Quel rôle a tenu Che Guevara en Bolivie et pourquoi a-t-il fui à Cuba ?
Question d'origine :
bonjour madame monsieur pourriez vous s'il vous plait me renseigner quel role a tenu CHE GUEVARA lors de son sejour en Bolivie et la raison de sa fuite vers CUBA ( avant son retour au pays son arrestation et son execution ) avec mes remerciements recevez madame monsieur mes respectueuses salutations
Réponse du Guichet
Ernesto Guevara est mort exécuté en Bolivie le 9 octobre 1967 par un commando de Rangers entraîné par la CIA, au terme d'une guérilla de 11 mois dont les buts affichés étaient de créer une base arrière d'où diffuser la révolution en Amérique latine, et notamment en Argentine, pays natal du Che. Cette expédition cauchemardesque pour l'intéressé et ses camarades a fait couler beaucoup d'encre.
Bonjour,
La vie d'Ernesto Guevara dit Che Guevara ou le Che a fait couler beaucoup d'encre.
De son Voyage à motocyclette durant lequel il traverse l'Amérique Latine, à la Bolivie où il trouve la mort, son parcours de révolutionnaire et homme politique a marqué plusieurs générations y compris les plus jeunes portant en effigie sur leur t-shirt, le célèbre portrait du Che réalisé par Alberto Korda dont il tira zéro pesos !
D'après le livre de Samuel Farber Che Guevara : ombres et lumières d'un révolutionnaire, Guevara décide en 1965 "de démissionner de ses responsabilités gouvernementales et de renoncer à la nationalité cubaine pour se consacrer au développement de la révolution à l'étranger". C'est alors qu'il se rend dans l'ancien Congo belge à la tête de quelques centaines d'hommes "pour soutenir la rébellion qui a éclaté [...] contre le gouvernement de droite du premier ministre Moïse Tschombé et du président Joseph Kasavudu, soutenu par les puissances impérialistes occidentales". Cette expédition se solde par un échec, dû, d'après l'intéressé, au manque d'organisation, mais aussi de base sociale et de formation idéologique de l'Armée populaire de libération, le mouvement local qu'il était venu aider. De retour à cuba, il commence pourtant à préparer sa nouvelle expédition, en Bolivie. D'après Farber, "certains soutiennent que le Che est parti en Bolivie et qu'il a continué à être impliqué dans la guérilla à cause de sa rupture avec Fidel Castro, d'autres pensent qu'il a été abandonné par le gouvernement une fois sur place". Quoi qu'il en soit, "l'expédition en Bolivie était au départ une tentative d'établir une base à partir de laquelle il aurait pu pénétrer en Argentine, un des pays d'Amérique latine les plus urbanisés et économiquement développés, pour mettre en oeuvre une guérilla dans son pays natal."
Selon Che Guevara d'Alain Foix, "la guérilla en Bolivie est conçue [par Fidel Castro] comme l'arrière-garde, le lieu de rassemblement des forces où se ressource l'avant-garde qui doit passer la frontière argentine. Ce n'est donc pas seulement un lieu de passage. La Guérilla doit véritablement s'y implanter, et cela nécessite le concours de la population et de ses leaders révolutionnaires, à commencer par le Parti communiste." Les leaders boliviens sont alors divisés en tendances politiques différentes. En outre, certains d'entre eux, comme Mario Monje, secrétaire général du PCB, peuvent ressentir l'arrivée de la guérilla cubaine comme une ingérence de Fidel, et mettent peu d'enthousiasme à envoyer leurs hommes au émissaires de Guevara. Celui-ci arrive toutefois à La Paz en novembre 1966, "déguisé en businessman uruguayen", et se rend dans une ferme acquise par le gouvernement cubain pour servir de camp d'entraînement dans la région du Ñancahuazú, zone montagneuse et boisée faiblement peuplée. L'installation est difficile, les conditions climatiques rudes, les insectes épuisants, et Guevara craint tout autant le manque de ferveur de Monje qu'il doute de la loyauté de certains des guérilleros recrutés. S'il tient un journal à cette période, il y note surtout des faits bruts, et on peut se faire une meilleure idée de ses motivations d'après le journal de son compagnon Harry Antonio Villegas Tamayo, dit Pombo:
Son intérêt en Bolivie n'est pas de nature politique, et il n'est en aucune manière intéressé à prendre le pouvoir pour créer un poste pour lui-même. Cependant, il pense que son expérience est suffisante pour diriger les opérations militaires et contrôler les finances. [...] Mario [Monje] doit comprendre que cette lutte en Bolivie sera longue, parce que l'ennemi concentrera toutes ses forces contre elle. La Bolivie se sacrifiera pour créer des conditions révolutionnaires dans tous les pays avoisinants. Nous devons créer un autre Vietnam en Amérique centré en Bolivie.
Lorsque Monje les rejoint, un conflit se produit : ce dernier exige le commandement de la guérilla, et devant le refus de Guevara, le PCB retire ses forces, même si la poignée de Boliviens déjà présents au camp décide de rester.
On trouve dans Che : Ernesto Guevara, une légende du siècle de Pierre Kalfon, mais surtouthttps://catalogue.bm-lyon.fr/ark:/75584/pf0001629345.locale=fr Che de Pierre Kalfon, l'ouvrage le plus détaillé que nous ayons pu consulter et dont nous vous recommandons la lecture, une description circonstanciée de l'expédition. Le camp, pour clandestin qu'il soit, a été bâti pour durer. On y trouve une école de cadres, bibliothèque, potager, four à pain, salle de classe... les effectifs s'élèvent à une quarantaine de personnes ; ce qui ne va pas sans frictions, notamment entre Boliviens et Cubains. Guevara impose à tous - à commencer par lui-même - des missions de reconnaissance épuisante, dans une topographie hostile, uniquement praticable à pied, au point que lorsque les embuscades contre l'armée régulière bolivienne commencent au printemps 1967, sous la bannière de l'ELN (armée de libération nationale, bannière créée pour l'occasion), le moral des troupes n'est pas au plus haut. Les premières échauffourées s'avèrent à l'avantage des guérilleros, avec peu de pertes humaines. Le gouvernement Bolivien fait passer ces accrochages en batailles rangées avec des armées communistes internationales. Bientôt, une armée de 2000 hommes, secondée par des frappes de napalm, traque l'ELN. Les campements sont abandonnés le 3 avril, avec une grande partie de leur matériel, et de nombreux indices qui en apprendront beaucoup à l'armée bolivienne sur "l'identité et l'état d'esprit" des révolutionnaires. La lutte continue en rase-campagne, à pied toujours. Isolés du monde par la perte de leurs moyens de communication - une seule radio fonctionne encore mais uniquement comme récepteur -, Guevara et ses compagnons tentent, avec peu de succès, de convertir à leur cause les paysans des environs, mais aussi les soldats boliviens faits prisonniers. Cependant l'étau se resserre, quelques défections commencent à se faire sentir. La CIA vient en renfort du gouvernement bolivien. Les Américains, en vertu d'un accord de 1956 avec la Bolivie, ont parachuté des bérêts verts à La Paz dès le 13 avril pour soutenir et entraîner l'armée. Le 20, les guérilleros Régis Debray et Ciro Bustos sont interrogés par la CIA, et donnent de nombreuses informations sur l'ELN. Celle-ci se retrouve scindée en deux colonnes, l'une dirigée par Guevara et l'autre par Juan Acuna, dit Joaquin. Qui se perdent et ne se retrouveront jamais.
C'est à ce moment qu'est publiée à La Havane une harangue écrite par le Che à l'automne 1966, connue sous le nom de "Message aux peuples du monde à travers la Transcontinentale", appelant à créer "deux, trois, de nombreux Vietnam". Ce qui correspond à moitié à la réalité, l'ELN livrant bien une guérilla de jungle, entourée de milliers de soldats et de bombardements au napalm - mais comme au Congo, l'adhésion des populations locales est quasi inexistante. Les quelques paysans guaranis et quechuas qui peuplent cette contrée difficile ont même plutôt tendance à révéler les positions des guérilleros. A la place de la "vietnamisation" espérée par Guevara, c'est surtout la faim, la soif, la fatigue et la dysenterie qui minent la troupe. Pendant six mois, jusqu'en octobre 1967, Guevara et les vingt-cinq hommes qui forment sa colonne errent dans la jungle. Guevara décide alors de "mettre cap au nord, vers le Chaparé ou le Beni", régions plus peuplées et donc plus dangereuses. Quelques événements plus encourageants se produisent : le 24 juin, des mineurs d'étain de l'Altiplano déclenchent une grève en solidarité, et l'occupation par la colonne de Guevara de la petite localité de Samaipata - mais la grève est réprimée dans le sang et la prise de Samaipata permet seulement à la colonne de se ravitailler.
Le moral et l'épuisement sont au plus bas. La colonne commence à penser qu'elle a été lâchée par La Havane, peut-être sous la pression de Moscou. Guevara lui-même commence à perdre la maîtrise de lui-même qui le caractérise, notamment à cause d'un asthme qui s'aggrave de jour en jour. Le 31 août, leur arrive la nouvelle que "la colonne de Joaquin a été massacrée". Parallèlement, les six cent quarante Rangers boliviens du régiment "Manchego", formés par la CIA à la lutte anti-guérilla commencent à traquer Guevara. Le 26 septembre, sa troupe subit une embuscade au village de La Higuera, qui fait quatre morts. Les effectifs sont à ce moment réduits à dix-sept hommes à bout de forces, et le 8 octobre, ceux-ci tombent à nouveau dans un guet-apens. Guevara est capturé vers 15 heures. Il sera exécuté le lendemain.
Nous n'avons toutefois pas compris ce que vous appelez la "fuite" de l'intéressé vers Cuba. S'il est bien rentré clandestinement à Cuba en 1966, c'est de Prague, où il s'était réfugié après le désastre congolais, et, d'après nos lectures, uniquement les quelques mois nécessaires à entraîner ses troupes pour la Bolivie.
Pour aller plus loin :
Che Guevara en Bolivie et à Cuba
Journal de Bolivie d'Ernesto Che Guevara, 2008
La dernière guérilla du Che de Thierry Noël, 2014
La guérilla du Che de Régis Debray, 2008
Ernesto Che Guevara : le journal de Bolivie, un film de Richard Dindo, 2005
Souvenirs de la guerre révolutionnaire cubaine d'Ernesto Che Guevara, 2007
Che Guevara, entre mythe et réalité de Chloé Maurel, 2011
Ouvrages et films
Che: Ernesto Guevara, une légende du siècle de Pierre Kalfon, 2007, nouvelle édition mise à jour
Che Guevara de Jean Cormier, 2008, 5ème édition augmentée
Che Guevara d'Alain Foix, 2015
Che Guevara: ombres et lumières d'un révolutionnaire de Samuel Farber, 2017
La face cachée du Che de Jacobo Machover, 2017
Sa vie a inspiré artistes, chanteurs, romanciers, essayistes ou cinéastes qui ont pratiquement tous versé dans l'hagiographie.Jacobo Machover a recueilli de nombreux témoignages d'anciens compagnons et de victimes du Che. Il a ainsi, dans un ouvrage paru il y a dix ans qui a eu un grand retentissement et suscité de nombreux débats, en France comme à l'étranger, pointé ce malentendu autour du Che. Loin du héros romantique donnant lieu à tous les fantasmes, il se révèle dans ces pages, documents inédits et photos commentées à l'appui, un stalinien fanatique, fasciné par la mort et adepte de la terreur et du sacrifice. Le présent ouvrage, revu et augmenté, corrobore son point de vue initial. L'auteur rend également compte de l'évolution du régime castriste dans sa phase finale qui lui permet de tracer une autre vision de l'œuvre, des réalisations et du résultat des utopies sanguinaires de Che Guevara.
Che Guevara, la fabrique d'une icône, un film de Jean-Hugues Berrou, 2014
Che Guevara: naissance d'un mythe, un film de Tancrède Ramonet, 2018
Bonne journée.
Réponse du Guichet
Che Guevara
Bonjour,
La vie d'Ernesto Guevara dit Che Guevara ou le Che a fait couler beaucoup d'encre.
De son Voyage à motocyclette durant lequel il traverse l'Amérique Latine, à la Bolivie où il trouve la mort, son parcours de révolutionnaire et homme politique a marqué plusieurs générations y compris les plus jeunes portant en effigie sur leur t-shirt, le célèbre portrait du Che réalisé par Alberto Korda dont il tira zéro pesos !
Che Guevara en Bolivie et à Cuba
Journal de Bolivie d'Ernesto Che Guevara, 2008
La dernière guérilla du Che de Thierry Noël, 2014
La guérilla du Che de Régis Debray, 2008
Ernesto Che Guevara : le journal de Bolivie, un film de Richard Dindo, 2005
Souvenirs de la guerre révolutionnaire cubaine d'Ernesto Che Guevara, 2007
Che Guevara, entre mythe et réalité de Chloé Maurel, 2011
Ouvrages et films
Che: Ernesto Guevara, une légende du siècle de Pierre Kalfon, 2007, nouvelle édition mise à jour
Che Guevara de Jean Cormier, 2008, 5ème édition augmentée
Che Guevara d'Alain Foix, 2015
Che Guevara: ombres et lumières d'un révolutionnaire de Samuel Farber, 2017
La face cachée du Che de Jacobo Machover, 2017
Sa vie a inspiré artistes, chanteurs, romanciers, essayistes ou cinéastes qui ont pratiquement tous versé dans l'hagiographie.Jacobo Machover a recueilli de nombreux témoignages d'anciens compagnons et de victimes du Che. Il a ainsi, dans un ouvrage paru il y a dix ans qui a eu un grand retentissement et suscité de nombreux débats, en France comme à l'étranger, pointé ce malentendu autour du Che. Loin du héros romantique donnant lieu à tous les fantasmes, il se révèle dans ces pages, documents inédits et photos commentées à l'appui, un stalinien fanatique, fasciné par la mort et adepte de la terreur et du sacrifice.Le présent ouvrage, revu et augmenté, corrobore son point de vue initial. L'auteur rend également compte de l'évolution du régime castriste dans sa phase finale qui lui permet de tracer une autre vision de l'œuvre, des réalisations et du résultat des utopies sanguinaires de Che Guevara.
Che Guevara, la fabrique d'une icône, un film de Jean-Hugues Berrou, 2014
Che Guevara: naissance d'un mythe, un film de Tancrède Ramonet, 2018
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