Existait-il un monastère rue Pierre Audry ?
Question d'origine :
Bonjour, au 117 rue Pierre Audry, une petite chapelle accueillait une messe tous les dimanche matin, puis les samedi jusque dans les années 60/70 environ.
J'ai appris récemment que le petit immeuble ancien dans laquele elle se trouvait, qui existe toujours à ce numéro, aurait été le reliquat d'un ancien monastère qui se serait tenu à la même adresse auparavant, (maison Marrel)
Ce supposé monastère justifiant la présence d'une chapelle dans cet immeuble, d'apparence de maison d'habitation, dans l'alignement de la rue.
J'ai cherché la trace d'un monastère (ou couvent de religieuse?) à cette adresse, mais je n'ai rien trouvé.
Pourriez vous m'aider à confirmer cette information,et préciser les raisons de son implantation, son ordre religieux d'appartenance, sa disparition (révolution, déménagement...?)
Merci d'avance
Pec
Réponse du Guichet
Il existait bien un couvent de la congrégation des soeurs de St Vincent de Paul à cet emplacement, abrité sans doute dans les bâtiments même qu'on trouve encore aujourd'hui au 117 de la rue Pierre Aubry. On constate sa présence à cette adresse à partir de 1880/1890 et jusqu'au moins 1946 (en 1978, le terrain semble avoir changé de propriétaire).
Le site Rue de Lyon, sur son entrée de la rue Pierre Audry, ne mentionne pas l'existence d'un couvent au cours de l'histoire de cette rue. Pas plus que le compte rendu d'une fouille archéologique préventive effectuée au 117-121 de la rue Pierre Audry. On y évoque « une occupation des lieux au cours du haut Moyen Âge [...] investi par des édifices, dépendants, selon toute vraisemblance, d’une vaste exploitation agro-pastorale ». Par la suite et jusqu'à aujourd'hui, « l’occupation aux 117-121 rue Pierre Audry semble figée dans une fonction limitée à l’utilitaire (terres de jardins ou bien pâturage ?) ».
Nous avons consulté les ouvrages Histoire des églises et chapelles de Lyon et Les anciens couvents de Lyon. (Le contenu de ce dernier ouvrage est disponible en intégralité sur Wikisource). Il existait bien à Vaise quelques monastères et couvents, mais aucun à l'emplacement précis qui nous intéresse. On peut signaler à proximité l'Abbaye N-D de la Consolation, un couvent de trappiste établi en 1820 dans une maison de Vaise appelée « Gorge de Loup » (qui, pour l'anecdote, donnera son nom au quartier) mais elle se situe à plus de cinq cent mètres du 117. Plus proche, un couvent des Minimes occupa l'emplacement de la place des Minimes vers 1550 : « C’est en cet endroit, sur l’emplacement de l’ancien théâtre et près de la croix de colle, que le frère Simon Guichard et messire de Vichy achetèrent au sieur de Corval, négociant de Lyon, une maison modeste à laquelle attenait une petite vigne. On demanda aux autorités compétentes l’autorisation d’élever un couvent de l’ordre des Minimes ». Trop loin sans doute, le couvent de la congrégation de Ste Elizabeth, mérite d'être mentionné pour le nom curieux dont il fut affublé - le couvent des deux amants - et dont l'école vétérinaire prit la place. Mais aucun de ces couvents ne répond de façon satisfaisante à votre question.
La rue Pierre Audry a remplacé par décret du 11 nov. 1954 le Chemin de Saint-Just à Vaise (ou de Vaise à Saint-Just en fonction des sources). C'est sur les plans parcellaires de la ville de Lyon qu'on peut se rabattre pour vérifier l'occupation du sol à un emplacement précis pour une époque donnée ; malheureusement, ces plans ne furent établis qu'à partir du XIXe siècle, et nous supposions (sans raison véritable) une existence plus ancienne du couvent. En 1880 (cf. en haut à gauche du plan), les plans nous révèle un terrain déjà occupée sans plus de précision, mais en 1890, le même terrain, occupé par les mêmes bâtiments, est indiqué comme appartenant à la congrégation des soeurs de St-Vincent de Paul. Le dernier plan pour lequel c'est le cas date de 1946. Le plan suivant, celui de 1978, attribut le terrain (qui n'a guère changé) à un M. Poncet. On ne peut pas affirmer qu'en 1880, les soeurs n'occupaient pas déjà l'emplacement du 117 - l'absence de précision sur le plan peut-être une simple négligence, mais il semble malgré tout que sur ce premier plan le terrain soit constitué de plusieurs parcelles numérotées, ce qui n'est plus le cas des plans suivants, et tendrait à nous faire supposer que l'occupation du terrain à changé entre le plan de 1880 et celui de 1890. Toujours est-il qu'on peut affirmer qu'un couvent des soeurs de St-Vincent de Paul a bien occupé l'emplacement du 117 des années 1880 jusqu'au moins l'année 1946 (et sans doute après).
Le Recueil des decisions du Conseil d'État statuant au contentieux et du Tribunal des Conflits et des jugements des tribunaux administratifs confirme d'ailleurs bien l'existence du monastère à cet emplacement en 1896 :
Nous avons contacté les archives du diocèse pour tenter d'obtenir plus de renseignements sur ce couvent. Nous publierons leur réponse le cas échéant. Au téléphone, notre interlocutrice a mentionné quelques raisons pouvant expliquer la disparition du couvent : une fermeture due à un problème lié aux locaux, le coût d'entretien de ces logements, un regroupement de congrégation, le vieillissement des membres de la congrégation, un déménagement...
La congrégation des sœurs de St-Vincent de Paul est toujours établie à Lyon au 8 avenue du Doyenné, dans le Ve arrondissement.
Complément(s) de réponse
Nous avons reçu une réponse des archives diocèse:
Nous avons pu localiser la présence de 2 propriétés de la Compagnie des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul sur le chemin de Vaise à Saint-Just devenu rue Pierre-Audry. Au n° 79, elle est vendue en 1948 (cf hypothèques aux AD). Pas de renseignements pour le 117.
Vous devriez prendre contact avec la maison des Soeurs Saint-Vincent-de-Paul, 8 avenue du Doyenné à Lyon 5e.