D'où viennent les noms de ces quartiers marseillais ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'aurais voulu connaître l'origine du nom des quartiers St Loup ainsi que celui de la Millère et la Panouse à Marseille.
Merci
Réponse du Guichet
Avant de s'appeler Saint-Loup, ce quartier de Marseille a porté d'autres noms. Il se peut qu'il ait pris cette appellation d'une chapelle érigée en ces lieux, elle-même nommée ainsi, du nom de son donateur. Une autre hypothèse serait celle d'un lien entre St Loup et un cours d'eau, loubet en provençal. L'abbé Cayol indique que "nous trouvons ce vocable pour la première fois à l'occasion d'un acte passé le 31 mars 1531".
D'abord nommé domaine de Prat Redon, puis Bueras et Buyeras, la Millère tient son nom de la famille Millière qui en fut propriétaire.
En provençal, panouse signifiant couvert de taches de rousseur, il se pourrait que ce nom de quartier périphérique de Marseille, vienne d'un·e de ses habitant·es tacheté·e d'éphélides.
Bonjour,
Saint-Loup
Le premier nom du quartier Saint-Loup à Marseille est Centhis selon l'abbé Cayol (1812-1869), auteur de Histoire du quartier de Saint-Loup: banlieue de Marseille paru en 1866.
En l'an 840, époque où les terres ont été rendues cultivables, furent construits "sept moulins sur les rives de l'Huveaune ainsi qu'un couvent de religieuses et une petite chapelle dont existent les ruines sur la colline de Sainte-Croix". Source : Wikipédia
C'est autour de ce couvent que commença à se développer le village nommé Centhis devenu Saint-Thys puis Centron et aujourd'hui le quartier voisin Saint-Tronc.
L'histoire du quartier de Saint-Loup ne commence proprement qu'à l'an 840 de notre ère. A cette époque, et même bien plus tard, disent les historiens, la forêt de la Garde s'étendait jusqu'à Saint-Cyr, et par conséquent couvrait le terroir de Saint-Loup presque en entier.
L'Huveaune, n'étant point encaissée, formait des marais et des lacs qui s'étendaient assez loin. A peine s'il y avait quelques terres cultivées à côté de ces marais, et quelques petites habitations pour abriter les cultivateurs.
Le quartier de Saint-Loup, disent encore tous les historiens, se nommait d'abord Centhis, nom dont on ignore complètement l'origine, et dont on fit par corruption en provençal San This, puis San Thyrse, probablement parce que saint This n'existe pas, tandis que Thyrse est le nom de deux martyrs, anciennement célèbres dans les Gaules, et dont l'un fut l'apôtre d'Autun, et l'autre fut et est encore aujourd'hui patron de la ville de Sisteron.
Nous croyons, contrairement à l'avis des historiens, que le nom de Saint-Thyrse fut antérieur à celui de Centhis. Ce qui nous porte à le croire, c'est qu'on trouve constamment Saint-Thyrse, Sanctus Thyrsus, Thysius ou Thyrcius dans les chartes des XIe, XIIe, XIIIe et XIVe siècles, tandis qu'on ne trouve que Saint-This ou Thys dans toutes les pièces qui viennent après...
Ensuite, alors que la chapelle du couvent érigé là s'agrandit au début du XVIe siècle, elle prend le nom de Saint-Loup "probablement parce que la donateur portait ce nom," (abbé Cayol).
Nous trouvons ce vocable pour la première fois à l'occasion d'un acte passé le 31 mars 1531, par lequel "le monastère de Saint-Victor donne bail à Bernard Zarbin une vigne située à Saint-Loup, à la censive de trois patas*, à l'office de la Trésorerie."
D'après Wikipédia le nom de Saint-Loup sera évoqué la première fois à la même date, "dans un acte passé par devant Maitre Jean Massatelli, notaire à Marseille."
Mais la raison de cette appellation reste équivoque car les sites Saint Tronc et ciq3ponts rapportent que ce nom reste inexpliqué, "bien que l’on pourrait inférer un lien entre St Loup et le cours d’eau (Loubet en provençal)." Ils précisent également la datation du nom donné à l'église : "le cartulaire de Saint Victor daté de 1057 décrit une transaction entre Pierre, prêtre du village de Saint Marcel et le monastère de Saint Loup. "Pierre donne au monastère une vigne, voisine de celle de Pons Borrelus de Saint Thyrse." L’église de Saint Loup est confirmée à l’Evêque de Marseille par une bulle du pape, Anathase IV, le 30 Septembre 1153."
La Millière
Originairement "domaine de Prat Redon situé dans un méandre de l’Huveaune appartenant à Jean de l’Oye au XIVème siècle, le quartier la Millière est aussi appelé Bueras et Buyeras en novembre 1406 (depuis au moins 1351) puis terres de Claude Millière, hôtelier à Marseille, en 1469. Ensuite le domaine passe à la famille Diodé, apparentée aux De Forbin, et à d’autre propriétaires ; enfin à Martin Millière dont le fils reconstruit la bastide qui devient Bastide de la Millière (XVIème siècle)." Source : Marseille 1112
La Panouse
Sur l'origine du nom la Panouse, la question reste ouverte. Jean Contrucci, auteur de La somnambule de la villa aux loups explique dans la vidéo La Panouse, un quartier coupé du monde, qu'"en provençal, la panouse est un lieu planté de lentilles." C'est aussi le nom donné aux personnes qui ont des taches de rousseur. En effet, le dictionnaire de Frédéric Mistral, Lou Tresor dóu Felibrige, atteste de ces parentés lexicales :
PANOUS, OUSO, OUO, adj. Tacheté de nuages, v. nivoulous ; couvert de taches de rousseur, v. lentihous.
LENTIHOUS, LENTILHOUS (l.) LENTIJOUS (bord.), OUSO, OUO (rom. lentillos, v. fr. lentilleux, it. lentiginoso, lat. lenticulosus), adj. Parsemé de lentilles, marqué de taches de rousseur, v. panous.
L'une de ces personnes aurait-elle habité ce quartier éloigné de Marseille, suscitant l'expression "tu sais, c'est là-bas ! où habite la panouse" ?
Bonne journée.
_________________________________
* "Pièce de monnaie valant deux deniers"