A quelle date le quartier "Jean Macé" a-t-il été créé ?
Question d'origine :
Je souhaitais savoir à quelle date, à priori lors d'un conseil municipal, le quartier "Jean Macé" a été crée, le "détachant" ainsi du quartier "Guillotiere".
Réponse du Guichet
Si on trouve trace de l’existence d’un comité de défense du quartier Jean Macé dès 1908, nous ne savons pas à quel moment la municipalité Lyonnaise a reconnu ce territoire en tant que quartier à part entière. Une recherche aux Archives municipales de Lyon devrait vous en apprendre plus.
Une recherche dans le Salut public numérisé nous a permis de trouver des articles mentionnant un «comité de défense du quartier Jean Macé» dès 1913 :
- Le Salut public du 17 juin 1913 publie un court article où l'on apprend que le «Comité de défense du quartier Jean Macé» a «demandé le changement de dénomination des rues des Asperges et de la Lône. (…) Le Conseil municipal sera prochainement appelé à se prononcer (…)»
- Dans une protestation des comités des intérêts généraux de la banlieue Est de Lyon et de la Rive-Gauche du Rhône publié dans le Salut public du 7 mars 1914, ce comité est présenté sous le nom de «Comité de Défense des Intérêts Généraux du Quartier Jean-Macé».
- Voir d'autres articles du Salut public comprenant l'expression "Quartier Jean Macé"
Dans la thèse de Thierry Joliveau Associations d'habitants, urbanisation et politiques urbaines : comités de quartier et associations de défense du cadre de vie dans l'agglomération lyonnaise : 1880 – 1983 , l’auteur indique même l’existence d’une organisation de quartier autour de la place Jean-Macé dès 1908.
Si l’existence d’une organisation de quartier de type associatif dès 1908 montre la naissance d'une conscience collective autour de ce secteur nouvellement urbanisé suite à la démolition du fort du colombier, cela ne signifie pas nécessairement qu'à cette date ce territoire soit identifié et nommé en tant que quartier par l’administration municipale. Comme l’indique Thierry Joliveau dans sa thèse, «les quartiers sont des constructions mentales». Il qualifie les quartiers investis par les associations lyonnaises de «quartiers revendiqués». Dans Les comités d’intérêts locaux de l’agglomération lyonnaise, grandeur et incertitudes d’une forme associative, (référence citée dans notre précédente réponse du Guichet), Malika Amzert écrit que les « Comités d’intérêts locaux (CIL) de l’agglomération lyonnaise sont nés de la mobilisation de citoyens pour leur environnement immédiat, à travers les problèmes de voirie, de desserte, de tout-à-l’égout, etc., à la fin du XIXe siècle. Ils sont toujours aujourd’hui un des porte-voix des habitants.»
Comment se traduit au sein de l'administration municipale l’émergence d’un nouveau quartier ? Peut-on dater une «création» officielle de ce quartier, et figure-t-elle au sein d’une délibération municipale ? Prend-elle place dès la conception du projet urbain, ou plus tardivement suite à la construction et à l'installation de nouveaux habitants et services ? Vous l'aurez compris, nous ne pouvons fournir de réponse précise à votre question. Nous vous laissons le soin de prolonger vos recherches auprès des Archives municipales de Lyon, où vous trouverez notamment les Délibérations du conseil municipal consultables sous forme numérisée. Vous pourriez centrer vos recherches sur les deux premières décennies du XXe siècle, à partir de la création de la place Jean-Macé et pendant son urbanisation (mairie d'arrondissement, immeubles des rues adjacentes...) afin de voir comment la notion de quartier Jean Macé émerge dans les publications municipales.
Pour aller plus loin sur cette notion de quartier, vous pouvez lire :
Le Chapitre VIII «Les quartiers des associations lyonnaises» de la thèse de Thierry Joliveau, qui est consacré à l’étude des quartiers investis par les associations lyonnaises à la fois du point de vue de la délimitation et de l’image donnée de ce quartier.
La contribution de M. Delassise et O. Dessertine, Approche historique de la notion du quartier à Lyon, parue dans le Bulletin du centre d’histoire économique et sociale, n°1, 1979 (p. 53 à 75). L’étude s’arrête à la fin du second empire mais pose les problématiques de la définition d’un quartier dans l’histoire lyonnaise.