Où se trouvait le café Tolozan et quel était l'usage de ces jetons ?
Question d'origine :
Bonjour pouvez-vous me dire où se trouvait le café Tolozan et quel était l'usage des jetons dont je joins un exemplaire en pièce joint.
D'avance merci. Cordialement.
Réponse du Guichet
Entre 1920 et 1925, un café de ce nom existait au 25, place Tolozan. Le jeton reproduit en photo est probablement un jeton de nécessité.
Où se trouvait le café Tolozan?
On trouve trace en 1886 d’un café connu sous le nom de «café Tolozan» au 26 place Tolozan, propriété de M. Mille, grâce à une demande d’autorisation d’installation d’une véranda publiée dans les procès verbaux du Conseil municipal de Lyon le 8 novembre 1886.
L’activité d’un «Café Tolozan» situé cette fois au 25, place Tolozan est attesté entre 1920 et 1925 par différentes mentions dans le Salut public, accessible sous forme numérisée sur Lectura plus : voir les 13 résultats
On y apprend que le Café Tolozan, 25 place Tolozan, était le siège du «Club Lyon touriste» qui y tenait régulièrement des réunions (voir le journal du 2 juillet 1920), qu’il accueillait également des réunions de l’Amicale des retraités civils coloniaux (voir le journal du 30 juin 1922), qu’on pouvait y louer des places pour des matchs de boxe (voir le journal du 2 mars 1923) et que le propriétaire organisa dans son établissement un grand concert au profit des orphelins de la police (voir le journal du 16 juin 1925). Il n’y a plus trace de ce café dans le Salut public après 1925.
L’annuaire Fournier de 1920 répertoriait au n°25 de la place Tolozan un café-comptoir tenu par la veuve Jallamion. On trouve sur google books la trace de la mise en vente aux enchères du «café Jallamion» au 25 place Tolozan, en 1919, qui a donc précédé le Café Tolozan à cette adresse : voir l'extrait de la Gazette judiciaire et commerciale de Lyon de 1919. L’annuaire Fournier de 1925 répertorie au 25 de la place Tolozan un café géré par un certain Larribe, tandis que celui de 1930 ne répertorie plus de café à cette adresse.
Quel était l’usage des jetons portant le nom de cet établissement?
Plusieurs jetons frappés au nom du café Tolozan et portant une valeur monétaire sont présents sur le web. Le Musée Carnavalet à Paris en possède un dans ses collections, qu'il date du début du 20e siècle.
On peut trouver l’équivalent pour d’autres cafés lyonnais, comme le café restaurant Henry sur Numista.com ou le café Mazoyer sur le site Philippe Saize numismatique. Ces jetons sont classés dans la catégorie des jetons ou monnaies de nécessité sur les sites de collectionneurs.
En 2021 Gildas SALAUN consacrait un article aux Jetons de bars et restaurants de Nantes, sur le site Numismag. Il y détaille plusieurs catégories de jetons : «Il y a tout d’abord les jetons monnaies de nécessité, c’est à dire des jetons monnaies supplétives. Il y a ensuite les prospectus métalliques, à vocation publicitaire. Il y a enfin les jetons bons de consommation. Ces bons étaient gagnés dans des machines à sous et pouvaient ensuite être utilisés dans le commerce qui abritait la machine à sous». L’article comporte un lien vers une conférence l’auteur sur le sujet.
Le site Numista présente comme suit les pièces de necessité :
«De nombreuses villes en France ont émis leurs propres jetons de monnaie (monnaie de nécessité) pour circuler en parallèle ou à la place des pièces habituelles. À la suite de la tourmente économique et financière créée pendant et après la Seconde Guerre mondiale, le Franc a été dévalué et les monnaies d'argent de 50 centimes, 1 franc et 2 francs ont rapidement commencé à disparaître de la circulation, en raison des personnes qui les accumulaient pour la valeur en argent. En conséquence, la pénurie de monnaie a poussé les municipalités à émettre leurs propres monnaies de remplacement du milieu de la Première Guerre mondiale jusqu'à la fin des années 1920. Les émissions de monnaies de nécessité ont cessé en 1931, moment où les émissions des chambres de commerce circulaient facilement et en quantité. La plupart de ces pièces étaient constituées de métaux de faible valeur, comme le zinc ou l'aluminium, et des timbres-monnaies ont également été fabriqués. Les colonies françaises où le Franc circulait ont également émis leurs propre monnaies de nécessité au cours des années 1920.»
Pour aller plus loin, vous pourriez entrer en contact avec le Cercle Lyonnais de numismatique, dont certains membres se sont certainement déjà penchés sur le sujet.
Sur les monnaies de nécessité, vous pourriez lire :
Monnaies de nécessité françaises : 1789-1990 [Livre] / V. Gadoury, R. Elie, 1990
Les monnaies de nécessité françaises et coloniales [Livre] / Jean Manasselian, 1982
Un document : monnaies de nécessité française : 1914-1916 : contribution à l'étude du phénomène 1914-1932 de Maurice Kolsky [Article], dans Le livre d'or de l'association Rhône 89, p. 303-309
Audrey Soria, Les monnaies de nécessité à Lyon (1914-1922),[Article], dans : Revue européenne des sciences sociales [En ligne], XLV-137|2007, mis en ligne le 01 juillet 2010, consulté le 29 avril 2022. Ce dernier parle uniquement de la monnaie de nécessité émise par la chambre de commerce.