En quelle année le liquide vaisselle a-t-il été inventé ?

Bonjour,

En mars 2007, dans sa rubrique Économie et entreprises, le journal La Croix publie l'article Paic Citron, une star du liquide vaisselle (consultable en bibliothèque et à distance pour nos abonnés via Europresse).

On y apprend qu'en 1970, Paic Citron est "le premier liquide vaisselle concentré au citron et le premier de couleur jaune" et que Paic vient de PEC, Produit d'entretien Cadum. "Le premier PEC était un produit qui servait depuis 1948, à laver à la fois le linge délicat et la vaisselle."

C'est la société Cadum qui lança ce premier détergent selon Wikipédia. Cadum est le nom latin de l'huile de cade utilisée comme composant d'"un baume capable d'éradiquer les eczémas tenaces." C'est en 1907 que l'américain Michael Winburn, lors d'un séjour à Paris, se procure cette pommade. Celui-ci, "fondateur d'une entreprise de produits chimiques basée à New York, [...] et également détenteur d'une agence de publicité, décide de s'associer au pharmacien Louis Nathan, pour commercialiser ce remède."

La première usine Savon Cadum est installée à Courbevoie et commercialise alors en pharmacie le baume à l'huile de cade, une pommade et un dentifrice. Le savon Cadum apparaît en 1912 dans tout type de points de vente à prix modique. Sur le modèle de l'économie américaine, la société base son commerce sur la publicité et la démocratisation des préceptes hygiénistes en France autour de l'usage du savon solide. On peut ainsi lire « Ne vous grattez jamais ! Pommade Cadum soulage immédiatement et guérit toutes les affections de la peau ».

 

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La société diversifie ses produits, les élargissant au shampooing, talc, cold cream, et crème à barbe en bâton. Le succès culmine en 1930, la marque détenant la moitié du marché des produits d'hygiène corporelle en France...

En 2007, selon toujours l'article de La Croix,

Près de vingt millions de flacons par an sont fabriqués à Compiègne, dans l'Oise. Les produits Paic appartiennent au groupe américain Colgate-Palmolive qui possède, entre autres, les marques de gel douche Palmolive et Tahiti, d'eau de javel La croix, de dentifrice Colgate et de lessive Soupline. Le groupe, avec ses marques Paic et Palmolive, représente 38,6 % de part de marché du liquide vaisselle.

En 2012 c'est L'Oréal qui reprend la société (Wikipédia).

Cependant, il se pourrait que le Teepol, aujourd'hui interdit, ait été le premier détergent pour vaisselle à avoir été produit en Europe à partir de 1942 alors que les État-Unis avaient commencé à fabriquer ce type de dégraissant entre 1930 et 1940.

Si Paic Citron est le premier liquide vaisselle apparu en 1970 en France, comment la vaisselle était-elle lavée auparavant ? Nos recherches nous on livré quelques éléments de réponses.

Dans son livre La vie privée d'autrefois : arts et métiers, modes, mœurs, usages des parisiens du XIIe au XVIIIe siècle, d'après des documents originaux ou inédits publié en 1887, Alfred Franklin conseille à la servante de la cuisine de

bien laver et nétoyer la vaisselle d'argent avec de l'eau de son, et l'écurer quand il en est besoin avec de la cendre de foin, sans se servir de grais ny de sablon : car la cendre de foin suffit pour l'éclaircir quand on s'en sçait servir. Pour oster les taches qui sont quelques fois dans la vaisselle par le moyen des œufs, faut mouiller la vaisselle et y mettre à l'instant de la cendre bien rouge, la laisser reposer et l'écurer après. Cela oste les taches sans qu'il y paroisse plus.

Extrait en lecture sur Google livres.

Les substances utilisées varient donc en fonction du type de vaisselle à nettoyer et par conséquent, du milieu social.

Dans les villes, le carbonate de sodium, ou cristaux de soude, fut utilisé car il lave la saleté et la graisse et adoucit l'eau, ce qui augmente le pouvoir détersif des agents nettoyants, les tensioactifs. C'est dans les cendres d’algues (varech ou goémon en Bretagne) ou de plantes (salicorne en Bretagne et en Méditerranée) et dans le natron qu'on trouvait le carbonate de sodium autrefois. Dans son article Une industrie chimique des algues en Bretagne, le blog Histoire de sciences nous en dit un peu plus :

Depuis l'antiquité égyptienne, les populations du sud de la Méditerranée savaient utiliser les propriétés des cendres des plantes terrestres riches en carbonate de potassium et celles des plantes marines contenant du carbonate de sodium. Le nom de " al kali ", par lequel les arabes désignaient ces plantes et leurs cendres, se retrouve dans le terme " alcalin " de la chimie récente. Ces cendres pouvaient être utilisées pour dégraisser les laines ou fabriquer des savons, elles entraient également dans la composition du verre.

 

[...]

 

... il faut donc retenir que le carbonate de sodium extrait des cendres de plantes marines était une matière première indispensable aux industries du verre et du savon.

Au Moyen Age, si l'on en croit le site Paris le nez en l'air !, "la vaisselle ordinaire est nettoyée au sable et à l'eau, puis mise à sécher sur des épis de séchage plantés aux portes des maisons." Mais voici ce que rapporte le dossier de presse de l'exposition Couverts découverts du Musée de l'alimentation à Vevey (Suisse) :

Au Moyen Age, on se contente de lécher le couvert que l'on porte sur soi ou de l'essuyer avec la serviette. A partir du XVIIe siècle, les hôtes commencent à mettre à disposition vaisselle et couverts : faire la vaisselle n'est plus une mince affaire. Dans les foyers les plus aisés, la maîtresse de maison surveille elle-même cette tâche, qui se fait souvent dans la salle à manger : il ne faut pas mouiller les manches des couverts, ni casser les précieux verres et assiettes !

 

Pour relaver, on apporte des bassines ou des baquets avec de l'eau chaude et froide. Du savon, de la soude et du sable sont utilisés comme produits de nettoyage. L'évier avec un robinet, un égouttoir et une vidange, encore en usage de nos jours, ne fait son apparition que vers 1880 lorsque l'eau courante est introduite dans les maisons.

 

Après la Seconde Guerre mondiale, de nouveaux détergents synthétiques apparaissent en Europe et rendent l'essuyage plus ou moins superflu. C'est seulement avec le lave-vaisselle, qui se répand dans les foyers à partir des années 1950, que les deux phases du lavage et de l'essuyage ont pu être accomplies automatiquement et de manière satisfaisante. Faire la vaisselle, autrefois si compliqué, se réduit à deux simples actions : mettre dans la machine et ranger dans les armoirs et les tiroirs.

Bonne journée.