Je souhaiterais avoir quelques chiffres sur le handicap en France
Question d'origine :
Bonjour je souhaite avoir des chiffres sur le handicap en France ?
d'autre part , la dyslexie est reconnue comme un handicap mais de quel type ?
En effet, selon les sites, la typologie des différents handicaps varient.
Je vous remercie pour vos recherches et tout le travail de veille effectué par vos équipes.
Agnès
Réponse du Guichet
Les statistiques sur le handicap en France sont malheureusement assez anciennes et fragmentaires car elles s'appuyent en grande partie sur des chiffres issues de l'enquête Handicap-Santé de 2008 2009. Une nouvelle collecte de données est actuellement en cours. En attendant, voici les chiffres que nous avons pu trouver.
Bonjour,
Il semble assez compliqué d'obtenir des chiffres complets sur le handicap en France, a fortiori récents.
Selon le blog de l'Insee, voici comment le handicap est légalement défini :
Avant de les détailler, il importe de préciser de quoi on parle ici. En France, il existe une définition légale du handicap depuis la loi du 11 février 2005, proche de la définition de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées : « Constitue un handicap, au sens de la […] loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. ». Il s’agit donc d’une définition portant à la fois sur les causes (problèmes de santé, limitations des fonctions) et les conséquences (restrictions de participation), et qui plus est, contextualisée dans un environnement donné.
Cette définition ne fournit aucune condition sur l’âge des personnes. Elle s’applique aussi bien aux enfants, aux adultes en âge de travailler qu’aux personnes âgées. Elle couvre donc non seulement les situations que l’on associe habituellement au handicap proprement dit, mais aussi celles que l’on associe plutôt à la perte d’autonomie des seniors. Le suivi statistique du handicap vise par conséquent lui aussi, par nature, une couverture large, incluant les personnes âgées, même s’il reste souvent nécessaire pour éviter des ambiguïtés de préciser que l’on parle « du handicap et de la perte d’autonomie », comme on l’a fait dans le titre de cet article.
Selon la même source, les statistiques sur le handicap en France se basent principalement sur deux types de données : celles issues d'enquêtes visant la population générale avec des questionnaires sur leurs capacités motrices, sensorielles ou cognitives, et celles issues de données administratives sur les aides perçues au titre du handicap (AAH, APA ou OETH). Ces deux approches connaissent des limites, la première parce qu'elle s'appuie sur des enquêtes coûteuse, la seconde parce qu'elle "n’offrira jamais une vision complète de la situation des personnes handicapées, dans la mesure où certaines ne recourent à aucune aide publique". Aussi sont-elles fréquemment critiquées, comme récemment par une rapporteuse de l'ONU et le défenseur des droits.
En tout état de cause, une nouvelle vague d'enquêtes a été initiée en 2021 et est actuellement en cours :
La nouvelle vague de ces enquêtes est constitué par le dispositif « Autonomie ». Sa collecte débute en février 2021, avec le lancement de son premier volet : l’enquête « Vie Quotidienne et Santé » (VQS). Ce volet de très grande taille vise à permettre un premier panorama global des principales limitations et restrictions d’activité, dont les résultats seront disponibles et représentatifs au niveau de chaque département. L’enquête VQS servira aussi de base de sondage pour le volet « ménage » de l’enquête Autonomie, collecté de fin 2021 à 2022, qui couvre l’ensemble de la population mais dans lequel les personnes handicapées seront surreprésentées et interrogées sur tous les aspects de leurs conditions de vie. Suivront les volets d’enquêtes auprès des aidants des personnes vivant à domicile, et enfin, en 2023, les volets interrogeant les personnes handicapées ou âgées vivant en établissement, et leurs aidants.
Ceci explique que les données à notre disposition sont déjà assez anciennes et fragmentaires.
On peut télécharger sur travail-emploi.gouv.fr un document sur les chiffres du handicap par nature de handicap, mais il s'appuie sur des sources datant essentiellement de l’enquête Handicap-Santé réalisée par l’INSEE et la DREES entre 2008 et 2009 - les chiffres les plus récents accessibles ! Voici l'ordre de grandeur donné :
- 2 750 000 personnes souffrent d’au moins une limitation fonctionnelle, dont 420 000 qui ont aussi une reconnaissance administrative, 420 000 qui déclarent également un handicap ressenti, et 730 000 qui sont à risque de handicap avec les trois critères cumulés1 .
- 938 000 personnes bénéficiaires d’une reconnaissance administrative du handicap occupent un emploi, soit un taux d’emploi de 35 %
Concernant spécifiquement les problèmes d'audition, le document rapporte que pour la période considérée
- 10 millions de personnes ont des problèmes d'audition soit 16 % de la population française •
- Pour 5,4 millions de ces personnes, il y a des répercussions sur la vie quotidienne soit 8,6 % de la population française
- Après 50 ans, une personne sur trois ont des difficultés auditives, et plus d'une sur deux après 80 ans.
Concernant les déficients visuels, ils seraient selon une étude de la DREES environ 1 700 000, dont 207 000 aveugles ou malvoyants profonds.
Les personnes atteintes de déficiences motrices (notamment paraplégiques, tétraplégiques, hémiplégiques...), elles seraient 2 300 000.
Les handicaps mentaux toucheraient 700 000 personnes environ.
Nous vous suggérons également de consulter ce document du spécialiste de la sécurité au travail Seton, s'appuyant sur les mêmes données mais les présentant de manière plus claire et attrayante et apportant quelques compléments, notamment sur la répartition sexuée des troubles cités. Ce document précise en outre :
Certaines personnes peuvent souffrir de plusieurs handicaps ou déficiences. On appelle cela le plurihandicap. D'autres handicaps existent (handicap sensoriel, troubles cognitifs, etc.)
Le plurihandicap ne doit pas être confondu avec le polyhandicap qui associe une déficience mentale sévère et un déficit moteur grave entraînant une restriction extrême de l'autonomie.
Les statistiques nous prouvent que :
- 42% de la population active est victime d’un handicap
- 20% de la population active est victime de deux handicaps
- 17% de la population active est victime de trois handicaps
- 12% de la population active est victime de quatre handicaps
- 8% de la population active est victime de cinq handicaps
Vous retrouverez les résultat de l'enquête handicap-santé de 2008-2009 sur insee.fr. Leur consultation est assez technique, et à notre connaissance, le seul type de handicap qui ait fait l'objet d'une publication plus grand public de la part de l'institut est la surdité, avec le document Vivre avec des difficultés d’audition : répercussion sur les activités quotidiennes, l’insertion et la participation sociale. Vous pouvez toutefois aller plus loin avec le document L'état de santé de la population en France - Rapport 2011.
Ces lectures peuvent être complétées par les tableaux de l'insee sur l'insertion professionnelle des personnes handicapées ainsi que par une synthèse de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie, qui s'intéresse plus particulièrement aux bénéficiaires des aides citées plus haut. Ce document, malgré sa brièveté, a le mérite d'utiliser des chiffres beaucoup plus récents. On apprendra entre autres que :
- 427 822 enfants handicapés sont scolarisés à la rentrée 2019, dont 361 174 dans des classes ordinaires ;
- 43% des bénéficiaires d'aides pour le handicap sont actifs (en emploi ou au chômage), dont 988 000 personnes sont en emploi.
La reconnaissance institutionnelle de la dyslexie en tant que handicap semble problématique. Il n'y a d'ailleurs pas de consensus universel sur de nombre des types de handicap. Un article de Doctissimo nous apprend que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) répertorie cinq types :
Le handicap mental
Le handicap mental touche entre 1 et 3 % de la population mondiale. Appelé aussi déficience intellectuelle, il correspond selon l’OMS à "une capacité sensiblement réduite de comprendre une information nouvelle ou complexe, et d’apprendre et d’appliquer de nouvelles compétences (trouble de l’intelligence). Il s’ensuit une aptitude diminuée à faire face à toute situation de manière indépendante (trouble du fonctionnement social), un phénomène qui commence avant l’âge adulte et exerce un effet durable sur le développement".
Ainsi les personnes atteintes présentent des difficultés de réflexion, de compréhension mais aussi d’expression et donc de communication.
Les maladies génétiques, les anomalies chromosomiques, la trisomie 21, l’autisme, les virus, les parasites contractés durant la grossesse ou encore la prise de tabac ou d’alcool au cours des neuf mois peuvent être à l’origine d’un handicap mental. Un virus, un traumatisme crânien, une maladie infectieuses contractés dans la petite enfance peuvent aussi faire partie des causes.
Le handicap sensoriel
Il englobe le handicap visuel et le handicap auditif. Le handicap auditif , qui touche 7 % des Français, correspond à une perte partielle ou totale de l’audition. Elle peut se produire dès la naissance ou bien survenir plus tard au cours de la vie après une méningite, une otite, une infection virale, un traumatisme sonore ou lors du vieillissement… S’ensuit parfois un trouble de la parole.
Le handicap visuel, lui, comprend selon le degré de déficience visuelle : la cécité, la malvoyance, l’amblyopie, l’altération du champ visuel, des couleurs… Il est en général provoqué par un glaucome, une cataracte… Presque 2 millions de Français seraient concernés.
Le handicap moteur
Il regroupe énormément de pathologie comme les amputations, les atteintes musculaires, articulaires qui entraînent une réduction plus ou moins importante de la mobilité et de la motricité empêchant la pratique de certaines activités (sportives, manuelles…). Les causes sont également multiples comme un accident, un traumatisme, une paralysie, une myopathie, une maladie génétique mais aussi le vieillissement global du corps humain. C’est l’intensité, la durée, l’évolution qui vont pouvoir permettre d’indiquer le degré d’invalidité. 1,5 % des Français souffrent d’un handicap moteur.
Le handicap psychique
Il apparaît à la suite d’une maladie psychique et sa cause n’est pas encore bien identifiée. Le handicap psychique implique une impossibilité à utiliser ses capacités intellectuelles alors que celles-ci sont tout à fait en état de fonctionner. Une psychose, la schizophrénie, la bipolarité, les troubles de la personnalité, les TOC, l’hypocondrie peuvent expliquer son apparition. Ce handicap entraîne des troubles mentaux, affectifs et émotionnels.
Les maladies invalidantes
Ce sont les maladies respiratoires, auto-immunes, digestives ou infectieuses qui selon leur évolution peuvent avoir un impact plus ou moins important sur l’organisme mais aussi sur les activités du quotidien, les conditions de travail…. Elles demandent la plupart du temps une prise en charge médicamenteuse sur le long terme, avec en parallèle l’adoption de règle d’hygiène de vie stricte. Parmi les plus courantes on compte les allergies, l’épilepsie, le diabète, la sclérose en plaque, le cancer…
D'autres typologies, comme celle de l'OETH, peuvent reconnaître six types de handicap, en faisant la distinction entre handicap visuel et auditif au lieu de donner une catégorie globale "handicap sensoriel". Quoi qu'il en soit, aucun de ces types ne semble correspondre à la dyslexie. Les sources officielles , comme le Ministère des Solidarités et de la Santé, évoquent les "troubles du langage et de l'apprentissage", mais n'emploient pas le terme handicap - ce qui ne les empêche toutefois pas de citer un lien vers un document de la Fédération française des DYS qui emploie l'expression de "handicap cognitif." Bien que les troubles Dys puissent constituer de lourds handicaps pour la scolarité et la vie professionnelle, ce sont surtout des sources associatives qui diffusent des informations sur ces handicaps. Voir cette courte synthèse de l'association Apeda-Dys :
En quoi les dyslexiques sont-ils en situation de handicap ?
Pour la personne atteinte de dyslexie-dysorthographie, aussi appelée Trouble Spécifique du Langage Ecrit (TSLE), la situation de handicap est d’abord scolaire bien évidemment :
À la maternelle, lorsque l’enfant apprend à reconnaître son nom, puis à l’écrire lorsqu’il apprend les premiers rudiments de l’écriture en abordant les activités de graphisme.
À l’école élémentaire surtout lorsque l’enseignant lui apprend à lire et à écrire, il se retrouve alors confronté à ses difficultés phonologiques, à ses problèmes de mémoire, d’attention, à ses difficultés d’automatisation. Dès le CP, il perd confiance en lui, se mésestime, le stress s’installe. L’enfant peut perdre sa motivation, se replier sur lui-même et entrer dans la spirale internale de l’échec.
Au collège puis au lycée l orsque l ’écart s’intensifie entre les attentes des professeurs, les exigences du programme, les possibilités du collégien et les séances de rééducation orthophoniques moins bien acceptées. La lecture et les productions d’écrits mettent alors l’élève en situation de handicap dans toutes les disciplines.La lecture reste lente, non automatisée et nécessite toujours une énergie importante, une attention soutenue et fatigante au détriment de l’accès au sens du texte, et au traitement de l’information contenue dans le texte.
Certains textes restent difficiles à lire en raison d’un problème deprésentation (taille de police trop petite, lignes trop serrées) ou d’un problème lié à une accumulation de noms propres difficiles à lire (noms de personnes, de lieux…) ou à un problème de vocabulaire trop difficile, trop spécialisé, trop abstrait. Le vocabulaire reste pauvre. Son assimilation a été retardée par une lecture limitée et par une sous-utilisation de celui-ci à l’écrit.
L’écrit demande toujours une concentration importante entraînant une fatigue. L’application des règles de grammaire, de la syntaxe n’est pas automatisée, et l’élève doit en même temps faire émerger ses idées et les organiser.
Les écrits de l’élève dysorthographique peuvent être peu lisibles et donc fort pénalisants si l’enseignant, du fait des erreurs de syntaxe et d’orthographe, ne note que ce qu’il arrive facilement à lire.
Les devoirs longs sont pénalisants en raison de l’attention soutenue qu’ils nécessitent en lecture et en écriture sur une durée importante.
Lecture et écriture doivent parfois être aidées et soulagées pour permettre à l’élève de se concentrer sur l’objectif du cours ou de l’exercice à réaliser.
La prise de note reste un exercice très complexe. Le jeune aura souvent intérêt à bénéficier de photocopies ou mieux, de cours dactylographiés, d’un dictionnaire informatisé, d’un traitement de texte surordinateur.
La lecture et l’expression écrite restent, souvent une activité fatigante et l’accès aux études ne peuvent alors se faire sans une aide extérieure.
Il est évident que dans ce contexte l’apprentissage d’une langue étrangère est une difficulté majeure. L’enseignement des langues dès le plus jeune âge devient une priorité de l’Education Nationale : il faut souligner la difficulté spécifique qu’a l’enfant dyslexique à aborder l’écrit dans une langue étrangère. Il est important que cette difficulté ne lui ôte pas l’accès à certaines formations si elle n’est pas nécessaire à l’exercice du métier envisagé. La langue écrite étrangère ne doit pas être uniquement un moyen de sélection. L’élève dyslexique doit pouvoir être évalué à l’oral.
Mais la situation de handicap dépasse le milieu scolaire, c’est une gêne dans la vie :
lorsqu’il faut ajouter à l’emploi du temps les diverses rééducations ;
lorsqu’il faut lire les panneaux et affiches dans la rue, lorsqu’il faut les décoder très rapidement lorsqu’on est en voiture ou dans le train ;
lorsqu’il faut lire un horaire de train et se repérer parmi de nombreuses lignes et de nombreuses colonnes ;
lorsque l’on va au cinéma et que le film est sous-titré ;
lorsqu’il faut consulter sur Internet et y rechercher une information précise rapidement (les personnes dyslexiques ont des difficultés importantes pour capter l’information pertinente au milieu d’une page complexe, elles doivent parfois lire la page dans sa totalité pour y trouver l’information recherchée !) ;
lorsque l’on veut envoyer des courriers officiels, un CV, sans être méjugé
lorsque l’on emploie un mot pour un autre dans le milieu professionnel (exemple : cause au lieu de clause).Depuis la parution du rapport Ringard en 2001 et la mise en place du « plan d’action en faveur des enfants atteints d’un trouble spécifique du langage » qui a suivi, beaucoup de progrès ont été réalisés. Ces progrès sont inégaux selon les régions, mais désormais tous les médecins scolaires sont – en principe - formés aux troubles spécifiques du langage et des apprentissages. Même s’il manque de nombreux médecins scolaires, chaque académie possède un responsable de la médecine scolaire.
Voir également le document, très complet et très clair, de Cerema.
Pour aller plus loin :
Handicap [Livre] : le guide pratique / Fédération APAJH, Association pour adultes et jeunes handicapés ; coordination Edwige Chauveau, Brigitte Taktouk ; rédaction Mohamed Aguib, Marie Aubert-Blanche, Christian Bernard et al.
Politiques et dispositifs du handicap en France [Livre] / Philippe Camberlein
Le handicap en France [Livre] : chroniques d'un combat politique / Jean-Claude Cunin
La dyslexie de l'enfant à l'adulte [Livre] / Pascale Colé, Liliane Sprenger-Charolles
La dyslexie à l'âge adulte [Livre] : approche neuropsychologique / sous la direction de Pascale Colé, Eddy Cavalli, Lynne G. Duncan
Le cerveau et les maux de la parole [Livre] : aphasie, dyslexie, surdité, bégaiement... / Anne-Lise Giraud
Les dyslexies [Livre] / Françoise Bois Parriaud, Eddy Cavalli, Yves Chaix... [et al.] ; sous la coordination de Séverine Casalis
Dyslexies développementales [Livre] : évidences et nouveautés / coordonné par Y. Chaix, S. Valdois, M. Habib,... [et al.]
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Je souhaiterais avoir une liste des applications actuelles...