Comment s'accorde le pluriel du participe passé quand "on" est un "nous" ?
Question d'origine :
Bonjour, J'aimerais savoir si on doit accorder au pluriel le participe passé se rapportant au sujet "nous" quand celui-ci fait office de "on".
Pour prendre un exemple, cette phrase tirée d'un livre documentaire ou l'écrivain s'adresse au(x) lecteur(s):
"Bien sûr, vous pouvez être tenté(s) de ne pas faire vos exercice..."
"Bien sûr, on peut être tenté(s) de ne pas faire nos exercices"
"Bien sûr, nous pouvons être tenté(s) de ne pas faire nos exercices"
Merci beaucoup pour votre réponse.
Claire-Lise Borel
Réponse du Guichet
L'accord du participe passé avec on est "au genre et au nombre indifférenciés" mais il peut "prendre le genre et le nombre correspondant au sexe et au nombre des êtres désignés." Mais "le refus de la syllepse reste possible, même quand il s'agit manifestement d'un être féminin ou d'un pluriel" et "même le participe passé des verbes pronominaux réciproques, pour lesquels le pluriel est logique, se rencontre au singulier."
Bonjour,
Voici ce que dit Le bon usage : grammaire française de Maurice Grevisse et André Goosse, pp. 661-662, sur l'accord du participe passé avec le pronom indéfini "on" :
Le pronom indéfini on désigne en principe un agent humain dont on ignore l'identité, c'est-à-dire le sexe et le nombre : On est venu voler à la pharmacie cette nuit. Le verbe est au singulier et l'attribut ou le participe sont au genre et au nombre indifférenciés, c'est-à-dire au masculin singulier. - Mais il n'est pas rare que le pronom représente en fait une ou des personnes bien identifées et concurrence les pronoms personnels je, tu, il, nous, vous, ils, elle, elles. Dans ce cas, si le verbe reste nécessairement au singulier, l'adjectif attribut, l'épithète détachée, le participe passé peuvent prendre le genre et le nombre correspondant au sexe et au nombre des êtres désignés.
Fém. sing. : Avez-vous jamais vu figure plus avenante et plus égayée que votre accordée ? Est-on plus BLANCHE et plus BLONDE ? (Hugo, N.-D. de Paris, VII, 1.) - Qui regrette-t-on quand on est si BELLE ? (Musset, Conf., V, 6.) - Eh bien ! petite, est-on toujours FÂCHÉE ? (Maupass., Notre coeur, III,1.) - Vérité générale qui est appliquée seulement aux femmes : On a toujours eu une enfance, quoi que l'on soit DEVENUE [dit Marguerite] (Dumas fils, Dame au cam., XIII).
Masc. plur. : À quoi bon se battre, puisqu'on n'était pas LES plus FORTS ? (Zola, Débâcle, II, 8.) - On dort ENTASSÉS dans une niche (Loti, Vers Ispahan, Prélude). - On était PERDUS dans une espèce de ville (Barbusse, Feu, p. 90). - On est FATIGUÉS (Colette, Chéri, M.L.F., p.90). [...]
Fém. plur. : Quand on est SEULES comme nous (J. Lemaitre, Révoltée, I, 1). - Je ne veux pas qu'ils se trouvent en compagnie de deux gamines mal élevées. [...]. / - Ce n'est pas vrai, protesta Delphine. On n'est pas mal ÉLEVÉES (Aymé, Contes du chat p., Mauvais jars).
Mais le refus de la syllepse reste possible, même quand il s'agit manifestement d'un être féminin ou d'un pluriel :
Il se retourna vers moi, qui marchais en arrière : / On [= nous] est bientôt RENDU, dit-il (Gide, Isabelle, I). On [= elle] s'était REMIS de l'effet produit par le persiflage conjugal (Balzac, Physiol. du mariage, XXIV). [...]
Même le participe passé des verbes pronominaux réciproques, pour lesquels le pluriel est logique, se rencontre au singulier :
Ex. au sing. : Oudry le garantissait, autrefois ; on s'est FÂCHÉ [= ils se sont brouillés] (Flaub., Éduc., II, 3). - On s'était SÉPARÉ on ne peut plus MÉCONTENT de part et d'autre (Fromentin, Été dans le Sahara, p.33). - On s'est DISPUTÉ à la séance (Loti, Aziyadé, III, 25). [...]
Ex. au plur. : Et, s'étant SALUÉS, on se tourna le dos (Flaub., Mme Bov., II, 8). - Sept longues années qu'on ne s'était VUS ! (R. Rolland, Léonides, II, 6.) -On s'est SÉPARÉS à regret (Bosco, Tante Martine, p. 84). [...]
Vous trouverez également, sur Google livres, p. 46 de L'accord du participe passé : règles, exercices et corrigés de Grévisse, dans le chapitre sur les accords sylleptiques, l'accord lorsque le sujet est le pronom on.
Bonne journée.