Quelle est la philosophie du destin (et du temps) de Jules Vuillemin ?
Question d'origine :
Quelle est la philosophie du destin (et du temps) de Jules Vuillemin ?
Réponse du Guichet

Nous vous proposons dans cette réponse des pistes bibliographiques sur le destin et le temps dans les écrits de Jules Vuillemin.
Bonjour,
Le Dictionnaire des philosophes de l'Encyclopaedia universalis mentionne très brièvement l'ouvrage de Jules Vuillemin Le sens du destin :
Les premiers ouvrages (Essai sur la signification de la mort, 1948 ; Le Sens du destin - avec L. Guillermit -, 1948 ; L'Être et le Travail, 1949) sont, pour une part, empreints d'inspiration existentialiste et marxiste que l'auteur abandonna ensuite définitivement, pour une autre part, caractérisés par une manière d'interroger l'histoire de la philosophie moins quant à ses thèses qu'à ses systèmes et aux problèmes.
La bibliothèque municipale de Lyon ne possède pas Le sens du destin, et nous n'avons donc pas pu le consulter dans le cadre de cette recherche. Quant à l'Essai sur la signification de la mort et l'Etre et le travail, ils ont été déplacés aux archives départementales en raison des travaux du silo de la bml, et nous n'avons pas eu non plus la possibilité de les consulter.
Vous trouverez néanmoins dans Cairn un article évoquant la pensée de Vuillemin sur le hasard et le destin : Bénatouïl, Thomas, et Baptiste Mélès. « Présentation », Les Études philosophiques, vol. 112, no. 1, 2015, pp. 3-8. :
son premier livre, coécrit avec Louis Guillermit en 1948, s’intitule Le Sens du destin et s’ouvre sur une réflexion sur la distinction entre hasard et destin, qui aboutit à montrer comment le sens du destin ne relève pas de «sentiments empiriques et contingents» mais constitue «une condition transcendantale de l’action historique» qui justifie son présent à partir du futur, «dont il pose l’unité et la totalité absolues», de la même manière que la connaissance historique procède par nature, selon Bergson, à un «mouvement rétrograde du vrai qui va du présent au passé».
Nous vous laissons consulter la suite de l'article, consultable librement sur Cairn.
L'article de Philippe Claude Thierry Lacour Du Destin au Travail: Étude sur le premier Rationalisme de Jules Vuillemin s'intéresse aussi à la place du destin dans la pensée de Jules Vuillemin. En voici le résumé :
Dans cet article, j’essaie d’interpréter les premiers ouvrages de Jules Vuillemin comme une tentative de redéfinir la rationalité, et pas seulement comme un “moment” existentialiste, comme cela est souvent dit. De ce point de vue, je fais l’hypothèse d’une certaine continuité entre la première partie de son oeuvre et la suite, plus franchement technique et épistémologique. J’essaie de défendre cette lecture en quatre temps.
D’abord, je montre que si Vuillemin commence par une méditation sur le destin, c’est dans la mesure où ce dernier révèle une forme intégrale de rationalisme. Ensuite, Vuillemin identifie une ambivalence fondamentale au sein de la vie affective humaine, entre les émotions (négatives) et les sentiments (positifs). En conséquence, il confère une valeur éminente, à la fois ontologique et épistémique, au sentiment, en particulier celui de joie et d’effort. Enfin, Vuillemin fait du travail le principe de la réalité, dans sa dimension à la fois factuelle et normative. Je conclus en soulignant comment la double dialectique du travail (division des fonctions symboliques et historicité) implique naturellement le projet d’une nouvelle philosophie des sciences et de la connaissance.
Concernant le temps, nous trouvons mention d'un texte sur le temps conservé à Nancy dans le fonds Jules-Vuillemin du laboratoire Archives Henri-Poincaré–PReST (UMR 7117) sous la cote 8*.12 (sans date).
La bibliographie de Jules Vuillemin publiée sur le site des Archives Henri-Poincaré nous permet d'identifier d'autres références sur le temps :
- « Éternel retour et temps cyclique : quelle solution Cléanthe a-t-il donnée de l’‘argument dominateur’ ? », Archives de Philosophie, 45 (1982) 3, pp. 375-409.
- avec G.-G. Granger et F. Létoublon : « Portée et limites de la théorie des catastrophes » (C.R. de Ivar Ekeland ‘Le calcul, l’imprévu, les figures du temps de Kepler à Thom’, Paris 1984), L’âge de la science. Lectures philosophiques, 2 : Épistémologie, direction P. Jacob, Éditions Odile Jacob, Paris 1989, pp. 247-251.
- « Nouvelles réflexions sur l’argument dominateur : une double référence au temps dans la seconde prémisse », Philosophie, 55 (1997), pp. 14-30.
Bonne journée.