Quand sont apparus les gonfalons ? Que symbolisaient ces bannières ?
Question d'origine :
GDS bonjour...... le Gonfalon est une sorte de bannière que se sont accaparé bon nombre de gens & d'institutions
de toutes sortes et de tous milieux. A partir de quelle période ces bannières sont-elles apparues.? sont elle seulement
des symboles sociaux, chevaleresques, professionnels, ou autres....?
N'auraient elles pas aussi quelque part une connotation ésotérique, donc pouvant être porteuses d'idées et de
principes moraux....? Merci par avance de votre éclairage toujours important. Y.
Réponse du Guichet
Le gonfanon (ou gonfalon) proprement dit, semble attesté pour la première fois au XIe siècle. Au début support d’une ou deux couleurs et parfois de signes assez simples, tels que croix et cercles, il commence à être orné au XIIe de figures héraldiques et est remplacé au XIIIe par la bannière, presque toujours orné d’un blason. Il est essentiellement religieux ou militaire, même si, notamment en Italie, il peut représenter des communes, des quartiers ou des professions. Nous n’avons pas trouvé trace de symboliques ésotériques pour cet emblème, même s’il pouvait bien sûr être porteur de valeurs et de messages.
Bonjour,
Le gonfanon est au Moyen-Age le nom d’une bannière terminée par deux ou trois fanons, sous laquelle venaient se ranger les vassaux d'un seigneur en temps de guerre. C’est aussi la bannière de l'Église qu'on arborait pour lever des troupes, lors des croisades par exemple. Il était utilisé très largement dans les communes italiennes. (CNRTL en ligne)
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Il servait aussi en Italie d’emblème pour les professions et corporations (voir Histoire des Italiens, Volume 7, Cesare Cantù).
Si on caractérise cette bannière par sa forme, elle est encore utilisée aujourd’hui dans les processions.
Vous lirez avec profit l’article assez détaillé Gonfanon, sur Wikipédia :
«Le terme est attesté pour la première fois vers 1050 sous la forme gunfanun « bannière de guerre » (Alexis, éd. Chr. Storey, 414).
Il associe deux racines franciques :
gund : bataille ;
fano : pièce d'étoffe, terme qui a donné fanon et peut-être fanion.
En vieux haut-allemand, gundfano est un étendard de combat.
Fano a donné en allemand Fahne, drapeau ou étendard.
On trouve dans la Chanson de Roland, au XIe siècle : «De cels de France virent les gunfanuns.».
Quelques définitions qui apportent chacune des petites précisions:
Gonfanon.
Emblème d’église ou de guerre à trois points pendants, suspendu par trois annelets à une trabe horizontale placée au sommet d’une hampe. Appelé jadis CONFANON ou CONFALON, il apparut au XIe siècle et fut, dès le XIIe siècle orné de figures héraldiques. Début XIIIe, il sera remplacé par la bannière qui est, elle, pratiquement, toujours représentative d’un blason.
Dictionnaire héraldique, Georges de Crayencour
Gonfanon, Encyclopédie, Ou Dictionnaire Raisonné Des Sciences, Des Arts Et Des Métiers, Volume 16, publié par Denis Diderot, Jean Le Rond d' Alembert
Définition de Gonfalon sur le site Imago Mundi
Bannière, Gonfalon, Gonfanon, L'archéologue chrétien ou Cours élémentaire d'archéologie ..., Volume 1, de J. Gareiso
Si les motifs du gonfanon, quand il y en a, ne sont pas à proprement parler ésotériques, ils peuvent bien sûr être symboliques comme on peut le voir pour ce gonfalon de l’Inquisition à Goa. De même, comme pour les armoiries, le choix de représenter un animal comme par exemple le dragon est également significatif :
" Au début du Moyen Âge, les souverains anglais reproduisaient cette bête, symbole de puissance, de force et de sagesse, sur leurs gonfalons de guerre. "
Le célèbre gonfanon baussant des templiers usurpe peut-être un peu son nom, n’ayant pas de fanons mais on voit que les noms bannière, gonfanon ou étendard sont parfois employés les uns pour les autres. Quoiqu’il en soit, là aussi les motifs sont symboliques:
«Les couleurs du baussant n'ont pas été choisies au hasard. L'évêque d'Acre et chroniqueur de l'époque, Jacques de Vitry, tenait ses renseignements des Templiers eux-mêmes.
Il explique ainsi que le noir symbolisait la férocité des Templiers envers leurs ennemis alors que le blanc symbolisait, quant à lui, l'amour (franc et bienveillant) pour leurs amis. «Des lions en guerre, des agneaux en paix.» résume Jacques de Vitry dans son Historia orientalis.
L’historien Alain Demurger propose une autre explication: le noir était le symbole de l'humilité et de la pénitence (ce qui explique pourquoi les moines de Cluny l'ont choisi), tandis que le blanc était celui de la pureté (et a été préféré au noir par les cisterciens qui voulaient marquer une rupture avec les excès qu'ils reprochaient aux bénédictins).»
Extrait de l'article Baussant, Wikipedia
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Voir aussi pour l’usage du gonfalon «sur le terrain», ces pages en ligne sur Google Livres :
Armies of Feudal Europe 1066-1300, Ian Heath
Chevaliers du Christ. Les ordres religieux-militaires au Moyen Age (XIe-XVIe), Alain Demurger, page en ligne sur Google Livres
Bien cordialement