Comment comparer le coût de la vie à Paris et en Bretagne à la fin du XIXe siècle ?
Question d'origine :
Je voudrais savoir comment comparer le coût de la vie à Paris et celui en Bretagne à la fin du XIXe siècle.
Réponse du Guichet

Il n'est pas evident de trouver des élements de comparaison concernant le coût de la vie à Paris et en Bretagne à la fin du XIXe siecle. Quelques ressources nous indiquent pourtant que les disparités de salaires sont alors très importantes entre ces deux régions. D'ailleurs une grande partie de la population bretonne est contrainte de partir vivre en region parisienne pour trouver un emploi après 1850.
Bonjour,
La première ressource que nous vous invitons à consulter est un article intitulé «Les disparités de salaires en France au XIXe siècle», paru dans la revue «Histoire & Mesure» en 1995. En voici un extrait qui nous éclaire sur des inégalités évidentes de salaires entre une région et une autre.
«On sait cependant qu'en France, tout au long du XIXe siècle, les disparités de salaires sont restées très importantes d'une région à l'autre, dans l'industrie comme dans l'agriculture, tout comme entre les hommes et les femmes. Cet article vise à présenter les premières étapes d'une analyse détaillée de telles disparités en cherchant d'abord à rendre compte des écarts interrégionaux et intersectoriels affectant les salaires masculins dans l'agriculture et l'industrie au milieu du XIXe siècle…»
Plus loin, l’auteur indique :
« Dans l'agriculture, en 1852 comme en 1862, les disparités spatiales de salaires étaient considérables. Si l'on agrège les données au niveau des 21 régions actuelles, le rapport des salaires entre les régions extrêmes de l'Ile-de-France et de la Bretagne est nettement supérieur à deux… Les salaires moyens agricoles en Ile-de-France et en Bretagne sont respectivement de 1,99 F et 0,84 F en 1852, soit un rapport de 2,4 ; ils sont de 2,69 F et 1,19 F en 1862, soit un rapport de 2,3 ».
Joël Cornette, souligne d'ailleurs, dans l’introduction à son « Histoire illustré de la Bretagne » :
" Au XIXe s., la Bretagne apparait comme l’une des régions les plus pauvres de France et l’une de celles ou plus des deux tiers de la population vivent encore du travail de la terre : en 1876 l’agriculture emploie 71.2 % de main d’œuvre…"
Le site du département des côtes d’Armor nous donne des éléments sur la situation économique de la région tout au long du XIX e siècle. Revenant sur un contexte particulièrement difficile après la seconde moitié de XIXe siècle, c'est en effet une période pendant laquelle une grande partie de la population quitte la Bretagne pour la région parisienne :
" Après 1850, un mouvement massif d'émigration va se mettre en place. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène. Le départ des paysans de l'intérieur de la région pour les zones côtières est important, causé surtout par la fermeture des forges, mines et fabriques de toiles qui constituaient des compléments financiers indispensables. Parallèlement, des dizaines de milliers de personnes quittent les Côtes-du-Nord pour d'autres régions à partir de la fin du XIXe siècle. Cette émigration est facilitée par l'arrivée du chemin de fer dans la région dès 1852. Les émigrés vont pour moitié en région parisienne, où les femmes travaillent surtout comme domestiques et les hommes comme terrassiers. "
Pour revenir sur la question du coût de la vie, il est beaucoup plus facile de trouver des éléments sur le prix des biens de consommation à Paris au XIXe siècle, que sur ceux pratiqués en Bretagne.
Ainsi, un document disponible en ligne et intitulé " Relevé de quelques prix et salaires aux 19ème et 20ème siècle ", rassemble des informations glanées sur divers blogs et sites et nous informe sur quelques prix en cours, dans le département de la Seine, en 1890. Voici un ordire d'idée des prix d'alors :
• 1 livre de pain : 90 centimes
• 1 litre de lait : 10 centimes
• 1 côtelette de porc : 25 centimes (soit 0,80 euro, valeur 1/1/2002).
• 1 litre de vin : 10 centimes
• 1 kg de charbon : 5 centimes
• 1 cornet de frites : 10 centimes
Nous avons également trouvé un article extrait du «Journal de la société statistique de Paris» de 1902, intitulé « Le coût de la vie à Paris à diverses époques » et redigé par Gustave Bienaymé, qui concerne spécifiquement, le prix des transports publics (omnibus, tramways) jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Nous vous invitons à consulter le troisième volume de l’« histoire économique et sociale de la France » de Fernand Braudel et Ernest Labrousse qui est consacré aux années 1880. L’ouvrage ne donne pas d’éléments de comparaison entre ces deux régions mais consacre de nombreuses pages aux inégalités par secteurs (industriels ou agricoles).
Pour aller plus loin, nous vous conseillons également :
- La Bretagne et la France de Philippe Tourault. L’auteur revient sur la situation économique de la région, au XIXe siècle :
" Après les révoltes et agitations de la chouannerie, les Bretons traversent des temps plus paisibles sous Louis XVIII (1814-1824) et ses successeurs immédiats. Ils ne connaissent pas pour autant la joie de vivre car, surtout dans la première moitié du XIX e siècle, une agriculture traditionnelle et archaïque peine à nourrir une population de plus en plus nombreuse malgré une mortalité élevée. Pour beaucoup de paysans, c’est la misère ou l’émigration, que les progrès agricoles n’arrivent pas à enrayer après 1850...Alors que la plupart des départements français bénéficient des avantages de l’industrialisation, ceux de la Bretagne, sauf une partie de la Loire-Inférieure, restent frappés d’immobilisme ou de difficultés d’adaptation, ce qui aggrave encore les problèmes sociaux. "
- Histoire sociale de la France au XIXe siècle de Christophe Charle
- Histoire de France des régions : la périphérie française des origines à nos jours d’Emmanuel Le Roy Ladurie
Enfin un article en ligne sur « L’évolution des niveaux de vie en France, de la fin de l’Ancien Régime à la Seconde Guerre mondiale »
Bonnes recherches.