Comment définit-on le genre des individus d'une espèce qu'on vient de découvrir ?
Question d'origine :
Définition du genre
Bonjour,
Admettons que l'on découvre une nouvelle espèce animale.
Sur quels critères déciderait-on quel est l'individu mâle et quel est l'individu femelle ?
Merci !
Réponse du Guichet
Il faut tout d'abord pouvoir déterminer le moyen de reproduction de l'animal. Si c'est un mode de reproduction sexuée, l'observation de différences physiques ou comportementales entre les sexes que l'on appelle le dimorphisme sexuel permettront de distinguer l'individu femelle de l'individu mâle.
Bonjour,
Cela peut paraître surprenant mais dans un premier cas pour répondre à la question de savoir distinguer les mâles des femelles dans une population d'une nouvelle espèce animale, il faut vérifier si cette population a des mâles et des femelles distincts.
Imaginons que l'on découvre une nouvelle population de coraux (hé oui les coraux sont des animaux, groupe des radiaires, embranchement des cnidaires). On sait maintenant que les coraux ont des moyens de reproduction différents suivant les variétés et pour certaines il n'y a pas de distinction de sexe par individu. Voici un aperçu rapide de la sexualité débridée des coraux, extrait du site Coralguardian.org :
La reproduction asexuée par bourgeonnement
Chaque corail est constitué d’une multitude de polypes (1 à 3 mm de diamètre chacun) tous génétiquement identiques. Chaque polype s’autoreproduit de manière asexuée (sans fécondation) par bourgeonnement. C’est-à-dire qu’une excroissance du polype « parent », appelée propagule sexuel, se développe et donnera naissance à un nouveau polype, un clone qui sera génétiquement identique au polype parent.
Une fois que le corail atteint un certain âge et une certaine taille, le cycle de la reproduction sexuée commence et a lieu 1 à 2 fois par an afin de conquérir de nouveaux récifs.
Quatre modes de reproduction sexuée chez les coraux
Les quatre modes de reproduction varient selon l’espèce du corail et sont :
(1) la fécondation externe & hermaphrodisme ;
(2) la fécondation externe & gonochorisme ;
(3) la fécondation interne & hermaphrodisme ;
(4) la fécondation interne & gonochorisme. Les voici en détails :
-Le gonochorisme est un mode de reproduction où un individu est porteur d’un seul sexe (mâle ou femelle) durant toute sa vie.
-L’hermaphrodisme est l’opposé du gonochorisme car les individus possèdent les deux sexes ou changent de sexe au cours de leur vie.
-Les coraux se reproduisent aussi par reproduction externe en libérant des gamètes (les spermatozoïdes et ovules) dans l’eau où la fertilisation et le développement larvaire auront lieu.
-Enfin, pour les espèces où la fécondation entre le gamète mâle et femelle est interne, ils libèreront une larve planula dans l’eau (appelée planulation) une fois son développement en interne accompli.
Mais restons sur le cas plus classique et admettons que nous découvrons une nouvelle espèce animale qui s'avérera être après étude composée de mâles et femelles. Il faudra pour les différencier étudier ce que l'on appelle le dimorphisme sexuel parmi les individus, à savoir les différences physiques ou de comportement observables entre des individus qui permettront de séparer les mâles des femelles. Pour être plus précis, donnons ci-dessous la définition du dimorphisme sexuel extraite du Dictionnaire de biologie de Jacques Berthet :
"Dimorphisme sexuel : ensemble des caractères qui distinguent les sexes d'une espèce. Il porte nécessairement sur les caractères sexuels primaires (appareil reproducteur) ; il comprend souvent des caractères sexuels secondaires concernant la taille, la forme, la couleur et le comportement (soins à la progéniture, parade nuptiale). Le dimorphisme des mammifères et des oiseaux est d'autant plus prononcé qu'il y a de la concurrence dans la recherche d'un partenaire sexuel (espèces polygames), tandis qu'il est atténué lorsque l'espèce forme des couples monogames durables. Le dimorphisme des vertébrés est principalement sous contrôle hormonal (testostérone, œstrogènes)."
La fin de la définition introduit la détermination du sexe chez les invertébrés. Il est bon de se pencher de plus près sur la population d’une nouvelle espèce repérée, non pas avec une loupe mais plutôt avec un microscope. C’est une conclusion évidente à la lecture, toujours dans le Dictionnaire de biologie, de l'entrée "Détermination du sexe" :
Détermination du sexe : mécanisme déterminant le sexe des individus d'une espèce dont les sexes sont distincts. Le sexe des mammifères, des oiseaux et de beaucoup d'autres vertébrés est déterminé par la présence des chromosomes sexuels X et Y, l'individu homogamétique (XX) étant d'un sexe (femelle chez les mammifères, mâle chez les oiseaux), l’individu hétérogamétique (XY) étant de sexe opposé.
De nombreux invertébrés ont aussi des chromosomes sexuels mais le mécanisme de détermination du sexe est plus complexe. Chez la mouche drosophile par exemple, le sexe est déterminé par le rapport entre les déterminants féminisants du chromosome X et les déterminants masculinisants portés par les autosomes (chromosomes non sexuels).
Certains poissons ont des gonades (organes sexuels produisant les gamètes) qui sont partiellement mâles et partiellement femelles ; les deux parties se différencient parfois simultanément (poissons hermaphrodites), plus souvent successivement : selon les espèces les individus jeunes sont femelles (protérogynie) et deviennent mâles en vieillissant ; ou c’est l’inverse (protérandrie).
Des facteurs environnementaux peuvent orienter l’orientation sexuelle d’un individu. Ainsi la larve de Bonellia (ver marin) devient femelle si elle se fixe sur un substrat rocheux, et mâle si elle se fixe sur la trompe d’une femelle !
En conclusion, il est toujours possible de déterminer le sexe des individus d’une nouvelle espèce (quand cette espèce a bien un mode de reproduction sexuée), mais il faut l’étudier d’abord avec circonspection et parfois à plusieurs stades de la vie des individus composant l’espèce.
En effet, la sexualité de certaines espèces peut s’avérer parfois surprenante, comme le montre bien l’ouvrage Sexus animalus d’Emmanuelle Pouydebat superbement illustré par Julie Terrazzoni.
Cordialement.