Le père de Laurent Mourguet était-il geôlier ?
Question d'origine :
Bonjour,
Dans le Drapeau de Bellecour, n° 1, a été publié un feuilleton sur la vie de Laurent Mourguet signé par son petit fils Louis Josserand. Il y est dit que le père de Laurent, Benoit Mourguet, était à l'époque de la naissance de son fils, geôlier de la prison de Roanne.
C'est la première fois que je vois cette référence à un emploi de geôlier pour le père de Laurent Mourguet. Avez vous d'autres éléments qui confortent cette affirmation ?
Merci.
Praline
Réponse du Guichet
Benoit Mourguet, père du créateur de Guignol, Laurent Mourguet, était tisseur fabricant-marchand de métier. Il fera un court séjour avec son fils à la prison de Roanne dans le Vieux-Lyon lors de la répression qui suivit le siège de Lyon en 1793.
En préambule, nous tenons à préciser que la bibliothèque municipale de Lyon a numérisé un grand nombre de journaux lyonnais du XIXe siècle. C’est ainsi que le Drapeau de Bellecour, dont le numéro 1 du samedi 28 octobre 1865(?) est accessible sur Numelyo.
A la lecture de cet article constatant cette indication biographique concernant le père de Laurent Mourguet, nous lançons nos recherches dans les différents ouvrages dont nous disposons sur la famille Mourguet. Aussi, voici les différents extraits tirés de ces documents concernant le métier du père, Benoit Mourguet :
- Guignol : les Mourguet / Paul Fournel
P 178 - Chronologie: "Laurent Mourguet nait le 3 mars 1769 dans une famille de Canuts. Son père Benoit Mourguet est tisseur. En janvier 1770, création du premier théâtre de marionnettes permanent à Lyon: il s’agit d’une crèche située au bas de la grande côte. En 1778, Laurent a 9 ans; son père installe son atelier rue St Georges."
- Guignol, une marionnette pas comme les autres : 2008, bicentenaire de la création de Guignol par Laurent Mourguet in Bulletin - Société des amis de Lyon et de Guignol ; n°245, décembre 2008
P 3: "Au 18e on trouve trace à Lyon d’un certain Benoit Mourguet, maître et marchand fabricant de son état, comme l’était son père. Ce canut demeure dans le quartier St Nizier. Laurent est le 1er enfant de Benoit et Jeanne, née Trigon. Les époux ne ménagent pas leur peine car ils auront 7 enfants à nourrir. La famille agrandie déménagera quartier St Georges vers 1780 où le père installera son métier à tisser dit à la grande tire."
- «La vie modeste et tourmentée de Laurent Mourguet» [article] / La Voix ouvrière : organe des groupes légionnaires d'entreprises, 15 novembre 1943, page 3
- La vie modeste et tourmentée de Laurent Mourguet [Livre] / Prosper Gien ; illustré par Ferdinand Fargeot ; préfacé par Edmond Locard
"Benoit Mourguet, un canut marchand –fabricant sur la paroisse de St Nizier, suivant la tradition familiale qui destinait à la soierie les Mourguet de père en fils. Ainsi ces deux 1ers fils, Laurent et François s’initient très tôt au métier à tisser pour devenir comme leur père «taffetassier»
C’est finalement dans l’ouvrage Guignol, le roman d'un saltimbanque / Bernard Frangin... que nous avons trouvé l’information concernant le passage des Mourguet à la prison de Roanne en 1793 :
Chapitre Jacolombine – mardi 21 avril 1838:
P. 62 : "Partisans de la contre-révolution, Benoit Mourguet et son fils Laurent, sont dénoncés lors de la répression qui suit le siège de Lyon, appréhendés à leur domicile et conduit à la prison de Roanne (quartier Saint-Jean) en novembre 1793, où a été installé le tribunal de justice populaire présidé par Dorfeuille. Toutefois la commission révolutionnaire du 10 pluviôse de l’an 2 ordonnera leur libération (p.78-79)"
Cet élément biographique se confirme également dans l’ouvrage Lyon. Guignol et les canuts lyonnais / Léon Riotor, 1931 :
Chapitre 14, page 121: "Nos amis les Chignol et les Mourguet et le clan de Gnafron se sont mêlés aux évènements. Benoit Mourguet gémissait dans les geôles des terroristes; son fils s’occupait activement d’obtenir la libération de son père. Le 10 pluviôse de l’an 2 (29 janvier 1794) un jugement de la commission révolutionnaire rendit un lot de 248 captifs, dont Benoit Mourguet."
Aussi, nous pouvons confirmer que Benoit Mourguet s’est trouvé dans la posture inverse du geôlier en étant lui-même emprisonné et jugé à la prison de Roanne. Son arrière-petit-fils, Louis Josserand semble avoir mélangé ces 2 éléments biographiques ; d’ailleurs, il avertit le lecteur dès les premières lignes de son article dans le Drapeau de Bellecour, des problèmes de sources et de véracité dans son entreprise de reconstitution biographique familiale : «N’ayant rien trouvé de vrai dans tout ce qui s’est dit jusqu’à ce jour, j’ai cru vous faire plaisir en vous donnant sa biographie. Je n’ai jamais rien écrit donc j’ai besoin de toute votre indulgence»
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Iconographie additionnelle : dans la base Photographe en Rhône-Alpes, nous avons un cliché de la Plaque mémorielle au 2, place Saint-Paul: «Dans cette maison / entre 1795 et 1832 / vécut et joua / Laurent Mourguet / créateur de Guignol"