Question d'origine :
Bonjour, J'aimerais savoir si vous avez lus d'information sur l'obtention du bac de Julie-Victoire Daubié, en effet elle le passe à Lyon, dans un local différent que celui des hommes, et l'obtiens, mais savez-vous où elle le passe exactement ? Et si elle était inscrite dans un établissement lyonnais, ou bien si elle le passe en candidate libre ? Merci de votre réponse
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 08/01/2021 à 11h23
Bonjour,
C’est encandidat libre que Julie-Victoire Daubié a passé le baccalauréat en 1861. Et pour cause : elle est la première femme en France à passer cet examen , qui, dans l’usage sinon dans la loi, est réservé aux hommes. L’enseignement des jeunes filles ne préparant pas au baccalauréat, c’est au terme d’un parcours d’autodidacte et après avoir remporté plusieurs concours qui lui valent la bienveillance de quelques académiciens lyonnais, qu’elle parvient adroitement à se faire inscrire :
« Rappelons que l’exclusion des femmes de l’université est un fait établi par l’usage et que ce n’est que leur absention qui fait croire à leur exclusion légale. Julie Victoire Daubié, forte de ses recherches sur les iniquités concernant le travail des femmes pour le concours de l’Académie Impériale de Lyon et puis de celles pour celui du ministère de l’Instruction publique, ne trouve aucune loi qui défende à une femme de se présenter au diplôme du baccalauréat, diplôme clé pour enter à l’université et dans toutes les professions libérales. En tapinois, elle avait approché divers recteurs sans succès. Elle ne voulait pas se reconnaître en dehors des conditions légales d’admissibilité et craignait un précédent fâcheux si une requête présentée au ministre de l’Instruction publique lui était déniée : le ministre pouvait très bien interpréter négativement le silence de la loi. Si Julie se considérait dans le droit commun et faisait les formalités d’inscription et une demande légalisée à la mairie ave son acte de naissance et les cent francs des frais d’examen, c’était aussi bien se leurrer dans l’attente d’une permission. Elle voulait aussi éviter la presse qui pouvait attirer bruyamment l’attention sur la première aspirante au baccalauréat et la mettre dans une situation nuisible à son succès. Prudente et astucieuse, elle prendra conseil auprès des académiciens lyonnais bien disposés à une innovation hardie : ils lui offrent un local particulier pour ses épreuves écrites. La lettre de convocation du 8 juillet 1861 souligne la nature de l’opinion du moment et le courage et la volonté de la destinataire :
Mademoiselle,
J’ai l’honneur de vous faire savoir que vous avez à choisir entre le 13 ou le 16 août pour le premier jour de votre examen du baccalauréat ès lettres.
Si vous désirez éviter une trop grande affluence de curieux, vous ferez bien de choisir le 13 au lieu du 16 et de le laisser ignorer autant que possible.
Je pense que vous arriverez la veille et je me ferai un plaisir de vous donner tout renseignement désirable.L’épreuve écrite a lieu à 7 heures du matin au Palais Saint-Pierre, place des Terreaux.
J’ai l’honneur d’être avec ma considération respectueuse,
Votre très humble.
C. de Barruel,
Secrétaire de la faculté des lettres.
Un retard du courrier obligera la candidate à comparaître le 16 août au milieu d’une jeunesse plus ou moins rieuse. Julie avait trente-sept ans. »
Source: Raymonde Albertine Saliou Bulger. “Les Démarches Et L'exploit De Julie Victoire Daubié, Première ‘Bachelière’ De France, à Lyon, Sous Le Second Empire.” The French Review, vol. 71, no. 2, 1997, pp. 204–212.
Vous pouvez aussi consulter dans Gallica : Feuilleton du Temps du 25 août : Courrier de Paris. Lettre à Madame la Baronne de ***, C. de Sault.
En raison des conditions sanitaires, nous sommes actuellement en télétravail et n’avons pas pu consulter les documents de la bibliothèque pour vous répondre. Vous trouverez néanmoins dans notre catalogue plusieurs références sur Julie-Victoire Daubié qui pourraient vous intéresser.
Bonne journée.
C’est en
« Rappelons que l’exclusion des femmes de l’université est un fait établi par l’usage et que ce n’est que leur absention qui fait croire à leur exclusion légale. Julie Victoire Daubié, forte de ses recherches sur les iniquités concernant le travail des femmes pour le concours de l’Académie Impériale de Lyon et puis de celles pour celui du ministère de l’Instruction publique, ne trouve aucune loi qui défende à une femme de se présenter au diplôme du baccalauréat, diplôme clé pour enter à l’université et dans toutes les professions libérales. En tapinois, elle avait approché divers recteurs sans succès. Elle ne voulait pas se reconnaître en dehors des conditions légales d’admissibilité et craignait un précédent fâcheux si une requête présentée au ministre de l’Instruction publique lui était déniée : le ministre pouvait très bien interpréter négativement le silence de la loi. Si Julie se considérait dans le droit commun et faisait les formalités d’inscription et une demande légalisée à la mairie ave son acte de naissance et les cent francs des frais d’examen, c’était aussi bien se leurrer dans l’attente d’une permission. Elle voulait aussi éviter la presse qui pouvait attirer bruyamment l’attention sur la première aspirante au baccalauréat et la mettre dans une situation nuisible à son succès. Prudente et astucieuse, elle prendra conseil auprès des académiciens lyonnais bien disposés à une innovation hardie : ils lui offrent un local particulier pour ses épreuves écrites. La lettre de convocation du 8 juillet 1861 souligne la nature de l’opinion du moment et le courage et la volonté de la destinataire :
Mademoiselle,
J’ai l’honneur de vous faire savoir que vous avez à choisir entre le 13 ou le 16 août pour le premier jour de votre examen du baccalauréat ès lettres.
Si vous désirez éviter une trop grande affluence de curieux, vous ferez bien de choisir le 13 au lieu du 16 et de le laisser ignorer autant que possible.
Je pense que vous arriverez la veille et je me ferai un plaisir de vous donner tout renseignement désirable.
J’ai l’honneur d’être avec ma considération respectueuse,
Votre très humble.
C. de Barruel,
Secrétaire de la faculté des lettres.
Un retard du courrier obligera la candidate à comparaître le 16 août au milieu d’une jeunesse plus ou moins rieuse. Julie avait trente-sept ans. »
Source: Raymonde Albertine Saliou Bulger. “Les Démarches Et L'exploit De Julie Victoire Daubié, Première ‘Bachelière’ De France, à Lyon, Sous Le Second Empire.” The French Review, vol. 71, no. 2, 1997, pp. 204–212.
Vous pouvez aussi consulter dans Gallica : Feuilleton du Temps du 25 août : Courrier de Paris. Lettre à Madame la Baronne de ***, C. de Sault.
En raison des conditions sanitaires, nous sommes actuellement en télétravail et n’avons pas pu consulter les documents de la bibliothèque pour vous répondre. Vous trouverez néanmoins dans notre catalogue plusieurs références sur Julie-Victoire Daubié qui pourraient vous intéresser.
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