Quelle est l'histoire du bâtiment abritant la société Imeens à Brignais ?
Question d'origine :
Bonjour. Quel est l'histoire de l'imposant batiment qui abrite aujord'hui le siège social de la société Imeens au 40/60 Rue Henri Malartre à Brignais ?
Merci


Réponse du Guichet

Le bâtiment a été construit à partir de 1882 pour abriter un établissement appartenant à l'ancienne colonie pénitentiaire et agricole d'Oullins, fondée par la Société de Saint-Joseph à destination de mineurs délinquants. Fermée en 1888, la colonie laisse la place à l'Ecole professionnelle de Sacuny, établissement géré par la Société lyonnaise pour le sauvetage de l'enfance (anciennement Le Sauvetage) avec des missions proches. L'Ecole de Sacuny devient par la suite "centre d'enseignement professionnel et d'accueil des jeunes" (Cepaj) . Les anciens bâtiments ainsi qu'une partie du terrain ont été vendus en 2004 à la Communauté de communes de la Vallée du Garon pour le développement d'un parc d'activités.
Bonjour,
Le livre Brignais : images du passé (1988) publié par l'association les Amis du vieux Brignais reproduit quatre cartes postales relatives au bâtiment qui vous intéresse, sous le nom d'Ecole professionnelle de Sacuny. Voici les légendes qui les accompagnent (voir p. 61-63) :
«L’école professionnelle de Sacuny fut construite entre 1882 et 1886. Appelée d’abord Colonie pénitentiaire, elle prit, en 1891, le titre d’Ecole professionnelle de Sacuny. Cette école professionnelle recevait de jeunes délinquants mais aussi des enfants dont les parents étaient jugés indignes de les élever.»
«Ecole de Sacuny – La ferme» «Il existait plusieurs ateliers : menuiserie, forge, imprimerie, cordonnerie, maçonnerie, blanchisserie, etc. L’un des plus importants était celui des jardiniers, qui étaient chargés d’assurer la fourniture de fruits et légumes pour la centaine de personnes constituant la collectivité.»
«Ecole professionnelle de Brignais – les jardiniers» «Dans le cadre des besoins de l’école en produits de la terre, la ferme jouait un grand rôle et employait de nombreux élèves encadrés par des professionnels.»
«Ecole de Sacuny – Le Salut au drapeau» «Outre l’enseignement professionnel réparti en plusieurs ateliers, les élèves recevaient une formation très sévère et quasi-militaire. Ils portaient d’ailleurs un uniforme comparable à celui des enfants de troupe, et l’école possédait une clique bien étoffée.(...) »
Voici quelques extraits d'un autre livre des Amis du vieux Brignais, Brignais au fil du temps, 2006, chapitre «Des écoles particulières : Sacuny et la Compassion», (lire p. 66-71) :
«Il s’agissait d’une maison religieuse de redressement pour garçons de 6 à 14 ans, où étaient placés les enfants par tribunal des mineurs, pour la plupart des cas sociaux. Ils suivaient la classe primaire et étaient ensuite orientés sur des ateliers pratiques, dans le centre d’apprentissage interne à l’établissement […] ce qui leur permettait de sortir ensuite avec un métier.»
«Ils vivaient en autarcie, avaient une ferme et un jardinier qui leur apprenait le métier… Un employé descendait à cheval à Brignais pour faire des courses. Sacuny avait également sa propre chapelle, son théâtre et sa salle de cinéma. […] »
«Sacuny a fermé en 1988 et est devenu le CEPAJ, Centre d’enseignement professionnel d’apprentissage des jeunes. Il accueille toujours des cas sociaux qui y apprennent la mécanique, la conduite d’engins, la boulangerie-pâtisserie, dans un environnement moins strict et contraignant qu’auparavant.»
Les bâtiments ont tout d'abord été construits pour accueillir un établissement du Refuge Saint-Joseph, colonie pénitentiaire et agricole fondée à Oullins, lire à ce sujet :
La nécessité de sauver l’enfance en danger : l’exemple de la colonie pénitentiaire et agricole d’Oullins et de Brignais (1835-1888), Sophie Vidalot, Master 2 Recherche Mention Droit Privé et Sciences Criminelles, Spécialité Histoire du Droit et des Institutions, Université Lyon III, 2015
Voir notamment p. 126 et suivantes : la colonie pénitentiaire et agricole qui s’installe à Sacuny en 1884 correspond à un transfert des activités de redressement de la colonie pénitentiaire et agricole d’Oullins.
«Fermée par décision ministérielle du 16 juillet 1888, la colonie de Brignais est évacuée le 22 juillet.»
«(…) Pour ce qui concerne la colonie de Sacuny, elle a laissé place à un établissement poursuivant le même objectif de régénération morale de la jeunesse délinquante.»
La colonie pénitentiaire agricole d’Oullins, ou « Refuge Saint-Joseph » sur le site de la ville d’Oullins
L'œuvre de l'abbé Joseph Rey et la Société de Saint-Joseph [Livre] : la colonie agricole de Sacuny à Brignais... 1884-1888 / Victor Degorgue, 1994
Le Père Joseph Rey serviteur de l'enfance défavorisée [Livre] : une expérience d'insertion au XIXe siècle / Eric Baratay, Beauchesne, 1996
Pour connaître l’histoire de l'association qui a pris la suite de la colonie pénitentiaire et agricole dès 1890 pour y ouvrir l' "Ecole professionnelle de Sacuny", vous pouvez lire :
La Société lyonnaise pour le sauvetage de l'enfance, 1890-1960 [Livre] : face à l'enfance en danger, un siècle d'expérience de l'internat et du placement familial / Dominique Dessertine, Erès, 1990
Vous trouverez un compte-rendu de l’ouvrage dans Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 48ᵉ année, N. 1, 1993. pp. 57-59, et des extraits consultables sur CAIRN. Voici un extrait de l’introduction :
«Le rôle joué par le Sauvetage – ancien nom de la S.L.E.A. – dans la région lyonnaise est en effet remarquable. Aujourd’hui, et pour ne s’en tenir qu’au service de placement familial, la S.L.E.A., association privée, conserve une fonction unique en France puisque, en terme de nombre d’enfants placés, son activité équivaut à la moitié de celle des services publics de l’Aide sociale à l’enfance (A.S.E.). Dès sa création, son internat de Sacuny recevait des garçons de tout le sud-est de la France. En outre, le Sauvetage est pendant toute son existence une des rares institutions privées lyonnaises habilitées par les tribunaux pour recevoir les enfants « de justice », moralement abandonnés de la loi de 1889, enfants vagabonds de la loi de 1921, etc. Cette confiance des tribunaux dépasse largement le cadre local et fait rayonner l’institution sur l’ensemble du territoire national.»
De l’école au parc d’activités :
Lire Brignais : du temps où le parc d'activités de Sacuny était une école professionnelle, Le Progrès – Lyon – Ed. 69C Brignais-région, jeudi 13 août 2015 (article consultable sur Europresse) :
«18 hectares de terrain acquis par la CCVG
Entre 1988 et 1992, un bâtiment plus fonctionnel est construit à proximité, sur Saint-Genis-Laval. Les ateliers y sont transférés. L'école de Sacuny devient le centre d'enseignement professionnel et d'accueil des jeunes (Cepaj).
Toujours gérée par la Société lyonnaise pour le sauvetage de l'enfance, devenue société lyonnaise pour l'enfance et l'adolescence (SLEA), l'école a remobilisé, en 2015, 115 adolescents, de 14 à 19 ans, aux parcours complexes. Les formations qualifiantes en cuisine, boulangerie, mécanique auto, peinture, maçonnerie, métallerie, électricité, maintenance des locaux et espaces verts les aident à reprendre confiance en eux et à s'insérer dans la société.
En 2004, les anciens bâtiments en pierre, devenus inutilisés, et 18 hectares de terrain, sont acquis par la Communauté de communes de la Vallée du Garon (CCVG), en vue d'y aménager l'actuel parc d'activités.»
Bonne journée.
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