Existe-t-il une étude sur la construction d'un canal reliant les fleuves Loire et Rhône ?
Question d'origine :
Existe-t-il un rapport et des plans concernant l'étude de construction d'un canal reliant les fleuves Loire et Rhône ?
Bonjour,
C'est le Lyonnais François ZACHARIE qui a eu l'idée au XVIII ème siècle de réunir la Loire au Rhône par la construction d'un canal passant par St Etienne.
La Chambre de Commerce de St Etienne a essayé de reprendre le projet plusieurs fois en 1879, 1909 puis 1919 ...
Dans l'attente, je vous prie de recevoir mes salutations distinguées.
M. Georges L
Réponse du Guichet
Les rapports concernant la construction du canal de Givors que possède la Bibliothèque sont consultables en ligne sur Numelyo, vous en trouverez la liste dans la réponse. Pour les projets liés à la Chambre de Commerce et d’Industrie, ce sont les Archives départementales du Rhône qui en conservent les archives.
Bonjour,
Dans le livre Un Canal oublié, de Givors à La Grand-Croix, Christian Épalle précise que de nombreux ingénieurs ont eu le projet de vouloir relier le Rhône à la Loire par un canal de jonction afin de faciliter l’acheminement des richesses du bassin houiller stéphanois vers Lyon ou la capitale. Nous y apprenons que le tout premier semble être, en 1749, Barthélemy-Alléon de Valcours, ingénieur et ancien navigateur mais son projet fut abandonné dès 1751 faute d’appui en haut lieu. Puis ce fut François Zacharie, maître horloger à Lyon. Après avoir lancé des études en 1745, il obtient le 6 septembre 1761, malgré de fortes oppositions, des lettres patentes qui lui accordent le droit de construire à ses frais le premier tronçon de Givors à Rive-de-Gier et la concession de l’ouvrage pour quarante années. Il a baptisé son projet "canal du Forez". Mais après huit ans de travaux et de déboires tant financiers que techniques, François Zacharie décède le 22 mai 1768. Son fils Guillaume reprend le projet, forme une société et obtient une prolongation de 20 ans puis par les lettres patentes du 22 août 1779, la durée de concession est portée à 99 ans et le tarif de 1761 est doublé. La Compagnie se substitue à Guillaume Zacharie, à peu près ruiné, qui reçoit 5 actions pour prix de son désistement.
Le canal est cependant livré à la navigation en décembre 1780. Sur une pente de 85 mètres et une longueur de 15,56 kilomètres, il comporte 27 écluses, 5 aqueducs et un souterrain taillé dans le roc. La première année de service, les recettes couvrent tout juste les frais d’exploitation.
Le 19 octobre 1841, après 10 ans de concurrence acharnée, la Compagnie du Canal et la Compagnie du Chemin de Fer signent un traité d’union, abandonnant les projets de continuation du canal. Aussitôt, de 1841 à 1845, les actions du canal tombent. En 1845, le canal est loué à la Compagnie des Mines de la Loire et perd alors toute indépendance. En 1878, la navigation sur le canal est abandonnée, l’Etat rachète le canal et la concession perpétuelle le 16 août 1886. En 1926, le canal est rayé de la nomenclature des voies navigables… il est remblayé avant de devenir, en 1970, l'autoroute A47.
Ce document comporte de très nombreuses photographies légendées et détaille l’historique de construction de ce canal de 1761 aux environs de 1870.
L’article "La Construction du canal de Givors vue par un contemporain, Sain de Manevieux" que l’on peut lire dans le n°3 de 1994 du périodique Mémoire des pays du Gier relate le récit des travaux de la première période.
Le livre Histoire de Givors : événements historiques, le canal de Givors, commerce et industrie, Givordins dignes de mémoire, traditions, coutumes, fêtes, joutes nautiques d'Etienne Abeille consacre, à partir de la page 173, un important chapitre au canal de Givors. En notes, il est fait référence aux Archives municipales de Givors ainsi qu’aux Archives départementales du Rhône. Nous vous conseillons donc de les contacter afin d’avoir de plus amples informations.
Le n°29 de 1998 du titre La Loire et ses terroirs : le magazine du fleuve et des hommes propose un article intitulé "Le canal de Givors : l'ambition de joindre la Loire au Rhône." Y sont évoqués des projets dont les plus réalistes sont ceux de l’ingénieur Jollois (1882) et celui de Delestrac (1906) à la suite d’une relance de la question par la chambre de Commerce et d’Industrie de Saint-Etienne (1897). L’un consistait en un souterrain de 3 km permettant de franchir le seuil de Neulise pour joindre ensuite le Furan; l’autre suivait la Loire par la rive gauche et à l’aide de deux souterrains, l’un de 6 km environ sous Bully, l’autre sous le Mont d’Uzore (1 km), rejoignait Ratarieux près de la Fouillouse, franchissant la Loire sur un pont-canal à Saint-Just-Saint- Rambert. Après un nouveau souterrain de 9000 m, le canal prenait fin à Langonnand par une série de 9 écluses de 14 m pour l’alimentation, tous les cours d’eau locaux étant mis à contribution, ainsi que le Lignon de Haute-Loire situé à 55 km de là. Au total, 124 km ou 134 km selon la rive choisie. Ce n’était pas impensable : en partant du canal de Roanne à Digoin et en empruntant la Saône et le Rhône, il y a 87 écluses pour atteindre Givors et 275 km de distance à parcourir ; il y aurait eu 75 écluses et 190 km pour Saint-Etienne. Les difficultés techniques alimentèrent cependant une forte polémique dans les journaux où on parlait de "jeter des millions à l’eau".
Nous avons poursuivi nos recherches dans le Salut Public (lisible en ligne sur notre portail Lectura +) à partir de «canal de la Loire au Rhône». 31 articles parus entre 1881 et 1924 sont identifiés. Vous aurez accès plus facilement au passage évoquant ce qui vous intéresse en faisant Ctrl F et en mettant "Canal" dans la fenêtre afin de mettre en surbrillance ce mot dans la page.
La bibliothèque conserve les rapports suivants consultables en ligne sur Numelyo :
- Rapport fait au nom du Comité d'agriculture et de commerce, relatif au canal de Givors par P.-A. Poncin,
- Réponse au Rapport des syndics de la Compagnie du canal de Givors / A.-F. Collet.
Nous n’avons pas trouvé d’autres renseignements sur les projets de la Chambre de Commerce de Saint-Etienne. Fondée le10 mars 1833, celle-ci crée l'École supérieure de commerce de Saint-Étienne en 1963 et ouvre une antenne à Montbrison en 1984. Le1er janvier 2016, elle fusionne avec les chambres de commerce et d'industrie de Lyon et de Roanne Nord Loire pour former la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne. Depuis juillet 2016, toutes les archives de l'ancienne "CCI de Lyon" (aujourd'hui Délégation de Lyon de la CCI LYON METROPOLE Saint-Etienne Roanne) ont été transférées aux Archives départementales du Rhône. Ce fonds d'archives est le véritable reflet de la vie économique de la région lyonnaise depuis plus de 3 siècles.
Nous vous conseillons de les contacter pour poursuivre vos recherches.
Bonne année !
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