Pourquoi la façade de l'hôtel Saint-Paul dénote-elle par rapport aux autres façades de la rue et du Vieux Lyon en général ?
Question d'origine :
Je m'interroge encore sur les couleurs de la façade de l'hôtel Saint-Paul dans le Vieux Lyon...
Je vous avais déjà posé la question en 2015 suite aux travaux de réfection de celle-ci, mais j'ai besoin d'une réponse plus précise.
La façade de l'hôtel dénote par rapport aux autres façades de la rue et du Vieux Lyon en général ; pourquoi ce choix de couleurs (façade blanche / huisseries rouge) ? Est-ce par respect de la façade initiale ?
Merci de votre retour
Réponse du Guichet
Nous vous incitons à venir consulter le document signalé lors de votre question en 2015. Voici des éléments complémentaires.
Ainsi qu'indiqué dans la réponse à votre question précédente Hôtel Saint-Paul, le document Renaissance du Vieux Lyon : le journal (février 2007) donne beaucoup d'éléments de réponse (nous vous incitons à venir le consulter) :
« Au XVIe siècle la façade donnant sur la rue Lainerie devait présenter les caractéristiques des bâtiments de Lyon: présence de fenêtres à meneaux et traverses, équipées de verres à réseaux de plomb losangé; enduits aux couleurs claires (blanc, gris clair); sur certaines maisons présence probable de décors peints, notamment d’appareillages imitant l’opus quadatrum [..] ».
« Des traces d’appareillages en opus quadratum, sont visibles, avec des joints incisés dans l’enduit ».
« L’enduit de la façade est couvert de salissures et de croûtes noires, dues à la pollution. Même si cet enduit est relativement récent, il reste un témoin rare d’une culture architecturale qui a existé à Lyon durant une longue période allant probablement du XVIe siècle au XVIIIe siècle ».
« La façade, telle qu’elle se présente avant la restauration, est caractérisée par sa couleur blanche et les traces de faux incisés dans l’enduit. L’ensemble fait un «savoureux» contraste (si on peut se permettre l’expression) avec les immeubles voisins, restaurés et peints de teintes vives et chaudes (ocres, rouges, jaunes…) (5) »
« (5) Restauration des années 1970 / 1980 »
« La restauration est soutenue par une études approfondie de l’édifice et adaptée à un budget de travaux limité. »
« L’analyse ayant montré que les fenêtres des niveaux 1, 2 et 3 étaient à «meneaux et travers» mais que cette disposition a été modifiée entre le XVIIIe et le XIe siècle, nous proposons de rétablir les croisées (meneaux et travers) afin de retrouver la composition de cette architecture. Les dessins de projet montrent le choix de mettre en œuvre des croisées en acier, réalisées avec différents profils d’acier peint (profilés reconstitués et soudés). Ces profils d’acier, une fois assemblés, s’intégreront dans la façade par le jeu de l’ombre et de la lumière, ainsi que par la couleur. Ils entreront en dialogue avec les chambranles en pierre des fenêtres du XVIe siècle.
Le choix d’un matériau différent, l’acier peint (thermo laqué), permet de conserver l’authenticité des parties anciennes tout en actualisant l’édifice par son inscription dans le XXIe siècle. Ce système répond aussi à une approche de réversibilité. En outre, le choix de l’acier est motivé par le respect de l’économie du chantier. Des meneaux et traverses en pierre, avec des profils identiques à ceux d’origine, eurent été plus onéreux. »
Nous ne pouvons reproduire en intégralité ce document. Pour la même raison, nous vous signalons deux articles du journal Le Progrès, consultable à distance pour les abonnés de la Bibliothèque municipale de Lyon :
- "L'hôtel Saint-Paul", mémoire architecturale du Vieux-Lyon (Le Progrès, Laurence Bufflier, 23-12-2006)
"Depuis qu'elle a été restaurée, la façade blanche de l'Hôtel Saint-Paul fait parler d'elle tant elle détone avec les tons chaleureux du Vieux-Lyon. Et pourtant, elle est peut-être la seule à respecter l'histoire du quartier."
- Patrimoine, environnement et architecture contemporaine (Le Progrès, 15-06-2007)
"Anticiper la mutation énergétique dans un territoire de traditions architecturales, faire entrer les préoccupations environnementales dans l'acte de construction, telles sont des règles essentielles que les architectes associés Nicolas Detry et Pierre Levy se sont fixées".
Nous avons contacté l’UDAP Unité départementale de l’architecture et du patrimoine du Rhône et de la métropole de Lyon. Ce service nous a indiqué que, pour instruire un déclaration préalable de travaux en secteur sauvegardé comme c’est ici le cas, des études sont parfois nécessaires et demandées par l’Architecte des Bâtiment de France. Un architecte du patrimoine (ici Detry-Levy & Associés exécute alors ces études pour le compte de la maîtrise d’ouvrage.
Quand elles ont eu lieu, vous pouvez consulter les archives de ces études au service Urbanisme appliqué de la Ville de Lyon.
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