Peut-on allumer des bougies parfumées dans un salon de coiffure ?
Question d'origine :
Bonjour peut-on allumer des bougies parfumées dans un salon de coiffure ?
Réponse du Guichet
Les bougies parfumées peuvent émettre des polluants et détériorer la qualité de l'air intérieur. Nous n'avons pas trouvé de texte indiquant qu'il est interdit d'allumer une bougie parfumée dans un salon de coiffure mais le bon sens nous interroge sur l'utilité d'ajouter une substance nocive inutile à celles déjà présentes du fait de l'activité de ce salon et d'ajouter un risque supplémentaire lié à la présence de produits inflammables qui au contact d'une bougie pourraient provoquer un incendie.
Bonjour,
Contrairement à une idée reçue, les bougies parfumées au même titre que l'encens font partie des vecteurs de pollution de l'air intérieur. Elles ne contribuent en rien à assainir l'air.
Fréquemment utilisés pour masquer les mauvaises odeurs, pour décorer, pour créer une ambiance chaleureuse et conviviale dans une pièce ou tout simplement pour se sentir bien chez soi, les bougies et les encens ne sont pas sans effets sur la santé et doivent être employés avec précaution.
Ces produits de consommation, catégorisés dans la famille des désodorisants combustibles, représentent une source significative de pollution de l'air intérieur. De nombreux polluants sont émis à des concentrations parfois élevées. Limiter la durée de combustion, réduire la fréquence d'utilisation et renouveler l'air de la pièce sont autant de gestes à adopter pour conserver un air sain pour la santé.
Des émissions de particules fines, de formaldéhyde, de toluène et d'oxdes d'azote par les bougies
Dans le cadre du projet EBENE, les émissions de polluants volatils et particulaires de neuf bâtons d’encens, de neuf bougies parfumées et d’une lampe à catalyse issus du marché français ont été caractérisées dans des conditions réalistes d’utilisation dans une pièce de la Maison Automatisée pour des Recherches Innovantes sur l’Air (MARIA) du CSTB.
Les niveaux de polluants volatils émis par les bougies sont nettement plus faibles que ceux mesurés lors de l'utilisation des encens. Seuls le formaldéhyde, l’acétaldéhyde et le toluène sont mesurés à des niveaux de concentration de plusieurs µg.m-³. Les émissions de formaldéhyde des bougies augmentent parfois contrairement aux autres polluants ce qui suggère une émission secondaire de ce composé après l'extinction. De plus, les bougies émettent moins de particules que les encens, mais des particules plus fines.
source : Observatoire de la qualité de l'air intérieur
Lire aussi :
- Exposition aux polluants émis par les bougies et les encens dans les environnements intérieurs / Etude de l'ADEME
- Les bougies parfumées et l'encens sont à consommer avec modération / France Info
- Qualité de l'air intérieur : gare aux bougies et encens ! / Allo docteur
Agir sur la qualité de l'air intérieur est un enjeu de santé publique depuis déjà plusieurs années. Les propriétaires ou exploitants de certains Établissements Recevant du Public (ERP) ont l'obligation de la surveiller, et ce, depuis la réglementation établie par le Grenelle II.
C'est en effet une surveillance de la qualité de l'air intérieur qui est mise en place spécifiquement dans les ERP accueillant un public sensible par les articles L. 221-8 et R. 221-30 et suivants du code de l’environnement :
- à compter du 1er janvier 2018 : dans les lieux d’accueil des enfants de moins de 6 ans (crèches, écoles maternelles…) et écoles primaires;
- à compter du 1er janvier 2020 : dans les collèges, lycées et accueils de loisirs
source et pour en savoir plus :
Qu'en est-il des salons de coiffure ?
Dans un salon de coiffure, les sources de pollution de l'air sont déjà très nombreuses, notamment parmi les divers produits cosmétiques utilisés : shampoings et agents de coiffage, produit de décoloration et de coloration, produits de lissage, de défrisage ou de permanente,... sans compter les détergents et désinfectants utilisés pour le nettoyage du salon et des instruments de coiffure. Tous ces produits contiennent des substances chimiques pouvant provoquer des problèmes respiratoires, hormonaux et des allergies.
Ce document de l'INRS indique que ce métier présente des risques chimiques, toxiques et des risques d'incendie et d'explosion :
Le préventeur lors de l’évaluation des risques dans les salons de coiffure est souvent désemparé face au risque chimique. De nombreux produits sont utilisés par les coiffeurs. Étant pour la majorité des produits cosmétiques, ils ne rentrent pas dans le cadre de la réglementation habituelle des produits chimiques utilisés sur les lieux de travail. Les fiches de données de sécurité n’existent généralement pas, la nomenclature chimique est souvent spécifique et les conditions de mise sur le marché sont particulières à cette catégorie de produits. Il a donc semblé important de faire un point sur ces produits afin d’aider le préventeur à évaluer ces risques.
Par ailleurs, en dehors du risque toxique, les risques d’incendie et d’explosion présents pour certaines bombes aérosols contenant des gaz très inflammables (butane, propane, isobutane) ne doivent pas être écartés.
source : Evaluation et prévention des risques dans les salons de coiffure / INRS
La loi impose aux patrons et patronnes de salons de coiffure de respecter certaines normes concernant l’aération et la ventilation du salon. Cette législation impose notamment la mise en place d’un système de ventilation et d’aération approprié à l’activité professionnelle exercée.
Principes de ventilation
Dans les locaux où sont manipulés des produits dangereux, l’installation de dispositifs de captage à la source d’émission des polluants est à privilégier. Néanmoins une ventilation générale, complémentaire à cette aspiration localisée, s’avère souvent nécessaire pour éliminer les polluants résiduels non captés à la source et pour assurer un renouvellement optimal de l’air des locaux de travail. Le Code du travail (article R. 4222-6) prescrit un débit minimal d’air neuf par occupant de 45 m3 .h-1 pour des locaux avec travail physique léger, mais il est à noter que l’Allemagne recommande spécifiquement pour les salons de coiffure un apport minimal d’air neuf de 100 m3.h-1 par occupant [17] (figures 1 et 2).
De plus, l’installation de ventilation devrait être dimensionnée de telle sorte que les locaux dans lesquels sont manipulés des produits dangereux (laboratoire et zone technique) soient toujours en dépression par rapport aux autres locaux pour éviter la pollution de ces derniers. La mise en dépression est alors assurée par les dispositifs d’aspiration à la source équipant les postes générant des polluants et par la ventilation générale.Les installations de ventilation devront être contrôlées selon les prescriptions de l’arrêté du 8 octobre 1987 relatif au contrôle périodique des installations d'aération et d'assainissement des locaux de travail [18].
source : Exposition aux produits cosmétiques et risques pour la grossesse chez les professionnelles de la coiffure / INRS
Autres documents à consulter :
- Coiffure Prévenir les risques professionnels
- Allergie respiratoire des coiffeurs
Concrètement, nous n'avons pas trouvé de texte indiquant qu'il est interdit d'allumer une bougie parfumée dans un salon de coiffure mais le bon sens nous interroge sur l'utilité d'ajouter une substance nocive inutile à celles déjà présentes du fait de l'activité de ce salon et d'ajouter un risque supplémentaire lié à la présence de produits inflammables qui au contact d'une bougie pourraient provoquer un incendie...
Bonne journée.