Question d'origine :
Bonjour,
Pouvez-vous m'expliquer quelle est la relation entre le platonisme et le christianisme ?
Quels sont les points communs et les différences ?
Et plus particulièrement, en quoi le platonisme a influencé le christianisme ?
Dans L'Antéchrist, Nietzsche critique la morale judéo-chrétienne qui selon lui empêche l'individu d'atteindre le bonheur. Partant de ce constat, cette critique s'applique t-elle également au platonisme ?
Merci de votre réponse
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 30/09/2020 à 08h54
Bonjour,
Vous nous interrogez sur les relations entre christianisme et Platonisme. Il convient donc dans un premier temps de poser des repères temporels d'y voir un peu plus clair.
Concernant Platon, vous pouvez vous référer à l’article que lui a consacré Monique Dixsaut dans l’Encyclopaedia Universalis. Nous nous contenterons ici d’en extraire les bornes temporelles :
« Platon serait né en 428-427 avant J.-C. (ou peut-être en 429, année de la mort de Périclès), donc dans les premières années de la guerre du Péloponnèse, à Athènes, à moins que ce ne soit à Égine, et serait mort en 348-347, à plus de quatre-vingts ans, alors que la guerre entreprise par Philippe de Macédoine contre les cités grecques avait déjà commencé. »
Cela nous permet de remarquer que plusieurs siècles séparent la vie de Platon de la naissance du christianisme. Nous pouvons donc ensuite nous interroger sur les sources dont disposaient les pères de l’église pour accéder à la pensée de Platon.
Concernant Saint-Augustin par exemple, voici ce qu’écrit Michel Meslin, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, dans son article sur Saint-Augustin :
« […] Dès sa jeunesse, il a été conquis par la théorie d'une hiérarchie des êtres que professait la philosophie néo-platonicienne ; cela restera l'un des cadres fondamentaux de la pensée augustinienne. Au sommet, l'Être qui seul « est » – qui vere est, qui summe est – Dieu, plénitude et perfection. La création, elle, n'est composée que d'êtres lacuneux, qui doivent revenir à la totalité divine. C'est une philosophie de l'essence bien plus que de l'existence, encore qu'Augustin connaisse, personnellement, tous les problèmes inhérents à la condition humaine. Le mal n'est donc pas un être en soi, mais un moins-être, la lacune du bien, ce qui empêche l'homme d'être pleinement, comme l'est Dieu. Le seul problème est donc de parvenir à la connaissance de ce Bien suprême, de ce Dieu qui donnera à l'homme les véritables dimensions de son être. »
Jean Jolivet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, dresse un portrait du platonisme médiéval, qui permet d’éclairer l’influence de la pensée platonicienne (et néo-platonicienne) sur la pensée chrétienne:
« […]On peut distinguer quatre moments dans le platonisme médiéval.
1) Au ixe siècle, Jean Scot, qui a traduit Denys, mais aussi des textes de Maxime et de Grégoire de Nysse, est l'auteur d'un grandiose Periphyseon construit sur le schème néo-platonicien de la procession et du retour ; œuvre unique à son époque.
2) Au xiie siècle, le platonisme est en tous lieux (ainsi une lecture attentive d'Abélard fait rencontrer dans son œuvre des éléments évidemment platoniciens), mais il apparaît surtout chez des auteurs qui s'occupent de science et de philosophie à la fois, tels Adélhard de Bath, au début du siècle, et ceux qu'on rattache traditionnellement à l'« école de Chartres » (Bernard de Chartres, Thierry, Guillaume de Conches, Gilbert de La Porrée) ; chez des théologiens ouverts à la « lumière de l'Orient » (orientale lumen), tel Guillaume de Saint-Thierry.
3) Plus tard, Aristote occulte Platon ; mais, outre que c'est un Aristote bien multiforme, une théologie qui, comme la théologie chrétienne, postule une création dans le Verbe et, après l'exil terrestre, un retour à la « patrie » assuré par un Médiateur divin, reste parente du platonisme ; enfin, Augustin et Denys sont des autorités théologiques de premier ordre, même pour Thomas d'Aquin, qui pourtant se démarque le plus possible des platoniciens. Aux xiiie et xive siècles, plusieurs auteurs témoignent de la constante platonicienne, avec des nuances originales et diverses : ceux qui relèvent d'un courant franciscain, dont le plus grand représentant est Bonaventure ; Albert le Grand, qui a un côté platonicien auquel on peut rattacher notamment Maître Eckhart (début du xive s.) ; François de Mayronnes, Henri de Gand, Jean Duns Scot...
4) La période ultérieure du platonisme médiéval s'ouvre déjà sur la Renaissance ; entre Pétrarque, au xive siècle, et Marsile Ficin ou Pic de La Mirandole à la fin du xve, il faut surtout citer Nicolas de Cues (1401-1464), grand lecteur des platoniciens anciens et médiévaux, et dont la philosophie doit beaucoup à Proclus (cf. R. Klibansky, The Continuity of the Platonic Tradition during the Middle Ages, Londres, 1939.) »
Ces éléments semblent donc montrer que l’influence du platonisme sur le christianisme passe essentiellement par le filtre des penseurs néo-platoniciens, et qu’il en résulte une première transformation.
Mais même la pensée néo-platonicienne n’est pas reprise telle quelle par Saint Augustin.
Jean Trouillard, professeur honoraire à l’institut d’études catholiques de Paris, écrit ainsi dans son article de l’encyclopaedia Universalis consacré au néo-platonisme :
"Mais si l'on veut se faire une idée précise du néo-platonisme, il ne faut pas l'étendre sans discernement. On dit parfois que saint Augustin, Boèce, Eckhart, saint Jean de la Croix et même Ravaisson sont des néo-platoniciens. Ce sont plus exactement des penseurs qui ont accueilli à des degrés divers l'influence néo-platonicienne et qui en retiennent certaines thèses, mais pas nécessairement l'intuition fondamentale."
Yves Meessen, maître de conférences à l’université de Lorraine, considère également dans son article « Platon et Augustin : mêmes mots, autre sens », que Saint Augustin, s’il reprends les termes de Platon, en modifie profondément le sens.
« Si Augustin reprend à Platon le vocabulaire des « grands genres », force est de constater qu’il en réorganise complètement la grammaire. Cette réorganisation est due à l’influence prépondérante de l’Écriture et, principalement, de la révélation du mystère trinitaire. De ce fait, la métaphysique mise en place par Augustin s’éloigne considérablement de la pensée néo-platonicienne. »
Pour une vue d’ensemble de la philosophie chrétienne médiévale, vous pouvez notamment consulter l’ouvrage Brève histoire de la philosophie latine au Moyen Âge, qui présente de manière synthétique les principaux penseurs de la fin de l’antiquité à la renaissance, ainsi qu’une bibliographie pour approfondir le sujet.
Enfin, Plato Christianus , la réception critique du platonisme chez les pères de l’église, d’ Endre von Ivanka, revient en détail sur la réception du platonisme par les pères de l’église puis la philosophie du moyen-âge.
Concernant la deuxième partie de votre question, il convient de distinguer plusieurs versants de la pensée de Platon, et sans doute de distinguer Platon du (neo-)platonisme. Car si Nietzsche critique très fortement la morale et la métaphysique platonicienne, il semble malgré tout parfois rejoindre Platon sur d’autres points.
Ainsi, le philosophe allemand Christoph Horn écrit dans Nietzsche, juge de la philosophie morale et politique de Platon :
"À suivre une vision assez simplifiée, Nietzsche haïssait Platon et le rejetait d’une manière tant fondamentale que radicale. Mais à y regarder de plus près, nous devons distinguer, d’un côté, les motifs principaux du rejet de Platon par Nietzsche, d’un autre côté, un certain nombre de perspectives sous lesquelles il appréciait Platon et même le louait. Alors qu’il est très critique envers la plus grande part de l’éthique de Platon, son attitude envers sa pensée politique est beaucoup plus amicale."
Pierre Trotignon, professeur de philosophie à l’université de Lille, pointait déjà l’ambivalence et le sentiment d’attraction-répulsion que la pensée de Platon suscitait chez Nietzsche dans un article de 1990 intitulé Comment Nietzsche comprit Platon
"L’antiplatonisme de Nietzsche ne doit pas faire illusion. Il y a aussi une attirance, une parenté des deux philosophies. Nietzsche critique l’idéalisme platonicien : le réel vrai n’est pas le sensible, mais l’immobilité éternelle des Idées transcendantes. Mais lorsque ces Idées et le bien moral ne furent plus crus des hommes, tout s’effondra : le monde intelligible, puisqu’il était un délire de l’homme, le monde sensible puisque l’idéalisme métaphysique l’avait rejeté, comme illusion et erreur. Critiquer Platon veut donc dire critiquer l’idéalisme métaphysique, sa logique, sa morale, et lui substituer une pensée de la volonté de puissance qui exprime le dépassement de soi des forces qui constituent le chaos dionysiaque de l’être. Mais cette théorie, qui détermine un aristocratisme est-elle bien à l’abri d’une perversion, puisque l’aristocrate Platon fut bien perverti par le moralisme socratique ?"
Monique Dixsaut nous invite quant à elle, dans son ouvrage Platon-Nietsche, l’autre manière de philosopher, à dépasser l’opposition doctrinale du métaphysicien contre l’anti-métaphysicien, pour montrer qu’ils se rejoignent dans leur conception de l’acte de penser , vu comme une aventure, une pluralité d’expériences ouvrant des chemins à explorer.
Vous souhaitant bonnes lectures,
Le département civilisation
Vous nous interrogez sur les relations entre christianisme et Platonisme. Il convient donc dans un premier temps de poser des repères temporels d'y voir un peu plus clair.
Concernant Platon, vous pouvez vous référer à l’article que lui a consacré Monique Dixsaut dans l’Encyclopaedia Universalis. Nous nous contenterons ici d’en extraire les bornes temporelles :
« Platon serait né en 428-427 avant J.-C. (ou peut-être en 429, année de la mort de Périclès), donc dans les premières années de la guerre du Péloponnèse, à Athènes, à moins que ce ne soit à Égine, et serait mort en 348-347, à plus de quatre-vingts ans, alors que la guerre entreprise par Philippe de Macédoine contre les cités grecques avait déjà commencé. »
Cela nous permet de remarquer que plusieurs siècles séparent la vie de Platon de la naissance du christianisme. Nous pouvons donc ensuite nous interroger sur les sources dont disposaient les pères de l’église pour accéder à la pensée de Platon.
Concernant Saint-Augustin par exemple, voici ce qu’écrit Michel Meslin, professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, dans son article sur Saint-Augustin :
« […] Dès sa jeunesse, il a été conquis par la théorie d'une hiérarchie des êtres que professait la philosophie néo-platonicienne ; cela restera l'un des cadres fondamentaux de la pensée augustinienne. Au sommet, l'Être qui seul « est » – qui vere est, qui summe est – Dieu, plénitude et perfection. La création, elle, n'est composée que d'êtres lacuneux, qui doivent revenir à la totalité divine. C'est une philosophie de l'essence bien plus que de l'existence, encore qu'Augustin connaisse, personnellement, tous les problèmes inhérents à la condition humaine. Le mal n'est donc pas un être en soi, mais un moins-être, la lacune du bien, ce qui empêche l'homme d'être pleinement, comme l'est Dieu. Le seul problème est donc de parvenir à la connaissance de ce Bien suprême, de ce Dieu qui donnera à l'homme les véritables dimensions de son être. »
Jean Jolivet, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, dresse un portrait du platonisme médiéval, qui permet d’éclairer l’influence de la pensée platonicienne (et néo-platonicienne) sur la pensée chrétienne:
« […]On peut distinguer quatre moments dans le platonisme médiéval.
1) Au ixe siècle, Jean Scot, qui a traduit Denys, mais aussi des textes de Maxime et de Grégoire de Nysse, est l'auteur d'un grandiose Periphyseon construit sur le schème néo-platonicien de la procession et du retour ; œuvre unique à son époque.
2) Au xiie siècle, le platonisme est en tous lieux (ainsi une lecture attentive d'Abélard fait rencontrer dans son œuvre des éléments évidemment platoniciens), mais il apparaît surtout chez des auteurs qui s'occupent de science et de philosophie à la fois, tels Adélhard de Bath, au début du siècle, et ceux qu'on rattache traditionnellement à l'« école de Chartres » (Bernard de Chartres, Thierry, Guillaume de Conches, Gilbert de La Porrée) ; chez des théologiens ouverts à la « lumière de l'Orient » (orientale lumen), tel Guillaume de Saint-Thierry.
3) Plus tard, Aristote occulte Platon ; mais, outre que c'est un Aristote bien multiforme, une théologie qui, comme la théologie chrétienne, postule une création dans le Verbe et, après l'exil terrestre, un retour à la « patrie » assuré par un Médiateur divin, reste parente du platonisme ; enfin, Augustin et Denys sont des autorités théologiques de premier ordre, même pour Thomas d'Aquin, qui pourtant se démarque le plus possible des platoniciens. Aux xiiie et xive siècles, plusieurs auteurs témoignent de la constante platonicienne, avec des nuances originales et diverses : ceux qui relèvent d'un courant franciscain, dont le plus grand représentant est Bonaventure ; Albert le Grand, qui a un côté platonicien auquel on peut rattacher notamment Maître Eckhart (début du xive s.) ; François de Mayronnes, Henri de Gand, Jean Duns Scot...
4) La période ultérieure du platonisme médiéval s'ouvre déjà sur la Renaissance ; entre Pétrarque, au xive siècle, et Marsile Ficin ou Pic de La Mirandole à la fin du xve, il faut surtout citer Nicolas de Cues (1401-1464), grand lecteur des platoniciens anciens et médiévaux, et dont la philosophie doit beaucoup à Proclus (cf. R. Klibansky, The Continuity of the Platonic Tradition during the Middle Ages, Londres, 1939.) »
Ces éléments semblent donc montrer que l’influence du platonisme sur le christianisme passe essentiellement par le filtre des penseurs néo-platoniciens, et qu’il en résulte une première transformation.
Mais même la pensée néo-platonicienne n’est pas reprise telle quelle par Saint Augustin.
Jean Trouillard, professeur honoraire à l’institut d’études catholiques de Paris, écrit ainsi dans son article de l’encyclopaedia Universalis consacré au néo-platonisme :
"Mais si l'on veut se faire une idée précise du néo-platonisme, il ne faut pas l'étendre sans discernement. On dit parfois que saint Augustin, Boèce, Eckhart, saint Jean de la Croix et même Ravaisson sont des néo-platoniciens. Ce sont plus exactement des penseurs qui ont accueilli à des degrés divers l'influence néo-platonicienne et qui en retiennent certaines thèses, mais pas nécessairement l'intuition fondamentale."
Yves Meessen, maître de conférences à l’université de Lorraine, considère également dans son article « Platon et Augustin : mêmes mots, autre sens », que Saint Augustin, s’il reprends les termes de Platon, en modifie profondément le sens.
« Si Augustin reprend à Platon le vocabulaire des « grands genres », force est de constater qu’il en réorganise complètement la grammaire. Cette réorganisation est due à l’influence prépondérante de l’Écriture et, principalement, de la révélation du mystère trinitaire. De ce fait, la métaphysique mise en place par Augustin s’éloigne considérablement de la pensée néo-platonicienne. »
Pour une vue d’ensemble de la philosophie chrétienne médiévale, vous pouvez notamment consulter l’ouvrage Brève histoire de la philosophie latine au Moyen Âge, qui présente de manière synthétique les principaux penseurs de la fin de l’antiquité à la renaissance, ainsi qu’une bibliographie pour approfondir le sujet.
Enfin, Plato Christianus , la réception critique du platonisme chez les pères de l’église, d’ Endre von Ivanka, revient en détail sur la réception du platonisme par les pères de l’église puis la philosophie du moyen-âge.
Concernant la deuxième partie de votre question, il convient de distinguer plusieurs versants de la pensée de Platon, et sans doute de distinguer Platon du (neo-)platonisme. Car si Nietzsche critique très fortement la morale et la métaphysique platonicienne, il semble malgré tout parfois rejoindre Platon sur d’autres points.
Ainsi, le philosophe allemand Christoph Horn écrit dans Nietzsche, juge de la philosophie morale et politique de Platon :
"À suivre une vision assez simplifiée, Nietzsche haïssait Platon et le rejetait d’une manière tant fondamentale que radicale. Mais à y regarder de plus près, nous devons distinguer, d’un côté, les motifs principaux du rejet de Platon par Nietzsche, d’un autre côté, un certain nombre de perspectives sous lesquelles il appréciait Platon et même le louait. Alors qu’il est très critique envers la plus grande part de l’éthique de Platon, son attitude envers sa pensée politique est beaucoup plus amicale."
Pierre Trotignon, professeur de philosophie à l’université de Lille, pointait déjà l’ambivalence et le sentiment d’attraction-répulsion que la pensée de Platon suscitait chez Nietzsche dans un article de 1990 intitulé Comment Nietzsche comprit Platon
"L’antiplatonisme de Nietzsche ne doit pas faire illusion. Il y a aussi une attirance, une parenté des deux philosophies. Nietzsche critique l’idéalisme platonicien : le réel vrai n’est pas le sensible, mais l’immobilité éternelle des Idées transcendantes. Mais lorsque ces Idées et le bien moral ne furent plus crus des hommes, tout s’effondra : le monde intelligible, puisqu’il était un délire de l’homme, le monde sensible puisque l’idéalisme métaphysique l’avait rejeté, comme illusion et erreur. Critiquer Platon veut donc dire critiquer l’idéalisme métaphysique, sa logique, sa morale, et lui substituer une pensée de la volonté de puissance qui exprime le dépassement de soi des forces qui constituent le chaos dionysiaque de l’être. Mais cette théorie, qui détermine un aristocratisme est-elle bien à l’abri d’une perversion, puisque l’aristocrate Platon fut bien perverti par le moralisme socratique ?"
Monique Dixsaut nous invite quant à elle, dans son ouvrage Platon-Nietsche, l’autre manière de philosopher, à dépasser l’opposition doctrinale du métaphysicien contre l’anti-métaphysicien, pour montrer qu’ils se rejoignent dans leur conception de l’acte de penser , vu comme une aventure, une pluralité d’expériences ouvrant des chemins à explorer.
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