couples d'anges masculins
Question d'origine :
Bonjour, Dans le livre À la croisée des mondes, on trouve un couple d'ange, nommés Balthamos et Baruch. Dans les récits qui entourent la Terre du Milieu (de Tolkien), on trouve aussi un duo d'Istari, les mages bleus, les Ithryn Luin, nommés Alatar et Pallando (The Peoples of Middle-Earth, p. 384-385.) — on peut associer les Istari à des anges envoyés par les Maiar pour éclairer la Terre du Milieu. J'aurais souhaité savoir si ces deux couples étaient issus d'une même inspiration (biblique ?), et s'il existait mention d'autres couples d'anges dans le reste de la littérature, qu'elle soit de fantasy ou non, voire même dans le reste des arts. Merci d'avance pour votre réponse,
Réponse du Guichet
Si l’on cherche dans les textes religieux que sont la Bible et le Talmud peu d’anges sont cités nommément si ce n’est Michel, Raphaël, Uriel et Gabriel. En revanche les deux textes mentionnent à plusieurs reprises que les anges sont légion et qu’ils se comptent en « milliers de milliers ».
Du côté de la religion musulmane, on va en revanche trouver un duo d’anges avec Mounkar et Nakir qui sont chargés d’interroger les âmes des pêcheurs dans leurs tombeaux pour les orienter ensuite vers le Paradis, l’Enfer ou le purgatoire.
Si l’on peut donc trouver trace d’un binôme angélique travaillant ensemble à une même tâche (la pesée des âmes), dans aucun de ces trois grands textes religieux ne figure un couple d’anges, et encore moins un couple d’anges masculins.
À cela deux raisons : premièrement les anges sont des créatures asexuées, et bien que leurs noms soient considérés comme masculins aujourd’hui, ils ne le sont pas eux-mêmes ; deuxièmement, ce sont des créatures supérieures, des messagers divins qui ne sont représentés que dans la tâche divine qui leur a été attribuée et de leur existence propre rien ne transparait dans ces textes. De fait, d’un point de vue littéraire, les anges interviennent en quelque sorte comme des deus ex machina.
Concernant les personnages de Baruch et Balthamos créés par Philip Pullman, certains ont avancé l’idée selon laquelle Baruch, qui dans le roman adopte une voie opposée à celle de son frère Enoch/Metaron, était ainsi nommé en référence au philosophe Spinoza qui avait lui-même une opinion religieuse très éloignée de celle de son propre frère Gabriel.
Si l’on regarde chez Tolkien, pour le grand spécialiste qu’est Leo Carruthers, ce ne sont pas les Istari qui font office d’anges, mais les Maiars eux-mêmes. En effet, le médiéviste auteur de l’essai Tolkien et la religion distingue les personnages démiurgiques que sont les Ainurs et les Valars au sens où ceux-ci ont un rôle d’architectes du monde, des Maiars qui sont leurs messagers angéliques. Dans cette optique, Pallando et Alastar en tant qu’envoyés des Maiars pourraient être considérés comme appartenant à la catégorie des anges mineurs.
Seules quelques phrases sont consacrées aux Mages bleus dans Contes et légendes inachevés et dans Histoires de la Terre du Milieu, trop peu hélas pour avoir une réelle idée de ce qui a pu les inspirer à Tolkien. On apprend cependant qu’ils sont également appelés Morinehtar (« Tueur de Ténèbres ») et Rómestámo (« Secours de l'Est »).
Dans la littérature contemporaine les anges tendent depuis une dizaine d’année à remplacer les vampires au sein de la littérature fantastique adolescente et young adult avec une production romanesque de plus en plus importante qui leur est consacrée (la saga Les anges déchus de Becca Fitzpatrick, Deux cierges pour le diable de Laura Gallego Garcia, Le baiser de l'ange d’Elizabeth Chandler, Nephilim de Fabien Clavel ou encore la série des Chansons du Séraphin d’Anne Rice pour n’en citer qu’une infime partie). Cependant, si relation amoureuse il y a dans ces romans, c’est de manière générale entre un ange et un humain, et celle-ci sera également la plupart du temps du type amour interdit ou amour contrarié.
Deux textes pourraient en revanche proposer un couple d’anges masculins amoureux : La chute de la maison aux flèches d'argent d'Aliette de Bodard, et De Bons Présages de Neil Gaiman et Terry Pratchett avec l'amour platonique et jamais vraiment avoué qui se développe entre l’ange Aziraphale et le démon Rampa, au sens où un démon n’est rien d’autre qu’un ange déchu.
Nous laissons le soin à nos collègues du département Civilisation de compléter et de préciser la partie de la réponse concernant les anges au sein des textes religieux, et vous souhaitons bonne chance dans vos recherches.
Réponse du Guichet
Bonjour,
Votre question porte sur les couples d’anges masculins.
En préambule il est à noter que la thématique du sexe des anges n’est pas forcément simple. Sur le plan iconographique, l'ange naît mâle : dans la Bible, les anges apparaissent sous des traits masculins.
Nous disposons dans le catalogue de la bibliothèque d’une grande variété de références sur les anges.
Nous nous sommes permis de vous signaler quelques ouvrages en particulier :
Les anges [Livre] : sagesse, guérison, destinée / Christine Astell
Les anges [Livre] / Djénane Kareh Tager
Ce que la Bible dit des anges [Livre] / David Jeremiah ; [préf. d'Alain Nisus]
Anges et démons [Livre] : repères iconographiques / Rosa Giorgi
Nous avons même trouvé la référence d’une thèse de Clémentine Denèle traitant de L’iconographie de Saint Michel archange dans les peintures murales et les panneaux peints en Italie (1200 –1518)
Mais à notre grand regret nous n'avons pas trouvé de mentions explicites de couples d'anges masculins.
Bonne journée à vous,
Réponse du Guichet
En complément d'un réponse déjà très complète du département arts, à notre connaissance et selon les ressources à notre disposition, nous n’avons pas trouvé d’études portant strictement sur une iconographie relative à “deux anges” ou “deux mages” comme vous le mentionnez dans votre question.
“ La figure des anges est particulièrement présente dans les cultures hébraïques, chrétiennes et musulmanes.”
Vous trouverez un article assez synthétique sur les anges dans l’art ainsi que cet
ouvrage.
Sur cette figure iconographique dans l’art chrétien, un nombre colossal d’ouvrages en histoire de l’art a été écrit. Parmi les études iconographiques, nous vous conseillons les titres suivants :
Sur les ailes de la beauté / Michael Lonsdale
Le livre d'or du paradis et de l'enfer / Rosa Giorgi ; traduit de l'italien par Dominique Férault
Dans l'art islamique, il existe également une iconographie d’anges (Malak), principalement dans l’art de la peinture miniature.
Nous vous conseillons à ce sujet l'ouvrage suivant : Génies, anges et démons
L'Islam et l'art musulman. On retrouve en particulier un couple d’ange : Harout et Marout.
Il est plus délicat de trouver des études d’iconographie profane sur les anges dans l'art. Nous n’avons pas trouvé de références faisant mention de ce type de personnages.
Réponse du Guichet
Dans la Bible, les anges sont avant tout définis par leur fonction.
Ils sont les messagers de dieu, et n’ont pas de raison d’être en dehors de cela.
Leur nature, matérielle ou immatérielle, a été étudiée par les théologiens des premiers siècles du christianisme jusqu’à ce que Thomas d’Aquin, dans sa somme Théologique, les considère définitivement comme substance purement spirituelle et incorporelle.
Par ailleurs, s’il admet que les anges ont des relations entre eux, c’est seulement afin de communiquer la connaissance de Dieu.
Selon cette conception, ils ne seraient ni masculins ni féminins, et ne pourraient nouer de relations entre eux dans le sens P. Pullman.
Pour une présentation de ses réflexions quant à la nature des anges, vous pouvez vous référer à la vidéo consacrée au sujet par le projet Aquinas.
Comme vous l’ont précisé nos collègues du département littérature, on trouve dans la bible peu d’anges nommément cités.
L’apocalypse mentionne
Enfin,
On peut également mentionner un texte plus tardif, appelé Le livre hébreux d’Hénoch. Il est centré autour d’un archange du nom de Metatron, et peut avoir influencé P. Pullman.
Dana Pouzanov, étudiante en Littérature anglaise à l’université d’Oxford, a consacré une étude (en anglais) aux sources religieuses de la figure des anges dans l’œuvre de P. Pullman.
Elle y défend la thèse que ses inspiration ne seraient pas directement bibliques, mais plutôt influencées par la gnose, en particulier par le texte l’ Hypostase des archontes, issu de la bibliothèque de Nag Hammadi.
Concernant plus spécifiquement les anges et leur comportement, elle considère que la source d’inspiration principale ne serait la non plus pas un texte biblique, mais le poème Paradis perdu, de John Milton.
Bonnes lectures,
Le département civilisation
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