Quelle est l'histoire des maisons de quartiers ?
Question d'origine :
Quelle est l'histoire des maisons de quartiers ?
Réponse du Guichet
Les maisons de quartier trouvent leur origine dans les settlements britaniques du XIXe siècle mais c'est dans les années 1970 qu'elles se sont multipliées en France avec le développement des grands ensembles urbains.
Bonjour,
Les premières maisons de quartier sont nées outre-Manche à la fin du XIXe siècle :
C’est en Angleterre et aux Etats-Unis, à la fin du XIXe siècle, qu’apparaissent les premières expériences de travail social au sein des quartiers. A Londres, les premières maisons de quartier sont créées en 1884 par le vicaire S. Barnett. Les «settlement houses» ont pour ambition de «travailler avec et pour les habitants, à la recherche de l’amélioration de leur niveau de vie mais [elles] s’engagent aussi en les soutenant lors de leurs luttes sociales». Aux Etats-Unis, la diffusion des approches communautaires a également été très rapide dans le champ social. Cela s’explique en partie par l’importance accordée aux corps intermédiaires, ces derniers étant reconnus comme des échelons essentiels de la vie sociale et politique. Le développement des démarches communautaires est encouragé par le «community council» ayant pour objectif la concertation, la planification et la coordination des actions de quartier. S’ajoutent à cette première structure des «community chests», chargés, sur l’ensemble du territoire, de collecter les financements nécessaires pour organiser les activités locales. Ainsi, la politique de la ville américaine s’appuie sur des collectifs forts, dénommés «communautés». Dans ce cadre, les travailleurs sociaux ont pour rôle, non pas le suivi individuel de chacun des membres du groupe, mais l’accompagnement et l’animation d’un collectif.
La Harlem Children’s Zone représente un exemple concret de ce type de démarches. Cette association à but non lucratif a été fondée en 1970 pour améliorer la qualité de vie des enfants et de leurs familles dans un des quartiers les plus défavorisés de New York, Central Harlem. Organisée autour de quinze centres avec des missions très précises, cette association avait pour ambition de se mettre au service de plusieurs milliers de jeunes en difficulté. Elle a participé au développement d’un réseau de services dans le quartier, afin de promouvoir une meilleure stabilité familiale, des emplois et des opportunités économiques, des logements décents à loyers modérés, une éducation de qualité et des activités pour les adolescents. Il s’agissait notamment de soutenir les enfants du quartier défavorisé de Harlem pendant leurs études afin de leur garantir une meilleure insertion.
source : Usagers ou citoyens ? De l'usage des catégories en action sociale et médico-sociale / Marcel Jaeger, Guillaume Malochet, Serge Ebersold, Jacques Papay, Marc Bernardot, Claude Wacjman, Brigitte Berrat, Brigitte Bouquet, Flore Capelier, François Chapireau, Valérie Cohen, Yves Couturier, Martine Dutoit · 2011
Côté maisons sociales, l’héritage est à rechercher outre-manche – là où la classe ouvrière a une longue histoire et où s’écrivent quelques principes de la lutte des classes – avec les settlements, animés depuis les années 1850 par des pasteurs. Outre-Manche mais aussi outre-Atlantique: Jane Addams, bientôt véritable héros national, ouvre en 1889 à Chicago le modèle du genre, qui essaimera puisque, en 1900, il n’y aura pas moins d’une centaine de settlements dans tout le pays.
En France, Marie Gahéry est une des premières à prendre le flambeau et à installer une œuvre du même type dans le quartier de Popincourt, 11 rue du Chemin-Vert.
source : Les Centres sociaux 1880-1980 Une résolution locale de la question sociale ? / Dominique Dessertine, Mémoires vives--centres sociaux (Association) · 2004
Lire aussi : A l’origine du travail social collectif : la création des maisons sociales, ancêtres des centres sociaux
C'est dans les années 1970 que vont se multiplier les maisons de quartier telles qu'on les connaît aujourd'hui, principalement dans les grands ensembles urbains.
L’arrivée des maisons de quartier, sous l’initiative massive des villes, dans les années 70 et 80, diversifie le paysage des équipements de proximité. L’effritement de l’Etat-providence et l’apparition d’une nouvelle question sociale liée à la massification du chômage et de l’exclusion modifient radicalement la composition du public fréquentant ces lieux ainsi que leurs attentes. Cela va de pair avec la spécialisation des secteurs d’intervention selon les milieux sociaux. D’une part, les Maisons des Jeunes et de la Culture se positionnent dans un espace d’activité dominé par les classes moyennes et supérieures, tandis que les Maisons de quartier s’implantent dans ou autour des grands ensembles habités par les classes populaires. A ce sujet, ce n’est pas un hasard si le processus de concentration de la pauvreté et la multiplication des maisons de quartier coïncident. Les centres sociaux mènent également leurs actions dans ce deuxième secteur. Alors que les M.J.C. se distinguent par leur dimension purement culturelle, les centres sociaux et les maisons de quartier évoluent entre le social, le culturel et l’éducatif avec souvent une dominance sociale.
source : Les interventions sociales de proximité / Mustafa Poyraz
Lire aussi : Le pouvoir d’agir dans les centres sociaux : un nouveau rapport au politique ?
Pour aller plus loin, nous vous recommandons la lecture de ces documents :
- L'implantation des centres sociaux sur le territoire / Christiane Crépin ; Thomas Le Jeannic - Revue des politiques sociales et familiales - Année 2000 - 59 pp. 73-91
- Les Maisons de quartier de Poitiers. / Patrick Boilet - Agora débats/jeunesses, 24, 2001. Les jeunes entre équipements et espaces publics. pp. 19-30.
- L’animation de proximité / BIER Bernard, MOULLé Christophe, RIVIER Virginie et al., Cahiers de l’action, 2010/3 (N° 29), p. 59-67.
- Des usagers aux citoyens [Livre] : de l'usage des catégories en action sociale et médico-sociale / Marcel Jaeger
- Les MJC : 1959-1981 : de l'été des blousons noirs à l'été des Minguettes / Laurent Besse ; préface Antoine Prost
- L’animation socioculturelle :Fondements, modèles et pratiques / Heinz Moser, Emanuel Müller · 2017
- Institutions socio-culturelles : monographies comparées : M.J.C., centre social, maison de quartier, centre médico-social, palais des jeunes / M. Charuau, G. Devillers, M. Lerouge, J. Mariotte, ... [etc.] ; sous la direction de Christian Hermelin
Bonne journée.