Question d'origine :
c'est quoi la théorie sociologique fondatrice de starbucks
Réponse du Guichet

On peut rattacher la stratégie marketing de Starbucks à l'approche du sociologue Ray Oldenburg sur "le Troisième-lieu".
Bonjour,
Il est plus facile d’associer cette chaîne à des stratégies de marketing qu’à une réelle approche sociologique. Ceci étant dit, dans une précédente réponse portant sur Starbucks, une étude sociologique nous fournissions un certain nombre de références explicitant les démarches entreprises par Starbucks : la reprise du concept de « troisième lieu », décrit par le sociologue américain Ray Oldenburg dans l'ouvrage The great good place : cafés, coffee shops, community centers, beauty parlors, general stores, bars, hangouts, and how they get you through the day.
Ainsi, Robin Wagner-Pacifici explique :
Le sociologue américain Ray Oldenburg a proposé le terme de « tiers-lieu » dans son livre de 1989, The Great Good Place: Cafes, Coffee Shops, Community Centers, General Stores, Bars, Hangouts, and How They Get You through the Day (New York: Paragon House). Le concept d’un espace ou d’un lieu tel que le café, situé entre la sphère privée de la maison et la sphère publique du travail, est apparu sous de multiples formes dans les écrits de nombreux spécialistes des sciences sociales. Il est intéressant de noter que Starbucks a apparemment demandé à Oldenburg d’approuver le caractère de « tiers-lieu » de leurs établissements, ce qu’il a toutefois refusé.
Bien qu’ils se voient refuser un tel label, il semble bien exister une différence tangible entre les maisons et les lieux de travail, d’un côté, et ces autres types d’espaces de rassemblement et d’activité collective, de l’autre. Par moments, ces « tiers-lieux » semblent coïncider avec ce que d’autres analystes de la société civile appellent la « sphère publique », sous réserve cependant d’importantes distinctions : par exemple, pour Elijah Anderson, les espaces comme le Reading Terminal et le Rittenhouse Square sont des « espaces quasi-publics ». Mais qu’est-ce alors qu’un véritable espace de la sphère publique ?
Source : WAGNER-PACIFICI Robin, « Habermas au Starbucks. Clients, oisifs et traînards dans le tiers-lieu capitaliste », Les Politiques Sociales, 2021/1-2 (N° 1-2), p. 27-53.
Cette idée est largement reprise dans les médias dont l’article de Jean-Batiste Jacquin, publié dans Le Monde le 8 avril 2015 :
Starbucks aime les jeunes. La chaîne américaine de cafés branchés pour citadins aisés, bobos ou hipsters, selon la sociologie du moment, a trouvé le bon ton pour séduire cette clientèle. Le consommateur qui y achète, ne serait-ce qu'une fois, un café ou un muffin se fera appeler par son prénom, comme à la maison.
Les clés du succès sont d'abord la qualité de la prestation et des produits. Mais ce qui forge une marque est bien plus vaste. L'engagement en matière de responsabilité sociale et environnementale de l'entreprise fondée à Seattle (Etat de Washington) est presque devenu indissociable de la marque. Recyclage des déchets, compostage du marc de café, réduction des emballages, tout ceci est bien concret.
Dernière initiative sociale, Starbucks a annoncé lundi 6 avril qu'il financerait les diplômes universitaires que ses salariés aux Etats-Unis souhaiteraient préparer en ligne. Concrètement, tout salarié qui travaille plus de vingt heures par semaine pourra se faire rembourser le coût de sa formation en ligne pour un bachelor en quatre ans, l'équivalent d'une licence, auprès de l'Université de l'Arizona. Soit pratiquement 10 000 dollars (9 100 euros) par étudiant. Le groupe prévoit de dépenser 250 millions de dollars en dix ans pour ce programme. C'est une façon intelligente de se démarquer sur un marché où la baisse du chômage aiguise la concurrence des employeurs. L'engagement est concret alors que la chaîne emploie du personnel peu diplômé.
Le paradoxe qui ne lasse pas d'étonner pour Starbucks, comme pour toutes ces entreprises qui investissent beaucoup sur leur image, est que les paravents d'exemplarité peuvent cacher de bien peu ragoûtantes cuisines. En matière de fiscalité, par exemple, les groupes internationaux nous ont habitués au pire.
En outre, on trouve dans divers ouvrages que nous ne possédons pas à la Bibliothèque municipale, la notion de « Consumer Culture Theory » ; certains extraits sont disponibles en ligne mais il faudra vous tourner vers les bibliothèques universitaires pour les consulter dans leur intégralité :
- Repenser le commerce. Vers une perspective socio-culturelle de la distribution / Isabelle Collin-Lachaud · 2014
- The Sociology of Financial Markets / 2006
- Explorations in Social Theory. From Metatheorizing to Rationalization / George Ritzer · 2001
L’étude Applied Social Marketing and Quality of Life: Case Studies de Mercedes Galan-Ladero Reynaldo G. Rivera ( 2021) s'intéresse à l’engagement social de Starbucks, intégré dans son marketing.
Tandis que celle de Dolbeau-Bandin, C. et Donzelle, B., Marques et médias sociaux : vers une unification des temporalités sociales ?, Interfaces numériques, 6(2), 2017, aborde la question des réseaux sociaux.
Pour conclure, vous pourriez peut-être jeter un coup d'oeil à l'ouvrage suivant : The Starbucks experience : 5 principles for turning ordinary into extraordinary / Joseph A. Michelli, 2007.
Bonne journée.