Dans le Forez, à quoi correspond la métérée ?
Question d'origine :
en Forez, on trouve souvent comme surface de terrain , la métérée, pouvez vous me donnez à quoi elle correspond ?
Réponse du Guichet
Le terme "la métérée" est issu du patois Forézien. C'est une unité de mesure agraire qui désigne une surface qu'on peut ensemencer avec un "carton" de grain ou un métier, ou un bichet.
Bonjour,
Dans Bourgeoisie et propriété immobilière en Forez aux XVIIe et XVIIIe siècles, 1982, consultable en ligne via Google livres, l'autrice Josette Garnier explique ainsi la métérée :
Mesures agraires
1) Terres cultivables :
L'unité dérive de la quantité de grains nécessaire à son ensemencement. Ainsi, la métérée ou bicherée ou cartonnée est la superficie ensemencée avec un métier, ou bichet ou carton de grains.
La démenchée : 2 métérées
La quartelée : 4 métérées
L'éminée : 8 métérées
La sestérée : 16 métérées
Le patois de Saint-Jean-Soleymieux (le potué de Sin-Dzouan-Sulémi) Essai de lexique patois-français par Jean Chassagneux, consultable en ligne, donne ces deux indications :
Are : n. m., pl. inv., la métérée, on dit plutôt la cartonnée.
Cortuna (lo) : n. f., pl. lé cortunê, métérée en fr. local (1000 m2) ; surface qu'on peut ensemencer avec un "carton" de grain (environ 20 litres)..
Selon la fédération des moulins de France (FDMF), ce terme est issu du système complexe des mesures à grains du XVIIIème siècle :
Les mesures marchandes officielles pour les grains en usage en Lyonnais-Forez appartiennent à 4 systèmes différents :
• le système du boisseau (nouveau nom) ou du bichet (nom traditionnel), avec le bichet (proche de 20 litres) , le demi-bichet (ou quarteron) et le quart de bichet (ou coupe) ;
• le système du métant (de 16,75 à 33,72 litres) peu répandu ;
• le système du petit setier, avec le setier (80 litres environ) divisé en 4 cartes ;
• le système du grand setier, avec le setier ( 320 litres) divisé en 2 émines, en 4 métants ou en 16 cartes.
De plus, à chaque mesure à grains correspond une unité de surface. La bicherée est la surface que l’on peut ensemencer avec le contenu d’un bichet ; la sétérée corrrespond au setier, l’éminée à l’émine, la boisselée au boisseau, la métérée au métier, la cartalée à la carte, la cartonnée au carton, la coupée à la coupe. Si certaines sont plutôt des unités de compte et de négoce valant 80 litres (petit setier), 320 litres (grand setier) ou 160 litres (émine), le bichet, le boisseau, le métier, la carte et le livrot sont des unités usuelles pour l’agriculteur qui parle parfois simplement de « mesure » ; elles contiennent environ 20 litres, ce qui correspondà la capacité d’un semoir (tablier de toile serré dans le poing ou caisse rigide portée sur la hanche et retenue par une ceinture et une bricole), représentant une masse de 11 à 13 kg et permettant d’ensemencer environ 1 000 m2.
On le trouve également dans les Affiches, annonces et avis divers de Montbrison numérisées par Google livres, dans divers autres documents en ligne et dans La mémoire domestique, la maison rurale des Monts du Lyonnais [Livre] : analyse typologique et anthropologique / Michel Rautenberg, 1997 lui aussi sur Google livres ou OpenEditon Books :
Ainsi à Sainte-Catherine, sur 1 000 métérées de terres labourables, 600 appartiennent au seigneur et aux bourgeois. Sur les 400 métérées de bois ils en possèdent les 9/10es.
Nous avons aussi consulté les ouvrages suivants où le terme n'est pas répertorié :
Dictionnaire du patois forézien [Livre] / Gras, Louis-Pierre, 1970
Le parler du Forez et du Roannais / Jean-Baptiste Martin, 2015
Le parler du Forez et du Roannais [Livre] / Jean-Baptiste Martin, 2000
Bonne journée.