Que sont devenus les bâtiments de l'ancien séminaire St Irénée à Croix Paquet entre son transfert à St Just et sa destruction ?
Question d'origine :
Bonjour,
que sont devenus les bâtiments de l'ancien séminaire St Irénée à Croix Paquet entre son transfert à St Just et sa destruction.
D'avance merci. Cordialement
Réponse du Guichet
Les bâtiments qui abritaient le séminaire St-Irénée à Croix-Paquet étaient déjà en piteux état lorsqu'ils furent acquis par l’État en 1854.
Histoire des églises et chapelles de Lyon, dans le chapitre consacré au grand Séminaire, revient sur le déménagement du séminaire de Croix-Paquet à Saint-Just :
Un déplacement, par raison de morale et d’hygiène, s’imposait à court délai ; on commença à en délibérer sous l’administration de Mgr de Pins, qui avait ramené à Saint-Irénée, Messieurs de Saint-Sulpice ; on visita plusieurs propriétés, on enquêta, on désira l’École vétérinaire ; on ouvrit des pourparlers avec le propriétaire de la Sara, on acheta même dans ce dessein de vastes jardins maraîchers, situés le long du chemin qui conduit de l’église Saint-Pierre de Vaise au cimetière de Loyasse ; une ordonnance royale du 9 octobre 1825 intervint pour légaliser le contrat et on demanda des plans à M. Chenavard. L’affaire cependant n’alla pas plus loin ; on objecta que la situation n’était peut-être pas très salubre et que la distance de ce point à la cathédrale causerait plus d’un embarras. Sur les indications d’un aimable et pieux chanoine M. Combe, on découvrit beaucoup mieux sur le coteau de Saint-Just, près de la Croix de Colle, à l’ombre de Notre-Dame de Fourvière. Là, derrière la rangée des premières maisons qui bordent le côté est de la place des Minimes et amorcent le Gourguillon à la rue des Farges, à l’endroit dit les Bains Romains, successivement occupé par un monastère d’Ursulines et une maison de santé, on trouvait un emplacement assez vaste, facilement dégageable des masures qui l’encombraient, soustrait à des proximités indiscrètes et ouvrant sur un des plus magnifiques panoramas de la chaîne des Alpes.
Il n’entre pas dans le sujet de celle notice de raconter en détail l’histoire de la construction nouvelle, une des œuvres les plus importantes, pour ne pas dire la plus importante, du long épiscopal de Mgr Maurice de Bonald. Il sera utile toutefois d’en rappeler les principales dates, afin de guider le lecteur jusqu’au jour de l’inauguration de la chapelle qui en couronna l’achèvement.
Ce fut au cours d’une de ses visites à Saint-Irénée qu’on entretint M. Carrière, délégué du supérieur général de Saint-Sulpice, de l’emplacement préféré ; il monta l’examiner le 26 juillet 1843 ; un mois après, paraît-il, l’acquisition des Bains romains était réalisée ; on poursuivit les négociations pour étendre le périmètre et reculer des abords gênants. Les directeurs agissaient encore en leur nom privé ; toutes leurs instances auprès des pouvoirs publics échouaient et toutes les combinaisons qu’ils proposaient, soit à la ville, soit au gouvernement, pour la vente de l’immeuble de la Croix-Paquet et la constitution du capital nécessaire à l’entreprise projetée, rencontraient d’invincibles retards.
Un décret de Napoléon III, signé le 8 janvier 1854, régla que les fonds nécessaires seraient avancés par le trésor public et que l’ancienne maison deviendrait purement et simplement bien de l’État. M. Tony Desjardins, architecte diocésain, préféré à M. Chenavard, ouvrit les premières tranchées au printemps de 1855.
La pose et la bénédiction de la première pierre furent célébrées au milieu d’une grande pompe, le samedi 14 juillet ; le cardinal la scella de ses mains ; il était entouré de ses vicaires généraux, de la plupart des curés de la ville ; le supérieur de la maison était alors M. Louis Duplay ; les directeurs se nommaient MM. Denavit, Wavrin, Vincent, Sergeot, Thibault, Durieu et Ferry. Par ses fonctions de procureur, M. Durieu était appelé à prendre dans cette œuvre une part considérable ; son dévouement et sa peine ne sauraient être oubliés.
L’édifice reçut ses hôtes à la rentrée de l’année scolaire 1859, la veille de la Toussaint ; l’État avait supporté une dépense atteignant en chiffres ronds dix-sept cent mille francs. Cependant, malgré le total élevé des crédits alloués, il avait été impossible de s’occuper immédiatement de la chapelle ; la salle des exercices était destinée à la remplacer jusqu’à la venue de ressources providentielles ; on se réduisait au provisoire comme jadis dans la fondation primitive du XVIIe siècle. Heureusement, on en sortit plus vite. Au cours de la retraite pastorale de 1862, l’archevêque et son clergé se concertèrent à ce sujet et résolurent d’ouvrir une souscription. Elle fut annoncée par une lettre pastorale du 18 novembre, et son Éminence s’inscrivit le premier pour une somme de 12.000 francs ; la collecte, dans le diocèse, rendit près de 60.000 francs. Il n’y a qu’édification à révéler que les dons personnels du cardinal archevêque de Lyon atteignirent la somme de 72.000 francs. Entre les autres, deux offrandes sont à mentionner, elles vinrent d’Amérique et partaient de cœurs lyonnais : Mgr Odin, archevêque de la Nouvelle-Orléans, élève de Saint-Irénée, envoya 800 francs, et Mgr Dubuis, évêque du Texas, s’engagea pour 1.500 honoraires de messes à dire.
L'ancien séminaire aurait donc été acquis par l'Etat le 8 janvier 1854.
Pourtant ce n'est pas ce que semble dire un article paru dans Le Censeur du 26 février 1841 :
La maison de la Sarah et le clos qui en dépend viennent, dit-on, d'être achetés par M. l'archevêque de Lyon au prix de 500,000 fr. L'intention du prélat est d'y établir le grand séminaire, actuellement situé place Croix-Paquet, et dont l'emplacement et les constructions ont été acquis, au prix de 1,400,000 fr., par des spéculateurs qui se proposent d'y élever des constructions particulières.
En 1841, deux ans avant l'acquisition du terrain qui allait finalement accueillir le séminaire à Saint-Just, l'annonce dans la presse de la vente du séminaire parait un peu précipitée puisque le séminaire ne déménagera effectivement qu'une décennie plus tard. Faut-il lui accorder foi ?
Peut-être cette incertitude ne fait-elle que traduire les atermoiements dont la Presse se fait l'écho au sujet de ce déménagement. La vente du terrain et des bâtiments de la place Croix-Paquet semble notamment avoir rencontré quelques difficultés, ainsi qu'un témoigne cet avis publié dans Le Censeur du 24 avril 1846:
On lit dans le Rhône :
« Le projet de transférer le grand séminaire de la place Croix-Paquet au clos dit des Bains-Romains, près la place Saint-Just, se poursuit avec activité , et tout porte à croire que cette importante question obtiendra bientôt une solution favorable. Parmi les moyens à proposer.au gouvernement pour opérer cette translation , il en est un qui pourrait offrir plus de chances de succès, et en même temps devenir l'objet d'une spéculation avantageuse ; c'est le mode d'un échange , qui consisterait en ce qu'une société se chargeât de construire à ses frais le nouveau séminaire sur le terrain indiqué et d'après des plans donnés , et reçût en paiement le local et les bâtiments du séminaire actuel. MM. les entrepreneurs ou capitalistes auxquels cette opération pourrait convenir, sont invités à faire connaître leurs propositions du dix au vingt mai prochain, l'administration du séminaire devant, après ce délai, se pourvoir auprès du gouvernement »
Ou encore, plus tard, dans le même journal, le 25 janvier 1847
FALCONNET , au nom de la commission des plans, rend compte de l'examen fait par cette commission du projet de distribution du terrain du Séminaire , distribution qui avait été l'une des trois questions réservées lors de l'adoption du conseil, dans une de ses dernières séances, des plans de la partie nord de la ville. Un plan pour cette distribution avait été primitivement dressé, après de longues études, par M. Cassini. Ce plan, qui avait été provisoirement adopté par l'administration et la commission, concrait une petite place au bas de la Croix-Paquet, laquelle place servait de point de départ à une rue tracée en lacet dans le milieu du clos, et tendant, par une pente qui ne dépassait jamais 5 centimètres, d'une part à la rue du Commerce, et de l'autre à la rue des Capucins par le sommet de la Croix-Paquet. Cette rue devait d'ailleurs se prolonger jusqu'à un perron destiné à relier la place des Pénitents-de-la Croix à la rue des Fantasques. M. le supérieur du Séminaire pensa que ce plan n'était pas favorable à la vente des terrains du Séminaire et en fit dresser un autre par M. Chenavard , architecte. Ce plan, qui avait les graves inconvénients de présenter des pentes très fortes et de n'offrir ainsi, en quelque sorte, aucune amélioration sur l'état actuel des choses, avait été rejeté. M. Falconnet avait cru pouvoir en présenter un troisième qui tenait un peu de chacun des deux autres, et qui.lui semblait pouvoir ainsi concilier les exigences lin la ville et la convenance de rendre, dans l'intérêt du Séminaire, l'opération plus facile en ménageant mieux les terrains à vendre. Ce plan présentait à la vérité plus de pente que celui de M. Cassini ; mais il assurait la communication de la nouvelle rue avec la place des Pénitents-de-la-Croix par une voie à voitures au lieu de le faire par un perron. Ce plan réduisait d'ailleurs à 10 mètres la largeur de la rue des Deux-Angles. C'est donc, en réalité, entre le plan de M. Cassini et celui présenté par M. Falconnet, que la commission avait à choisir. Après un long examen, elle a donné la préférence au plan de M. Cassini à une grande majorité, et c'est ainsi l'adoption de ce plan que M. le rapporteur vient proposer
On restera donc sur les informations du premier document : le terrain et les bâtiments acquis par l'Etat en 1854, sont disponibles dès 1859, mais dans un état d'insalubrité qui nécessite sans doute une sérieuse réfection pour les rendre utilisables ("En 1843, devant l’insalubrité et la vétusté de ces bâtiments, qui n'existent plus actuellement, le cardinal de Bonald favorisa l'achat de terrains, appelés les Bains romains, situés à Saint-Just, 21, rue des Farges." nous dit le Préinventaire des Monuments et richesses artistiques de Sainte-Foy-Lès-Lyon ).
Quant à la destruction du bâtiment, elle est évoqué dans Le Progrès Illustré du 20 août 1899 (à voir également pour la gravure qui accompagne l'article) :
L’établissement du séminaire Saint-Irénée à la Croix-Paquet date de 1669. Les bâtiments furent construits sur un terrain acquis par M. d’Hurtevent, supérieur du séminaire, de la veuve et héritiers de Guillaume Deschamps. La terrasse, le portail d’entrée et la chapelle, dont nous donnons une vue très exacte, bâtis en 1726 par l’architecte Claude Perret, ont été démolis en 1866 et remplacés par un jardin que traverse malheureusement la nouvelle ficelle de la Croix-Rousse.
Nous n'avons en revanche pas trouvé la destination du bâtiment entre 1859 et 1866, mais il nous semble probable que durant ces sept courtes années, il ne fut pas affecté à un usage particulier étant donné son état et le fait qu'il s'agissait d'une acquisition de l'Etat et pas de la Ville. On finit visiblement par le transformer en parc parce qu'on ne savait pas trop quoi en faire. Ce ne sont évidemment que des spéculations, mais nous n'avons malheureusement pas trouvé d'information plus précise.