Quel était le rôle de la garde civique républicaine à la fin de guerre de 1945 ?
Question d'origine :
Bonjour,
Quel était le rôle de la garde civique républicaine à la fin de guerre de 1945?
Comment était t-elle constituée,
Merci pour votre réponse
Clami
Réponse du Guichet
Les Gardes civiques républicaines constituées de Franc-Tireurs, de Partisans, d'anciens F.F.I. et d'anciens maquisards sont issues des Milices Ouvrières Patriotiques qui ont vu le jour en 1943.
Bonjour,
Commençons par vous donner quelques éléments de contexte historique, relevés dans la thèse de Philippe Buton, auteur de référence sur le PCF et la politique française au sortir de la seconde guerre mondiale :
Sous l'occupation allemande, le PCF élabore une stratégie politique offensive qui se déploie dans de multiples domaines et qui prend appui sur des organismes spécifiques les comités de libération, le CNR, les FFI et les milices patriotiques.
Ces milices patriotiques constituées en 1943, rassemblaient différents mouvements de résistance comme indiqué dans cet extrait issu de l'analyse de Jean-René Chauvin, lui même résistant :
Ces Comités locaux de libération s’appuyaient sur une force armée autonome constituée par les anciens combattants de l’intérieur, anciens Franc-Tireurs et Partisans dirigés par le P.C.F., anciens F.F.I., anciens maquisards de toutes tendances qui avaient formé les Milices Ouvrières Patriotiques. D’abord organisées sur la base de l’entreprise, elles le furent ensuite sur la base municipale, prenant alors le titre de Gardes Civiques.
Ces milices armées, menacent, pour le général de Gaulle, le retour à l'ordre républicain. Ces dernières seront brièvement dissolues pour devenir les gardes civiques républicaines toutes aussi inquiétantes pour les gaullistes :
La dissolution des milices patriotiques, annoncée par décret du 28 octobre 1944, se voulait de portée nationale. Précédemment, en août 1944, ces milices avaient reçu un statut particulier faisant d'elles une police aux ordres des Comités Départementaux de Libération. Toutefois, leur implantation nationale n'était pas totale; certains départements n'en avaient pas souhaité. La dissolution annoncée impliquait la restitution des armes
De la Libération au retour de Maurice Thorez, le 27 novembre 1944, les Milices Patriotiques vont être au cœur du complexe jeu politique qui va se dérouler avec, pour participants, le gouvernement, le PCF et les structures issues de la Résistance, le CNR faisant évidemment partie de celles-ci. Il est question de leur existence, des statuts pouvant les conditionner, de leur rôle encore mal défini et, question délicate, de leur armement éventuel. Ce dernier point reste une question primordiale pour certains qui s'inquiètent de constater que le Conseil central des Milices patriotiques est essentiellement constitué de communistes.
Suite à la dissolution des milices, le CNR mettait en place, le 3 novembre 1944, les Gardes civiques républicaines qui ressemblaient étrangement à ces mêmes milices...(source : site de La Résistance en Gironde)
Les gardes civiques républicaines armées, évidentes émanations d'un pouvoir insurrectionnel, ne peuvent continuer d'exister au sein du Parti Communiste qui tend à obtenir un pouvoir gouvernemental dans l’immédiat après-guerre :
Ces gardes civiques étaient appelées à disparaître rapidement. En effet, au congrès du Parti communiste qui se tenait à Ivry, le 23 janvier 1945, après la signature du pacte franco-soviétique, Maurice Thorez reconnaissait que la sécurité publique devait être, dés lors, assurée par les forces régulières de police et que les milices patriotiques, devenues les gardes civiques, ne devaient pas être maintenues plus longtemps. S'en était fini de la dualité des pouvoirs.
Pour aller plus loin, nous vous conseillons les sites et ouvrages suivants :
- 1944-1947 Un regard sur la période, une analyse de Jean-René Chauvin
- Le PCF et la IVe République de Philippe Buton ainsi que les autres ouvrages de l'auteur
- Un article sur les gardes républicaines civiques dans le Var
Enfin voici une archive de l'INA sur le défilé des milices patriotiques au vélodrome d'hiver devant le Conseil National de la Résistance