Comment fonctionnent les systèmes internationaux d'informations agricoles ?
Question d'origine :
Les grands systèmes internationaux d'informations agricoles : comment-ont-ils évolué ? répondent-ils davantage aux besoins des acteurs de l'agriculture ? quels sont les enjeux des TIC dans leur transformation ?
Réponse du Guichet
L’agriculture aujourd’hui n’est pas étrangère aux technologies de l’information et si pendant très longtemps ces deux domaines ont pu sembler très éloignés l’un de l’autre, le rôle des technologies de l’information dans le secteur agricole est désormais évident. On parle d'agrotech, ou d'agriculture connectée. Parmi ces technologies, les systemes internationaux d'informations de marchés jouent un rôle essentiel aujourd'hui en particulier dans les agricultures des pays en voie de developpement et ouvent des perspectives intéressantes pour la transition agro-écologique .
Réponse du département Société
Voici plusieurs sources que vous pouvez consulter pour avoir un point de vue sur l'intégration des TIC dans l'agriculture contemporaine.
L’agriculture aujourd’hui n’est pas étrangère aux technologies de l’information et si pendant très longtemps ces deux domaines ont pu sembler très éloignés l’un de l’autre, le rôle des technologies de l’information dans le secteur agricole est désormais évident.Cette nouvelle agriculture de précision utilise différentes technologies informatiques: technologie satellitaire, systèmes d’information géographique, la télédétection, les techniques d’agronomie et la science des sols, les logiciels exploitation agricole…
Parmi ces technologies,le système d’information est largement intégré à l’agriculture: il vise à améliorer la qualité des produits agricoles, la protection des cultures et in fine la productivité et à faciliter la prise de décision des agriculteurs en leur fournissant des données nécessaires. L’Organisation mondiale du commerce a ces dernières années promu la technologie de l’information en tant que partie intégrante du secteur agricole dans le monde entier (voir LiberAD )
Les Systèmes d’Information de Marchés sont destinés à améliorer le fonctionnement des filières agricoles en apportant informations et conseils aux agriculteurs pour mieux commercialiser les produits agricoles et ainsi améliorer les revenus en réduisant les risques commerciaux. Le SIM recueille, traite et diffuse des informations sur la situation et les dynamiques des marchés agricoles afin d’améliorer les politiques publiques à travers la sensibilisation des réalités du marché et par ce biais induire une répartition plus juste et plus efficace des ressources.(voir LiberAD )
Le système d’information sur les marchés agricoles AMIS a été lancé en 2011 à l’initiative des Ministres de l’agriculture du G20 pour rassembler les pays commercialisant des denrées alimentaires et répondre au défi de la volatilité mondiale des prix de ces denrées de base (essentiellement le blé, le maïs, le riz et le soja). C’est un système d’information mondial et ouvert relatif aux marchés agricoles. Il évalue la situation de l’offre alimentaire mondiale, analyse les marchés et fait des prévisions aux niveaux national et international. Ce n’est pas une nouvelle organisation internationale mais une sorte forum, plateforme d’échange permettant aux acteurs de travailller ensemble en vue d’améliorer la fiabilité, la ponctualité et la fréquence des données et pour faciliter la coordination des politiques sur les marchés internationaux des produits de base pour éviter par exemple des hausses inattendues des prix et renforcer ainsi la sécurité alimentaire. En effet, des fluctuations brutales des cours mondiaux des denrées alimentaires de base ont fait ressortir, entre autres, le manque d’informations fiables et actualisées sur la production agricole, son utilisation, les stocks et les disponibilités pour l’exportation. Il est géré par un secrétariat conjoint hébergé par la FAO mais financé par neuf organisations internationales (FAO, FIDA, OCDE, CNUCED, PAM, Banque mondiale, OMC, IFPRI et Équipe spéciale de haut niveau sur la crise alimentaire mondiale).
Source AMIS - Système d’information sur les marchés agricoles / Office fédéral suisse de l’agriculture
Dans les pays en développement, les systèmes d’informations sur les marchés visent à :
- aider les agriculteurs pour suivre les tendances du marché et s’assurer que leurs produits répondent à la demande
- renforcer le pouvoir de négociation des petits producteurs
- réduire les risques liés à la commercialisation
- faciliter la décision de déstockage des produits agricole
- vérifier que les prix offerts sont conformes au cours du marché
- améliorer l’accessibilité et la disponibilité des aliments
"Les informations du SIM peut être utilisées par les agriculteurs pour guider leurs décisions de productions et de commercialisation : choix de quoi, de quand et d’où vendre sur la base des informations de marché. Cette information peut ainsi réduire les risques du marché. En outre, comme la puissance du marché de petit agriculteur est entravée par le manque d’information sur les niveaux des prix et les changements à des points différents de la chaine de commercialisation, le renforcement de l’accès à l’information pour les petits paysans peut améliorer la position de négociation des agriculteurs."
(Source Farmaf)
Pour en savoir plus sur cet aspect précis du rôle des SIM dans les pays en développement (PED) voir :
Galtier Franck,David-Benz Hélène,Subervie Julie,Egg Johny. 2014. Les systèmes d'information sur les marchés agricoles dans les pays en développement : nouveaux modèles, nouveaux impacts. Cahiers Agricultures,23(4-5): 245-258. dont voici le résumé : les systèmes d'information sur les marchés (SIM) agricoles se sont développés en deux phases. Une première génération de SIM est apparue dans les années 1980 au moment de la libéralisation des agricultures des PED et une seconde génération l'a suivie dans les années 2000 sous l'impulsion de différents facteurs, notamment les difficultés rencontrées par les SIM de la première génération pour atteindre leurs objectifs, les nouvelles possibilités offertes par le développement des TIC - Internet et téléphonie mobile - et l'organisation croissante des opérateurs privés (organisations de producteurs, interprofessions). Alors que les SIM de la première génération (SIM1G) étaient pour la plupart construits sur le même modèle, les SIM2G (qui ont développé de nombreuses innovations techniques et organisationnelles) présentent une grande diversité de modèles. Quelles sont les principales innovations développées par les SIM de seconde génération ? Quels sont les principaux modèles de SIM existant actuellement ? Dans quelle mesure ces nouveaux modèles permettent-ils de répondre plus efficacement que leur prédécesseur aux objectifs qui leur ont été assignés (améliorer le fonctionnement des marchés et/ou nourrir les politiques publiques en information de marché) ? Que sait-on des impacts de ces dispositifs ?
Les systèmes d'information permettent aussi la diffusion des connaissances liées à la transition agro-écologique en fournissant à ceux qui prennent ce virage, des sources de connaissances interactives, régulièrement enrichies, qui portent sur tous les enjeux locaux et qui capitalisent les retours d’expériences.Voir à ce titre le Livre blanc Systemes d'informationspour la diffusion des connaissances liées à la transition agro-écologique.
Plus globalement sur l'agriculture de précision, digiltale, me smart farming, l'AgTEch ...
Les technologies numériques ont bouleversé la manière dont les agriculteurs conduisent leurs exploitations en agissant sur la performance de l’exploitation, la traçabilité et gestion des impacts environnementaux de la production, la limitation des efforts physiques. Le numérique fait donc partie intégrante de la vie des agriculteurs. Voir à ce sujet cette analyse des effets de l'apparition et du développement des outils numériques (applications, bases de données, équipements connectés) sur le travail agricole et sur la compétitivité des exploitations. Les auteurs évoquent les enjeux technologiques ainsi que les conséquences économiques et sociologiques : Les agriculteurs dans le mouvement de numérisation du monde : enjeux économiques et sociologiques / ouvrage collectif coordonné par Karine Daniel, Nicolas Courtade ; rédacteurs, Nejla Ben A...Le détail du contenu des chapitres est ici.
Avec la généralisation de l’utilisation du web par les agriculteurs –ageekculteurs ou agrinautes-, on parle aujourd’hui d'agriculture connectée.
Emmanuel Diner, fondateur d’« Agriculture Connectée Magazine » en a donné la définition suivante : “l’Agriculture Connectée", représente l’ensemble des technologies et des services qui permettent de faire fonctionner ensemble les outils agricoles, ou qui sont utilisés par ces mêmes outils, par un lien non mécanique”. Pour résumer, des outils parfois utilisés de façon indépendante sont désormais intégrés à un seul système centralisé. (source: L’agriculture connectée entre IoT et Big Data).L’agriculteur connecté a un usage mobile du web, il consulte les réseaux sociaux, échange sur les forums d’agriculteurs, s’informe des cours de marchés, de la météo, achète du matériel agricole, vend ses produits en ligne… Cette tendance se développe avec les jeunes agriculteurs qui ont grandi avec consoles, ordinateurs et internet !
Cette infographie du ministère de l'agriculture donne des chiffres éclairants :
- 79% des agriculteurs utilisent internet pour leur activité ;
- 46% des agriculteurs utilisent un navigateur GPS sur leur tracteur pour améliorer la précision de ses travaux ;
- 800 000 hectares de culture sont observés par satellite pour économiser des engrais chimiques dans le cadre du projet Farmstart ;
- 50% des producteurs de lait français s'installent avec un robot de traite dans leur exploitation ;
- 8 000 robots de traite sont en activité dans les élevages ;
- 13 Digifermes testent et évaluent les outils connectés et accueillent près de 30 000 agriculteurs conseillers ;
- 630 start-up de l'AgTech et FoodTech sont recensées en 2019 ;
- 1 300 chercheurs en robotique travaillent en France.
Source : ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. 2021.
Voici aussi quelques exemples d’ actions des Chambres d’agriculture liées à l’agriculture connectée.
En ce qui concerne les propositions destart up en matière deservices innovants aux entreprises agricoles, voir cet article de la revue Entreprendre, Comment l’agriculture connectée s’impose en France .
Dans le cadre de la réflexion sur le Livre blanc INRIA / INRAE, une journée d’étude a été proposée surl’intelligence artificielle en agronomie. Vous trouverez ici quelques éléments d’information et en particulier une série d’infographies pertinentes pour illustrer la place que tient aujourd’hui le numérique dans ce domaine.
Agriculture connectée, pour qui pour quoi? Pascal Parache, revue Pour2018/2-3 (N°234-235), pages 103 à 111
L’agriculteur du XXIe siècle est donc non seulement un chef d’exploitation, mais aussi un commercial, un manager, un technicien et aussi un communicant !
Le #co-farming
Le numérique permet également à un nombre toujours plus grand d’agriculteurs de reprendre possession via les réseaux sociaux de leur métier, de le présenter positivement: le #co-farming semble se développer car il répond à un vrai besoin. L'ouvrage Agroeconomicus : manifeste d'agriculture collabor'active / Hervé Pillaud est consacré à ce sujet : Dans un premier ouvrage, Agronumericus internet est dans le pré, Hervé Pillaud montrait comment le numérique entrait dans l'agriculture. Dans ce nouvel essai, il esquisse comment après avoir adopté le numérique, l'agriculture va devoir entrer dans l'ère du numérique grâce aux plateformes, aux blockchains, à l'économie collaborative. Ces outils vont contribuer à nous faire passer d'une agriculture intensive en utilisation d'intrants à une agriculture intensive en utilisation de connaissances mais ce sont les hommes qui feront la différence. Nous allons assister au retour de l'humain dans l'écosystème numérique avec de réelles opportunités de choix, de partage, de liberté d'achat et de vente, de travail indépendant, de développement de la créativité collective.(source: éditeur)
Vous pouvez aussi consulter ce rapport du CGAAER qui analyse les impacts potentiels du numérique sur quatre métiers importants au sein du ministère et, plus largement, les conditions de sa transformation numérique :L’impact de la transformation numérique sur les métiers du ministère de l’agriculture et de l’alimentation.
Enfin, l'article «À chacun son métier», les agriculteurs face à l’offre numérique, Caroline Mazaud, dans Sociologies pratiques 2017/1 (N°34), (pages 39 à 47) s'attache à étudier d'un point de vue sociologie la prise en main par les agriculteurs de ces outils: l'offre d'outils numériques proposée aux agriculteurs ne cesse d'augmenter, laissant augurer des gains considérables. Mais qu'en est-il dans les faits? Pourquoi et pour quels usages les agriculteurs adoptent-ils ces nouvelles technologies? Quels en sont les effets sur le travail? À partir de deux études de cas, cet article montre que la mobilisation d'outils numériques par les agriculteurs se fait compte tenu de leur trajectoire et en lien avec la représentation qu'ils se font de leur métier. Ainsi les catégories d'«innovants» s'opposant à des «réfractaires» sont inadaptées car un même individu pourra avoir des comportements très variables selon l'usage qu'il pourra faire ou non de tel ou tel outil. Finalement, on remarque que le numérique révèle et accompagne des transformations déjà à l'oeuvre au sein des mondes agricoles.
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