Le mot "canit" est-il bien lyonnais ?
Question d'origine :
Bonjour.
Quand j’étais collégien ou lycéen à Lyon entre 1975 et 1980, nous avions l’habitude d’aller faire un flipper ou un baby-foot au « canit » en sortant de l’école.
Ce mot a toujours été pour moi un synonyme de « café ». Il y a d’ailleurs à La Croix-Rousse un restaurant qui s’appelle « le Canit des Canuts ». Cependant, je n’arrive à trouver aucune trace nulle part de ce mot, ni sur le net, ni dans le Littré de la Grande-Côte.
Pouvez-vous m’aider ? S’agit-il vraiment d’un mot lyonnais ?
Merci d’avance.
Cordialement,
Fabrice
Réponse du Guichet

Le mot "cani" qui peut s’écrire également "canit" ou "canis" semble bien à l’origine provenir du parler lyonnais d’après les différents dictionnaires des régionalismes de France. Comme vous vous le remémorez justement, il est employé dans le langage familier pour désigner le bistrot, le troquet et le café et de façon plus large un débit de boisson dans la région lyonnaise et stéphanoise.
Bonjour,
Nous avons consulté plusieurs dictionnaires concernant le parler lyonnais ; tous ne mentionnent pas le terme «cani» comme vous le précisez par exemple pour Le Littré de la Grand'Côte ; toutefois voici les définitions que nous avons relevées dans plusieurs de ces ouvrages, souvent accompagnées d’exemples dans différents contextes de langage :
- Le parler du Lyonnais / Gilbert Salmon
p.56 : cani, canis, canit, bistrot, café, débit de boisson
Le village est doté d’un cani (AT 20074)
1ère attestation :
dans le sombre cani d’où les soyeux s’évadent, [.] Ils ne viennent pas là boire des orangeades.
Source: Fénestrier Charles et Beraud Henri, Marrons de Lyon, Paris, Grasset. 1912, p. 149
p. 33 : Cani : petit bistrot sympathique
p.110 : Canis
Lyonnais: commerce. Café
Le dauphinois Frédéric Dard alias San Antonio et vice et Versailles comme ils disent, campe ici un Bérurier comme toujours assoiffé :
(..;) avec un instinct très sûr, Bérurier nous drive jusqu’à un bistrot presque voisin. C’est le «canis» lyonnais. Un plancher avec de la sciure. Quelles tables lustrées. Un petit comptoir derrière lequel le patron violacé met des élastiques de couleur au goulot des «pots» afin d’en différencier le contenu : un élastique rouge pour le Beaujolais, un vert pour le Côte du Rhône.
- Fais pas cette bouille! jetè-je à Mathias, tu la reverras ta belle-mère!
- Vous m’avez mis dans un joli pétrin vous deux!
Dans cet ouvrage qui est accessible en ligne, vous trouverez plusieurs exemples d’emploi de ce mot extraits d’ouvrages ou de journaux. Nous relevons également que la graphie multiple de «cani» témoigne de l’incertitude à orthographier un terme qui appartient principalement à l’oralité. Quant à son étymologie, il s’apparente probablement à de l’argot lyonnais, cani signifiant «petite chambre meublée».
Pour prolonger cette réponse, d’autres sources et références peuvent être consultées :
- Bistrots de Lyon : histoires et légendes, ed. Le Progrès Lyon, 1983
- Une liste des ouvrages de référence sur le parler lyonnais est proposée sur le site de l’Association des Amis de Lyon et de Guignol
- Un article de L’Influx sur le parler lyonnais: Quelle Bugne ! Insultes, épithètes et quolibets en parler lyonnais à l'usage des néophytes
Et pour terminer et illustrer ce sujet, voici un cliché du Café de la Cloche à Lyon en 1987, sur la base Photographes en Rhône-Alpes.
Bonne journée.