Je recherche des informations sur les 5 villas construites par Tony Garnier.
Question d'origine :
Bonjour à tous !
J'écris un article sur les Villa de Madame Garnier, 9e et Villa de Mlle Bachelard, 9e respectivement situé au 5 et au 7 rue de la Mignonne dans quartier de Saint-Rambert-l'Île-Barbe à Lyon.
Ces villas font partis des cinq construites par Tony Garnier. Je suis preneur de toutes les informations, photos ou archives que vous avez !
Merci d'avance
Réponse du Guichet
La bibliothèque municipale ne détient pas d’archives en rapport avec les villas de Tony Garnier à Saint-Rambert, à l’exception de quelques photographies anciennes accessibles sur la base Photographes en Rhône-Alpes. Les informations que nous avons recueillies sur ces villas proviennent essentiellement d’ouvrages présents dans nos collections.
Bonjour,
Nous citerons tout d’abord un extrait de l’article «Les villas de Saint-Rambert à Lyon» lu dans le livre Tony Garnier (pages 128 à 145). Cet article comporte des photos et un plan de la deuxième villa (villa de Catherine Garnier)
La deuxième maison (elles sont au nombre de trois), construite au 5, rue de la Mignonne, était destinée à la belle-mère de l’architecte. Sa fille Catherine, avec qui Tony Garnier s’était marié en 1915, s’y installera ensuite avec son nouveau compagnon. Véritable villa-atelier, c’est une application directe de la maison individuelle type de la cité industrielle, réalisée entièrement en béton armé, sans artifices inutiles mais entourée d’un vaste jardin et ouverte à la lumière, dans la pure tradition hygiéniste. Comme la première villa (pour l’architecte lui-même), elle est environnée de sculptures issues de la culture hellénique que Garnier admirait tant. Edifiée entre 1912 et 1919 (le chantier a été ralenti, on le suppose, par les aléas liés à la Première Guerre mondiale et le manque de matériau), cette villa propose un profil voisin de la première. L’architecte a travaillé avec un très grand soin les espaces extérieurs et le porche d’entrée, dont la surface est aussi importante que celle du reste de la villa. S’agit- il d’une nouvelle expérience de sa «maison déambulatoire» dans laquelle rien ne serait plus important que l’espace libre ?
La référence à la culture gréco-romaine est encore plus présente que dans la première villa. En lieu et place des arcades, ce sont des piliers néoclassiques qui occupent l’espace, créant des vues en demi-teinte sur la nature, propices au silence, voir à un certain isolement. De manière pragmatique, Tony Garnier a prévu un lien entre les deux villas, qui communiquent par un discret passage. Le bâtiment est aujourd’hui en bon état. La terrasse et sa fontaine ont été inscrits sur l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1991, et la villa bénéficie elle aussi du patrimoine du XXe siècle.
La troisième villa, dite «villa Bachelot», sise 7, rue de la Mignonne a été réalisée pour une jeune femme chère au cœur de l’architecte. Edifiée entre 1917 et 1924, alors que la deuxième villa n’était pas terminée, elle affirme également la référence à l’antique avec son porche à colonnades, sa terrasse avec fontaine, sa vasque et ses amphores. Le jardin a aujourd’hui disparu mais l’atelier de la villa, qui n’existait plus a été reconstitué par son propriétaire en 1992.
Les trois villas de Saint-Rambert forment un ensemble unique de maisons individuelles recoupant à la fois le projet d’habitation de la Cité industrielle et une forme d’utopie affective qui tente de faire «cohabiter» sur un même site l’habitat de l’homme de l’art, de son épouse et de sa maîtresse. Ces trois villas offrent le miroir d’une relation constante mais trop ignorée avec la Méditerranée. Si, d’une façon générale, on peut admettre que la Cité industrielle «revêt les caractères d’une ville méditerranéenne dont les constructions cubiques et blanches irradient sous le ciel bleu», nulle part la référence à l’antiquité et à la culture méditerranéenne n’est plus explicite qu’ici. Garnier les a conçues comme une sorte d’interprétation contemporaine des méridionaux, s’inspirant des travaux de reconstitution de Tusculum, des patios intérieurs des «riads» du monde arabe mais aussi de ses propres souvenirs, qui découlent d’une observation attentive de l’habitat vernaculaire des pays méditerranéens. […]
Dans le livre Tony Garnier l’œuvre complète on peut lire au sujet des deux villas :
Villa de Madame Garnier
La deuxième villa de Saint-Rambert a été construite pour sa femme, Catherine Garnier, artiste en poterie. Elle partageait cette maison avec son futur mari, André Teissier, un ami de Tony Garnier. L’historique du projet est toujours à faire. La maison sera publiée dans la «Cité industrielle» (1917), mais deux dessins, datés du 23 septembre 1912, évoquent le jardin et la façade. Le premier montre le traitement du jardin. L’architecture se prolonge dans l’espace extérieur. Le second est une façade de piliers légèrement surélevés par rapport au sol, avec en premier plan un bassin. Ces détails disparaîtront à la réalisation. Enfin, le seul plan connu, publié dans «L’Architecte» en 1924 semble daté de 1913.
Dans ce projet, Tony Garnier a travaillé l’espace extérieur et le porche d’entrée, véritable salle des piliers d’une surface largement supérieure au reste de la villa. Cette villa est moins une habitation qu’une circulation dans un jardin fait de murs, de béton, de percements, de pergolas et de végétation. On ne retrouve pas les arcades de la première villa mais un rythme d’épais piliers en quatre rangées qui occupent l’espace. Les ouvertures mettent en scène la nature; l’ambiance est ici au recueillement et au silence qui ne sera dépassé que dans le Monument aux morts de l’Île aux Cygnes. Le projet est déjà funéraire.
La planche 118 de la «Cité industrielle» montre le passage entre la deuxième villa et le nymphée de la première. Le toit-terrasse est accessible, idée que Tony Garnier avait déjà concrétisée dans le projet des abattoirs de la Mouche, pour les pavillons d’entrée.
Cette seconde villa est d’une facture plus classique que la première, quand bien même le renversement du jardin et de l’habitation lui donne un caractère de nouveauté indiscutable. Elle préfigure un retour du classicisme, visible dans la symétrie de la composition.
Villa Bachelot
La troisième villa de Saint-Rambert a été publiée dans «l’Architecte» en 1924. Il existe également un précédent publié dans la «Cité industrielle». «Habitation, trois chambres avec atelier d’artiste» qui présente le même projet inversé au tirage. Deux dessins de 1918, l’un représentant une vue d’Athènes depuis un portique avec personnage, l’autre une fontaine avec personnage féminin, dessin très proche de la réalisation, confirment une datation du projet avant 1917.
Dans la publication de 1917, il s’agit d’un projet urbain, avec pergola et terrasse semi-privée. Dans le projet réalisé, et particulièrement dans une perspective frontale de 1921, à notre avis postérieure à la construction et effectuée à la chambre claire, la référence à l’antique apparaît nettement: composition axiale, présence de colonnes qui ne sont pas sans rappeler l’architecture des frères Perret.
L’atelier de la troisième villa, aujourd’hui défiguré, est au départ un espace double hauteur avec mezzanine, assez semblable à l’espace de la villa Gros.
L’intérêt de la villa réside également dans son système d’entrée divisé en trois parties: la terrasse avec la fontaine et les amphores, le porche et ses colonnes classiques, l’entrée proprement dite qui distribue l’ensemble des circulations.
La salle de bains, toute de céramiques jaune et or, est éclairée par un patio exigu traversé par un escalier fait de demi-marches. La terrasse est accessible.
Cette maison fut construite pour Mlle Bachelot. Les trois villas sont directement liées à la «Cité industrielle» […] Elles sont des tests, des évaluations, auxquels s’ajoute, peut-être, par le hasard des rencontres, une utopie sexuelle.
La revue "L'Architecte" de 1924 citée à plusieurs reprises dans l'article ci-dessus n'est pas présente dans les collections de la Bibliothèque municipale. On ne la trouve pas non plus sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BNF.
Lors de nos recherches nous avons découvert sur le site des Archives Municipales de Lyon un dossier Tony Garnier contenant des documents sur les 3 villas de Saint-Rambert. Le contenu de ce dossier est consultable à partir de ce lien
Un autre fonds Tony Garnier concernant l’ensemble de la carrière de l’architecte est détenu par le Musée des beaux-arts de Lyon. Le contenu de ce fonds est consultable sur ce lien.
Bonne journée