Que savez-vous des lavandières lyonnaises à la fin du XIXè siècle ?
Question d'origine :
Bonjour,
Pouvez vous me donner des renseignements sur le métier de lavandière fin du 19ème siècle à Lyon. Durée et conditions du travail, salaire, tout détail utile sur ce métier.
Avec mes remerciements.
Sylvie W
Réponse du Guichet
Nous n'avons pas trouvé beaucoup d'éléments d'information sur les lavandières lyonnaises de la fin du XIXe siècle mais nous vous conseillons de vous rendre à la Bibliothèque Denis Diderot de l’ENS qui conserve probablement des mémoires sur le sujet.
Bonjour,
A Lyon, les lavandières travaillent sur des bateaux appelés "plattes" :
Les plattes : ce sont des bateaux à fond plat permettant de laver directement le linge au contact de l’eau froide du fleuve. Cette pratique annonçant le métier de lavandières est exercée par tous les temps, en période de sécheresse comme en temps de crue. A partir de 1860, les bateaux lavoirs sont équipés d’une chaudière devenant ainsi de véritables blanchisseries. Le linge bout dans de grandes cuves avant d’être étendu sur la partie supérieure des bateaux. Le dernier bateau lavoir à Lyon, situé sur la rive gauche du Rhône en aval du pont Lafayette, a disparu au début des années 1950.
source : La batellerie sur le Rhône à travers les siècles
Numelyo propose deux photographies : Les "Plattes" du Rhône, vers 1900 et Les lavoirs sur le Rhône
On trouve quelques informations sur les blanchisseuses de Villeurbanne sur ce site : L'HISTOIRE - Les lavoirs, royaume des blanchisseuses mais pas l'équivalent pour les lyonnaises.
On trouve davantage d'informations sur les lavandières, blanchisseuses et lingères dans les travaux des historiens relevant du XVIIIe siècle. Quelques exemples :
Vivre à Lyon sous l'Ancien régime / Françoise Bayard
Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle / par Maurice Garden
Sur Paris, dans la 2e moitié du XIXe siècle, le salaire était de 4 francs par jour d’après ce document : Les lavoirs de Paris / J. Moisy alors qu'en 1855 il n'était que de 1, 5 - 2 francs :
A notre avis, cette profession devrait être exercée par les hommes. En toute saison, la laveuse n'en continue pas moins son travail, même pendant l'hiver. Les bateaux placés sur la Seine et les lavoirs reçoivent chaque jour une multitude de pauvres femmes qui ont a peine quelques instants de repos.–Salaire: 1 f. 50 c. et 2 f – Chômage : Les laveuses sont dans les mêmes conditions que les blanchisseuses de fin. Sauf celles qui sont employées dans les blanchisseries importantes, toutes les autres ne travaillent que deux ou trois jours dans ta même maison. - Dangers : Les maladies sont nombreuses et fréquentes dans cette profession. Les blanchisseuses de gros et les laveuses ont souvent les pieds dans l'eau et leurs mains sont continuellement plongées soit dans l'eau froide, soit dans l'eau chaude ce changement de température est souvent funeste. Ces ouvrières sont donc exposées aux affections de poitrine, à l'enrouement, aux coliques, aux rhumatismes,etc. Les repasseuses ont de violents maux de tête causés par la chaleur des fourneaux et des fers dont elles se servent. Les boutiques ou les chambres dans lesquelles cites travaillent ne sont point dans de bonnes conditions hygiéniques. La vapeur du charbon ne s'en allant pas assez promptement, force les repasseuses à ouvrir fréquemment les portes et les fenêtres, ce qui donne des courants d'air nuisibles à la santé. Toutes les blanchisseuses meurent jeunes et leur profession contribue pour beaucoup à cette mort prématurée.
source : La Presse - 13 février 1855
Le journal La Petite République du 26 juillet 1896 indique quant à lui les salaires des blanchisseurs parisiens en 1896 : 5 francs pour les hommes et 3 francs pour les femmes. Le nombre d'heures travaillées n'étant pas fixe : de 12 à 15 heures selon la charge de travail.
Pour en savoir plus sur les lavandières lyonnaises, nous vous conseillons de vous rendre à la Bibliothèque Denis Diderot de l’ENS qui, depuis 2006 conserve les fonds de 4 anciennes unités :
- le Centre Pierre Léon,
- le Centre André Latreille,
- le Centre d’histoire urbaine,
- le Centre d’études démographiques.
Ces anciennes unités du LARHA ont notamment travaillé sur l'histoire économique, l'histoire du travail, l'histoire rurale et urbaine et l'histoire des femmes de Lyon. Vous y trouverez donc des travaux d'étudiants (mémoires de master notamment) qui pourraient porter sur les lavandières, blanchisseuses, lingères de Lyon aux XVIIIe et XIXe siècles.
Vous trouverez peut-être quelques informations dans les documents cités dans cette réponse : Les métiers présents le long du Rhône à Lyon au XIXème.
Enfin, quelques articles sur le métier qui pourront probablement vous intéresser :
- « Blanchisseuses du propre, blanchisseurs du pur. Les mutations genrées de l’art du linge à l’âge des révolutions textiles et chimiques (1750-1820) » / Raphaël Morera et Thomas Le Roux, Genre & Histoire, 22 | Automne 2018
- Blanchisseuse, laveuse, repasseuse, la femme, le linge et l'eau : Ecomusée de Fresnes, 1er mars-6 septembre 1986 / Françoise Wasserman
- Bateaux-lavoirs, buanderies et blanchisseries en Alsace. Relations entre espaces publics, espaces privés / Bloch-Raymond Anny - Revue des sciences sociales de la France de l'Est, N°13, 1984. pp. 3-21.
- Les lavoirs de France et des Monts d'Or / Michel MATRAY
- Les blanchisseuses, lavandières et repasseuses
- Lavandières, vivandières ou buandières
Bonne journée.