Un "arias" était-il un homme qui savait tout ?
Question d'origine :
Il me semblait avoir entendu qu'un certain "Arias" était un homme qui savait tout.
Or je ne trouve rien en ce sens sur le net.
savez vous s'il'y a une personne, un dieu, une légende ou autre qui indique une personne qui a la science infuse.
merci
Réponse du Guichet
Il s'agit d'un personnage de fiction créé par le moraliste français Jean de la Bruyère dans son recueil de maximes publié pour la première fois en 1688.
Bonjour,
Il semble que vous cherchiez non un Arias mais un Arrias. Il ne s'agit ni d'un personnage historique ni d'une figure mythologique, mais d'un personnage de fiction croqué facétieusement par Jean de la Bruyère dans son recueil d'aphorismes Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, dans le chapitre "De la Société et de la Conversation" :
Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c’est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d’un grand d’une cour du Nord : il prend la parole, et l’ôte à ceux qui allaient dire ce qu’ils en savent ; il s’oriente dans cette région lointaine comme s’il en était originaire ; il discourt des mœurs de cette cour, des femmes du pays, des ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu’à éclater. Quelqu’un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu’il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l’interrupteur : « Je n’avance, lui dit-il, je raconte rien que je ne sache d’original : je l’ai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j’ai fort interrogé, et qui ne m’a caché aucune circonstance. » Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu’il ne l’avait commencée, lorsque l’un des conviés lui dit : « C’est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade. »
D'après la notice de Les caractères [Livre] : chapitres V à XI, par Véronique Brémond-Bortoli, ce fragment est un ajout de la huitième et dernière édition réalisée du vivant de l'auteur, en 1694 - la Bruyère ne cessa en effet de remanier et d'enrichir son texte.
Voici quelques éditions du livre disponibles à la Bibliothèque municipale de Lyon, ainsi que des ouvrages critiques :