Existe-t-il un risque à prendre des compléments alimentaires comme la spiruline ?
Question d'origine :
Bonsoir,
Je cherche à prendre soin de ma santé en améliorant mon alimentation. Après quelques recherches, je découvre une quantité astronomique d'aliments, aux multiples vertus.
Si on regarde la spiruline, le moringa, les baies d'acaï, les graines de chia, ... Tout un tas d'aliment que l'on peut incorporer plus ou moins facilement. N'y a-t-il pas un risque de faire un excès de tous ces oligo éléments absorbés ? (pas en prenant trop d'un seul, mais plutôt la multiplication de tous ces superaliments).
Merci
Réponse du Guichet
A moins de ne présenter quelque pathologie ou de faire partie d'une catégorie de population fragile (femmes enceintes, personnes âgées, végétaliens...), une alimentation équilibrée suffit pour être en bonne santé. Les compléments alimentaires et superaliments consommés en quantité trop importante peuvent même présenter des risques pour notre santé. Sans parler de l'usage intensif de pesticides et autres problèmes écologiques que leur culture peut générer.
Bonjour,
Nous tenons tout d'abord à préciser que nous sommes bibliothécaires et que nos réponses ne peuvent se substituer aux conseils avisés et personnalisés de votre médecin. C'est pourquoi nous vous recommandons de contacter un.e professionnel.le de santé pour discuter de l'apport de compléments alimentaires et/ou de l'intégration de superaliments à votre alimentation.
Nous nous limiterons ici à fournir une information généraliste qui ne pourra en aucun cas s'appliquer aux cas particuliers.
Les superaliments que vous citez, parfois consommés sous forme de compléments alimentaires pour plus d'efficacité, sont-il indispensables à notre (bonne) santé ?
Voici les recommandations de l'ANSES vis à vis des compléments alimentaires :
Est-il nécessaire de consommer des compléments alimentaires ?
Les déficits d’apport et a fortiori les carences en nutriments sont très rares dans la population générale et ne concernent que la vitamine D.
De manière générale, en l’absence de pathologie, la couverture des besoins nutritionnels est possible par une alimentation variée et équilibrée dans le cadre d’une vie quotidienne physiquement active. La consommation de compléments alimentaires n’est alors pas nécessaire.
En revanche, des carences en nutriments peuvent toucher davantage des groupes particuliers de la population ayant des besoins accrus ou des déficits d’apport tels que les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées...
De plus, certains comportements alimentaires peuvent conduire à réduire, voire supprimer, la consommation d’aliments sources de nutriments indispensables. Par exemple, le régime végétalien est totalement dépourvu de vitamine B12, présente uniquement dans les denrées d’origine animale. De même, un régime alimentaire écartant la consommation de poissons et de fruits de mer ne permettra pas de couvrir les besoins en EPA et DHA (acides gras polyinsaturés à longue chaîne).
Plus généralement, un régime insuffisamment varié expose à un risque de couverture insuffisante des besoins nutritionnels. Dans ces cas particuliers, le recours aux compléments alimentaires peut présenter un intérêt. Il est alors fortement recommandé de solliciter l’avis d’un professionnel de santé.
Les compléments alimentaires ne sont donc nullement indispensables à notre santé dans le cadre d'une alimentation équilibrée et sans pathologie particulière.
Voici, en complément, les commentaires du journal Le Figaro face à un article du magazine 60 millions de consommateurs intitulé Compléments alimentaires : la vigilance s’impose :
Avons-nous vraiment besoin de ces compléments alimentaires ?
Oui, dans certains cas bien connus. Par exemple, les femmes enceintes sont systématiquement supplémentées en vitamine B9 pour éviter tout risque de malformation neurologique chez le fœtus. Il existe également des pathologies, comme la maladie de Crohn, qui, en diminuant l’absorption des nutriments, rendent nécessaire la prise de vitamines ou de minéraux.
Mais qu’en est-il pour une personne en bonne santé ?
«Même si nous ne nous nourrissons pas toujours correctement, la population française dans son ensemble n’a, a priori, aucun besoin d’une supplémentation nutritionnelle particulière, sauf avis contraire d’un professionnel de santé», rappelle le magazine. En clair, une alimentation équilibrée suffit largement à pourvoir aux besoins en micronutriments d’une personne en bonne santé.
Pas d’efficacité prouvée et des risques
Malgré des allégations séduisantes (qui sont, elles, strictement encadrées), il faut avoir en tête que les compléments alimentaires n’ont absolument pas eu à faire la preuve de leur efficacité, contrairement aux médicaments. Pourtant, les fabricants n’hésitent pas à emprunter les codes des médicaments: noms, emballages... Ainsi qu’à ajouter des références à la nature qui séduisent le public en ces temps de méfiance.
Malgré cette image de produits naturels qui seraient forcément bénéfiques, les compléments alimentaires contiennent parfois des substances actives loin d’être anodines. Huiles essentielles allergisantes, interactions avec des médicaments, surdosage, risque de contamination pour la spiruline, ingrédients dissimulés, présence d’additif ou d’arômes suspectés d’être à l’origine de troubles, difficulté de traçabilité avec les produits achetés sur internet... 60 Millions de consommateurs liste sans détour tous les risques possibles.
Dans un communiqué publié le 10 octobre, le Syndicat national des compléments alimentaires (Synadiet) a fait état de son «étonnement» face à ce hors-série. Dans un élan lyrique, il insiste sur le fait que «les compléments alimentaires relèvent de traditions millénaires appartenant au patrimoine de l’humanité». Avec ce dossier, libre aux consommateurs de se faire un avis éclairé.
source : 60 Millions de consommateurs met en garde contre les compléments alimentaires / Cécile Thibert - le Figaro - 16/10/2019
Qu'en est-il des superaliments ?
Voici quelques extraits du Hors-série n°208 consacré à La santé dans l’assiette de la revue 60 Millions de consommateurs. Hors-Série N°208 - mars/avril 2021 :
Des graines de lin, chia ou chanvre, matin, midi et soir, des baies de goji au dessert, du curcuma dans tous les plats, de la spiruline dans la salade, du jus de kombucha ou à l’aloe vera pour étancher la soif, du gingembre pour corser le menu. Depuis quelques années, la liste des courses a un peu changé : la mode est aux superaliments. Présentés comme naturels, ces algues, épices, fruits, graines, plantes et racines sont censés apporter les micronutriments, fibres et protéines nécessaires à l’organisme. Sur Internet, certains sites de vente leur prêtent même carrément la capacité de prévenir le vieillissement, voire le cancer.
Outre que ces allégations ne reposent sur aucune donnée scientifiquement établie, la notion même de superaliment est une aberration, affirme Florence Foucaut, nutritionniste-diététicienne [...]En l’absence de carence, aucun argument scientifique ne permet de considérer un surplus de vitamines ou de minéraux comme bénéfique. En matière alimentaire, plus n’égale pas mieux : c’est même le contraire. Par exemple, pris à forte dose (de l’ordre de 20 à 30 mg par jour), le bêta-carotène augmente le risque de cancer du poumon et de l’estomac chez les fumeurs, prévient l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans un avis consacré à la spiruline [fichier pdf]. Cette algue est prisée pour ses apports en protéines, mais pas uniquement : 5 g de spiruline fournissent entre 7 et 8,5 mg de bêtacarotène, alors que la limite pour l’apport quotidien d’un adulte est fixée à 7 mg.
EN MATIÈRE D’EFFICACITÉ, LA QUANTITÉ COMPTE
Se pose également la question de l’intégration de ces denrées dans l’alimentation quotidienne.
« En nutrition, il faut toujours rapporter la teneur pour 100 g à la consommation usuelle, rappelle Florence Foucaut. Bien sûr, les graines de lin apportent des oméga-3. Mais vous n’allez pas manger chaque jour des bols entiers de graines de lin, en sachant, qu’en plus, il faut les broyer pour profiter de leurs oméga-3. C’est comme le persil : il est riche en vitamines C et B9, mais il faudrait manger chaque jour du taboulé libanais pour atteindre les doses journalières nécessaires. » Et l’on peut multiplier les exemples. Pour espérer un effet anti-inflammatoire du curcuma, il faut tabler sur une quantité minimale de 2,5 g de curcumine, le pigment principal de cette épice jaune. « C’est bien plus que ce que l’on utilise en cuisine », observe Florence Foucaut. Idem pour la spiruline : cette algue vendue sous forme de poudre a beau être deux fois plus riche en protéines que la viande, encore faut-il avoir envie d’en faire son quotidien. Et ce n’est d’ailleurs pas forcément recommandé. « La spiruline ne constitue pas une source fiable de vitamine B12 pour les populations végétaliennes », rapporte l’Anses.
En fait de superaliments, on est donc loin du compte. Et la fable ne s’arrête pas là: certaines de ces denrées, notamment celles en provenance d’Asie et des pays de l’Est, sont truffées de produits toxiques. En 2016, des analyses conduites aux Pays-Bas sur une trentaine d’échantillons de baies de goji de diverses provenances, dont la Chine, avaient révélé la présence de pesticides interdits en Europe et de doses alarmantes par rapport aux niveaux légaux.
Quant à la spiruline, elle peut être contaminée par des métaux lourds et des toxines. « Il faut privilégier les circuits d’approvisionnement contrôlés par les pouvoirs publics », conseille l’Anses. Un avertissement qui vaut pour tous
les aliments exotiques.Et une chose est sûre : leur consommation n’est guère respectueuse de l’environnement. Pour répondre à la demande, les pays producteurs sont amenés à intensifier la culture de ces produits devenus rentables, avec ce que cela suppose de menaces pour la diversité de l’écosystème local. Florence Foucaut invite à se tourner vers les équivalents plus proches : « Il y a plein de fruits, en France, qui sont également très bons, en toute saison. » Et, plus vous diversifiez votre alimentation, plus vous rendez service à votre santé.
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Une alternative est-elle possible ?
Ces trésors nutritionnels viennent de loin. La surconsommation est devenue incompatible avec une agriculture durable et un respect des sols. Pouvons-nous être en bonne santé en consommant des fruits et légumes locaux ? Les ingrédients exotiques sont-ils vraiment indispensables pour une alimentation équilibrée ? Surtout, existe-t-il des superaliments écologiques ?
Fruits rouges, graines de chanvre, graines germées, choux, miel, ail, graines de lin, légumineuses, et poissons gras peuvent être intégrés à votre alimentation pour notre plus grand bien. Nous vous invitons à lire cet article : Superaliments écologiques : 10 alternatives locales et hyper-nutritives
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