Question d'origine :
Bonjour,
J'ai du mal à croire aux sacrifices, que ce soit Maya, Aztèque, etc...
Comment aurait été prouvé que les "victimes" étaient encore vivantes quand ils ont eu le cœur arraché, la tête coupé, etc ?
Peut-être que oui, pour les ennemis et les prisonniers, ils les torturaient mais au sein de leur propre peuple ? Des enfants ?? La mortalité infantile à ces époques étaient élevées, ce qui pourrait expliquer que les archéologues et autres chercheurs, est retrouvés beaucoup de corps d'enfants.
Ne serait-il pas plutôt possible que ce soit un rituel pour les morts ?
Sinon, qu'est-ce qu'ils faisaient de leurs morts, avaient-ils un cimetière ou un rite particulier ?
Merci d'avance,
Alestia
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 14/06/2016 à 12h33
Bonjour,
Avant tout, quelques précisions : les peuples et les cultures relevant des civilisations de la Méso-Amérique s'étendent sur plusieurs millénaires (2500 av. J.C.-1500 ap. J.C.). D'autre part, les sources que nous avons consultées proposent des analyses d'aires géographiques assez larges ; il est donc possible que les pratiques sacrificielles n'aient pas été similaires dans le temps et l'espace. Ces sources montrent que l'étude des civilisations mayas ou aztèques est rendue possible par l'iconographie (art monumental ou art mobilier) et l'épigraphie et pour la période postclassique récente des mayas comme pour la civilisation aztèque l'étude des codex ou les chroniques indigènes en caractères latins par exemple. Enfin, plusieurs textes du 16e siècle nous apprennent beaucoup d'éléments sur la religion des mayas (par exemple, Popol Vuh ou Chilam Balam traités dans une question précédente du guichet du savoir), car il est certain que ces pratiques sacrificielles s'inscrivent dans un cadre cultuel.
MAYAS
Le sacrifice : le rituel tel qu'on peut le déduire de l'archéologie et de l'iconographie apparait comme un ensemble de techniques destinées à agir sur l'univers et ses forces, personnifiées ou non. Chez les mayas, le sacrifice est le rite le plus important, le plus répandu, le plus fréquent et le plus chargé de sens. Fondamentalement, il est entendu comme le meilleur moyen de payer sa dette aux grandes puissances naturelles dont on a reçu les bienfaits, mais également comme un investissement à leur égard pour mériter les bienfaits à venir. Le sacrifice humain comprend deux moments : l'exécution proprement dite et l'offrande ou la présentation. Le sacrifice humain ne peut être séparé de l’auto-sacrifice, défini comme une effusion de sang réalisée volontairement sur soi.
Source : Les mayas / Claude-François Baudez
Certes, l'idée des sacrifices humains répugne à notre esprit, cependant on doit les considérer comme logiques si l'on part de la croyance que les dieux ont besoin de sang pour acquérir la force d'accomplir leur tâche et si l'on accepte le corollaire qu'un peuple pieux a le devoir de leur en fournir. D'après certains indices, la victime aurait été droguée, au préalable, tout au moins en diverses occasions. C'était peut-être pour lui épargner des souffrances, mais, beaucoup plus probablement, pour s'assurer qu'elle n'offrirait pas de résistance.
Source : Encyclopédie sur la mort : ce site cite la source suivante Grandeur et décadence de la Civilisation maya / J.E.S Thompson : vous y trouverez page 264 la description d'un sacrifice, issue d'un témoignage recueilli en 1562, et pour lequel il n'y a pas d'équivoque, la sacrifié est bien vivant...
Le sacrifice le plus couramment attesté est l'auto-sacrifice par saignée, notamment par automutilation. Certains documents montrent des souverains utilisant un couteau d’obsidienne ou un aiguillon pour s’entailler le pénis, dont il laissait couler le sang sur du papier contenu dans un bol. D'autres montrent que les épouses des rois prenaient aussi part à ce rite, en tirant par exemple une corde hérissée d’épines à travers leur langue. On faisait brûler le papier taché de sang, et la fumée qui s’en élevait établissait une communication directe avec le Monde des dieux.
Source : Wikipédia
Légende : Le linteau 24 de Yaxchilan montre un exemple de pratique rituelle de l'auto-sacrifice dans la civilisation maya : Dame Xoc y est représentée en train de faire passer à travers sa langue une corde hérissée de lames d'obsidienne afin d'imbiber de son sang du papier dont l'incinération lui servira ensuite à invoquer le Serpent-vision.
INCAS
Deux références montrant que le sacrifice comprend bien la mise à mort :
Cet article en anglais Archaeological, radiological, and biological evidence offer insight into Inca child sacrifice montre que la cause de la mort a parfois été due aux drogues (alcool, coca...)
Examination of three frozen bodies, a 13-y-old girl and a girl and boy aged 4 to 5 y, separately entombed near the Andean summit of Volcán Llullaillaco, Argentina, sheds new light on human sacrifice as a central part of the Imperial Inca capacocha rite, described by chroniclers writing after the Spanish conquest. The high-resolution diachronic data presented here, obtained directly from scalp hair, implies escalating coca and alcohol ingestion in the lead-up to death. These data, combined with archaeological and radiological evidence, deepen our understanding of the circumstances and context of final placement on the mountain top. We argue that the individuals were treated differently according to their age, status, and ritual role. Finally, we relate our findings to questions of consent, coercion, and/or compliance, and the controversial issues of ideological justification and strategies of social control and political legitimation pursued by the expansionist Inca state before European contact. (Les résultats de cette étude ont été relayées pour le grand public par le HuffingtonPost)
Dans les grandes occasions, les Incas sacrifiaient des enfants ou des jeunes gens. On sélectionnait les plus beaux d'entre eux, on les nourrissait bien, on les anesthésiait avec de grandes quantités de cocaïne, ou de la chicha, de l'alcool à base de maïs puis on les étranglait ou on les frappait jusqu'à la mort. (source)
AZTÈQUES
Pour conclure cet épisode sanglant, les documents consultés indiquent que les Mayas ont pratiqué les sacrifices humains à toutes les périodes de leur histoire, mais jamais à la même échelle que les Aztèques, qui "se vautraient dans le sang". Ces précisions sont rendues possibles du fait de l'époque récente du peuple aztèque '1200-1500 ap. J.C., et donc de sources plus importantes, notamment écrites, parfois par des témoins directs.
"Le sacrifice humain aztèque est la mise à mort d'êtres humains dans le cadre de la communication avec le surhumain. Cette étude vise à décrire le sacrifice et de le comprendre. Comprendre non pas les raisons profondes pour lesquelles les Aztèques y procédaient, mais la façon dont ils le pensaient, se l'expliquaient à eux-mêmes et se le justifiaient, et le cas échéant comment leurs interprétations ont pu évoluer"
Plus loin l'auteur explique que "dans certains cas du moins, les victimes étaient plus ou moins droguées, pour des raisons rituelles ou de déroulement correct de la cérémonie, et même parfois pour atténuer la douleur".
Source : Le sacrifice humain chez les Aztèques
Sources complémentaires :
Pop Wuh, le livre des événements
Pop Wooh : Popol Vuh, le livre du temps : histoire sacrée des Mayas Quichés
Une histoire de la religion des mayas ; du panthéisme au panthéon
Avant tout, quelques précisions : les peuples et les cultures relevant des civilisations de la Méso-Amérique s'étendent sur plusieurs millénaires (2500 av. J.C.-1500 ap. J.C.). D'autre part, les sources que nous avons consultées proposent des analyses d'aires géographiques assez larges ; il est donc possible que les pratiques sacrificielles n'aient pas été similaires dans le temps et l'espace. Ces sources montrent que l'étude des civilisations mayas ou aztèques est rendue possible par l'iconographie (art monumental ou art mobilier) et l'épigraphie et pour la période postclassique récente des mayas comme pour la civilisation aztèque l'étude des codex ou les chroniques indigènes en caractères latins par exemple. Enfin, plusieurs textes du 16e siècle nous apprennent beaucoup d'éléments sur la religion des mayas (par exemple, Popol Vuh ou Chilam Balam traités dans une question précédente du guichet du savoir), car il est certain que ces pratiques sacrificielles s'inscrivent dans un cadre cultuel.
MAYAS
Le sacrifice : le rituel tel qu'on peut le déduire de l'archéologie et de l'iconographie apparait comme un ensemble de techniques destinées à agir sur l'univers et ses forces, personnifiées ou non. Chez les mayas, le sacrifice est le rite le plus important, le plus répandu, le plus fréquent et le plus chargé de sens. Fondamentalement, il est entendu comme le meilleur moyen de payer sa dette aux grandes puissances naturelles dont on a reçu les bienfaits, mais également comme un investissement à leur égard pour mériter les bienfaits à venir. Le sacrifice humain comprend deux moments : l'exécution proprement dite et l'offrande ou la présentation. Le sacrifice humain ne peut être séparé de l’auto-sacrifice, défini comme une effusion de sang réalisée volontairement sur soi.
Source : Les mayas / Claude-François Baudez
Certes, l'idée des sacrifices humains répugne à notre esprit, cependant on doit les considérer comme logiques si l'on part de la croyance que les dieux ont besoin de sang pour acquérir la force d'accomplir leur tâche et si l'on accepte le corollaire qu'un peuple pieux a le devoir de leur en fournir. D'après certains indices, la victime aurait été droguée, au préalable, tout au moins en diverses occasions. C'était peut-être pour lui épargner des souffrances, mais, beaucoup plus probablement, pour s'assurer qu'elle n'offrirait pas de résistance.
Source : Encyclopédie sur la mort : ce site cite la source suivante Grandeur et décadence de la Civilisation maya / J.E.S Thompson : vous y trouverez page 264 la description d'un sacrifice, issue d'un témoignage recueilli en 1562, et pour lequel il n'y a pas d'équivoque, la sacrifié est bien vivant...
Le sacrifice le plus couramment attesté est l'auto-sacrifice par saignée, notamment par automutilation. Certains documents montrent des souverains utilisant un couteau d’obsidienne ou un aiguillon pour s’entailler le pénis, dont il laissait couler le sang sur du papier contenu dans un bol. D'autres montrent que les épouses des rois prenaient aussi part à ce rite, en tirant par exemple une corde hérissée d’épines à travers leur langue. On faisait brûler le papier taché de sang, et la fumée qui s’en élevait établissait une communication directe avec le Monde des dieux.
Source : Wikipédia
Légende : Le linteau 24 de Yaxchilan montre un exemple de pratique rituelle de l'auto-sacrifice dans la civilisation maya : Dame Xoc y est représentée en train de faire passer à travers sa langue une corde hérissée de lames d'obsidienne afin d'imbiber de son sang du papier dont l'incinération lui servira ensuite à invoquer le Serpent-vision.
INCAS
Deux références montrant que le sacrifice comprend bien la mise à mort :
Cet article en anglais Archaeological, radiological, and biological evidence offer insight into Inca child sacrifice montre que la cause de la mort a parfois été due aux drogues (alcool, coca...)
Examination of three frozen bodies, a 13-y-old girl and a girl and boy aged 4 to 5 y, separately entombed near the Andean summit of Volcán Llullaillaco, Argentina, sheds new light on human sacrifice as a central part of the Imperial Inca capacocha rite, described by chroniclers writing after the Spanish conquest. The high-resolution diachronic data presented here, obtained directly from scalp hair, implies escalating coca and alcohol ingestion in the lead-up to death. These data, combined with archaeological and radiological evidence, deepen our understanding of the circumstances and context of final placement on the mountain top. We argue that the individuals were treated differently according to their age, status, and ritual role. Finally, we relate our findings to questions of consent, coercion, and/or compliance, and the controversial issues of ideological justification and strategies of social control and political legitimation pursued by the expansionist Inca state before European contact. (Les résultats de cette étude ont été relayées pour le grand public par le HuffingtonPost)
Dans les grandes occasions, les Incas sacrifiaient des enfants ou des jeunes gens. On sélectionnait les plus beaux d'entre eux, on les nourrissait bien, on les anesthésiait avec de grandes quantités de cocaïne, ou de la chicha, de l'alcool à base de maïs puis on les étranglait ou on les frappait jusqu'à la mort. (source)
AZTÈQUES
Pour conclure cet épisode sanglant, les documents consultés indiquent que les Mayas ont pratiqué les sacrifices humains à toutes les périodes de leur histoire, mais jamais à la même échelle que les Aztèques, qui "se vautraient dans le sang". Ces précisions sont rendues possibles du fait de l'époque récente du peuple aztèque '1200-1500 ap. J.C., et donc de sources plus importantes, notamment écrites, parfois par des témoins directs.
"Le sacrifice humain aztèque est la mise à mort d'êtres humains dans le cadre de la communication avec le surhumain. Cette étude vise à décrire le sacrifice et de le comprendre. Comprendre non pas les raisons profondes pour lesquelles les Aztèques y procédaient, mais la façon dont ils le pensaient, se l'expliquaient à eux-mêmes et se le justifiaient, et le cas échéant comment leurs interprétations ont pu évoluer"
Plus loin l'auteur explique que "dans certains cas du moins, les victimes étaient plus ou moins droguées, pour des raisons rituelles ou de déroulement correct de la cérémonie, et même parfois pour atténuer la douleur".
Source : Le sacrifice humain chez les Aztèques
Sources complémentaires :
Pop Wuh, le livre des événements
Pop Wooh : Popol Vuh, le livre du temps : histoire sacrée des Mayas Quichés
Une histoire de la religion des mayas ; du panthéisme au panthéon
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