Question d'origine :
d'aprés le livre de JOB le dieu des juifs et des chretiens n'aimait ni la mer ni les bateaux , alors que la terre sainte a une importante façade maritime avec la Méditerranée Merci pour vos informations
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 06/03/2021 à 08h37
Bonjour,
concernant le rapport du Dieu des juifs et des chrétiens à la mer et plus généralement à l’élément aquatique, rapportons-nous dans un premier temps aux travaux deChantal Reynier (professeure d’exégèse biblique) qui note dans son ouvrage «La Bible et la mer» (que nous vous recommandons chaleureusement) que « le peuple hébreu est avant tout un peuple de la terre ». Pour autant comme l’indique encore l’auteure, tous les livres de la Bible mentionnent la mer : « Israël voit la mer de la terre, pense la mer de la terre, et son regard sur elle est fonction du mystère de Dieu. »
De ce fait, il est sans doute incorrect de penser que Dieu « n’aime pas la mer » car il est avant tout considéré comme créateur de toutes choses et donc de tous les éléments. Reprenons donc la démonstration de Chantal Reynier : « Dieu est maître des éléments, il est en conséquence protecteur de l’homme au sein de la nature. Sa création relève d’un dessein créateur, d’une décision libre souveraine et heureuse. »
Du cœur de la tempête, Dieu le rappelle d’ailleurs à Job pour lui montrer sa toute puissance créatrice « qui a fermé la porte des flots de l’océan quand il naissait en jaillissant des profondeurs ? » ...mais également sa maîtrise de la mer : « tu iras jusqu’ici, n’avance pas plus loin, oui tes flots orgueilleux s’arrêteront là » (JOB 38,8-11).
Effectivement, la mer est souvent dans la Bible la métaphore des forces mauvaises et de l’inconnu trouble et dangereux. La mer est ainsi le repaire des monstres marins,Behemot et Léviathan , et la sagesse ne se trouve pas dans l’abîme est-il précisé dans le livre de Job (28, 14). La peur des eaux désigne également la crainte de l’ennemi selon Maurice Cocagnac dans son ouvrage « Les symboles bibliques ». Marc Girard dans «Les symboles dans la Bible » insiste également sur la valence négative de la mer mais contrecarrée toutefois par la domination de Dieu : « La mer est le lieu dans lequel Dieu a emprisonné les forces du mal et de ce fait il en garde toujours la maîtrise absolue ».
Pour finir sur ce point, rappelons que si l’eau est parfois signe de malédiction (le Déluge), elle est aussi une bénédiction :
«La fertilité du sol est liée à la pluie : elle irrigue les champs et remplit les puits des espaces désertiques pour abreuver les troupeaux. Au cours de la marche dans le désert, Dieu adoucira les eaux saumâtres ou fera jaillir l’eau fraîche du rocher. »
Sur la question de la situation géographique de la Terre sainte, revenons dans un premier temps sur l’article du journal La Croix intitulé " Ce que dit la Bible de la mer"
La journaliste Martine de Sauto rappelle ainsi que « Le peuple de la Bible, dont l'origine est le désert, n'a jamais été tourné vers la mer. En tant que peuple, il ne prend part à aucune conquête maritime ni même aux échanges économiques instaurés par ses voisins les plus proches. Il ne dépend pas de la mer pour assurer sa subsistance. Il n'a pas de culture maritime. Peut-être est-ce la raison pour laquelle en hébreu, un mot unique – yam – désigne toute étendue d'eau profonde: mer, lac, ou fleuve. »
Chantal Reynier toujours dans "La Bible et la mer" s’interroge également :
« Qui est donc ce peuple qui tout en côtoyant la mer, semble quasiment l’ignorer ?...Ce peuple arrive du désert et s’établit sous la conduite d’Abraham au IIe millénaire vers Canaan. Après l’exode, vers 1250, il s’installe dans le Sud, dans la région de Jéricho d’abord non loin des côtes. Si la méditerranée n’est pas l’horizon que regarde ce peuple, elle sert cependant avec la mer morte et le lac de Gennésareth à situer Canaan dans ses limites idéalisées ».
L’auteure poursuit en citant ainsi les Nombres (34,1-15) : " Vous aurez pour frontière maritime la grande mer, cette limite vous servira de frontière à l’Occident ".
La grande mer apparaît donc comme une limite et une frontière, pour autant sa proximité ne va pas faire du peuple hébreu un peuple « côtier ». Même la diaspora qui poussera certains juifs à chercher refuge dans des zones côtières ne favorisera pas ou peu le commerce maritime, de surcroit à un moment de l’histoire où les conditions de navigation sont extrêmement précaires.
Peut-être pouvons-nous tout de même nous référer à l’aventureux Paul de Tarse qui portera au Ier siècle après J.C., le message de Jésus sur les côtes d’Asie mineure et de la Grèce traversant même la mer de Jérusalem à Rome.
Pour aller plus loin :
"Le livre de Job" un commentaire du texte par Bertrand Pinçon
" Tempêtes : quatre récits bibliques de Chantal Reynier
" L'eau et le sang " de Jean-Marie Carrière
Bonnes lectures
concernant le rapport du Dieu des juifs et des chrétiens à la mer et plus généralement à l’élément aquatique, rapportons-nous dans un premier temps aux travaux de
De ce fait, il est sans doute incorrect de penser que Dieu « n’aime pas la mer » car il est avant tout considéré comme créateur de toutes choses et donc de tous les éléments. Reprenons donc la démonstration de Chantal Reynier : « Dieu est maître des éléments, il est en conséquence protecteur de l’homme au sein de la nature. Sa création relève d’un dessein créateur, d’une décision libre souveraine et heureuse. »
Du cœur de la tempête, Dieu le rappelle d’ailleurs à Job pour lui montrer sa toute puissance créatrice « qui a fermé la porte des flots de l’océan quand il naissait en jaillissant des profondeurs ? » ...mais également sa maîtrise de la mer : « tu iras jusqu’ici, n’avance pas plus loin, oui tes flots orgueilleux s’arrêteront là » (JOB 38,8-11).
Effectivement, la mer est souvent dans la Bible la métaphore des forces mauvaises et de l’inconnu trouble et dangereux. La mer est ainsi le repaire des monstres marins,
Pour finir sur ce point, rappelons que si l’eau est parfois signe de malédiction (le Déluge), elle est aussi une bénédiction :
«La fertilité du sol est liée à la pluie : elle irrigue les champs et remplit les puits des espaces désertiques pour abreuver les troupeaux. Au cours de la marche dans le désert, Dieu adoucira les eaux saumâtres ou fera jaillir l’eau fraîche du rocher. »
Sur la question de la situation géographique de la Terre sainte, revenons dans un premier temps sur l’article du journal La Croix intitulé " Ce que dit la Bible de la mer"
La journaliste Martine de Sauto rappelle ainsi que « Le peuple de la Bible, dont l'origine est le désert, n'a jamais été tourné vers la mer. En tant que peuple, il ne prend part à aucune conquête maritime ni même aux échanges économiques instaurés par ses voisins les plus proches. Il ne dépend pas de la mer pour assurer sa subsistance. Il n'a pas de culture maritime. Peut-être est-ce la raison pour laquelle en hébreu, un mot unique – yam – désigne toute étendue d'eau profonde: mer, lac, ou fleuve. »
Chantal Reynier toujours dans "La Bible et la mer" s’interroge également :
« Qui est donc ce peuple qui tout en côtoyant la mer, semble quasiment l’ignorer ?...Ce peuple arrive du désert et s’établit sous la conduite d’Abraham au IIe millénaire vers Canaan. Après l’exode, vers 1250, il s’installe dans le Sud, dans la région de Jéricho d’abord non loin des côtes. Si la méditerranée n’est pas l’horizon que regarde ce peuple, elle sert cependant avec la mer morte et le lac de Gennésareth à situer Canaan dans ses limites idéalisées ».
L’auteure poursuit en citant ainsi les Nombres (34,1-15) : " Vous aurez pour frontière maritime la grande mer, cette limite vous servira de frontière à l’Occident ".
La grande mer apparaît donc comme une limite et une frontière, pour autant sa proximité ne va pas faire du peuple hébreu un peuple « côtier ». Même la diaspora qui poussera certains juifs à chercher refuge dans des zones côtières ne favorisera pas ou peu le commerce maritime, de surcroit à un moment de l’histoire où les conditions de navigation sont extrêmement précaires.
Peut-être pouvons-nous tout de même nous référer à l’aventureux Paul de Tarse qui portera au Ier siècle après J.C., le message de Jésus sur les côtes d’Asie mineure et de la Grèce traversant même la mer de Jérusalem à Rome.
Pour aller plus loin :
"Le livre de Job" un commentaire du texte par Bertrand Pinçon
" Tempêtes : quatre récits bibliques de Chantal Reynier
" L'eau et le sang " de Jean-Marie Carrière
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