nombreuses recherches montrent que l'analyse quantitative moderne permet de brasser de nombreuses données et mettre en évidence des relations nouvelles (exploration) que l'on peut ensuite aller regarder de près (par du qualitatif). L'affectation de ces deux méthodes à des étapes de la recherche ne doit donc pas être automatique.
Comment choisir?
- Tout d'abord, l'objectif de la recherche peut conduire à une orientation principale. S'agit-il de mesurer un phénomène d'une certaine ampleur? Le quantitatif s'impose. S'agit-il au contraire de l'observer de près et d'en comprendre les ressorts? Le qualitatif pourra y répondre.
Veut-on utiliser un concept, ayant fait l'objet de nombreuses recherches, voire d'outils de mesure? Une enquête par questionnaire fermé, ou une échelle d'attitude, appliquée à un échantillon de la population étudiée conviendra. Veut-on étudier les perceptions, représentations de certains sujets, face à la situation à laquelle ils sont exposés? Une enquête par entretiens libres sur un groupe réduit sera adaptée.
Les méthodes quantitatives ont pour but principal de mesurer l'impact de certaines variables sur le phénomène à expliquer, en s'aidant de concepts existants. Ce qui intéresse le chercheur est la relation entre des variables et leur analyse sur une population étendue.
Les méthodes qualitatives ont pour but de "porter un matériau (...) dense et plus ou moins explicite à un niveau de compréhension (...) satisfaisant" (ibid., p.23).
Il s'agit d'observer et d'écouter, au plus près des individus, les discours, les méthodes, représentations et affects que ceux-ci produisent dans le contexte où ils se trouvent. Ces méthodes portent sur un témoignage, une expérience ou un phénomène social, qu'il s'agit de reformuler et d'expliciter.
Ces méthodes n'ont pas pour but de vérifier une théorie, ni le plus souvent d'en produire (sauf dans le cas de la "théorie ancrée" proposée par Glaser et Strauss).
Le chercheur a des questions en tête, des grilles interprétatives mais pas de "modèle" complet ni de "cadre théorique" fermé. Il va s'efforcer non de mesurer mais de "faire surgir du sens" (ibid.), du corpus recueilli.
On aura compris que les deux types de méthodes peuvent être complémentaires et apporter des regards différents sur le même phénomène social.
- Bien qu'un chercheur complet soit supposé manier avec aisance les deux types de méthodes, ses préférences personnelles et sa formation peuvent l'orienter vers l'un ou l'autre. Les chercheurs en SHS formés aux mathématiques et aux sciences "exactes" peuvent être attirés par des méthodes présumées plus robustes, plus conformes à l'idéal de la "Science" (mesurer un phénomène, en chercher les causes, produire des lois générales), c'est-à-dire les méthodes quantitatives.
Certains chercheurs se sentent à l'aise dans le maniement des chiffres, d'autres dans l'interprétation. Certains sont à la recherche d'outils éprouvés, d'autres prêts à une "aventure" plus incertaine.
- Le contexte institutionnel de la recherche joue un rôle important: certains laboratoires ont établi leur réputation sur un type de méthode et il n'est pas question pour un doctorant, membre de ce laboratoire, d'opter pour une autre, moins maîtrisée par ses pairs et par son directeur de recherches.
Ceci est en grande partie lié à des choix disciplinaires. Certaines disciplines n'ont longtemps considéré comme "scientifiques" que les méthodes quantitatives où elles sont encore dominantes (économie, gestion, une partie de la psychologie et de la sociologie).
D'autres, à origine davantage philosophique, privilégient le qualitatif (ethnologie, une partie de la sociologie, les sciences du langage, les sciences de la communication...).
Faire carrière et publier dans un domaine nécessite souvent de s'inscrire dans un courant méthodologique dominant.
Dans le cas de recherches financées, le commanditaire peut aussi avoir ses préférences et faire davantage confiance à l'une ou à l'autre de ces méthodes.
A cela s'ajoutent les traditions universitaires nationales, qui peuvent être plus ou moins ouvertes sur l'ensemble des méthodes (par exemple de nombreuses revues scientifiques nord-américaines privilégient le quantitatif).
Quelques logiciels d'analyse de données
Analyse de données quantitatives:
-SPSS
-Sphinx
Analyse de données qualitatives (ADQAO, "CAQDAS" enanglais)
-Invivo
-Sphinx Quali
-Tropes
N.B. -L'étudiant a intérêt à utiliser le(s) logiciel(s) disponible(s) dans son Université pour lesquels, en général, des formations ou tutoriels sont proposés.
2.Panorama des principales méthodes de recherche
La méta analyse
Il s'agit d'étudier et de comparer les résultats de recherches précédentes. Le chercheur travaille sur des données secondaires (textes, chiffres collectés par des enquêtes précédentes). Ce peut être le cas quand d'autres méthodes ne sont pas possibles (exemple: étude de faits historiques). Certaines disciplines travaillent surtout sur des textes et comparent ou analysent des interprétations précédentes (exemple: le droit, les sciences littéraires...).La recherche ici peut aboutir à invalider des interprétations précédentes, mettre à jour des analyses et les comparer, proposer de nouvelles interprétations, proposer de nouveaux concepts... Elle peut recourir à des investigations de terrain (par exemple en archéologie, ethnologie ou histoire) pour confirmer ou infirmer une thèse.
Les limites possibles de ce type de méthode sont d'une part l'innovation apportée par le chercheur (quelle est sa "valeur ajoutée"?), d'autre part la justification de ses énoncés (sur quoi sont-ils fondés? En quoi son interprétation est-elle "meilleure" que d'autres?).
Cette méthode est donc fragile du point de vue "scientifique" classique, sauf s'il s'agit d'une première étape de repérage, ou d'exploration (cf. chapitre 4) avant la recherche proprement dite.
La méthode expérimentale
C'est la méthode utilisée dans les sciences de la nature, qui peut être adaptée à des "objets" de SHS. Elle consiste à tester l'effet d'une variable (ou de plusieurs) sur la variable à expliquer (cf. supra chapitre 4).
Une "expérience" consistera à manipuler une ou plusieurs variables pour mesurer leur impact sur la variable à expliquer, en isolant au maximum les facteurs externes pouvant perturber cette relation.
Ces expériences peuvent être faites en laboratoire ("in vitro"): c'est le cas des expériences de psychologie sociale (par exemple dans la fameuse expérience de Asch-1956-on étudie le conformisme social en soumettant un individu à des évaluations fausses proposées par les autres membres du groupe et en mesurant le nombre de fois où il va se rallier à ces évaluations).
Elles peuvent aussi, plus difficilement, être faites "in vivo", dans la réalité. Par exemple la fameuse expérience de Hawthorne où des chercheurs ont testé l'évolution du rendement en production d'un groupe d'ouvrières en changeant leurs conditions physiques de travail (USA, années 30).
Cette méthode est rigoureuse et reproductible (on peut refaire l'expérience et vérifier les résultats) mais suppose une simplification des phénomènes (choix des variables, forcément en nombre limité). Se pose également la question du transfert des résultats hors de la situation d'expérience. Dans la vie réelle, les mêmes phénomènes se dérouleraient-ils de la même manière?
L'enquête
Il s'agit du recueil de données auprès d'un échantillon d'individus ou de situations.
L'enquête est une des principales méthodes de recherche. L'enquête quantitative apporte une information étendue et si l'échantillon est constitué selon les règles de l'art son résultat est généralisable.Elle se prête à l'exploitation statistique.L'enquête qualitative apporte des éléments plus directs et plus approfondis sur une réalité plus restreinte(exploitation de ce que les enquêtés ont réellement dit, appelée le "verbatim").
-Enquête par questionnaire
Extension possible
Traitement statistique
Echantillon si possible représentatif
Suppose certaines conditions pratiques
-Enquête par entretiens
Extension difficile (lourdeur)
Traitement qualitatif approfondi
Echantillon si possible représentatif ou diversifié
Contact direct
L'étude de cas (ou monographie)
Il s'agit de l'analyse approfondie d'un phénomène complexe, dans un lieu et un espace donnés.
Le cas peut être une organisation, un événement, un individu, un groupe que l'on va étudier en détail. Ce cas pourra être étudié de manière longitudinale (c'est-à-dire dans son évolution dans le temps). Cette méthode convient bien à une recherche exploratoire (sur laquelle on dispose de peu d'hypothèses) ou à l'étude d'un événement rare ou spécifique.
On peut faire une recherche sur un seul cas (si l'importance le justifie) ou sur deux ou plusieurs, que l'on va comparer entre eux.
Les apports de cette méthode sont la grande richesse des données recueillies et la capacité à voir l'évolution dans le temps du phénomène étudié. Bien entendu, cela suppose que le chercheur puisse pénétrer sur le terrain ou avoir accès à un corpus défini, et ceci de manière détaillée.
La généralisation des résultats sera bien sûr délicate (sauf si l'on peut démontrer que le cas est typique).Dans l'étude de cas, le recueil de données se fait le plus souvent par entretiens.
La méthode ethnographique
Il s'agit d'une observation globale et dans la durée d'un phénomène ou d'une population par un contact direct du chercheur avec la réalité. C'est ce que font les ethnographes qui vont étudier les mœurs d'un peuple, en "allant sur place" et en cultivant leur regard sur les multiples éléments qu'ils vont pouvoir observer (habitudes, rites, alimentation, modes de vie...). La méthode consistera à décrire aussi finement que possible, grâce à de l'observation et des entretiens avec les personnes rencontrées.
Hors de l'ethnographie des peuples "exotiques", ce mode d'observation a été utilisé dans de nombreuses situations plus proches et associées à d'autres disciplines (par exemple: sociologie, gestion).
La méthode suppose un observateur compétent et accepté par le "milieu" observé. Elle peut apporter une grande richesse d'informations et d'analyses mais "l'objectivité" du regard peut bien sûr être questionnée.
L'observation participante
Il s'agit toujours d'une observation par le chercheur d'un milieu social, ou d'un phénomène mais dans laquelle il ne dévoile pas son statut. Il (ou elle) participe à l'action du groupe, agit normalement et consigne ses observations par ailleurs. Cette méthode correspond aux situations où il n'est pas possible d'apparaître comme "observateur", ou bien quand le chercheur veut justement ressentir lui-même des situations auxquelles une observation de l'extérieur ne lui permettrait pas d'accéder. (En 1986, G. Walraf "se fait passer" pour un Turc en Allemagne pour étudier l'immigration et le racisme).
La limite, du point de vue scientifique classique, est que la subjectivité du chercheur est mobilisée et donc qu'un recul est difficile. Les données sont aussi recueillies de manière moins rigoureuse que ce qui est prescrit habituellement. Cette méthode peut permettre un témoignage nouveau sur des phénomènes habituellement cachés. Mais elle nécessite une grande rigueur dans la formulation des observations.
La recherche-action (ou "recherche clinique")
Il y a des situations dans lesquelles on ne peut séparer l'observation et l'action. Le médecin, même s'il fait de la recherche, ne peut se contenter d'observer le malade agonisant, il va intervenir et le soulager... ("clinique" veut dire: au chevet du malade). L'idée de cette méthode est qu'il ne faut pas séparer recherche et action. L'action elle-même peut apporter des connaissances que l'on n'aurait pas obtenues par la seule étude "extérieure" sans intervention.
La finalité de ce type de recherche est d'apprendre "en faisant", de réfléchir et d'agir, dans un but d'amélioration.
Ce type de recherche est utilisé en psychologie, en sciences de l'éducation, en gestion notamment.
Il suppose que le chercheur-intervenant est capable de faire les deux, et que peu à peu il ne se fait pas absorber par la seule "intervention".
Là encore, la richesse possible des informations recueillies ou des idées et solutions émergentes peut compenser le caractère spécifique et non généralisable de la situation (comme dans les trois familles précédentes). »
Quelques autres ressources que vous pouvez consulter :
- Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines : Réussir sa thèse, son mémoire de masterou professionnel, et son article / Paul N’Da
- L'art de la thèse : comment préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire à l'ère du Net / Michel Beaud ; en collaboration avec Magali Gravier et Alain de Tolédo
- Réussir sa thèse ou son mémoire / Sophie Boutillier, Alban Goguel d'Allondans, Dimitri Uzunidis
- Comment réussir sa thèse : définir un sujet, conduire une recherche, soutenir sa thèse / Pierre Romelaer, Michel Kalika
- Réussir son mémoire de master ou sa thèse : guide pour les étudiants étrangers / Y.-F. Livian & R. Laurini
- Réussir sa thèse en sciences sociales / Claudine Herzlich ; sous la direction de François de Singly
Bonne journée.
Vous cherchez une méthodologie à suivre pour la préparation de votre thèse en sciences humaines et sociales.
Le guide d’Yves Livian Initiation à la méthodologie de recherche en SHS présente les principales méthodologies pratiquées en SHS :
«
Les disciplines au sein des SHS divergent au plan méthodologique et il faut que l'étudiant, par ses lectures et ses contacts, ait une idée claire des méthodes reconnues et acceptées dans sa discipline. Nous commencerons par aborder la question des grands types de méthodes: "quantitatives" ou "qualitatives". Nous présentons ensuite un tableau général simplifié des sept principales familles de méthodes en usage en SHS. Chacune d'entre elles a fait l'objet d'études approfondies ainsi que de manuels et le chercheur débutant devra approfondir ses connaissances sur celle qu'il a choisie d'utiliser. Habituellement, les méthodes expérimentales et les enquêtes avec exploitation statistique sont classées dans les "méthodes quantitatives", la méta analyse, l'enquête qualitative, l'étude de cas, l'observation ethnologique ou participante et la recherche-action sont classées dans les méthodes dites "qualitatives". De plus en plus se développent des méthodes "mixtes".
1.
La distinction entre le "Quantitatif" et le "Qualitatif"
La distinction entre le "Quantitatif" et le "Qualitatif" en matière de méthodes des SHS est critiquée depuis plus de 25 ans mais elle est toujours utilisée. Aussi faut-il faire le point sur cette distinction: nous le ferons d'abord en soulignant les différences entre ces deux types de méthodes, puis en en montrant les limites. Nous terminerons par les raisons du choix possible entre ces deux méthodes.
Méthodes Quantitatives
- Données extensives
- Etude des variables explicatives du phénomène étudié
- Dans une démarche hypothético-déductive
- Collecte de données directive
- Accès indirect aux données
- Attitude objectivante
- Peu ou pas de prise en compte du contexte
Qualitatives
- Accent sur l'intensif, l'approfondi
- Etude des processus sociaux
- Dans une démarche inductive
- Collecte de données semi ou non directive
- Accès direct aux acteurs eux-mêmes
- Attitude compréhensive
- Forte prise en compte du contexte
- Les méthodes dites quantitatives sont adaptées à une recherche systématique, sur un grand nombre de données (caractère extensif) supposant un traitement statistique. Elles nécessiteront le choix de certaines variables, la démarche consistant en général à expliquer le phénomène étudié à un moment donné (variables explicatives).
Le lecteur de la recherche n'aura donc pas accès directement au matériau recueilli. (Il lira les traitements effectués sur les données brutes). La posture du chercheur est plutôt objectivante (il cherche à mesurer et expliquer, de l'extérieur, un phénomène). Sa démarche épistémologique est souvent hypothético-déductive: il a formulé des hypothèses et cherche à les valider sur les données qu'il va recueillir à cet effet. La recherche est le plus souvent linéaire (hypothèses enquête conclusions).
Dans le cas d'enquêtes, la collecte de données se fait de manière directive (questionnaire fermé) de façon à ce qu'elles soient facilement mesurées et fassent l'objet d'une analyse statistique.
Grâce à ces méthodes, le chercheur peut contribuer à la production de "lois" ou de généralités. Le contexte des réponses est peu pris en compte, à part à travers les variables choisies (par exemple: sexe, âge, catégorie professionnelle...).
- Les méthodes dites qualitatives sont adaptées à une recherche approfondie, sur un petit nombre de données (caractère intensif). On gagne en finesse ce que l'on perd en systématique, disait P. Bourdieu. Le but est souvent de décrire et d'analyser un processus social, voire à en suivre l'évolution.
Dans le cas d'enquêtes, la collecte de données est peu directive (questions ouvertes, entretiens non directifs, textes libres...) de manière à accéder au plus près aux opinions ou représentations des acteurs eux-mêmes telles qu'ils les expriment. Le lecteur de la recherche aura un accès direct au discours produit par les sujets (exemple: des phrases réellement prononcées par le répondant).
La posture du chercheur est moins strictement "objectivante", voire "compréhensive" (il cherche à comprendre de l'intérieur le processus, il est en empathie avec le sujet). Sa démarche est souvent inductive: il a des questions de recherche mais souvent pas d'hypothèses préconstruites. Il peut y avoir des allers et retours entre questions de recherche et interprétation. La recherche est "inductive, récursive, itérative" (Paillé et Mucchielli 2010, p.73). La prise en compte du contexte est essentielle. Le chercheur a pour but d'extraire le sens (plutôt que l'explication) et "un phénomène pris tout seul en dehors de tout contexte (...) ne peut pas prendre un sens car le sens est toujours confrontation, comparaison, évaluation, mise en perspective" (Paillé et Mucchielli 2010, p.39).
Une fois pointées ces différences entre méthodes quantitatives et qualitatives, presque chaque point peut faire l'objet d'une controverse selon qu'on est plutôt le tenant de l'une ou de l'autre de ces familles de méthodes: quoi, hurleront les "quantitativistes", nos recherches ne sont pas approfondies? Quoi, nous n'avons pas d'hypothèses? crieront les "qualitativistes".
Les querelles sont d'autant plus nombreuses que chaque "camp" est lui-même hétérogène. Il y a des "fondamentalistes" dans les deux camps. Par exemple, les uns dénient toute scientificité au qualitatif, puisqu'il n'y a pas de "mesure objective". Les autres considèrent que le chercheur "quali" ne doit pas du tout avoir recours à des modèles ou des théories préalables au terrain.
Ce n'est qu'en simplifiant à l'excès que les positions s'opposent frontalement. Bien souvent, le chercheur devra utiliser des méthodes mixtes.
Soulignons ici quelques malentendus dans les distinctions habituelles.
- -Il n'y a pas de distinction nette entre d'un côté de la mesure, du chiffre (et donc de la statistique) (le "quanti") et de l'interprétatif sans chiffre (le "quali").
Les tableaux statistiques résultant d'une méthode "quanti" ne font pas sens tous seuls. Il y a bien une interprétation du chercheur (par exemple, les résultats bruts d'une analyse factorielle n'ont pas de signification en tant que tels). De leur côté, les chercheurs "quali" peuvent être amenés à dénombrer et calculer (par exemple, dans "l'analyse de discours"). Les deux recherches utilisent d'ailleurs des logiciels (l'ADQAO, "analyse de données qualitatives assistée par ordinateur" s'est beaucoup développée au cours des vingt dernières années).
- Les corpus peuvent être largement de même type: textes, discours, entretiens d'enquête. Seuls certains outils "purs" ressortissent de l'une ou de l'autre (par exemple: analyse de statistiques comme données secondaires pour l'une, observations ethnographiques ou "récits de vie" libres pour l'autre).
- Il est courant d'opposer les approches "positivistes" (qui privilégieraient le quantitatif) et les approches "constructivistes" (préférant en principe le qualitatif). Mais on peut trouver des travaux, par exemple en sociologie, qui se démarquent du positivisme extrême et qui utilisent abondamment les méthodes quantitatives (exemple: P. Bourdieu), alors que certaines recherches travaillant sur du discours (matériau "qualitatif") utilisent une démarche formalisée, mathématisée et objectivante (en sciences politiques, ou sciences de l'informationpar exemple).
- On a considéré dans certains manuels de méthodologie que le qualitatif servait surtout à l'étape d'exploration de la recherche, puis débouchait immanquablement sur une vérification quantitative. Si cette logique est parfois vraie, de nombreuses recherches montrent que l'analyse quantitative moderne permet de brasser de nombreuses données et mettre en évidence des relations nouvelles (exploration) que l'on peut ensuite aller regarder de près (par du qualitatif). L'affectation de ces deux méthodes à des étapes de la recherche ne doit donc pas être automatique.
- Tout d'abord, l'objectif de la recherche peut conduire à une orientation principale. S'agit-il de mesurer un phénomène d'une certaine ampleur? Le quantitatif s'impose. S'agit-il au contraire de l'observer de près et d'en comprendre les ressorts? Le qualitatif pourra y répondre.
Veut-on utiliser un concept, ayant fait l'objet de nombreuses recherches, voire d'outils de mesure? Une enquête par questionnaire fermé, ou une échelle d'attitude, appliquée à un échantillon de la population étudiée conviendra. Veut-on étudier les perceptions, représentations de certains sujets, face à la situation à laquelle ils sont exposés? Une enquête par entretiens libres sur un groupe réduit sera adaptée.
Les méthodes quantitatives ont pour but principal de mesurer l'impact de certaines variables sur le phénomène à expliquer, en s'aidant de concepts existants. Ce qui intéresse le chercheur est la relation entre des variables et leur analyse sur une population étendue.
Les méthodes qualitatives ont pour but de "porter un matériau (...) dense et plus ou moins explicite à un niveau de compréhension (...) satisfaisant" (ibid., p.23).
Il s'agit d'observer et d'écouter, au plus près des individus, les discours, les méthodes, représentations et affects que ceux-ci produisent dans le contexte où ils se trouvent. Ces méthodes portent sur un témoignage, une expérience ou un phénomène social, qu'il s'agit de reformuler et d'expliciter.
Ces méthodes n'ont pas pour but de vérifier une théorie, ni le plus souvent d'en produire (sauf dans le cas de la "théorie ancrée" proposée par Glaser et Strauss).
Le chercheur a des questions en tête, des grilles interprétatives mais pas de "modèle" complet ni de "cadre théorique" fermé. Il va s'efforcer non de mesurer mais de "faire surgir du sens" (ibid.), du corpus recueilli.
On aura compris que les deux types de méthodes peuvent être complémentaires et apporter des regards différents sur le même phénomène social.
- Bien qu'un chercheur complet soit supposé manier avec aisance les deux types de méthodes, ses préférences personnelles et sa formation peuvent l'orienter vers l'un ou l'autre. Les chercheurs en SHS formés aux mathématiques et aux sciences "exactes" peuvent être attirés par des méthodes présumées plus robustes, plus conformes à l'idéal de la "Science" (mesurer un phénomène, en chercher les causes, produire des lois générales), c'est-à-dire les méthodes quantitatives.
Certains chercheurs se sentent à l'aise dans le maniement des chiffres, d'autres dans l'interprétation. Certains sont à la recherche d'outils éprouvés, d'autres prêts à une "aventure" plus incertaine.
- Le contexte institutionnel de la recherche joue un rôle important: certains laboratoires ont établi leur réputation sur un type de méthode et il n'est pas question pour un doctorant, membre de ce laboratoire, d'opter pour une autre, moins maîtrisée par ses pairs et par son directeur de recherches.
Ceci est en grande partie lié à des choix disciplinaires. Certaines disciplines n'ont longtemps considéré comme "scientifiques" que les méthodes quantitatives où elles sont encore dominantes (économie, gestion, une partie de la psychologie et de la sociologie).
D'autres, à origine davantage philosophique, privilégient le qualitatif (ethnologie, une partie de la sociologie, les sciences du langage, les sciences de la communication...).
Faire carrière et publier dans un domaine nécessite souvent de s'inscrire dans un courant méthodologique dominant.
Dans le cas de recherches financées, le commanditaire peut aussi avoir ses préférences et faire davantage confiance à l'une ou à l'autre de ces méthodes.
A cela s'ajoutent les traditions universitaires nationales, qui peuvent être plus ou moins ouvertes sur l'ensemble des méthodes (par exemple de nombreuses revues scientifiques nord-américaines privilégient le quantitatif).
Quelques logiciels d'analyse de données
Analyse de données quantitatives:
-SPSS
-Sphinx
Analyse de données qualitatives (ADQAO, "CAQDAS" enanglais)
-Invivo
-Sphinx Quali
-Tropes
N.B. -L'étudiant a intérêt à utiliser le(s) logiciel(s) disponible(s) dans son Université pour lesquels, en général, des formations ou tutoriels sont proposés.
2.
La méta analyse
Il s'agit d'étudier et de comparer les résultats de recherches précédentes. Le chercheur travaille sur des données secondaires (textes, chiffres collectés par des enquêtes précédentes). Ce peut être le cas quand d'autres méthodes ne sont pas possibles (exemple: étude de faits historiques). Certaines disciplines travaillent surtout sur des textes et comparent ou analysent des interprétations précédentes (exemple: le droit, les sciences littéraires...).La recherche ici peut aboutir à invalider des interprétations précédentes, mettre à jour des analyses et les comparer, proposer de nouvelles interprétations, proposer de nouveaux concepts... Elle peut recourir à des investigations de terrain (par exemple en archéologie, ethnologie ou histoire) pour confirmer ou infirmer une thèse.
Les limites possibles de ce type de méthode sont d'une part l'innovation apportée par le chercheur (quelle est sa "valeur ajoutée"?), d'autre part la justification de ses énoncés (sur quoi sont-ils fondés? En quoi son interprétation est-elle "meilleure" que d'autres?).
Cette méthode est donc fragile du point de vue "scientifique" classique, sauf s'il s'agit d'une première étape de repérage, ou d'exploration (cf. chapitre 4) avant la recherche proprement dite.
C'est la méthode utilisée dans les sciences de la nature, qui peut être adaptée à des "objets" de SHS. Elle consiste à tester l'effet d'une variable (ou de plusieurs) sur la variable à expliquer (cf. supra chapitre 4).
Une "expérience" consistera à manipuler une ou plusieurs variables pour mesurer leur impact sur la variable à expliquer, en isolant au maximum les facteurs externes pouvant perturber cette relation.
Ces expériences peuvent être faites en laboratoire ("in vitro"): c'est le cas des expériences de psychologie sociale (par exemple dans la fameuse expérience de Asch-1956-on étudie le conformisme social en soumettant un individu à des évaluations fausses proposées par les autres membres du groupe et en mesurant le nombre de fois où il va se rallier à ces évaluations).
Elles peuvent aussi, plus difficilement, être faites "in vivo", dans la réalité. Par exemple la fameuse expérience de Hawthorne où des chercheurs ont testé l'évolution du rendement en production d'un groupe d'ouvrières en changeant leurs conditions physiques de travail (USA, années 30).
Cette méthode est rigoureuse et reproductible (on peut refaire l'expérience et vérifier les résultats) mais suppose une simplification des phénomènes (choix des variables, forcément en nombre limité). Se pose également la question du transfert des résultats hors de la situation d'expérience. Dans la vie réelle, les mêmes phénomènes se dérouleraient-ils de la même manière?
Il s'agit du recueil de données auprès d'un échantillon d'individus ou de situations.
L'enquête est une des principales méthodes de recherche. L'enquête quantitative apporte une information étendue et si l'échantillon est constitué selon les règles de l'art son résultat est généralisable.Elle se prête à l'exploitation statistique.L'enquête qualitative apporte des éléments plus directs et plus approfondis sur une réalité plus restreinte(exploitation de ce que les enquêtés ont réellement dit, appelée le "verbatim").
-
Extension possible
Traitement statistique
Echantillon si possible représentatif
Suppose certaines conditions pratiques
-
Extension difficile (lourdeur)
Traitement qualitatif approfondi
Echantillon si possible représentatif ou diversifié
Contact direct
Il s'agit de l'analyse approfondie d'un phénomène complexe, dans un lieu et un espace donnés.
Le cas peut être une organisation, un événement, un individu, un groupe que l'on va étudier en détail. Ce cas pourra être étudié de manière longitudinale (c'est-à-dire dans son évolution dans le temps). Cette méthode convient bien à une recherche exploratoire (sur laquelle on dispose de peu d'hypothèses) ou à l'étude d'un événement rare ou spécifique.
On peut faire une recherche sur un seul cas (si l'importance le justifie) ou sur deux ou plusieurs, que l'on va comparer entre eux.
Les apports de cette méthode sont la grande richesse des données recueillies et la capacité à voir l'évolution dans le temps du phénomène étudié. Bien entendu, cela suppose que le chercheur puisse pénétrer sur le terrain ou avoir accès à un corpus défini, et ceci de manière détaillée.
La généralisation des résultats sera bien sûr délicate (sauf si l'on peut démontrer que le cas est typique).Dans l'étude de cas, le recueil de données se fait le plus souvent par entretiens.
Il s'agit d'une observation globale et dans la durée d'un phénomène ou d'une population par un contact direct du chercheur avec la réalité. C'est ce que font les ethnographes qui vont étudier les mœurs d'un peuple, en "allant sur place" et en cultivant leur regard sur les multiples éléments qu'ils vont pouvoir observer (habitudes, rites, alimentation, modes de vie...). La méthode consistera à décrire aussi finement que possible, grâce à de l'observation et des entretiens avec les personnes rencontrées.
Hors de l'ethnographie des peuples "exotiques", ce mode d'observation a été utilisé dans de nombreuses situations plus proches et associées à d'autres disciplines (par exemple: sociologie, gestion).
La méthode suppose un observateur compétent et accepté par le "milieu" observé. Elle peut apporter une grande richesse d'informations et d'analyses mais "l'objectivité" du regard peut bien sûr être questionnée.
Il s'agit toujours d'une observation par le chercheur d'un milieu social, ou d'un phénomène mais dans laquelle il ne dévoile pas son statut. Il (ou elle) participe à l'action du groupe, agit normalement et consigne ses observations par ailleurs. Cette méthode correspond aux situations où il n'est pas possible d'apparaître comme "observateur", ou bien quand le chercheur veut justement ressentir lui-même des situations auxquelles une observation de l'extérieur ne lui permettrait pas d'accéder. (En 1986, G. Walraf "se fait passer" pour un Turc en Allemagne pour étudier l'immigration et le racisme).
La limite, du point de vue scientifique classique, est que la subjectivité du chercheur est mobilisée et donc qu'un recul est difficile. Les données sont aussi recueillies de manière moins rigoureuse que ce qui est prescrit habituellement. Cette méthode peut permettre un témoignage nouveau sur des phénomènes habituellement cachés. Mais elle nécessite une grande rigueur dans la formulation des observations.
Il y a des situations dans lesquelles on ne peut séparer l'observation et l'action. Le médecin, même s'il fait de la recherche, ne peut se contenter d'observer le malade agonisant, il va intervenir et le soulager... ("clinique" veut dire: au chevet du malade). L'idée de cette méthode est qu'il ne faut pas séparer recherche et action. L'action elle-même peut apporter des connaissances que l'on n'aurait pas obtenues par la seule étude "extérieure" sans intervention.
La finalité de ce type de recherche est d'apprendre "en faisant", de réfléchir et d'agir, dans un but d'amélioration.
Ce type de recherche est utilisé en psychologie, en sciences de l'éducation, en gestion notamment.
Il suppose que le chercheur-intervenant est capable de faire les deux, et que peu à peu il ne se fait pas absorber par la seule "intervention".
Là encore, la richesse possible des informations recueillies ou des idées et solutions émergentes peut compenser le caractère spécifique et non généralisable de la situation (comme dans les trois familles précédentes). »
- Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines : Réussir sa thèse, son mémoire de masterou professionnel, et son article / Paul N’Da
- L'art de la thèse : comment préparer et rédiger un mémoire de master, une thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire à l'ère du Net / Michel Beaud ; en collaboration avec Magali Gravier et Alain de Tolédo
- Réussir sa thèse ou son mémoire / Sophie Boutillier, Alban Goguel d'Allondans, Dimitri Uzunidis
- Comment réussir sa thèse : définir un sujet, conduire une recherche, soutenir sa thèse / Pierre Romelaer, Michel Kalika
- Réussir son mémoire de master ou sa thèse : guide pour les étudiants étrangers / Y.-F. Livian & R. Laurini
- Réussir sa thèse en sciences sociales / Claudine Herzlich ; sous la direction de François de Singly
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter