Question d'origine :
Bonjour,
Les portes des chambres à gaz servant à assassiner les gens dans les camps de concentration durant la seconde guerre mondiales étaient-elles munies d'oeillets ou de sortes de judas permettant de regarder à l'intérieur ?
Je viens de lire une bd ou le personnage principal regarde par ce procédé dans une de ces chambres à gaz.
Est-ce réaliste ?
Merci par avance pour votre réponse,
Luc
Réponse du Guichet

L’illustration qui vous a surpris dans la BD que vous avez lue correspond à une réalité tout à fait avérée, non seulement dans les témoignages des déportés, mais aussi dans ceux des autorités militaires américaines, lors de la découverte des camps, ainsi que dans les documents administratifs allemands retrouvés dans certains camps.
« Tout ce que vous allez lire, je l’ai reconstitué d’après les récits de témoins vivants, les déclarations d’hommes qui ont travaillé à Treblinka depuis sa création jusqu’au 2 août 1943, jour où les condamnés à mort se révoltèrent, brûlèrent le camp et s’enfuirent dans les bois. » (…)
« Au bout de vingt à vingt-cinq minutes, les acolytes de Schmidt
Vous pouvez vous reporter à l’ouvrage Les chambres à gaz secret d’état :
« Ces mêmes portes seront décrites de manière encore plus précise dans une lettre de Bischoff adressée à D.A.W. le 31 mars 1943 : « Nous vous indiquons que les trois portes étanches aux gaz faisant l’objet de la commande du 18 janvier 1943 doivent être construites exactement selon les mêmes dimensions et particularités que les portes déjà livrées.
« A cette occasion, nous vous rappelons une autre commande du 6 mars 1943 portant sur la livraison d’une porte étanche aux gaz 100/192 pour la morgue n°I du crématorium III. Cette porte doit être identique à celle de la porte de la cave du crématorium II situé en face ; elle doit être
« De là, tout nu, il pénétrait par un étroit couloir dans les chambres à gaz proprement dites, au nombre de deux, construites en béton armé. (…) Par une petite lucarne située dans la double porte en chêne massif, les SS pouvaient suivre l’effroyable agonie de tous ces malheureux. » [Témoignage du Dr Bendel, Auschwitz] (p. 205-206)
Au chapitre intitulé « Les gazages dans d’autres camps », et dans le passage concernant le camp de Mauthausen, on peut lire : « A peu près quinze minutes après l’admission du gaz dans la chambre, l’accusé Roth constatait par
Et plus loin, le témoignage du Hauptsturmführer SS Josef Kramer, sur des faits concernant le camp du Struthof, et sur lesquels il fut entendu en juillet 1945 : « Assisté de quelques SS, je les fis complètement déshabiller et les poussai dans la chambre à gaz alors qu’elles étaient toutes nues. (…) J’allumai la lumière à l’intérieur de la chambre à l’aide d’un commutateur (…) et j’observai
A la page 37 d’ Un dimanche à Auschwitz , vous apercevrez très nettement l’œilleton de surveillance situé au centre de la porte d’entrée d’une chambre à gaz.
Citons enfin ce passage de l’ouvrage de Germaine Tillion Ravensbrück concernant la chambre à gaz de Dachau, établi d’après le rapport du capitaine Fribourg qui fit partie de l’unité américaine qui délivra Dachau :
« … une salle dite « de douches » (avec inscription peinte Brausebad) (…) pas de fenêtre mais un regard cylindrique vitré, deux portes métalliques (…) Près du regard cylindrique, à gauche, se trouvait une boîte rectangulaire en fonte contenant un bouton vert et un bouton rouge, et à droite un panneau lumineux à quatre feux : rose, orange, blanc et rouge (…) (p. 437)
Le judas permettant la surveillance de ce qui se passait à l’intérieur de la chambre à gaz est très visible sur le Moulage de porte de chambre à gaz de Majdanek, que vous pouvez consulter sur le site du Mémorial américain de la Shoah : United State Holocaust Memorial Museum

(image issue de cette page que vous pouvez agrandir en cliquant sur "See artifact" sur cette page)
"Ce moulage d'une porte de chambre à gaz du centre d'extermination de Majdanek, près de Lublin, en Pologne, fut commandé par le Musée américain du mémorial de la Shoah. Majdanek fonctionnait comme camp de concentration, camp de travail forcé, et centre d'extermination. Chaque chambre à gaz de Majdanek était équipée d'une porte métallique étanche, et était verrouillée avant que le gaz ne fût introduit dans la chambre. Les gardes SS pouvaient observer le processus d'extermination par les judas aménagés au centre, au sommet de la porte." (Landesbildstelle Berlin)
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