Question d'origine :
Je fais des recherches sur des habitants du quartier des Baraques à Gerland avant 1940. Dans un livre du Laboratoire Mémoires Urbaines et Archives Ouvrières, édité par les éditions Le temps qu'il fait, intitulé Les Baraques, Album photographique du Dispensaire La Mouche-Gerland, il est fait référence aux Archives des AMI: Apostoliques de Marie Immaculée. Peut-on consulter ces archives? Sont-elles numérisées? Plus globalement, comment pourrais-je trouver des informations statistiques sur le recensement des familles entre les années 1920 et 1950? Merci d'avance.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 12/01/2021 à 11h00
Bonjour,
Commençons par préciser qu’en raison de la situation sanitaire nous sommes actuellement en télétravail et ne pouvons accéder aux collections physiques de la bibliothèque. Pour vous répondre nous devons nous contenter des ressources disponibles en ligne.
Pour connaître les modalités d’accès des archives des AMI nous vous conseillons de contacter l’institut religieux apostolique de Marie-Immaculée (I.A.M.I.) :
Institut Religieux-Apostolique de Marie Immaculée 8 rue du Collovrier 69130 Ecully
Tél : 04 72 86 07 50
Email : amisupge2009@yahoo.fr
Dans Le visage diversifié de l’immigration dans le 7earrondissement de Lyon, Jean-Luc de Ochandiano fournit des informations sur la population concernée :
« L’entre-deux-guerres a vu le nombre d’étrangers augmenter dans le 7e arrondissement. Dans les usines de Gerland, qui connaissent une reconversion rapide après 1918, les Algériens et Marocains ont rapidement été remplacés par de nombreux Italiens qui affluent dès l’armistice et qui constituent la population étrangère dominante du quartier. Ils sont un millier en 1921 et plus de 1 700 dix ans plus tard20. Ils sont peu à peu rejoints par des Espagnols venus pour la plupart de la région de Murcia qui est touchée par une grave crise économique. Tous ces migrants, employés la plupart du temps comme manœuvre aux Câbles de Lyon, à la Société chimique de Gerland, chez Dérobert, Jules Weitz ou Babolat, sont alors confrontés à des difficultés aigües pour trouver un toit du fait de la crise du logement populaire que connaît Lyon au sortir de la Grande guerre et de la faible urbanisation de Gerland, notamment dans le quartier des abattoirs. Face à ce problème, la municipalité de Lyon a bien construit un ensemble d’Habitations à Bon Marché (HBM) à l’angle de la rue de Gerland et du chemin Debourg. Mais les 550 logements sociaux inaugurés en 1924 sont exclusivement réservés aux Français. Les nombreux Italiens et Espagnols doivent s’entasser où ils peuvent. Certains trouvent refuge dans les anciens baraquements de l’avenue Debourg laissés libres par les Algériens et Marocains, puis dans de nombreuses baraques de planches et de carton goudronné qui se mettent à pulluler autour de ce premier noyau, constituant d’immenses quartiers de baraques soumis aux inondations régulières et à des incendies à répétition. Au vu des problèmes d’hygiène et de sécurité que posent « les masures établies dans le quartier de Gerland », le maire de Lyon ordonne, en février 1928, d’interdire toute nouvelle construction de ce type dans le quartier et décide d’évacuer à court terme des habitations existantes. Mais le projet reste lettre morte et la « Mouise », comme on l’appelle alors, prend encore de l’ampleur dans les années suivantes.En 1936, sur les 750 habitants des zones de baraques de l’avenue Debourg, 40 % appartiennent à des familles italiennes, 30 % à des familles espagnoles. La plupart des autres sont français .
Le quartier de la Guillotière connaît aussi de graves problèmes de logement qui touchent l’ensemble des classes populaires mais en particulier les étrangers. Nombre d’entre eux sont obligés de loger dans des garnis souvent sordides qui se mettent à pulluler le long de certaines artères : on trouve 90 garnis grande rue de la Guillotière, une centaine rue de Marseille, et près de 150 rue Montesquieu. Dans cette dernière artère, on compte 198 étrangers en 1926 (7,6 % des habitants). Cent d’entre eux sont Italiens. Les autres sont Grecs (23), Espagnols (15), Turcs (13), Suisses (10), Bulgares (8), Arméniens (7), Russes (6), Algériens (6), Serbes (4), etc. »
Nous trouvons également quelques éléments dans Rhône-Alpes, Étude d’une région et d’une pluralité de parcours migratoires, 19e-20e siècle, Sylvie Schweitzer, Emilie Elongbil-Ewane, Dalila Berbagui, Renaud Chaplain,Laurence Prempain, Marianne Thivend, Lionel Grifo, Arnaud Costechaire,Sandra Jahn, Julie Moreau, et al.
« L’agglomération lyonnaise pendant l’entre-deux-guerres
En 1921, le quartier de La Part Dieu accueille près de 60% de l’effectif algérien de l’agglomération lyonnaise (soit 142 personnes sur 251). Mais le quartier compte également —36—dans sa population étrangère une prédominance d’Italien-ne-s et d’Arménien-ne-s, et les Français-es y demeurent majoritaires. Toutes ces populations partagent des conditions de vie et de logement peu reluisantes. Un recensement effectué par le service ad hoc de la préfecture en 1925 donne pour la seule rue de la Guillotière 92 garnis; 100 pour la rue de Marseille, 147 pour la courte rue Montesquieu. Ainsi, les garnis de basse catégorie prolifèrent dans le quartier. L’une des particularités pour la population algérienne de ce quartier est l’existence d’un habitat groupé. En effet, aucun-e Algérien-ne ne loge à plus de quelques centaines de mètre de son voisin. D’après Geneviève Massard-Guilbaud, il n’existerait pas de «quartier algérien type» mais autant de quartiers ouvriers. Ainsi, la supposée logique de regroupement des Algérien-ne-s n’apparaît pas dans la répartition de leurs logements des Algérien-ne-s dans le quartier de Gerland.
Ce quartier, avec ses logements bon marché attire de nombreux étrangères et étrangers pendant l’entre-deux-guerres notamment des Espagnol-e-s et des Italien-ne-s.299 ménages italiens vivent à Gerland en 1921, 528 en 1931. Ils sont contraints de louer des logements exigus dans les rues les plus pauvres de Gerland, notamment à la Mouche . D’après les dossiers de contrôle général de police, les Italien-ne-s louent également à Gerland des petites maisons ou des baraquements en planches composés de 3 pièces avenue Debourg, rue de Gerland ou rue des Culattes dans lesquelles vivent de trois jusqu’à six personnes. Ce sont des habitations en matériaux légers, construites notamment en bois qui ressemblent à des baraques de fortune où s’entassent des familles nombreuses françaises et étrangères qui disposent de faibles revenus. Dès les années 30, les autorités municipales tentent de mettre fin à ces «lotissements sauvages» qui se sont développés dans le quartier de Gerland mais aussi sur la commune de Villeurbanne. Ces lotissements précaires sont plus connus sous le terme de villages nègres. »
Le document cite notamment en référence :
CHAVANON Olivier, «Où sont passés nos Villages nègres ?», Revue européenne de migrations internationales, 1997, vol. 13, n° 1, p. 191 – 200
GALAN Stéphanie, «Les Espagnols dans l’agglomération lyonnaise 1914-1939», mémoire de maîtrise sous la direction d’Yves Lequin, Lyon, Université Lyon 2, 1997, 267 p.
MASSARD-GUILBAUD Geneviève, Des Algériens à Lyon: de la Grande Guerre au Front populaire, Paris, L’Harmattan, 1995
BAIAMONTE Lisa, «Les Italiens à Lyon au 20ème siècle. Etude de cas: la communauté italienne à Gerland pendant l’entre-deux-guerres», mémoire de maîtrise sous la direction d’Etienne Fouilloux, Lyon, Université Lyon 2, 1999, 198 p.
Pour finir, la présentation de l’exposition Baraques : Dispensaire La Mouche-Gerland 1929-1936 nous apprend que le CAMT (Centre des archives du monde du travail) peut aussi constituer une piste de recherche.
Bonne journée.
Commençons par préciser qu’en raison de la situation sanitaire nous sommes actuellement en télétravail et ne pouvons accéder aux collections physiques de la bibliothèque. Pour vous répondre nous devons nous contenter des ressources disponibles en ligne.
Pour connaître les modalités d’accès des archives des AMI nous vous conseillons de contacter l’institut religieux apostolique de Marie-Immaculée (I.A.M.I.) :
Institut Religieux-Apostolique de Marie Immaculée 8 rue du Collovrier 69130 Ecully
Tél : 04 72 86 07 50
Email : amisupge2009@yahoo.fr
Dans Le visage diversifié de l’immigration dans le 7earrondissement de Lyon, Jean-Luc de Ochandiano fournit des informations sur la population concernée :
« L’entre-deux-guerres a vu le nombre d’étrangers augmenter dans le 7e arrondissement. Dans les usines de Gerland, qui connaissent une reconversion rapide après 1918, les Algériens et Marocains ont rapidement été remplacés par de nombreux Italiens qui affluent dès l’armistice et qui constituent la population étrangère dominante du quartier. Ils sont un millier en 1921 et plus de 1 700 dix ans plus tard20. Ils sont peu à peu rejoints par des Espagnols venus pour la plupart de la région de Murcia qui est touchée par une grave crise économique. Tous ces migrants, employés la plupart du temps comme manœuvre aux Câbles de Lyon, à la Société chimique de Gerland, chez Dérobert, Jules Weitz ou Babolat, sont alors confrontés à des difficultés aigües pour trouver un toit du fait de la crise du logement populaire que connaît Lyon au sortir de la Grande guerre et de la faible urbanisation de Gerland, notamment dans le quartier des abattoirs. Face à ce problème, la municipalité de Lyon a bien construit un ensemble d’Habitations à Bon Marché (HBM) à l’angle de la rue de Gerland et du chemin Debourg. Mais les 550 logements sociaux inaugurés en 1924 sont exclusivement réservés aux Français. Les nombreux Italiens et Espagnols doivent s’entasser où ils peuvent. Certains trouvent refuge dans les anciens baraquements de l’avenue Debourg laissés libres par les Algériens et Marocains, puis dans de nombreuses baraques de planches et de carton goudronné qui se mettent à pulluler autour de ce premier noyau, constituant d’immenses quartiers de baraques soumis aux inondations régulières et à des incendies à répétition. Au vu des problèmes d’hygiène et de sécurité que posent « les masures établies dans le quartier de Gerland », le maire de Lyon ordonne, en février 1928, d’interdire toute nouvelle construction de ce type dans le quartier et décide d’évacuer à court terme des habitations existantes. Mais le projet reste lettre morte et la « Mouise », comme on l’appelle alors, prend encore de l’ampleur dans les années suivantes.
Le quartier de la Guillotière connaît aussi de graves problèmes de logement qui touchent l’ensemble des classes populaires mais en particulier les étrangers. Nombre d’entre eux sont obligés de loger dans des garnis souvent sordides qui se mettent à pulluler le long de certaines artères : on trouve 90 garnis grande rue de la Guillotière, une centaine rue de Marseille, et près de 150 rue Montesquieu. Dans cette dernière artère, on compte 198 étrangers en 1926 (7,6 % des habitants). Cent d’entre eux sont Italiens. Les autres sont Grecs (23), Espagnols (15), Turcs (13), Suisses (10), Bulgares (8), Arméniens (7), Russes (6), Algériens (6), Serbes (4), etc. »
Nous trouvons également quelques éléments dans Rhône-Alpes, Étude d’une région et d’une pluralité de parcours migratoires, 19e-20e siècle, Sylvie Schweitzer, Emilie Elongbil-Ewane, Dalila Berbagui, Renaud Chaplain,Laurence Prempain, Marianne Thivend, Lionel Grifo, Arnaud Costechaire,Sandra Jahn, Julie Moreau, et al.
« L’agglomération lyonnaise pendant l’entre-deux-guerres
En 1921, le quartier de La Part Dieu accueille près de 60% de l’effectif algérien de l’agglomération lyonnaise (soit 142 personnes sur 251). Mais le quartier compte également —36—dans sa population étrangère une prédominance d’Italien-ne-s et d’Arménien-ne-s, et les Français-es y demeurent majoritaires. Toutes ces populations partagent des conditions de vie et de logement peu reluisantes. Un recensement effectué par le service ad hoc de la préfecture en 1925 donne pour la seule rue de la Guillotière 92 garnis; 100 pour la rue de Marseille, 147 pour la courte rue Montesquieu. Ainsi, les garnis de basse catégorie prolifèrent dans le quartier. L’une des particularités pour la population algérienne de ce quartier est l’existence d’un habitat groupé. En effet, aucun-e Algérien-ne ne loge à plus de quelques centaines de mètre de son voisin. D’après Geneviève Massard-Guilbaud, il n’existerait pas de «quartier algérien type» mais autant de quartiers ouvriers. Ainsi, la supposée logique de regroupement des Algérien-ne-s n’apparaît pas dans la répartition de leurs logements des Algérien-ne-s dans le quartier de Gerland.
Ce quartier, avec ses logements bon marché attire de nombreux étrangères et étrangers pendant l’entre-deux-guerres notamment des Espagnol-e-s et des Italien-ne-s.
Le document cite notamment en référence :
CHAVANON Olivier, «Où sont passés nos Villages nègres ?», Revue européenne de migrations internationales, 1997, vol. 13, n° 1, p. 191 – 200
GALAN Stéphanie, «Les Espagnols dans l’agglomération lyonnaise 1914-1939», mémoire de maîtrise sous la direction d’Yves Lequin, Lyon, Université Lyon 2, 1997, 267 p.
MASSARD-GUILBAUD Geneviève, Des Algériens à Lyon: de la Grande Guerre au Front populaire, Paris, L’Harmattan, 1995
BAIAMONTE Lisa, «Les Italiens à Lyon au 20ème siècle. Etude de cas: la communauté italienne à Gerland pendant l’entre-deux-guerres», mémoire de maîtrise sous la direction d’Etienne Fouilloux, Lyon, Université Lyon 2, 1999, 198 p.
Pour finir, la présentation de l’exposition Baraques : Dispensaire La Mouche-Gerland 1929-1936 nous apprend que le CAMT (Centre des archives du monde du travail) peut aussi constituer une piste de recherche.
Bonne journée.
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