Quelle est l'origine du mot "porte-pot" ?
Question d'origine :
Bonjour,
mes arrières grands-parents ont tenu un café, comptoir, porte-pot dans l'actuelle rue Sidoine Apolinaire puis à Décines.
Sauriez-vous me dire quelle est l'origine du mot "porte-pot"?
Cordialement
Réponse du Guichet

L'expression "porte-pot" désigne à l'origine une pratique commerciale consistant à vendre du vin sur place ou à emporter. Basée sur le "pot", carafe typiquement lyonnaise actuellement de 46 cl mais dont la capacité a varié au cours du temps, elle ne se limitait pourtant pas à la région.
Bonjour,
Les documents que nous avons consultés s'entendent pour définir un porte-pot comme un "comptoir où l'on vend du vin à emporter" (Le parler lyonnais), "Bistrot, boutique, comptoir servant du vin et en vendant à emporter" (Le Parler du Lyonnais), ou encore, comme Glossaire des gones de Lyon :
Ce mot, on a peine à le croire, que nous rencontrons à chaque pas, n'est pas reconnu par l'Académie. Vendre à porte-pot, c'est vendre du vin en détail avec l'autorisation de l'emporter.
Porte-pot est aussi le lieu où l'on fait ce commerce.
L'expression étant formée sur le mot "pot" ou "pôt", entendu comme un type de bouteille typiquement lyonnais "au cul épais et aux fortes parois" faisant aujourd'hui 46 cl., mais jadis d'une contenance d'1,135 litre.
Nous rencontrons le porte-pot dans une de nos anciennes réponses qui concernait l'origine du bouchon lyonnais :
Il sera difficile de vous répondre car comme le souligne Le dico de Lyon " Ce terme désignant un lieu de restauration typiquement lyonnais a des origines aussi discutées que ne l’est sa propre définition. Selon toute probabilité, le nom de bouchon proviendrait du bouchon de paille que l’on trouvait devant chaque établissement de restauration afin de bouchonner (brosser et nettoyer) son cheval. Mais le terme bouchon pourrait aussi venir du fait que les bouchons suspendaient à leur porte une botte de rameaux, en forme de boule, comme une enseigne ou du bouchon de bouteille que l’on faisait sauter dans les porte-pots qui sont à l’origine des bouchons. Car le bouchon est le digne descendant du porte-pot, lieu où l’on venait étancher sa soif… "
Mais c'est peut-être Le Littré de la Gran'côte qui donne la définition la plus complète :
PORTE-POT : s. m. - [...] Vin à porte-pot se lit souvent sur une enseigne. Cela veut dire que l'on vend du vin à emporter (en portant le pot) et non à consommer sur place.
Le sens premier est certainement : endroit où l'on vend du vin à porte-pot. Les bourgeois de Lyon avaient le droit de vendre le vin de leur récolte à porte-pot. On appelle un débit de vin un porte-pot. Le terme a passé à la cave où l'on vend le vin, puis à la porte servant à fermer le porte-pot. [...]
On notera également que la pratique du porte-pot n'est pas typiquement lyonnaise, selon France Weber qui, dans son Essai historique sur la brasserie française (1900, disponible au format numérique sur Gallica), nous apprend que ce type de commerce faisait déjà l'objet d'édits royaux au XVIIè siècle :
Le 8è article de l'ordonnance de 1680 dispose que le droit réglé qui se paie pour la vente au détail "à Pôt" ou à assiette, c'est-à-dire pour ce qui se consomme isolément ou s'emporte (l'expression "à porte Pôt" qui subsiste encore dans le Lyonnais notamment, le rappelle clairement) ou ce qui se consomme avec accompagnement de repas chez les débitants, sera de 3 livres 10 sols par muid, pour être payé, dans tous les lieux où le droit est appliqué au vin.
Le Pôt contenait deux grandes pintes de Paris, soit deux litres.
Sur l'histoire des commerces de bouche dans le Lyonnais, vous pourrez consulter également :
- Espaces et pratiques du commerce alimentaire à Lyon au XVIIe siècle [Livre] : l'économie du quotidien / Anne Montenach
- Auberges et cabarets dans le Haut-Beaujolais avant la Grande guerre [Livre] / Renaud Gratier de Saint-Louis...