Discours de JJ Rousseau sur les arts et les sciences
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 28/12/2020 à 09h05
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Question d'origine :
Bonjour, Je recherche dans l’édition La Pléiade des œuvres complètes de Rousseau, tome III (1964), un commentaire (probablement par un certain Bouchardy ou Starobinski) du premier discours sur les arts et les sciences, ET SURTOUT s’il y a des réponses aux critiques qu'il a suscitées ? Meilleures salutations Interessus
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 28/12/2020 à 15h21
Bonjour,
Avec son Discours sur les sciences et les arts Jean-Jacques Rousseau, couronné par l’Académie de Dijon le 23 août 1750, obtient du premier coup un succès inouï. "Il soutenait que les sciences et les arts, inséparables du luxe, corrompent les sociétés; une foule de contradicteurs prirent la défense de la vie sociale, du luxe, des arts et des sciences : le roi Stanislas, le professeur Gautier, Bordes, académicien de Lyon, Lecat, académicien de Rouen, Formey, académicien de Berlin, sans compter Voltaire. Dalembert, le roi Frédéric qui plus tôt ou plus tard prirent l'occasion de dire leur mot (cf. Mercure de 1751 et 1752; Recueil de toutes les pièce publiées à l'occasion du Discours de J.-J. Rousseau, Gotha, 1753, 2 vol. in-8). Rousseau répliqua à Stanislas, à Gautier, à Bordes; il revint à la charge dans la Préface de sa comédie de Narcisse, faite en décembre 1752, imprimée en 1753.
source : Cosmovision
Le Tome III des Oeuvres complètes de Jean-Jacques Rousseau, éditions La pléiade de 1964, est actuellementen prêt mais il semble effectivement que François Bouchardy ait proposé une "introduction au Discours sur les sciences et les arts" en page XXXI .
source : MARTIN, Marie-Pauline. Juger des arts en musicien : Un aspect de la pensée artistique de Jean-Jacques Rousseau. Nouvelle édition. Paris : Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2011
Nous vous le confirmerons dès que l'ouvrage nous reviendra.
En attendant, vous pouvez consulter l'édition de François Bouchardy du Discours sur les sciences et les arts, empruntable à la Bibliothèque de la Croix-Rousse.
Étant actuellement en télétravail et n'ayant pas accès aux collections de la Bibliothèque municipale de Lyon, nous consulterons dès que possible l'édition de 1991 qui peut également proposer cette introduction et des commentaires.
Nous n'avons pas trouvé d'articles critiquant cette introduction ou tout commentaire du Discours sur les arts et les sciences.
Quelques articles à consulter qui le mentionnent :
- Ecrire pour se défendre, se défendre d’écrire : Pratiques discursives de la mise en scène du non-écrivain chez Rousseau / Isabelle Chanteloube
- “La ‘Constitution’ Du ‘Discours Sur Les Sciences Et Les Arts’ De Rousseau.” / Goldschmidt, Victor. Revue D'Histoire Littéraire De La France, vol. 72, no. 3, 1972, pp. 406–427
- Rousseau et la philosophie / Jean Salem et André Charrak
Si ce sont des réponses de Rousseau aux critiques nées de son Discours sur les sciences et les arts que vous recherchez, nous vous engageons à lire le chapitre VII : LE DISCOURS SUR LES SCIENCES ET LES ARTS de l'ouvrage de Louis Ducros intitulé Jean-Jacques Rousseau : de Genève à l'Hermitage, 1712-1757. Numéro 1-2
et notamment sa partie IV qui présente les différentes réponses de Rousseau aux critiques de M. Gautier, professeur de mathématiques et d'histoire à Nancy, à celles du roi de Pologne Stanislas, et du lyonnais Borde.
En voici quelques extraits :
"« A peine, dit Rousseau, mon discours eut-il paru, que les défenseurs des Lettres fondirent sur moi comme de concert. [...] Les réfutations, qui furent faites
du Discours sur les sciences, et que nous allons rapidement résumer, sont pour deux raisons intéressantes à connaître : en elles-mêmes, elles sont parfaitement négligeables, car il nous importé peu de savoir comment tel académicien, de Nancy ou d'ailleurs, a refait pour la millième fois l'éloge des lettres et des arts. Maisces réfutations ont provoqué des répliques de la part de l'auteur attaqué et ce sont ces répliques qui nous intéressent : elles ont, d une part, amené Rousseau à se corriger, voire parfois à se réfuter lui-même; mais surtout, et c'est leur principal intérêt, elles l'ont poussé à développer pleinement ce qu'annonçait déjà son Discours, à savoir son redoutable talent de polémiste, et, ce qui vaut moins, son habileté et ses ruses d'avocat. [...]
En juin 1751, ce même Mercure ayant publié des« Observations sur le Discours qui a été couronné à Dijon », Rousseau y répondit par sa « Lettre à l'abbé Raynal ». Les « Observations » n'offrent d'ailleurs aucun intérêt et la seule chose à retenir de la courte réplique de Rousseau, c'est qu'il annonce que, « quand il sera question de se défendre, il suivra sans scrupules toutes les conséquences de ses principes » ; nous allons bien voir.
En octobre 1751, on ne fait plus, seulement des Observations : c'est une réfutation en règle que publie cette fois le Mercure.
Elle avait été lue dans une séance de l'Académie royale de Nancy, par M. Gautier, professeur de mathématiques et d'histoire : « Un certain M. Gautier, de Nancy, le premier qui tomba sous ma plume, fut rudement malmené dans une Lettre à M. Grimm » (1). La Réfutation du Discours, qui est d'un bon esprit, suit, et c'est là son tort, Rousseau pas à pas, divisant, comme il l'a fait lui-même, son discours en deux parties : la question de fait et la question de droit. Gautier défend assez habilement contre Rousseau la politesse ...
La réponse de Rousseau (Lettre à Grimm) est dédaigneuse; il le prend de haut avec le professeur d'histoire de Nancy, à qui il ne réplique d'ailleurs qu'en s'adressant à Grimm. [...]
Après s'être dérobé sur « la question de fait », passant à la deuxième partie du Discours et de la Réfutation, il reprend le ton cavalier et en un style pressant et ferme, il réplique : « M. Gautier se contente, pour me réfuter, de dire oui partout où j'ai dit non : je n'ai donc qu'à dire encore non partout où j'avais dit non, oui partout où j'avais dit oui et, supprimant les preuves, j'aurai très exactement répondu. » C'est répondre, sinon « exactement » , au moins spirituellement. [...]
Voici maintenantle roi Stanislas qui descend dans l'arène. [...]
Que sera, et c'est ici qu'est pour nous l'intérêt de cette discussion, la réponse de Rousseau ? Va-t-il faire échec au Roi ? Il nous dit avec une satisfaction marquée : « Le second (de mes critiques) fut le roi Stanislas lui-même, qui ne dédaigna pas d'entrer en lice avec moi. L'honneur qu'il me fit me força de changer de ton pour lui répondre ; j'en pris un plus grave, mais non moins fort (?) ; et, sans manquer de respect à l'auteur, je réfutai pleinement l'ouvrage. » Il prétend savoir qu'un jésuite, le P. Menou, avait collaboré à l'ouvrage du prince et, se fiant dit-il à son tact, il sut très bien démêler ce qui était du prince et ce qui était du moine et cela lui permit de « tomber sans ménagement sur toutes les phrases jésuitiques ». A supposer que son « tact » ne l'ait pas trompé sur ce point, il l'a trompé lourdement en ceci que le public, qui n'était pas dans le secret, ne pouvait savoir ce qui, dans la réponse de Rousseau, était à l'adresse du roi et ce qui était destiné au jésuite ; et le tout retombait donc sur le dos
du bon Stanislas, lequel était, pour tous, l'auteur de la réfutation de Rousseau. [...]Son premier mot, après les remerciements pour l'honneur qu'on lui a fait, est pour reconnaître que le discours auquel il va répondre « est plein de choses très vraies et très bien prouvées »; et de ces choses-là, il y en avait beaucoup plus dans la critique de M. Gautier : mais M. Gautier « ne l'avait pas même compris. » Puis Rousseau veut bien reconnaître que la science est bonne en soi : ne vient-elle pas de Dieu ? Mais alors
pourquoi la proscrire? C'est qu'elle n'est pas faite pour l'homme.
Pour qui donc, grands dieux! est-elle faite ? ou plutôt par qui est-elle faite, si ce n'est par l'homme lui-même ?
[...]
Un adversaire autrement vigoureux fut Borde, ce Lyonnais ami de Rousseau que nous avons fait connaître et à qui Rousseau avait adressé, on s'en souvient, une très curieuse épître en vers. Borde avait prononcé le 22 juin 1751, à l'Académie de Lyon, un « Discours sur les avantages des sciences et des arts».
Ce discours est une réfutation en règle du discours de Rousseau et il parut dans le Mercure de décembre 1751 et mai 1752. [...]
Rousseau dans ses Confessions (p. II, 1. VII), nous dit qu'il négligea sa correspondance avec Borde, et voici la conséquence de sa paresse : « on verra, dans M. Borde, jusqu'où l'amour-propre d'un bel esprit peut porter l'esprit de vengeance lorsqu'il se croit négligé. » Et ailleurs (1. VIII) : « J'avais tort (avec M. Borde) ; il m'attaqua, honnêtement toutefois, et je répondis de même. Il répliqua sur un ton plus décidé. Cela donna lieu à ma dernière réponse, après laquelle il ne dit plus rien. » Borde était mâté, veut nous faire entendre Rousseau. En réalité (et c'est là une singulière erreur de mémoire) Rousseau ne répondit pas au second discours de Borde. Nous n'avons
qu'un simple projet de réponse, cinq -ou six pages retrouvées par Streckeisen-Moultou (Œuvres et Correspond. inéd. de Rousseau, 1861, p. 315), où je ne relèverai que cette phrase qui se passe de commentaire : « Je crois (dans mon Discours) avoir découvert de grandes choses. » (2).
Rousseau cependant n'avait pas dit son dernier mot : il le fit connaître au public dans la Préface qu'il mit en 1752 à sa comédie de Narcisse. Dans cette préface, on ne sait ce qu'on doit admirer le plus, de la fermeté d'accent de l'orateur ou de la subtilité, j'allais dire : de la rouerie du dialecticien ; je ne crois pas vraiment, qu'avant cette brillante et déconcertante dissertation, on ait jamais employé à la fois tant d'habileté et tant d'esprit à se contredire et à se moquer du lecteur. Si nous demandons à Rousseau quelle conclusion, après tant de controverses, on doit enfin tirer de son Discours, et s'il faut décidément brûler les bibliothèques et les théâtres, fermer les collèges et les académies et tout ce qui recèle un poison scientifique ou littéraire : gardez-vous en bien, nous répond Rousseau : « mon avis est de laisser subsister et même d'entretenir avec soin les académies, les bibliothèques et les spectacles et tous les autres amusements qui peuvent faire diversion à la méchanceté des
hommes et les empêcher d'occuper leur oisiveté à des choses plus dangereuses... Car, lorsqu'il n'y a plus de mœurs, il ne faut songer qu'à la police... J'écrirai donc des livres et je ferai des vers. Il est vrai qu'on pourra dire quelque jour : (et Dieu sait si on le lui reprochera !) cet ennemi déclaré des lettres et des arts fit pourtant des pièces de théâtre »; et ce discours sera, je l'avoue, une satire très amère, non de moi, mais de mon siècle. » "
Vous trouverez ces documents sur le site de la Bibliothèque numérique de Genève.
A lire aussi : Jean-Jacques Rousseau / Jules Lemaître - Troisième conférence
Pour plus d'information, nous vous invitons à contacter une bibliothèque universitaire qui est plus susceptible d’être abonnée à des ressources scientifiques payantes. Ubib est un service de questions-réponses animé par une vingtaines de BU. Vous y trouverez peut-être une réponse plus adaptée à votre demande.
Bonne journée.
Avec son Discours sur les sciences et les arts Jean-Jacques Rousseau, couronné par l’Académie de Dijon le 23 août 1750, obtient du premier coup un succès inouï. "Il soutenait que les sciences et les arts, inséparables du luxe, corrompent les sociétés; une foule de contradicteurs prirent la défense de la vie sociale, du luxe, des arts et des sciences : le roi Stanislas, le professeur Gautier, Bordes, académicien de Lyon, Lecat, académicien de Rouen, Formey, académicien de Berlin, sans compter Voltaire. Dalembert, le roi Frédéric qui plus tôt ou plus tard prirent l'occasion de dire leur mot (cf. Mercure de 1751 et 1752; Recueil de toutes les pièce publiées à l'occasion du Discours de J.-J. Rousseau, Gotha, 1753, 2 vol. in-8). Rousseau répliqua à Stanislas, à Gautier, à Bordes; il revint à la charge dans la Préface de sa comédie de Narcisse, faite en décembre 1752, imprimée en 1753.
source : Cosmovision
Le Tome III des Oeuvres complètes de Jean-Jacques Rousseau, éditions La pléiade de 1964, est actuellement
source : MARTIN, Marie-Pauline. Juger des arts en musicien : Un aspect de la pensée artistique de Jean-Jacques Rousseau. Nouvelle édition. Paris : Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2011
Nous vous le confirmerons dès que l'ouvrage nous reviendra.
En attendant, vous pouvez consulter l'édition de François Bouchardy du Discours sur les sciences et les arts, empruntable à la Bibliothèque de la Croix-Rousse.
Étant actuellement en télétravail et n'ayant pas accès aux collections de la Bibliothèque municipale de Lyon, nous consulterons dès que possible l'édition de 1991 qui peut également proposer cette introduction et des commentaires.
Nous n'avons pas trouvé d'articles critiquant cette introduction ou tout commentaire du Discours sur les arts et les sciences.
Quelques articles à consulter qui le mentionnent :
- Ecrire pour se défendre, se défendre d’écrire : Pratiques discursives de la mise en scène du non-écrivain chez Rousseau / Isabelle Chanteloube
- “La ‘Constitution’ Du ‘Discours Sur Les Sciences Et Les Arts’ De Rousseau.” / Goldschmidt, Victor. Revue D'Histoire Littéraire De La France, vol. 72, no. 3, 1972, pp. 406–427
- Rousseau et la philosophie / Jean Salem et André Charrak
Si ce sont des réponses de Rousseau aux critiques nées de son Discours sur les sciences et les arts que vous recherchez, nous vous engageons à lire le chapitre VII : LE DISCOURS SUR LES SCIENCES ET LES ARTS de l'ouvrage de Louis Ducros intitulé Jean-Jacques Rousseau : de Genève à l'Hermitage, 1712-1757. Numéro 1-2
et notamment sa partie IV qui présente les différentes réponses de Rousseau aux critiques de M. Gautier, professeur de mathématiques et d'histoire à Nancy, à celles du roi de Pologne Stanislas, et du lyonnais Borde.
En voici quelques extraits :
"« A peine, dit Rousseau, mon discours eut-il paru, que les défenseurs des Lettres fondirent sur moi comme de concert. [...] Les réfutations, qui furent faites
du Discours sur les sciences, et que nous allons rapidement résumer, sont pour deux raisons intéressantes à connaître : en elles-mêmes, elles sont parfaitement négligeables, car il nous importé peu de savoir comment tel académicien, de Nancy ou d'ailleurs, a refait pour la millième fois l'éloge des lettres et des arts. Mais
En juin 1751, ce même Mercure ayant publié des
En octobre 1751, on ne fait plus, seulement des Observations : c'est une réfutation en règle que publie cette fois le Mercure.
Elle avait été lue dans une séance de l'Académie royale de Nancy, par
La réponse de Rousseau (Lettre à Grimm) est dédaigneuse; il le prend de haut avec le professeur d'histoire de Nancy, à qui il ne réplique d'ailleurs qu'en s'adressant à Grimm. [...]
Après s'être dérobé sur « la question de fait », passant à la deuxième partie du Discours et de la Réfutation, il reprend le ton cavalier et en un style pressant et ferme, il réplique : « M. Gautier se contente, pour me réfuter, de dire oui partout où j'ai dit non : je n'ai donc qu'à dire encore non partout où j'avais dit non, oui partout où j'avais dit oui et, supprimant les preuves, j'aurai très exactement répondu. » C'est répondre, sinon « exactement » , au moins spirituellement. [...]
Voici maintenant
Que sera, et c'est ici qu'est pour nous l'intérêt de cette discussion, la réponse de Rousseau ? Va-t-il faire échec au Roi ? Il nous dit avec une satisfaction marquée : « Le second (de mes critiques) fut le roi Stanislas lui-même, qui ne dédaigna pas d'entrer en lice avec moi. L'honneur qu'il me fit me força de changer de ton pour lui répondre ; j'en pris un plus grave, mais non moins fort (?) ; et, sans manquer de respect à l'auteur, je réfutai pleinement l'ouvrage. » Il prétend savoir qu'un jésuite, le P. Menou, avait collaboré à l'ouvrage du prince et, se fiant dit-il à son tact, il sut très bien démêler ce qui était du prince et ce qui était du moine et cela lui permit de « tomber sans ménagement sur toutes les phrases jésuitiques ». A supposer que son « tact » ne l'ait pas trompé sur ce point, il l'a trompé lourdement en ceci que le public, qui n'était pas dans le secret, ne pouvait savoir ce qui, dans la réponse de Rousseau, était à l'adresse du roi et ce qui était destiné au jésuite ; et le tout retombait donc sur le dos
du bon Stanislas, lequel était, pour tous, l'auteur de la réfutation de Rousseau. [...]Son premier mot, après les remerciements pour l'honneur qu'on lui a fait, est pour reconnaître que le discours auquel il va répondre « est plein de choses très vraies et très bien prouvées »; et de ces choses-là, il y en avait beaucoup plus dans la critique de M. Gautier : mais M. Gautier « ne l'avait pas même compris. » Puis Rousseau veut bien reconnaître que la science est bonne en soi : ne vient-elle pas de Dieu ? Mais alors
pourquoi la proscrire? C'est qu'elle n'est pas faite pour l'homme.
Pour qui donc, grands dieux! est-elle faite ? ou plutôt par qui est-elle faite, si ce n'est par l'homme lui-même ?
[...]
Ce discours est une réfutation en règle du discours de Rousseau et il parut dans le Mercure de décembre 1751 et mai 1752. [...]
Rousseau dans ses Confessions (p. II, 1. VII), nous dit qu'il négligea sa correspondance avec Borde, et voici la conséquence de sa paresse : « on verra, dans M. Borde, jusqu'où l'amour-propre d'un bel esprit peut porter l'esprit de vengeance lorsqu'il se croit négligé. » Et ailleurs (1. VIII) : « J'avais tort (avec M. Borde) ; il m'attaqua, honnêtement toutefois, et je répondis de même. Il répliqua sur un ton plus décidé. Cela donna lieu à ma dernière réponse, après laquelle il ne dit plus rien. » Borde était mâté, veut nous faire entendre Rousseau. En réalité (et c'est là une singulière erreur de mémoire) Rousseau ne répondit pas au second discours de Borde. Nous n'avons
qu'un simple projet de réponse, cinq -ou six pages retrouvées par Streckeisen-Moultou (Œuvres et Correspond. inéd. de Rousseau, 1861, p. 315), où je ne relèverai que cette phrase qui se passe de commentaire : « Je crois (dans mon Discours) avoir découvert de grandes choses. » (2).
Rousseau cependant n'avait pas dit son dernier mot : il le fit connaître au public dans la Préface qu'il mit en 1752 à sa comédie de Narcisse. Dans cette préface, on ne sait ce qu'on doit admirer le plus, de la fermeté d'accent de l'orateur ou de la subtilité, j'allais dire : de la rouerie du dialecticien ; je ne crois pas vraiment, qu'avant cette brillante et déconcertante dissertation, on ait jamais employé à la fois tant d'habileté et tant d'esprit à se contredire et à se moquer du lecteur. Si nous demandons à Rousseau quelle conclusion, après tant de controverses, on doit enfin tirer de son Discours, et s'il faut décidément brûler les bibliothèques et les théâtres, fermer les collèges et les académies et tout ce qui recèle un poison scientifique ou littéraire : gardez-vous en bien, nous répond Rousseau : « mon avis est de laisser subsister et même d'entretenir avec soin les académies, les bibliothèques et les spectacles et tous les autres amusements qui peuvent faire diversion à la méchanceté des
hommes et les empêcher d'occuper leur oisiveté à des choses plus dangereuses... Car, lorsqu'il n'y a plus de mœurs, il ne faut songer qu'à la police... J'écrirai donc des livres et je ferai des vers. Il est vrai qu'on pourra dire quelque jour : (et Dieu sait si on le lui reprochera !) cet ennemi déclaré des lettres et des arts fit pourtant des pièces de théâtre »; et ce discours sera, je l'avoue, une satire très amère, non de moi, mais de mon siècle. » "
Vous trouverez ces documents sur le site de la Bibliothèque numérique de Genève.
A lire aussi : Jean-Jacques Rousseau / Jules Lemaître - Troisième conférence
Pour plus d'information, nous vous invitons à contacter une bibliothèque universitaire qui est plus susceptible d’être abonnée à des ressources scientifiques payantes. Ubib est un service de questions-réponses animé par une vingtaines de BU. Vous y trouverez peut-être une réponse plus adaptée à votre demande.
Bonne journée.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 05/02/2021 à 13h49
Bonjour,
Nous confirmons que l'introduction au Discours sur les sciences et les arts de François Bouchardy se trouve bien dans le tome 3 des Oeuvres complètes de Jean-Jacques Rousseau, des pages XXXVII à XLI.
Les contradicteurs de Rousseau ont bien reçu une réponse de sa part :
« Il [le Discours] a été composé en moins de six mois (octobre 1749 - mars 1750). Les réponses aux réfutations sont données en moins d’une année (juin 1751 – avril 1752). […]
Réserves, objections, réfutations se mêlant ou succédant aux approbations et aux louanges, Rousseau se sentit obligé de préciser sa pensée, de la compléter, de la tempérer aussi, en une série d’écrits qui s’ouvre avec la lettre à Raynal (juin 1751), se termine avec les réponses à Bordes et à Lecat (printemps 1752), ou plutôt se terminerait alors, s’il n’y fallait joindre la Préface de Narcisse (fin de 1752) et une préface restée inédite jusqu’au XIXe siècle d’une seconde lettre à Bordes qui n’a pas été écrite.
Narcisse et sa préface ont trouvé leur place dans le tome II de la présente édition. La préface d’une seconde lettre à Bordes sera donnée, comme il convient, à la suite des réponses de Rousseau. On aurait grand tort de négliger cette série d’écrits si l’on veut pénétrer plus avant dans une pensée qui s’explicite, s’éclaire et se complète progressivement »
Les réponses de Rousseau se trouvent à la suite du Discours sur les Sciences et les arts :
- Lettre à M. l’abbé Raynal : p. 31
- Réponse à Stanislas : p. 35
- Lettre à M. Grimm : p. 59
- Réponse à Bordes : p. 71
- Lettre à Lecat : p. 97
- Préface d’une seconde lettre à Bordes : p. 103
Si vous êtes abonné à la BmL, sachez que le document est empruntable au silo de la bibliothèque la Part-Dieu.
Bonne journée.
Nous confirmons que l'introduction au Discours sur les sciences et les arts de François Bouchardy se trouve bien dans le tome 3 des Oeuvres complètes de Jean-Jacques Rousseau, des pages XXXVII à XLI.
Les contradicteurs de Rousseau ont bien reçu une réponse de sa part :
« Il [le Discours] a été composé en moins de six mois (octobre 1749 - mars 1750). Les réponses aux réfutations sont données en moins d’une année (juin 1751 – avril 1752). […]
Réserves, objections, réfutations se mêlant ou succédant aux approbations et aux louanges, Rousseau se sentit obligé de préciser sa pensée, de la compléter, de la tempérer aussi, en une série d’écrits qui s’ouvre avec la lettre à Raynal (juin 1751), se termine avec les réponses à Bordes et à Lecat (printemps 1752), ou plutôt se terminerait alors, s’il n’y fallait joindre la Préface de Narcisse (fin de 1752) et une préface restée inédite jusqu’au XIXe siècle d’une seconde lettre à Bordes qui n’a pas été écrite.
Narcisse et sa préface ont trouvé leur place dans le tome II de la présente édition. La préface d’une seconde lettre à Bordes sera donnée, comme il convient, à la suite des réponses de Rousseau. On aurait grand tort de négliger cette série d’écrits si l’on veut pénétrer plus avant dans une pensée qui s’explicite, s’éclaire et se complète progressivement »
Les réponses de Rousseau se trouvent à la suite du Discours sur les Sciences et les arts :
- Lettre à M. l’abbé Raynal : p. 31
- Réponse à Stanislas : p. 35
- Lettre à M. Grimm : p. 59
- Réponse à Bordes : p. 71
- Lettre à Lecat : p. 97
- Préface d’une seconde lettre à Bordes : p. 103
Si vous êtes abonné à la BmL, sachez que le document est empruntable au silo de la bibliothèque la Part-Dieu.
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