Est-ce que la durée moyenne des longs métrages de cinéma a augmenté ces dernières années ?

Comme une impression…

De prime abord, et peut-être juste comme un ressenti, il semble qu’effectivement les films soient de plus en plus longs.

Plusieurs raisons sembleraient conforter le bien-fondé de ce pressentiment:

• le coût de la minute filmée, minoré par l’apparition du numérique
• une habitude (et peut-être une attente) du public pour les formats longs liée au développement exponentiel des séries: la réalisation PREND LE TEMPS de présenter les personnages, de construire une intrigue et d’explorer le moindre recoin du sujet

Juste une impression ?

Pour vous apporter une réponse pragmatique, appuyée sur des données chiffrées, nous avons notamment consulté cet article, que nous vous invitons à consulter (Joseph Boinay, Télérama Vodkaster, 26 octobre 2018).

Dans son analyse, l’auteur a calculé la durée moyenne des films, entre 1968 et 2018 en appuyant sa démonstration sur quelque 14 000 films (soit environ 280 films par an).

Des résultats mitigés

Les chiffres… sont étonnants…

Contre toute attente, il en ressort une certaine stabilité, puisque que la durée moyenne constatée s’élève à 1h42 pour 2018 contre 1h38 pour 1968 !

Mais à relativiser

De fait, le large échantillon de films candidats à l’étude a pour effet de lisser les données.

En effet, on conçoit aisément que les films à destination de la jeunesse ou que les comédies familiales présentent un format généralement plus court afin de rentrer dans un certain cadre normatif, lié notamment au public auquel ils s'adressent. Bien évidemment, la moyenne s'en ressent donc...

Ainsi, en ne considérant que les films comptabilisant le plus d’entrées, la courbe change de physionomie.

En conclusion, il s’avérerait donc que «les films que vous voyez sont globalement plus longs et surtout, ils le sont de plus en plus.» (J. Boinay)

Notre petit calcul

Pour étayer cette analyse, nous nous sommes amusés à scruter la durée moyenne des plus gros succès pour l’année 1965 et pour 2021.

Nous avons fait le choix de retirer de cette liste les films pour enfants et le cinéma d’animation, secteurs dont les formats sont évidemment plus courts et qui risquaient de fausser la moyenne.

• Année 1965 = Moyenne de 112.2 mn

Le Corniaud : 105 mn

Goldfinger : 105 mn

Opération Tonnerre : 124 mn

Le Gendarme à New-York : 101 mn

Mary Poppins : 139 mn

Fantômas se déchaîne : 99 mn

Le Tonnerre de Dieu : 91 mn

Les Grandes Gueules : 128 mn

Viva Maria ! : 120 mn

Les Tribulations d'un Chinois en Chine : 110 mn

• Année 2021 : Moyenne = 132,8 mn

Spider-Man: No Way Home : 148 mn

Mourir peut attendre : 163 mn

Dune : 155 mn

Kaamelott : Premier Volet : 120 mn

Les Tuches 4 : 92 mn

Bac Nord : 104 mn

Fast and Furious 9 : 143 mn

Conjuring : Sous l'emprise du Diable : 112 mn

Black Widow : 134 mn

Les Éternels : 157 mn

Bien-sûr, la production cinéma des deux dernières années a été fortement bousculée par la crise sanitaire et par la place inédite occupée dans le secteur par les plateformes VOD, acteurs devenus incontournables pour la production / diffusion.

Ainsi, pour être sûrs que cette moyenne ne soit pas biaisée, nous vous proposons donc le même calcul, basé cette fois sur les plus gros succès de l’année 2019. 

• Année 2019 : Moyenne = 133,5 mn

Avengers: Endgame : 181 mn

Qu’est-ce-qu’on a fait encore au bon Dieu ? : 99 mn

Star Wars, épisode IX : L'Ascension de Skywalker : 142 mn

Joker : 122 mn

Captain Marvel : 124 mn

Jumanji – Next level : 123 mn

Spider-Man: Far From Home : 129 mn

Nous finirons ensemble : 135 mn

Maléfique : Le Pouvoir du mal : 119 mn

Once Upon a Time… in Hollywood : 161 mn (171 pour la version longue)

Vous le constatez, il est bien difficile de répondre de manière tranchée !

Pour que le propos soit pertinent, il conviendrait sans doute de se pencher sur des sous-ensembles qui sont autant de genres répondant à des contraintes formelles spécifiques.

En effet, cinéma indépendant, blockbusters, films français, animations, films pour enfants (… la liste pourrait être longue tant le cinéma est pluriel) sont autant de secteurs qui répondent à leur propre logique : en termes de public, de production mais également de diffusion en proposant des schémas formels qui leur sont propres.

Selon le segment de cinéma qui vous intéresse, nous vous invitons à réaliser le même type de moyenne.

A vous de jouer !