Pourriez-vous m'apporter des précisions sur la légende traditionnelle de Saint Nicolas ?
Question d'origine :
Bonjour,
Pourriez-vous m'apporter des précisions sur la légende traditionnelle de Saint Nicolas. Concernant les enfants, d'une part : sait-on s'il s'agissait de filles et/ou de garçons ? Étaient-ils frères et/ou sœurs ? Concernant le devenir du boucher d'autre part : a-t-il été attaché à son âne par saint Nicolas pour devenir le père Fouettard ou bien a-t-il été pardonné ? Merci beaucoup !
Réponse du Guichet

Il existe différents textes narrant cette légende. Les différentes versions que nous avons consultées ne semblent pas préciser le sexe de ces enfants ni l'avenir du boucher mais une source nous indique que le baquet aurait pu être une tour réduite pour les besoins d'une illustration et que les clients adultes auraient été changés en petits garçons.
Bonjour,
Comme l'indique le site de la BNF, il existe différents textes narrant cette légende et ceux-ci, en fonction de la date et du lieu, diffèrent quelques peu.
Les premières traces de la légende des trois innocents au saloir remonte au XIIe siècle : le trouvère Robert Wace consacre un de ses poèmes au miracle de saint Nicolas, de façon très sommaire, mais qui suppose l'existence préalable d'un conte pieux. Cette histoire est ensuite développée dans un court mystère latin dans un recueil du XIIIe siècle, où les victimes sont trois jeunes clercs. Dans un sermon attribué à saint Bonaventure, les personnages des clériaux deviennent ceux de deux écoliers nobles et riches tués par un aubergiste de la ville de Myre. L'histoire des trois innocents et de saint Nicolas est enfin représentée sur les chapiteaux ou les vitraux de plusieurs édifices religieux, comme sur les verrières des cathédrales de Bourges ou de Chartres, ou bien encore dans les nombreux manuscrits enluminés contenant une Vie de saint Nicolas.
Qu'ils soient clériaux, étudiants en voyage ou simples petits enfants insouciants surpris par la nuit, la trame de ce récit macabre est la même (la chanson des trois clériaux coexistera avec celle des petits enfants au saloir). Mais on peut supposer que les chansonniers populaires ont préféré le motif des enfants à celui des clercs et qu'une influence des contes populaires peuplés de dévorateurs et d'enfants en danger ne doit pas être ignorée pour comprendre la forme qui nous est parvenue de cette complainte. Cette chanson sera utilisée comme chanson de quête par les enfants de chœur jusqu'à la moitié du XIXe siècle.Aujourd'hui, la fête de la Saint-Nicolas prend un aspect beaucoup plus léger, bien que symboliquement "punitive" : le bon saint Nicolas vient récompenser les enfants sages et leur offrir des sucreries et des présents, tandis que, dans son ombre, surgit le Père Fouettard, chargé de punir les garnements. Ce Père Fouettard, que l'on connaît sous différents noms ou aspects selon les pays d'Europe n'apparaît seulement qu'au XIXe siècle dans le folklore des Pays-Bas. A l'origine, saint Nicolas était seul, ou accompagné du diable.
Mais la légende n'est jamais bien loin : le Père Fouettard est encore parfois appelé en France ... le Boucher.
source : La légende de saint Nicolas et des enfants au saloir
Les différentes versions que nous avons consultées ne semblent pas préciser le sexe de ces enfants qui sont aussi présentés comme des innocents ou des clériaux ni s'il s'agissait d'une fratrie. Rien n'est précisé sur l'avenir du boucher.
Voici quelques retranscriptions extraites de Gallica :
- Les filles du feu : Sylvie, Jemmy, Octavie, Isis, Émilie / Gérard de Nerval
- La Sylphide : journal de modes, de littérature, de théâtres et de musique
- Les filles du feu : Sylvie, Jemmy, Octavie, Isis, Émilie / Gérard de Nerval
- La France illustrée journal littéraire, scientifique et religieux
L'ouvrage Saint Nicolas et les lorrains : entre histoire et légende : exposition présentée à Nancy, Musée lorrain, du 3 décembre 2005 au 27 février 2006 / commissaire Francine Roze, rapporte que c'est "au XVIe siècle, lorsque la Réforme déchire la chrétienté et que sont interdits les cultes d'intercession comme celui de saint Nicolas, [qu']on assiste dans les pays protestants à la lente transformation de l'évêque de Myre en personnage folklorique, qui donnera naissance bien plus tard au père Noël."
L'étude En Orient et en Occident le culte de saint Nicolas en Europe Xe-XXIe siècle : actes du colloque de Lunéville et Saint-Nicolas-de-Port, 5-7 décembre 2013 / sous la direction de Véronique Gazeau, Catherine Guyon et Catherine Vincent, mentionne que "les manuscrits d'Hildesheim et de Fleury, datés entre le XIe et XIIe siècle, rapportent quatre des nombreux épisodes de la vie de saint Nicolas : les Trois jeunes filles, les Trois clercs (Hildesheim et Fleury), l'Icône et le Fils de Getrone (Fleury). [...] Au XIIe siècle, Thibaut de Clairvaux, dans l'un de ses sermons, fait référence à la représentation des deux Miracles Plays, ceux des jeunes filles et des clercs, seuls connus de lui, apparemment."
Dans Saint-Nicolas : fêtes et traditions populaires d'hier et d'aujourd'hui de Colette Méchin, sont relevés plusieurs thèmes de la légende dont les trois officiers, les trois jeunes filles en danger de se perdre, l'amie des enfants (L'enfant étranglé, L'enfant disparu, L'enfant volé). L'autrice ajoute :
On est très vite venu à considérer cette légende comme une invention occidentale et, pour tenter de la justifier, on admet généralement, à la suite du R.P. Cahier, qu'il s'agit probablement de l'interprétation erronée d'un représentation d'un autre miracle, relaté par tous les auteurs et concernant le sauvetage des trois officiers romains, condamnés à mort injustement : "Les captifs sont fréquemment représentés au Moyen Age dans une petite tour ; et pour peu qu'on ait voulu rendre la scène plus visible, la tour aura été coupée par le milieu. les protégés d'un grand personnage étant souvent réduits par l'artiste à de petites proportions pour faire ressortir l'intercesseur, la tour ne sera-t-elle pas devenue un baquet et les clients adultes n'auront-ils pas été changés en petits garçons ?"
Outre cette piste intéressante donnée dans cet ouvrage riche en informations, nous n'avons pu déterminer davantage le sexe des enfants ni leurs liens familiaux s'il en est et rien n'est avancé sur le devenir du boucher.
A lire également
- Saint Nicolas l'histoire et le culte / Gerardo Cioffari
Bonne journée