Je souhaiterais connaître l'origine de la pierre mise dans la "longue traboule"
Question d'origine :
Bonjour, je souhaiterais savoir s'il vous plaît d'où provient la pierre avec les chiffres 0 et 3 gravés, qui a été utilisée pour constituer la base d'un mur à l'intérieur de la 2ème cour de la "longue traboule" (en provenant de la rue Saint Jean vers la rue du Boeuf, dans le Vieux Lyon). La pierre est à l'envers. Logiquement elle ne devrait pas provenir du démantèlement d'une construction de Lugdunum, étant donné que les chiffres ne sont pas romains.
Merci pour votre précieux travail.
Réponse du Guichet
Nous n'avons trouvé aucune information fiable pour répondre avec précision à votre question. Il est cependant peu probable qu'il s'agisse d'une pierre issue du démantèlement d'un bâtiment ancien. L'inscription pourrait être une indication laissée par les carriers ou maçons pour la construction, comme les marques de tâcheron.
Bonjour,
Si l'on s'intéresse aux bâtiments traversés par cette longue traboule, le plan de datation du centre de Lyon montre une imbrication d'immeubles de différentes périodes. Les plus anciens datent du XVe siècles ; les plus récents de 1854. Or, l'inscription que vous mentionnez, située dans une cour, semble appartenir à la partie la plus ancienne de la traboule. Le bâtiment sur lequel elles se trouvent date de la Renaissance, comme en témoignent les très belles fenêtres à meneau.
Sur le sujet de l'architecture des maisons lyonnaises à la Renaissance, je vous invite à consulter : La maison de ville à la Renaissance, Paris, Picard, 1983.
On aperçoit les marques lapidaires qui vous intéresse sur cette photographie du fonds Lyon Figaro entre les deux fenêtres du rez de chaussée.
Vous signalez à juste titre que la pierre gravée "ne devrait pas provenir du démantèlement d'une construction de Lugdunum, étant donné que les chiffres ne sont pas romains". L'utilisation des chiffres romains se poursuit même bien davantage, tout au long du Moyen-Age. Si Sylvestre II introduit l'abaque et les chiffres arabes au Xe siècle, leur utilisation ne se répend qu'au XIVe-XVe siècle. L'usage courant des chiffres arabes étant donc concomittant avec la construction du bâtiment, il est peut probable qu'il s'agisse d'un fragment de date ou autre, gravé sur une pierre de réutilisation.
Il pourrait s'agir d'une marque de tâcheron. Ce terme recouvre de nombreux type de signes lapidaires, allant de l'identification du carrier à des indications de construction. Le guichet du savoir avait proposé une réponse approfondie sur ces marques lapidaires. Mais cela n'est pas certain non plus.
L'inscription pourrait être également ultérieure, mais dans ce cas comment expliquer qu'elle soit à l'envers.
Devant le peu d'information à notre disposition, nous avons contacté l'association Renaissance du Vieux Lyon qui œuvre à la conservation et à la rénovation du quartier depuis 1946. Nous espérons qu'ils puissent compléter notre réponse.